#418 [INTERVIEW DE PRO] A la découverte du rôle de guide en paratriathlon avec Julie Marano

🎙️Dans cet épisode, on reçoit Julie Marano, qui est guide en équipe de France de paratriathlon.

Elle a d’ailleurs accompagné Annouck Curzillat aux derniers Jeux Paralympiques de Paris 2024, où elles ont décroché une superbe 5ᵉ place.

💬Julie nous raconte ses débuts en triathlon, son métier de kiné et sa rencontre avec Annouck avec qui elle forme un binôme solide. Julie se livre sur la gestion des compétitions de paratriathlon et le rôle particulier de guide d’une athlète paralympique.

📗 Ressources :

🏃🏼‍♀️ Notre invitée :

💬 La transcription de l’épisode

Lire la transcription intégrale

Ermanno : Salut les sportifs, bienvenue dans un nouvel épisode du podcast Devenir Triathlète x OpenTri. Aujourd’hui, je suis très heureux de tendre le micro à Julie Marano, qui est la moitié d’une équipe de paratriathlons. On va revenir avec elle sur tout ça. Salut Julie !

Julie MARANO : Bonjour, bonjour à tous !

Ermanno : Je suis un peu perturbée d’habitude, j’ai mon intro toute prête, tu vois c’est toujours quasiment la même. Et là, je ne sais pas, j’ai voulu innover, tu m’as perturbée, on a parlé podcast juste avant et ça…

Julie MARANO : Ouais c’est ça, ça n’empêche que le contenu sera bon, si l’intro n’était peut-être pas trop réussie, la suite devrait être pas mal.

Ermanno : Ouais, tout va reposer sur l’invité et eux, donc ça va, j’ai les épaules solides.

Julie MARANO : J’ai du boulot du coup, c’est bon, j’ai les épaules solides, ça va le faire.

Ermanno : Ça va. Bah écoute, ce que je te propose, la toute première question, la plus simple, c’est de te présenter. Donc dis-nous tout, qui est Julie Marano ?

Julie MARANO : Alors, qui je suis ? J’ai 28 ans, je suis kiné de formation, j’ai un parcours qui est un peu atypique. Puisque j’ai commencé le triathlon en fait à 10 ans et j’ai adoré ça. J’ai adoré le fait d’enchaîner un peu les trois disciplines. Et du coup, je me suis dit, allez, sport-études, triathlon, après le bac, allez, on va continuer dans le triathlon. Même si je voulais être kiné, je me suis dit, allez, on continue en stable, parce que comme ça, on peut encore s’entraîner un peu et puis on fera kiné après. Et au moment, en gros, où je suis rentrée en école de kiné, je me suis dit, bon, bah allez, le triathlon, t’en as bien profité, tu vas continuer d’en faire, mais focus études quoi maintenant, il te faut un boulot. Et c’est la même année en fait que la Fédération Française de Triathlon m’a dit, tiens Julie, est-ce que ça te dirait de venir voir ce que c’est qu’être guide en paratriathlon ? Je dis pas, ouais, pourquoi pas ? Enfin, je viens voir, ça n’engage à rien quoi. Et puis en fait, une fois que j’étais dedans, j’ai mis les deux pieds dedans et puis j’y suis toujours et ça fait cinq ans maintenant.

Ermanno : Bon, malgré tout ça, t’as quand même validé ta formation de kiné. J’aime bien le, je vais venir voir, on va revenir justement là-dessus sur le sujet. Tu nous as dit, quand t’étais en STAPS, c’était quand même pas mal focus triathlon. Et puis après, quand t’es rentrée en école de kiné, c’est-à-dire que t’as fait quoi en STAPS ? T’as validé un Dug, une licence ? Enfin, je suis vieux maintenant, je sais même plus si c’est ça.

Julie MARANO : On parle plus trop de Dug, désolé.

Ermanno : Maintenant, c’est le Master 1, Master 2.

Julie MARANO : Ouais, c’est ça. En gros, j’ai validé une licence et un Master 1. Et après, je suis rentrée en, j’ai pas le Master complet parce que je suis rentrée en école de kiné en fait directement après le Master 1. Et voilà, c’était priorité à la kiné. J’ai pas cherché à faire mon Master 2. Après, je peux toujours le refaire en fait. Je peux valider mon Master comme ça. Mais aujourd’hui, le diplôme de kiné est reconnu au grade Master. Donc, c’est comme si j’avais un Master.

Ermanno : Bon, t’as pas chômé parce que Bac plus 3, Bac plus 3 post-Bac, plus l’école de kiné. Et l’école de kiné en 4 ans, t’as fait 4, 5 ? Non, t’as eu une passerelle pour la première année ?

Julie MARANO : Non, ouais, du coup, je suis rentrée directe en première année. Donc, du coup, j’ai fait 4 ans en STAPS. Donc, licence plus le M1, plus 4 ans en kiné. Donc, 8 ans d’études, mais je suis pas chirurgienne. Pour autant.

Ermanno : Non, mais t’es chirurgienne en triathlon, en paratriathlon ?

Julie MARANO : Ouais, j’ai un peu d’expérience, on va dire.

Ermanno : Comment est-ce que t’as justement découvert le triathlon quand t’étais petite et t’as carrément accroché ? C’est ce que tu nous as dit. Raconte-nous un petit peu justement tout ce début en triathlon.

Julie MARANO : Eh bien, du coup, c’est par une connaissance de ma maman que j’ai rencontré le triathlon, que j’ai découvert. Je suis allée sur un triathlon, j’ai regardé, j’ai dit « Oh, ça a l’air pas mal, ça. Je peux faire le prochain ? » Et du coup, j’ai fait mon premier triathlon au niveau du lac de Chalin, en 2007, je crois. Ça date. Et du coup, ouais, c’était en plus un triathlon qui est magnifique et que j’ai trop à cœur de retourner faire parce que c’est Chalin, c’est la région où je suis née aussi. Donc voilà, il y a quand même toute une histoire. J’ai de la famille encore pas très loin par là-bas. Donc voilà un peu comment je m’y suis mise. Puis après, je me suis inscrite en école de triathlon, du coup, au club de Besançon. Et en fait, on était une petite bande de potes. Enfin voilà, on était des enfants et on jouait au triathlon. C’était un peu ça au début. Et j’ai vraiment adoré parce que c’était pas monotone, en fait. Tu changeais de sport tous les jours, voire des fois, il y avait des jours où t’en faisais deux. Il y avait vraiment ce côté ludique.

Ermanno : J’ai bien aimé le fait que tu dises « on jouait au triathlon » parce que c’est vrai qu’il y a les sports, certains sports, où on joue, on est joueur de foot, joueur de tennis. Par contre, en triathlon, on déconne pas. On n’est pas des joueurs, on est des triathlètes.

Julie MARANO : En fait, quand on est un enfant, on fait du sport, c’est pour s’amuser. On pense pas au niveau, à la performance. Alors ça vient après avec le temps. Forcément, parce qu’on peut très bien jouer et avoir un esprit de compétition. Ça, c’est totalement… Mais voilà, je pense que quand on est gamin, il faut savoir se faire plaisir. Et puis, il faut pas vouloir faire du haut niveau trop tôt non plus. Il faut avoir le temps de se construire un petit peu et puis de découvrir le triathlon sous toutes ses formes. C’est quand même vraiment sympa.

Ermanno : Et tu joues au triathlon avec tes potes en école de triathlon ? Jusqu’à quel âge ? Ça représente combien d’entraînements ?

Julie MARANO : C’est vieux, ça. Non, je saurais… Je pourrais pas dire un peu jusqu’à quel âge. Après, c’est vrai que quand j’ai commencé à avoir l’âge d’aller sur les championnats de France, c’était plus trop du jeu. C’était de l’entraînement, c’était de la paire, c’était aller chercher la meilleure place possible. Donc là, on était rentrés déjà dans une autre dimension, finalement. Mais toujours avec la même équipe et toujours avec la même envie. Et ouais, jusqu’au bac, en gros, on était comme ça. Après, les horizons ont fait que chacun a pris sa route. C’est bien normal, mais c’était cool.

