#393 Les secrets d’un esprit de fer avec Mathieu Carrer

🎙️ Dans cet épisode, on reçoit Mathieu Carrer, enseignant et consultant en psychologie du sport, notamment auprès de l’équipe France de hockey subaquatique.

💬 On y parle de la gestion du stress, de la préparation mentale des athlètes de haut niveau, et de son approche unique qui combine enseignement et entraînement personnel en triathlon.

🚀 Une immersion dans la psychologie sportive qui transforme les défis physiques en victoires mentales.

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Ermanno : Avant de démarrer ce nouvel épisode, on a une invitation spéciale pour vous. Je vous invite à nous rejoindre sur devenire-triathlète.com. Vous allez y retrouver tous les épisodes, mais aussi des conseils, des guides, des ressources et des outils gratuits pour débuter, progresser ou performer en triathlon. Et on mettra tout ça à jour chaque semaine. Allez, on se retrouve tout de suite sur devenire-triathlète.com et d’ici là, bonne écoute de ce nouvel épisode. Salut les sportifs, c’est Ermanno et je suis très heureux, comme d’habitude, de vous recevoir pour un nouvel épisode du podcast Devenir Triathlète. Aujourd’hui, on va parler avec un sportif, mais pas que, qui m’a contacté après l’épisode avec Victor Henry, un épisode où on s’est bien marré. On va en parler justement avec Mathieu CARRER, mon invité d’aujourd’hui. Salut Mathieu. Salut Ermanno. Comment vas-tu ?

Mathieu CARRER : Ça va, ça va super, merci.

Ermanno : Comment est la météo chez toi ? Oui, tu l’as entendu, j’aime bien taquiner un petit peu sur la météo bretonne.

Mathieu CARRER : Écoute, on a eu plusieurs jours de beau temps et là, ça se grisaille un peu, ça se couvre.

Ermanno : Bon, je suis à Castres en ce moment et là, j’ai une météo bretonne, ce n’est pas super aujourd’hui. Bon, écoute, on n’est pas là pour parler de la météo, on est plutôt là pour parler de sport, de sport d’endurance, pour parler aussi de mental, de préparation mentale et pas que. Et puis, de parler aussi de toi. Ce que je te propose, c’est peut-être de te tendre le micro déjà dans un premier temps pour te présenter. Donc, dis-nous tout. Qui est Mathieu CARRER ?

Mathieu CARRER : Mathieu CARRER, 31 ans aujourd’hui, tout juste.

Ermanno : Oh, joyeux anniversaire !

Mathieu CARRER : Super, c’est un beau cadeau que tu m’as fait aujourd