Ermanno : Et qu’est-ce qui a fait qu’après le bac, justement, ou même t’aurais pu choisir avant, tu t’es orientée vers une filière un peu plus classique, STAPS et après kiné, avec toujours ce focus kiné, comme tu me disais tout à l’heure, même si le triathlon était toujours présent, et pas vers un pôle comme le pôle de Boulouris, par exemple, pour continuer à faire du triathlon.

Julie MARANO : J’avais clairement pas le niveau. J’avais pas le niveau d’intégrer un pôle. Pas du tout. J’ai fait mon premier top 10 sur un championnat de France à ma dernière année de triathlon. Quand on est junior, pour intégrer un pôle, c’est trop tard. On intègre un pôle quand on est minime, quand on est cadette. Mais en junior, on n’est pas intéressante. Enfin, entre guillemets, bien sûr. Il y a des critères, en fait, et c’est comme ça. Après, je le regrette. Je regrette pas. J’ai eu le niveau que j’avais et j’ai donné ce que j’avais à donner à ce moment-là. Et j’ai continué les études en même temps, parce que malgré tout, après le bac, il y en a aussi plein qui disent « Vas-y, je fais que du triathlon et j’arrête les études. » Moi, aujourd’hui, j’ai validé un diplôme et après, j’ai connu le haut niveau. Et du coup, si demain, tout s’arrête, en fait, j’ai un métier. Je suis pas sans rien en me disant « Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? » Donc, c’est un peu atypique, c’est sûr, mais au moins, j’ai joué un peu la carte de la sécurité aussi.

Ermanno : Comment ça se passe, les études en STAPS, où on fait beaucoup de sports et pas que du triathlon, tous les sports, tout en continuant à pratiquer ? T’étais au top de ta forme ? Tu donnais tout ce que t’avais à donner toute la semaine ? Tu t’entraînais combien de temps ou c’était chill ?

Julie MARANO : Ah non, pas du tout. Moi, j’allais en cours, mais c’était en mode… Bon, il y a entraînement derrière, donc on va y aller tranquille pendant le cours. L’objectif, c’est pas de se blesser en faisant du rugby ou de l’escalade. Donc non, non, après, c’était vraiment sympa. Et en STAPS, mine de rien, il faut quand même un peu bosser parce que ça ouvre à tout le monde, certes, mais tout le monde ne sort pas avec un diplôme non plus. Donc voilà, c’était un petit peu plus la course en école de kiné parce que les contenus sont pas du tout les mêmes. Il y a beaucoup de pratiques. Enfin, il faut vraiment être investi à 100 %. C’est pas juste « je vais en cours », quoi. Enfin, donc voilà. Et je voulais vraiment faire kiné aussi. J’ai payé les études aussi. Donc voilà, l’engagement n’était pas du tout le même qu’en STAPS, ça, c’est sûr.

Ermanno : Qu’est-ce que tu dirais à une petite jeune ou un petit jeune post-bac ou qui va avoir son bac cette année et qui se pose la question, justement, entre le sport et les études, en l’occurrence le triathlon, sans regarder forcément l’aspect, justement, plus tard, comme tu viens de l’évoquer, du « toi, t’as fait des études et après, t’as découvert le haut niveau, donc si jamais il se passe quelque chose’étrange dans le haut niveau, tu peux toujours rebondir. Mais au-delà de ça, justement ?

Julie MARANO : Au-delà de ça, moi, je dirais que tant qu’il y a du plaisir, en fait, il faut y aller. Si après le bac, on se dit « il faut que je fasse du triathlon parce que je suis bon et parce qu’on me dit autour de moi qu’il faut que je continue », ça sert à rien, change, va ailleurs, découvre d’autres choses. Pour moi, en fait, le triathlon, que ce soit en école de triathlon, en sport-études ou à haut niveau, il faut que ça reste du plaisir, en fait. Si tu prends plus de plaisir, change, range les baskets, pose le vélo et va faire un autre sport ou va faire autre chose. Et j’ai toujours eu un peu, moi, cette philosophie-là. Et du coup, je pense aussi que ça m’a aidée dans mes études, dans mon parcours, qu’à un moment donné, il y a le triathlon, mais il n’y a pas que ça dans la vie. Et ouais, c’est ce que je dirais. Et puis de s’écouter lui et pas d’écouter ce qu’il y a autour. Parce que moi, si j’avais écouté mes profs au collège et au lycée, jamais je serais devenue kiné et je n’aurais jamais fait de haut niveau non plus. Donc en fait, il suffit d’y croire et de savoir où on veut aller. Et puis après, c’est à nous de tracer notre route. C’est pas quelqu’un qui va la tracer pour nous.

Ermanno : Ouais, surtout dans le sport. C’est clair que c’est rarement quelqu’un d’autre qui va la tracer pour toi.

Julie MARANO : Bah, moi, t’en guides un peu du coup, mais bon.

Ermanno : Ouais, tu traces pas. Tu aides à tracer, tu accompagnes, on va dire. C’est ça, exactement. Non, mais c’est vrai que le sport, je pense que malheureusement, beaucoup trop ont encore cette idée que c’est facile d’être sportif de haut niveau. C’est la belle vie, on fait ce qu’on veut, on est en vacances, on se balade, etc. Non, il y a du travail, il y a beaucoup de travail. Et il n’y a pas que ça, d’ailleurs. Mais bon, c’est pas forcément l’objet du podcast du jour.

Julie MARANO : Oui, mais c’est un métier aussi. Il y en a beaucoup qui disent, ouais, t’es en vacances toute l’année. Bah oui, je vais dans des endroits qui sont jolis, mais en fait, je fais pas du tourisme, je visite pas, quoi. Je suis là, je fais mes heures d’entraînement, je me lève le matin. Enfin, ouais, c’est un métier, quoi. Se lever le matin pour être à 7h dans l’eau, c’est un métier, c’est comme pour aller… Alors, c’est plus agréable, certes, que d’autres métiers, bien sûr, mais en fait, si tu le fais avec passion, il n’y a pas de souci, quoi.

Ermanno : Ouais, après, c’est plus agréable, oui, quand tu vas nager à 7h du mat en Nouvelle-Zélande, au soleil. Oui, quand tu vas nager à Roubaix à 7h du mat dans un lac et qu’il fait 12 degrés et qu’il flotte depuis une semaine.

Julie MARANO : Non, mais il n’y a pas besoin d’aller à Roubaix, juste à la piscine des Chirol à 25 degrés à 7h du matin et quand il fait 10 degrés dehors, on est bien, quoi.

Ermanno : c’est ça. Justement, on parle de métier. Petit pas de côté. Toi, tu fais du triathlon à 100%, full time. Tu es aussi kiné.

Ermanno : Tu exerces ou tu fais autre chose ?

Julie MARANO : Alors, du coup, j’ai été diplômée de kiné en 2022 et pendant six mois, j’ai fait du 50-50. 50% kiné, 50% haut niveau en tant que guide pour préparer les championnats du monde qui sont en fin de saison. Clairement, c’était la course tout le temps parce qu’en tant que kiné, pour rentrer dans ses charges, en fait, si tu bosses 12h ou 15h par semaine, un mi-temps un peu classique, tu t’en sors pas. Donc, il faut quand même bosser minimum 20h pour avoir un petit salaire. Et puis, en même temps, si tu bosses 20h, t’entraîner 20h, ça devient compliqué. Donc, du coup, en fait, fin d’année, fin d’année 2022, j’ai dit là, il faut faire un choix. C’est soit je pars sur le projet Paris 2024 et j’ai un soutien de la FEDE. Enfin, voilà, j’ai un soutien pour ça. Soit je bosse à 100% en tant que kiné, mais du coup, le haut niveau, ça s’arrêtera là. Et j’ai eu la chance qu’à ce moment-là, en fait, la police nationale a ouvert un dispositif pour les sportifs de haut niveau. Donc, c’est assez connu dans l’armée. Il y a beaucoup de sportifs qui sont à l’armée des champions ou les skieurs à la douane, etc. Et du coup, la police a ouvert ce type de contrat. Et moi, en fait, ça m’a aidée à 1000%. C’est-à-dire que je suis rentrée dans le dispositif, j’ai fait la formation pour être policière réserviste et depuis janvier 2023, je suis détachée à 100% pour le sport de haut niveau. Donc, en fait, aujourd’hui, oui, je suis kiné, mais ça fait deux ans que je n’ai pas pratiqué. Et aujourd’hui, je suis sportive à 100% grâce à ce dispositif-là, en fait. Sans ça, ce n’était pas possible de continuer à aller au haut niveau.

Ermanno : On en a déjà parlé avec Valentin Morlech, qui est lui aussi policier réserviste. Dans la même situation, oui. Donc, si vous n’avez pas entendu, allez écouter l’épisode de Valentin. On ne va pas refaire le même épisode. Non, mais c’est intéressant. Ces dispositifs qui sont ouverts, tu as parlé de l’armée des champions, il y a aussi le pack de performance. Il y a pas mal de dispositifs pour les sportives et les sportives de haut niveau. Ça se passe comment, justement, à ce moment-là ? Tu te poses la question, tu fais quoi ? Tu contactes le DTN, puis tu dis, écoute, je n’ai pas le choix. Soit c’est Paris 2024 avec moi, soit…

Julie MARANO : Ça ne s’est pas fait dans ce sens-là. C’est plutôt, voilà, j’ai évoqué à la fédération que là, le mi-temps, c’était short. Je courais partout. J’avais l’impression d’être dans deux projets en même temps et faire les choses à moitié. Puis, je n’aime pas forcément ça. Et en fait, c’est eux, typiquement, c’est vraiment eux qui m’ont parlé du dispositif. Quand je dis eux, c’est la Fédération française de triathlon qui m’ont parlé du dispositif police et qui ont proposé mon dossier à la police. Donc, quand la police m’a appelée, c’était tout réfléchi dans ma tête. Un contrat comme ça, ça ne se refuse pas, en fait. Ce n’est pas possible. J’aurais adoré avoir ce type de contrat si j’avais eu le niveau après le bac, par exemple. On me l’aurait proposé, en fait. J’aurais dit oui. Forcément. Donc là, je me suis dit, feu, en fait. Peut-être que ça durera un an. Peut-être que ça durera deux ans. Peut-être que ça durera plus. Mais allez, on y va, quoi. Et je n’ai pas hésité une seule seconde. Je n’ai pas hésité une seule seconde. Et je ne regrette pas du tout, surtout.

Ermanno : Oui, parce que c’est des CDD d’un an qui sont renouvelables au niveau des… Eu égard aux performances, aux projets et autres, c’est ça ?

Julie MARANO : Oui, c’est ça. Moi, là, c’était un contrat de deux ans qui va bientôt se finir après les Jeux de Paris. Donc voilà. Après, c’est un soutien qui est… Oui. Oui, on est serein, en fait, avec ce type de contrat.

Ermanno : C’est marrant parce qu’on enregistre le… On est le 24 octobre. Et tu dis, ça va se terminer après les Jeux de Paris. Bon, les Jeux de Paris, ils sont finis. Mais c’est vrai que l’échéance, c’est fin 2024 pour les sportifs de haut niveau, c’est ça ?

Julie MARANO : Oui, c’est ça.

Ermanno : D’ailleurs, c’est un peu le sujet. Alors, encore une fois, ce n’est pas le sujet d’un épisode du podcast Devenir très athlétique, c’est Open Tree. C’est plutôt un sujet que j’aborde sur le podcast Dans les vestiaires. Mais quid de tous ces sportifs et toutes ces sportives de haut niveau qui ont des contrats, qui ont des soutiens dans le cadre du projet Paris 2024 ? Et puis après Paris 2024, à partir de la fin de la saison 2024, qu’est-ce qui se passe ? Et il y en a beaucoup qui vont avoir un petit peu de difficultés. Donc, on les soutient.

Julie MARANO : Oui, c’est ça. C’est que beaucoup de choses se sont mises en place pour les Jeux de Paris 2024. Parce que c’était en France. Il fallait soutenir les sportifs. Mais en fait, ces sportifs-là, il y en a beaucoup qui ont envie de continuer jusqu’à Los Angeles. Donc, il faut que les dispositifs, ils assument aussi et qu’ils continuent. Et les partenariats, c’est pareil. Et voilà. Après, le rôle de guide dans les partenariats, c’est encore différent. Mais typiquement, sur ce type de contrat avec la police, je suis une des seules guides qui bénéficie d’un contrat comme ça. Donc, c’est aussi une reconnaissance de la part de la FED, de l’agence, de tous ceux qui soutiennent aussi ça. C’est qu’ils se disent, OK, il n’y a pas que les athlètes qui sont vraiment athlètes. Il y a aussi les guides, les accompagnants qui ont besoin d’un soutien. Et ça, pourvu que ça perdure un peu, parce que ça s’est mis en place uniquement pour Paris.

Ermanno : Oui. Après, juste pour rebondir, j’entends que tu n’es. Que guide. J’ai bien mis des guillemets pour ceux qui nous écoutent en podcast. En même temps, sans toi, il n’y a pas de binôme. Il n’y a pas de duo. Il n’y a pas d’athlète de niveau.

Julie MARANO : On reparlera peut-être de ma position de guide un peu après. Mais c’est vrai que moi, le nom de guide, oui, je le porte sur ma tenue et je suis la guide d’Anouk Kyrzia pour les Jeux. Mais c’est important aussi de considérer l’athlète et pas que le guide. Parce qu’en fait, si on fait tout, guide, on s’efface totalement. Et à un moment donné, on est aussi sportif et on a aussi des valeurs, des envies. Et on est une athlète, en fait. Moi, je suis une athlète. Au-delà d’être guide, je suis aussi athlète. Donc voilà, on est un binôme d’athlètes. C’était comme ça que j’aimais bien dire les choses, en tout cas avec Anouk.

Ermanno : Et j’imagine que c’est pour ça que la FED t’a susurré à l’oreille cette possibilité d’être guide, de venir voir, de voir comment ça se passait, d’essayer et puis éventuellement après d’intégrer une équipe.

Julie MARANO : C’est ça, oui. En 2019, en fait, il y avait vraiment une recherche de guide. Pour Anouk, qui s’est fait en gros en 2018-2019, parce que jusqu’à 2018, c’était elle qui cherchait ses propres guides. Donc c’était des connaissances, des connaissances, des copines. Mais ce n’était pas vraiment des gens qui faisaient du triathlon à haut niveau ou qui pouvaient s’investir à haut niveau. Donc voilà, la Fédération a vraiment fait des recherches dans ce sens. Et moi, je suis allée voir un stage à Cannes en avril 2019. Mais Anouk avait déjà une guide avec qui elle s’entraînait. Donc vraiment, moi, j’ai fait de l’observation. J’ai testé un tandem. Ce n’était pas un tandem de compète. C’était un petit tandem pour se balader. Enfin, voilà. Et deux mois après, en fait, mi-juin, Nicolas Becker, l’entraîneur national en paratriathlon, m’appelle et me dit « Écoute, Julie, la guide d’Anouk, elle est tombée en vélo. Il y a une course dans 15 jours. C’est toi, quoi. » Ok, je ne connais pas Anouk. Je n’ai jamais nagé avec quelqu’un. Je n’ai jamais couru avec quelqu’un. Et je n’ai jamais fait de tandem. On fait comment ? Eh bien, on fait. Voilà. Il n’y a pas de…

Ermanno : 15 jours. Allez, hop.

Julie MARANO : J’avais de la chance. La course, c’est que c’était à Besançon, la course. Donc, c’était chez moi. Je connaissais le parcours, on peut dire par cœur, parce que c’était mes routes d’entraînement. Donc, voilà. Déjà, je n’avais pas cet inconnu du parcours. Donc, ça allait. Mais ouais, c’était assez folklorique. Puis après, du coup, ça en est découlé toute la saison 2019 avec un déplacement au Canada. La première sélection pour Anouk en championnat d’Europe, championnat du monde. Donc, voilà, on a vécu ça ensemble. Et après, l’année d’après, c’était les Jeux. Et moi, j’étais en école de kiné. Donc, partir en stage à La Réunion en mois de janvier, ce n’était pas possible. J’avais parti.

Ermanno : En même temps, il y en a beaucoup qui sont partis en stage en 2020.

Julie MARANO : Ah, ben, ils sont quand même partis en janvier 2020. C’était encore bon. Mais voilà. Donc, après, sur l’Olympiade de Tokyo, j’étais remplaçante. Et après, ça a découlé que… À la suite de Tokyo, en fait, on a construit notre binôme avec Anouk. Et voilà, jusque là.

Ermanno : C’est quoi le métier, ou plutôt le rôle d’un ou d’une guide en paratriathlon ? Parce que c’est vrai que ce qui est marquant, ce qui est visible, c’est que vous êtes deux sur le vélo. Tu l’as dit, tu as parlé de tandem. Donc, il y en a une devant qui conduit, celle qui voit. Et une derrière qui appuie, qui pousse, qui tire, qui voit peut-être moins bien. Parce que ce n’est pas que pour des aveugles. C’est aussi pour des malvoyants. Après, ce sera à définir aussi le niveau d’acuité visuelle, etc. Mais c’est quoi le rôle du guide, en fait ? Tu es là pour guider de A à Z, du début à la fin, de la préparation, de la mise à l’eau jusqu’au passage de la ligne, et même après. C’est quoi ton rôle ?

Julie MARANO : Eh ben, oui. Le rôle… Le rôle de guide qu’on voit à la télé, c’est d’accompagner du départ à l’arrivée. Mais moi, en fait, le départ, il commence quand on se retrouve à l’aéroport et il finit quand on se quitte à l’aéroport. Donc, si on parle des jeux, par exemple, c’est pendant 15 jours, on est ensemble. Pendant 15 jours, on partage la même chambre. Pendant 15 jours, on va au repas matin, midi et soir ensemble. En fait, c’est une vie qui est vraiment à deux. Et moi, je suis là pour accompagner à nous. Quand on part à l’autre bout du monde, c’est pareil. Ce n’est pas juste la course, en fait. C’est tout l’à côté. Et c’est ce qui est même peut-être le plus dur en tant que guide. Faire la course, c’est facile. Je sais faire du triathlon. Je sais accompagner à nous qu’à faire un triathlon. Par contre, le reste, on y laisse quand même de l’énergie. Et ouais, c’est le rôle de guide, quoi. Ce n’est pas ce qu’on voit. Ce n’est pas ce qu’on met en avant. Mais en même temps, c’est, je pense, 80 % du job, quoi.

Ermanno : C’est une vocation pour toi ?

Julie MARANO : Non, non. Je ne pense pas que ce soit une vocation.

Ermanno : Tu n’as pas découvert ça, justement ?

Julie MARANO : Non. J’ai quand même toujours aimé être dans le partage et dans l’aide. Je pense que si je fais… Le kiné, ce n’est pas pour rien. J’ai adoré, moi, toutes les années que j’ai fait en équipe, que ce soit en D1 ou en D2, parce qu’on avait vraiment une équipe fille assez soudée et on partageait ça. Donc finalement, ce n’est pas déconnant pour moi d’être guide et d’accompagner. Après, ça m’a permis de savoir jusqu’où je pouvais accompagner aussi, quoi. Là, j’ai bien trouvé mes limites dans ce projet. Donc voilà. Je ne pense pas que ce soit une vocation. Après, par contre, il faut, en tant que guide, il faut… C’est marrant parce que j’en discutais hier avec des copines, mais en fait, en tant que guide, il faut vraiment mettre son égo de côté. Mais c’est tellement ça. Il faut savoir s’effacer pour la personne. Et en fait, ça, ce n’est pas donné à tout le monde. Donc, on ne peut pas parler de vocation, mais en même temps, je pense qu’il y a certaines personnes qui seraient incapables d’être guide simplement par leur personnalité. Et ce n’est pas un reproche ou quoi. C’est juste que voilà, si on aime se mettre en avant, ça ne sert à rien de faire guide parce qu’on sera déçu, quoi.

Ermanno : C’est marrant. J’ai vécu un truc l’année dernière pendant un défi avec mon entraîneur et ça me rappelle pas mal de choses. Mais bon, c’est jamais… Donc du coup, toi, tu accompagnes, tu guides véritablement du départ à l’aéroport jusqu’à l’arrivée, jusqu’au retour à l’aéroport. Pendant la compétition, ça se passe comment ? Vous êtes combien à prendre le départ ? Est-ce que c’est le même nombre chez les femmes, chez les garçons ?

Julie MARANO : Alors du coup, en paratriathlon, il y a quand même beaucoup de catégories. En tout, il y en a 12, 12 catégories. Donc 6 chez les hommes, 6 chez les femmes. Et nous, en fait, on concourt dans la catégorie des déficients visuels. Mais dans cette catégorie, il y a trois sous-catégories. Ouais, c’est simple le paratriathlon, vous allez voir. Et du coup, en fait, dans ces trois sous-catégories, tout le monde a un handicap visuel. Et par exemple, celles qui vont partir en premier, donc typiquement Anouk, c’est une cécité complète. C’est-à-dire qu’ils sont vraiment aveugles, ils ne voient rien. Et même, ils courent en lunettes opaques pour être sûrs que vraiment, ils ne voient rien du tout. Et après, il y a un deuxième départ, donc qui est un peu plus de trois minutes après nous. Et là, c’est les malvoyantes. Donc c’est les catégories, par exemple, en France, c’est Héloïse Courvoisier chez les femmes, c’est Thibaut Rigaudot chez les hommes. C’est des personnes qui ont un champ visuel rétréci, mais qui voient encore, ou alors qui voient de près, de loin. Enfin voilà, après, ça, c’est tout des tests. Mais du coup, on ne part pas tous en même temps et on n’est pas forcément le même nombre en fonction des compétitions. Généralement, si on prend les Jeux et les Championnats du Monde, on est dix binômes au départ. Et après, c’est trois, quatre sur le premier départ pour les aveugles complètes et peut-être plus chez les malvoyantes. Mais ça, c’est vraiment indépendant de chaque course. Et ça se passe comment ? Ça se passe que pour la natation, on est attaché au niveau de la cuisse par un lien. Voilà, un lien qui est… On me demande souvent comment il est de le décrire, mais en fait, il n’est ni trop élastique, ni trop tendu. Voilà, c’est vraiment réglementé.

Ermanno : Ce n’est pas du swimrun, c’est un lien.

Julie MARANO : Non, ce n’est pas une longe, c’est un lien. Il n’est pas très long et parce qu’en fait, on doit rester très, très proche pendant la course. Mais on peut tourner les bras de façon complètement indépendante et on nage. Et après, du coup, le vélo, tu l’as bien dit, c’est un tandem. Donc du coup, je suis devant. On me pose souvent la question, mais après, les gens se rendent compte qu’ils ont posé cette question. Ils se retrouvent un peu bêtes, mais c’est bien moi qui suis devant.

Ermanno : Bon, remarque, la question, ça pourrait être une question aussi. Je veux dire, tu es plus grande qu’à nous. Pourquoi est-ce qu’on ne te mettrait pas derrière ? Parce que quand tu es derrière, tu vois aussi, tu peux maîtriser aussi. Non, je ne vois rien de derrière.

Julie MARANO : Honnêtement, pour avoir fait du vélo avec quelqu’un d’un peu plus petit devant, tu ne vois quand même rien du tout de ce qui se passe. Donc, elle est derrière, je suis devant. Et après, en course à pied, on a un lien qui est au niveau du poignet. Donc c’est pareil, il y a un lien qui est assez court et on court assez proche. Voilà, en fait, la différence qu’il peut y avoir entre ce qu’on appelle les B1, c’est-à-dire les aveugles, et les B2, B3, les malvoyants, c’est que moi, à nous, je la tiens du départ à l’arrivée. C’est-à-dire que si je la lâche, elle ne sait plus où on est. La différence de quelqu’un qui est malvoyant qui va quand même pouvoir voir où est son guide et s’orienter. Moi, pendant les transitions, à nous, qu’on se tient. Après, sur le vélo, on ne se tient pas, mais on est vraiment en même temps. Et c’est surtout sur les transitions que la différence se voit parce qu’on est vraiment collés. Voilà comment ça se passe, un triathlon. C’est assez rapide comme explication, mais…

Ermanno : Justement, comment ça se passe ? Vous parlez beaucoup. Dans l’eau, ça paraît difficile. Et puis dans l’eau, à la limite, il ne faut qu’à nous que te suivre. Mais vous sortez de l’eau, la transition, tu lui parles, tu lui tiens la main. Je ne sais pas, c’est tactile. Comment ça marche ?

Julie MARANO : On a vraiment nos codes qu’on a travaillés. C’est sûr que si on prend nos débuts et maintenant, je lui parle beaucoup moins parce qu’on se connaît, parce qu’on a des automatismes. Mais par exemple, au passage d’une bouée en natation, je vais juste lui taper un petit peu sur la tête en lui disant, là, ça tourne. Et elle, avant la course et avant les reconnaissances, elle connaît déjà les parcours. C’est-à-dire qu’elle les a… Soit je lui ai expliqués, soit elle les a vus en relief sur un schéma. Donc elle connaît tous les parcours, natation, vélo, course à pied. Et après, pendant les transitions, on les repère le matin ou la veille de la course et elle sait un peu… Elle arrive à s’orienter dans l’espace. Elle sait si ça va tourner à gauche ou à droite. Mais après, on évite de parler… J’évite de lui parler ou de lui donner des informations. En parlant, en fait, parce que… Sur le vélo, entre la roue pleine ou la roue à bâton, le casque de chrono, on n’entend rien. Et en course à pied, s’il y a du monde, on n’entend rien non plus. Sur les transitions, s’il y a quelqu’un à côté ou quoi, l’info, elle passe pas non plus. Donc on passe beaucoup plus par des codes tactiles. Et notamment, quand on a préparé les Jeux de Paris, on savait qu’il y allait avoir du monde. Donc là, on a vraiment redoublé d’efforts pour créer des codes vraiment tactiles et que tactiles. On ne s’est pas parlé de la course. Wow. Ouais, ouais, ouais. Après, c’est nous, nos codes. Je prends souvent l’exemple. Un go ou un top, ça veut pas du tout dire la même chose. Donc voilà, c’est un peu… Chaque binôme a ses codes, en fait, et son fonctionnement.

Ermanno : Est-ce que ça génère quoi, chez vous, entre vous deux, en dehors de la course ? Est-ce qu’il y a une connivence particulière ? Tu l’as dit, quand vous partez en déplacement, c’est de l’aéroport à l’aéroport. Donc vous passez une semaine, 10 jours, 15 jours ensemble. Ça génère quoi, chez vous ?

Julie MARANO : Euh… Là, comme ça, j’ai un peu du mal à le dire parce qu’on est sur la fin de saison et que du coup, forcément… Ah ! C’était long, et voilà. Mais on rigole bien ensemble, on partage vraiment des bons moments. Après, chacune met aussi un peu de l’eau dans son vin pour que la vie en communauté se passe bien, quoi. C’est un peu comme ça que je dirais. Après, on s’entend bien et on rigole beaucoup, mais voilà, forcément, que quand on passe une semaine ensemble, il y a des fois où on n’a pas envie de se voir, on n’a pas envie de se parler, mais… Et on respecte ça aussi, voilà. On arrive quand même avec Anouk, avec les temps, à beaucoup se parler et à se dire les choses, que ce soit bien ou pas bien. Ou alors, quand ça nous énerve, on se dit, bon, bah, OK, là, je m’en vais. En fait, je vais faire un tour et je reviens, quoi. C’est… Enfin, voilà, c’était notre mode de fonctionnement, en tout cas, de se laisser aussi le droit de ne pas être bien et le droit de vouloir être tout seul, quoi.

Ermanno : Vous êtes ensemble depuis 2020, enfin, en tout cas, en binôme.

Julie MARANO : Du coup, fin 2021, après les Jeux de Tokyo.

Ermanno : Ouais, fin 2021, pardon. Enfin, t’avais fait un test avec… Avec elle, justement, sur blessure de son binôme en 2019. Et puis après, vous avez… T’as signé, entre guillemets, pour le binôme depuis fin 2021.

Julie MARANO : Ouais, bah, j’ai signé aussi en tant que remplaçante pour les Jeux de Tokyo. Voilà, le guide… Enfin, on parlait de volonté et d’égo tout à l’heure. Enfin, de vocation et d’égo. Ouais, j’avais pas vocation à être remplaçante non plus, mais je me suis dit, bah, pour aller au Japon, tu vas pouvoir vivre une expérience de ouf. Est-ce que t’acceptes de le faire en étant remplaçante ? Je me suis dit, bah, allez, let’s go, quoi. Après, c’était pas facile, hein. Le rôle de remplaçante… On fait pas du sport de haut niveau pour être remplaçante. Mais voilà, après, les choses se sont faites. Et depuis fin 2021, on est vraiment ensemble. Et ça, c’est cool, ouais.

Ermanno : Bon, t’as pu faire un peu de tourisme, du coup, si t’étais remplaçante.

Julie MARANO : Bah, Covid, hein, donc non. Covid au Japon, si tu veux, ça rigole pas trop, quoi. T’es dans ton hôtel, tu sors pas beaucoup.

Ermanno : T’as pu sortir quand même pendant la course d’Anouk ?

Julie MARANO : J’ai pu aller voir la course, ouais. J’ai pu faire pas que ça, mais presque.

Ermanno : Sur l’aspect sportif, physique, c’est du haut niveau, du très haut niveau, ou entre guillemets, pour ce que t’as déjà connu avant, sans avoir été athlète de haut niveau, c’est entre guillemets… Je mets bien des guillemets, hein, attention. Est-ce que c’est plus facile ?

Julie MARANO : En fait, c’est différent. C’est différent parce que, nous, y a pas de drafting en paratriathlon. C’est du vélo de chrono. C’est, voilà, c’est un effort qui, en tant que guide sur le vélo, est beaucoup plus régulier. Moi, j’avais plutôt l’habitude, bah, des courses avec drafting. Donc, c’est vraiment explosif. T’as des grosses relances, t’as ce côté tactique, technique. Là, non. Et les pédales, y a du pilotage, parce que le tandem, bah, ça se pilote pas aussi facilement qu’un vélo de route solo. Mais c’est différent. J’aurais du mal à comparer le niveau, parce que je pense que l’engagement des paratriathlètes est un engagement à haut niveau. Mais, en fait, c’est du haut niveau avec un handicap. C’est-à-dire que… C’est sûr que si on compare avec une course valide, si aujourd’hui, avec Anouk, on compare son temps, natation, course à pied, parce qu’après, bah, le vélo, c’est un peu biaisé, parce que plus moi, j’appuie sur les pédales, plus on va vite aussi, alors qu’en natation, course à pied, c’est plus… Enfin, faut rester à côté. C’est sûr que c’est pas du haut niveau international et voire du haut niveau national. Mais, en fait, c’est des gens qui font du sport avec un handicap, donc c’est déjà du très haut niveau. Après, moi, dans l’effort que je vais produire pendant la course avec Anouk, natation, vélo, je vais être au taquet. Je vais être taquet, parce que, bah, natation, je peux quand même tirer un petit peu, et puis, moi, je suis plutôt une bonne nageuse, et Anouk, plutôt une pas très bonne nageuse, donc déjà, y a un écart de niveau. Donc, voilà. Et en vélo, comme je disais, plus j’appuie sur les pédales, plus… Enfin, plus le vélo va aller vite, quoi, en fait. Après, sur la course à pied, je suis obligée de rester au niveau d’Anouk. Donc, finalement, j’ai pas besoin d’être… Enfin, j’ai pas besoin de courir un 5 bornes à 18 à l’heure, si Anouk, elle le court à 15, quoi. Donc, mon entraînement course à pied, c’est plutôt savoir courir après le vélo à une allure à 15 km heure et en étant lucide, en fait. C’est arrivé sur certaines courses que pendant 5 km, je pars à Anouk pendant 5 bornes, parce qu’il y a des trous, parce qu’il y a des dos d’âne, parce qu’il y a des changements de direction et parce qu’on double des gens, parce qu’on se fait doubler. Et en fait, tout ça, elle, elle le voit pas, donc elle peut pas l’anticiper. Une petite plaque d’égout, nous, on va lever le pied ou on va faire un pas plus grand. Moi, si je lui dis pas, elle peut pas le faire. Donc, en fait, faut être lucide pour ça. C’est-à-dire que si tu cours, t’es à 16 à l’heure, t’es pendue et qu’elle tombe, bah, t’as tout perdu, quoi. Donc, voilà, faut vraiment être lucide. Et généralement, quand je passe la ligne, je suis épuisée, mais psychologiquement épuisée, quoi. C’est-à-dire que je me suis concentrée à fond pendant une heure pour deux. Et ça, ouais, ça, ça se travaille, hein, mais c’est ça le plus dur, je pense, en tant que guide. C’est vraiment… Tu dois donner de ta personne. C’est pas ta performance qui compte. Mais par contre, si tu te plantes, bah, tu te plantes, quoi. Puis tu plantes les deux. Donc, voilà.

Ermanno : C’était un peu la question suivante que j’allais te poser, et notamment quand vous partez en déplacement. C’est-à-dire, si tu prends un déplacement de 15 jours à l’étranger pour une compétition internationale, c’est 15 jours de charge mentale non-stop. J’imagine que quand t’arrives, tu rentres chez toi…

Julie MARANO : Je suis un déchet.

Ermanno : Vous vous séparez après l’aéroport. Ouais, t’es complètement rincée.

Julie MARANO : C’est vraiment ça, quand on rentre de stage, en fait. Je suis vraiment rincée, parce que j’ai été vigilante pour deux pendant 15 jours. Et puis, je la motive aussi pas mal. Enfin, voilà, t’es vraiment… Tu donnes de ta personne, et t’as forcément, oui, une charge mentale qui est un peu plus importante que quand tu t’organises tout seul. Tu dépends aussi du rythme un petit peu de l’autre. Donc, ouais, quand je rentre, mon conjoint sait très bien qu’il ne faut rien me demander pendant deux, trois jours, le temps que mon niveau de… de patience… de patience remonte un peu. Mais, ouais, voilà, ça me… C’est ça aussi d’être guide, mais après, c’est le côté que… Je peux pas dire que j’aime le moins, mais en tout cas, qui me pèse le plus, on va dire.

Ermanno : Tu penses que tu vas faire ça longtemps ? Justement, par rapport… Alors, pas par rapport à l’effort physique, mais par rapport à cette charge mentale, par rapport à cet engagement mental, par rapport à tout ce que ça demande, à côté d’être guide.

Julie MARANO : Bah, écoute, est-ce que je peux partir en vacances et te répondre après ? Ça va. Non, je… Pour l’instant, je sais pas du tout de quoi l’année prochaine sera faite. Tout le monde me pose un peu cette question. Donc, voilà, pour l’année prochaine, je sais pas trop. Moi, être guide, ça me plaît. Après, bah, faire kiné, ça me plaît aussi et j’ai envie de reprendre. Donc, voilà, je pense que les deux sont pas incompatibles. Après, est-ce que j’irai jusqu’à Los Angeles ? Ça, c’est une autre question. Mais on va déjà y aller année par année. Enfin, pour l’instant, on va partir en vacances et on verra tout ça après, ouais.

Ermanno : Vous vivez l’une à côté de l’autre ?

Julie MARANO : Alors, l’une à côté de l’autre, Anouk, elle est sur Lyon et moi, je suis sur Grenoble. Donc, on n’est pas géographiquement vraiment loin. Après, on se retrouve surtout pendant les stages fédéraux parce qu’on a la chance d’avoir une équipe de France paralympique où on se retrouve quand même assez souvent et dans des lieux de stage plutôt cool. Mais sinon, oui, moi, ça m’est arrivé, notamment en prépa des Jeux, d’aller plusieurs fois chez Anouk parce que comme ça, elle est dans son environnement, en fait. Et ce qu’on parlait juste avant de cette charge mentale d’être guide et de l’accompagner, en fait, chez elle, elle fait tout. Moi, je fais rien. Enfin, je suis l’invité, quoi. Donc, c’était aussi plus facile pour elle d’organiser des petites séances d’entraînement, des petits stages dans son environnement. Comme ça, elle maîtrisait tout et on ne la faisait pas partir loin de chez elle et de ses repères, quoi, finalement. Mais sinon, oui, on ne se voit pas tous les jours non plus. On n’habite pas ensemble.

Ermanno : Et du coup, c’était le corollaire à cette question. Comment vous faites pour vous entraîner ? Elle, comment elle s’entraîne ? Toute seule ? Est-ce qu’elle a un guide d’entraînement ? Et toi, comment tu t’entraînes toute seule pour que ça match le jour où vous vous rencontrez ?

Julie MARANO : Alors, en fait, le truc, c’est qu’Anouk, elle a préparé les Jeux de Tokyo sans guide d’entraînement. Donc, c’est-à-dire sur son tapis et sur son entraîneur. Et elle avait clairement dit que si elle partait pour l’Olympiade de Paris, elle voulait dehors. Elle supportait. Donc, ils ont mis en place sur Lyon, avec le CRV Lyon, enfin, son club. Et du coup, elle avait vraiment une guide d’entraînement à 100%, quoi. C’est-à-dire que Marie, elle était là le matin, le soir pour aller s’entraîner. Son entraîneur, il était aussi ultra disponible. Donc, voilà, elle a eu des conditions d’entraînement qui ont fait qu’elle a pu vraiment progresser. Après, moi, de mon côté, en fait, je m’entraîne comme un triathlète classique de haut niveau. Enfin, je nage, je roule et je cours et je fais de la muscu et je fais de la récup et tout ça. Après, c’est ce qui va différer, par exemple, ça se rapproche plus, en fait, d’une prépa longue distance, j’ai envie de dire. Enfin, en vélo, je borne quand même pas mal parce que c’est là que… Enfin, moi, je faisais jamais de séance de vélo avant. J’allais rouler, quoi. C’est là que c’est un peu différent, c’est-à-dire que je fais beaucoup moins d’explosivité en vélo. Je vais travailler plutôt à être régulière sur un temps d’effort un peu plus long, mais on s’entraîne très bien chacune de notre côté. Et quand on se retrouve, par contre, on fait des séances… Peut-être le spécifique, on le fait ensemble. Les multi-enchaînements, le travail de pilotage, les danseuses en vélo. Enfin, voilà, cette petite spécificité-là, c’est vrai qu’on le fait plus en stage et chez nous, on va faire plutôt le gros du travail, l’endurance et tout ça, quoi.

Ermanno : Et pourquoi tu bornes plus ? Parce que c’est explosif, quand même. C’est une compétition de paratriathlon.

Julie MARANO : Oui, ça reste court, c’est un sprint, mais parce qu’en fait, j’ai besoin de borner.

Ermanno : Parce que ça te rassure ou parce que…

Julie MARANO : Non, non, parce que vraiment, j’ai besoin de faire du vélo, mais pour progresser, en fait. C’est pas pour me rassurer, c’est juste que mon niveau, si on prend 2019 et mon niveau maintenant, en vélo, ça n’a plus grand-chose à voir parce que déjà, quand t’es en cours tous les jours, tu vas rouler le week-end, quoi. Ou tu vas rouler sur une demi-journée quand t’as pas cours. Quand t’es détaché à 100%, ben, tu peux aller rouler tous les jours. Donc, rien qu’avec ça, en fait, mon niveau vélo, il a progressé juste parce que j’ai dû doubler mon entraînement vélo sur une semaine, quoi, par rapport à avant. C’est en ça que je dis que je borne plus. Après, je borne pas autant que certaines personnes, loin de là, mais…

Ermanno : Non, parce que tu disais que ça se rapprochait un peu d’un entraînement à longue distance. Donc, je sais pas, tes séances, c’est 2 heures, c’est 3 heures, tu fais des sorties de 5 heures quand tu peux te le permettre. Après, c’était plus

Julie MARANO : dans l’entraînement à longue distance, c’était au niveau du plus du contenu que de la longueur, enfin, que la durée d’entraînement. Après, oui, j’ai fait des sorties de 5 heures, de 4 heures, de 2 heures et demie. Enfin, voilà, on balaie un peu aussi toutes les allures et tout type de séances. Il n’y a pas de… Enfin, on n’est pas fermé dans l’entraînement non plus, quoi.

Ermanno : Et par rapport à cet entraînement, justement, tu gères toute seule ? Tu es accompagnée par un entraîneur spécifique ? C’est l’entraîneur d’Anouk ? Ça marche comment ?

Julie MARANO : Alors, non, c’est pas l’entraîneur d’Anouk. Moi, je suis entraînée par Bertrand Billard.

Julie MARANO : S’ils connaissaient un peu en vélo, je me suis dit, bon, Bertrand, c’est pas mal. J’éviterais de me faire les clavicules comme lui et ça devrait le faire. Mais voilà, donc, on a commencé, du coup, en 2022, peu de temps après que j’ai eu mon diplôme de kiné, en fait, on a commencé à bosser ensemble. Et par contre, c’est pas l’entraîneur d’Anouk. Anouk, elle est entraînée par l’entraîneur du club de Lyon. Donc, voilà, il fallait qu’il s’ajuste un peu et si je devais repartir, je pense qu’avoir le même entraîneur, enfin, que le binôme ait le même entraîneur, c’est beaucoup plus simple. Ça facilite grandement les choses. Après, voilà, les choses se sont faites comme ça et moi, je suis très contente d’avoir bossé avec Bertrand et si je peux continuer, je continuerai avec lui. Donc, voilà, je me suis entraînée pendant mes années kiné toute seule parce que j’avais une vie un peu… Je courais partout, donc c’était difficile de suivre une planif et j’avais besoin de retrouver ce plaisir à l’entraînement sans suivre bêtement une planification. Mais en fait, quand on veut faire du haut niveau, il faut qu’il y ait quelqu’un qui nous envoie les séances. Déjà que je m’entraînais toute seule, enfin, sauf la natation, j’avais un groupe, mais vélo, course, api, c’était à moi de me mettre les coups pieds aux fesses quand il pleuvait et qu’il fallait passer la séance. Donc, si en plus, il fallait que je réfléchisse à quelles séances je faisais, bon, je partais jamais. Donc, non, non, chacun son métier. Moi, je ne suis pas entraîneur et je tire mon chapeau aux entraîneurs parce que c’est quand même assez fort.

Ermanno : Ouais, mais on en a déjà parlé de ce sujet-là, justement, que ça permet de limiter pas mal la charge mentale. Alors, c’est sûr que c’est plus gratifiant quand tu passes la ligne, que tu atteins l’objectif que tu voulais et que tu peux te dire c’est moi qui me suis préparé tout seul, OK. Mais ça n’empêche que la charge mentale que ça génère…

Julie MARANO : Je pense qu’aujourd’hui aussi, les relations entraîneur-entraîné, elles ont vachement changé et c’est plus quelque chose qui va être complémentaire et il y a beaucoup plus de disques. En tout cas, moi, je discute avec Bertrand, c’est lui qui fait les plans, mais on parle aussi sur qu’est-ce que j’ai envie, qu’est-ce que j’ai besoin, qu’est-ce que je n’aime pas du tout. Enfin, voilà, c’est assez… C’est pas faire de façon bête et méchante, en mode, c’est ça la recette, il faut y aller. Moi, ça, j’y vais même pas, je sors pas de chez moi.

Julie MARANO : Mais voilà, je pense que ça, ça a un peu évolué aussi et heureusement.

Ermanno : Est-ce que tu fais du tri non-guide en dehors des compétitions avec Anouk ?

Julie MARANO : Oui, j’adore ça, donc oui. Après, cette année, c’était un peu plus compliqué parce que c’était quand même l’année des Jeux, la qualifo-jeu, tout ça, les courses, elles nous étaient un peu imposées, il fallait marquer des points pour se qualifier au Jeux, donc c’est vrai que j’ai fait des courses pour moi, mais c’était plus en bloc d’entraînement ou parce que vraiment, j’avais envie de la faire et que c’est passé comme une séance d’entraînement et on n’a pas à changer forcément la semaine d’avant, la semaine d’après. Mais oui, oui, là, j’ai hâte de refaire vraiment des courses pour moi et de me donner à 300% pour moi.

Ermanno : Sur quelle distance, du coup ?

Julie MARANO : Ben, petite. Non, j’aime bien l’effort du longue distance, du 73, c’est assez différent d’un sprint quand même. Donc, pourquoi pas essayer ? J’en ai déjà fait des longs, mais à chaque fois, c’était fin de saison et j’étais complètement cramée. Donc, j’ai adoré l’effort, mais j’aimerais bien y aller à 100% de mes capacités aussi. Donc, voilà, je n’ai pas forcément d’idée de distance, mais juste kiffer pour moi et ça, j’ai besoin, oui.

Ermanno : Bon, Alex, en avril, ça ouvre un peu la saison et puis c’est un beau 73.

Julie MARANO : Avril, c’est tôt. Là, je suis en coupure à durer indéterminé, là. Donc, on verra quand est-ce que je vais retourner à 100%. Mais des courses en avril, ça me paraît un peu tendu quand même.

Ermanno : En termes de palmarès, on n’a pas abordé votre palmarès, le palmarès du binôme. Vous en êtes où ? Qu’est-ce qui reste à gagner ?

Julie MARANO : Qu’est-ce qui reste à gagner ? Disons qu’on a déjà fait… L’année dernière, on était vraiment contentes parce que sur les championnats du monde, on fait troisième. Donc, c’était notre premier podium sur un championnat du monde. Cette année, on aurait bien voulu refaire un podium, mais bon, on fait sixième la semaine dernière à Malaga. Mais on fait notre meilleure course qu’on n’ait jamais fait aussi. Donc, le niveau est en train de vraiment évoluer. Moi, à titre personnel, à nous, que l’a eu à Tokyo, mais il y a la médaille olympique, enfin, pas olympique. C’était vraiment notre objectif sur les Jeux de Paris et on fait cinquième assez loin du podium quand même. Donc, petite déception de ne pas avoir fait la médaille à Paris devant la famille. Pour l’investissement, en tout cas, qu’on y a mis, il y a ça qui manque. Après, franchement, on a fait quand même des belles courses. On est championne d’Europe en 2021. On est vice-championne d’Europe en 2022, 2023, 2024. On a fait qu’une seule fois un championnat de France ensemble. Mais bon, après, le championnat de France, cette année, par exemple, tombait 15 jours après les Jeux et une semaine avant les Europes. Donc, bon, on a fait l’impasse, on avoue, sur les championnats de France. On a quand même des podiums sur des Coupes du Monde, sur des WTPS, sur des World Series. Donc, non, voilà, je pense que… Je ne vais pas dire que la boucle est bouclée parce qu’on ne sait pas trop de quoi l’avenir est fait. Mais, en tout cas, on peut déjà être content de ce qu’on a construit ensemble. Puis, au-delà du résultat, on a vraiment construit un binôme qui est solide aujourd’hui. D’ailleurs, la guide d’entraînement d’Anouk, Marie, me disait souvent avant les courses, mais de toute façon, vous êtes le binôme le plus expérimenté, en fait. Vous êtes le binôme qui a fait le plus de courses ensemble. Et je pense que ça apporte quand même aussi cette facilité et cette fluidité dans nos échanges. C’est qu’on se connaît depuis un petit moment et des courses, on en a fait pas mal.

Ermanno : C’est vrai que tu abordais le sujet de la guide d’entraînement d’Anouk. Comment elle le prend d’être, entre guillemets, que guide d’entraînement et pas la guide de compétition aussi ?

Julie MARANO : Je pense que… Enfin, moi, pour l’avoir vécu sur l’Olympiade de Tokyo, c’est quand même pas facile. Mais en fait, dès que tu l’acceptes, tu rentres dans le projet et t’es une pièce maîtresse du projet.

Ermanno : T’es comme l’entraîneur qui va être là pour jouer son rôle d’entraîneur et pas aller sur le terrain.

Julie MARANO : Marie, donc c’est Marie Péthaud du Club de Lyon aussi. Je l’aurais citée et je la remercie pour tout ce qu’elle a fait. Mais elle était vraiment présente avec nous sur tous les stages de la prépa olympique, de la prépa paralympique. Parce qu’en fait, un stage, qui est deux guides pour Anouk, c’est… Enfin, moi toute seule, j’y arrivais plus, en fait. C’est-à-dire qu’au bout de cinq jours de stage, ma charge mentale était vraiment… J’en pouvais plus, quoi. J’étais… ‘étais KO. Donc, voilà. On était toutes les deux. On a construit, je pense, un trinôme assez costaud et bienveillant aussi. Il y avait toujours de la bienveillance entre nous trois. Tout ce que Marie a apporté à Anouk à l’entraînement, c’était… C’était… Ça faisait partie de la performance quand moi, je récupérais Anouk pour les compètes. Donc, je pense qu’elle l’a bien pris et je sais qu’elle l’a pris très à cœur, ce rôle de guide. Après, elle a fait des compètes aussi avec Anouk, mais c’est sûr qu’elle n’a pas fait des compètes à l’international. Mais c’était ma guide remplaçante pour les Jeux, quoi. Je savais que si aux Jeux, je ne pouvais pas prendre le départ, elle serait en capacité totale de faire la course avec Anouk. Elle connaissait les parcours, elle nous connaissait, elle connaissait nos codes. Donc, voilà. C’est un rôle qui n’est pas facile, mais qu’elle a rempli avec brio. Bravo.

Ermanno : Félicitations, Marie.

Julie MARANO : C’est ça.

Ermanno : On t’embrasse. J’ai une dernière question. J’ai deux dernières questions pour toi. La première, le podcast s’appelle Devenir triathlète. Quel est ton meilleur conseil pour devenir triathlète, voire devenir paratriathlète ou guide de paratriathlète ?

Julie MARANO : Quel conseil ? Déjà, si on connaît un peu le triathlon, généralement, on y reste. Alors, après, devenir triathlète, il n’y a pas de recette miracle. Que ce soit devenir triathlète, devenir guide, d’ailleurs, parce qu’en fait, tout triathlète peut être guide. Il n’y a pas de formation, il n’y a pas de prérequis. Allez-y, c’est cool. C’est vraiment une aventure humainement qui est juste géniale de partager un triathlon avec quelqu’un. Et après, paratriathlète, allez-y aussi. Il faut que vous ayez un petit truc en plus ou un petit truc en moins. Ça dépend comment on voit les choses. Mais voilà, je pense que le milieu du triathlon, c’est un chouette milieu. Il y a quand même des belles valeurs. Après, il y a tout parce qu’il faut tout pour faire un peu un monde. Mais je pense qu’on peut déjà, l’avantage, c’est qu’on peut devenir triathlète à n’importe quel âge. Il n’y a pas d’âge limite pour commencer le triathlon. Après, commencer à nager à 50 ans, ça devient un peu compliqué, mais c’est faisable.

Ermanno : Mais tu le fous.

Julie MARANO : Oui, totalement. Donc voilà, je pense pas de conseils particuliers, juste d’y aller et de prendre du plaisir. Après, je l’ai déjà dit tout à l’heure, mais pour moi, c’est quand même vraiment important de kiffer ce qu’on fait. Et si on a envie de faire du triathlon, en fait, et qu’on ne sait pas nager, c’est pas grave, on s’entraîne, on apprend et puis ça va le faire.

Ermanno : D’ailleurs, en parlant d’âge, il n’y a pas d’âge limite non plus pour arrêter le triathlon. Je pense toujours au papa de Fred Bélauvre, Georges Bélauvre, qui a plus de 80 ans maintenant, fait toujours un triathlon par an. Il est toujours champion de France. C’est le seul, mais au moins, il arrive au bout. Et puis lui, il a commencé le triathlon quand le triathlon est arrivé en France. Il avait 40 piges.

Julie MARANO : Santé est là et qu’on ne se met pas en danger, je pense qu’il n’y a pas d’âge d’arrêt non plus pour faire du triathlon.

Ermanno : C’est clair. Julie, ma dernière question, où est-ce qu’on peut te suivre, t’accompagner, t’encourager, avoir des nouvelles du binôme Julie et Anouk ?

Julie MARANO : Alors là, pour les prochains temps, on va dire uniquement sur les réseaux. Après, moi, je m’entraîne sur Echirol, Grenoble, donc voilà, on peut me croiser par là autour. Mais après, sur les réseaux, on est quand même… Moi, j’essaie d’être assez active après, ce n’est pas mon métier, je ne suis pas influenceuse, donc je fais ce que je peux. Je le fais toute seule pour le moment, donc voilà, sur les réseaux et on peut me suivre sur les réseaux.

Ermanno : Super. Écoute, merci beaucoup Julie, on te souhaite une bonne continuation et puis à la prochaine compétition.

Julie MARANO : Avec grand plaisir, merci à tous d’avoir écouté en tout cas et merci à toi. Ciao.

Ermanno : C’était Devenir Triathlète X OpenTri. Merci d’avoir écouté cet épisode jusqu’au bout. Nous, on a pris beaucoup de plaisir à l’enregistrer. Alors, si ça vous a plu, vous pouvez nous suivre Instagram, LinkedIn et Facebook. On se rejoint maintenant sur devenir-triathlète.com. Vous allez retrouver l’ensemble des épisodes mais aussi des outils, des ressources et des conseils gratuits pour débuter, progresser ou performer en triathlon. On ajoute toutes les semaines de nouvelles ressources. Si vous avez une idée d’invité, n’hésitez pas à nous envoyer un petit message et si vous voulez être accompagné sur vos prochains objectifs sportifs, connectez-vous sur OpenTri.fr et on se fera un plaisir de vous aider. Alors, n’hésitez pas, on se retrouve tout de suite sur devenir-triathlète.com et OpenTri.fr. Salut les sportifs !

🏃🏼‍♀️ Un peu plus sur notre invitée ?

Et voici une mini-biographie de Julie Marano

Julie Marano, 28 ans, est une figure inspirante du paratriathlon français, alliant passion et professionnalisme.

Kinésithérapeute de formation, elle a découvert le triathlon à l’âge de 10 ans et a rapidement développé un amour pour ce sport exigeant.

Son parcours atypique l’a conduite à jongler entre études et compétitions, validant un Master en STAPS avant de se consacrer pleinement à sa carrière de kiné.

Depuis 2019, Julie a embrassé le rôle de guide en paratriathlon, accompagnant l’athlète Anouk Kyrzia dans des compétitions internationales.

Ensemble, elles ont déjà remporté des médailles aux championnats d’Europe et ont brillé sur la scène mondiale.

Julie se distingue par son engagement total, mettant son égo de côté pour permettre à son binôme de s’épanouir.

Son approche humaine et empathique, ainsi que sa capacité à gérer la charge mentale lors des compétitions, font d’elle une guide précieuse et respectée.

En parallèle de son rôle de guide, Julie aspire à retrouver le plaisir de la compétition individuelle et rêve de participer à des triathlons pour elle-même.

Son parcours est une belle illustration de la détermination et de la passion qui animent le monde du triathlon.

🎙️ Écoutez d'autres épisodes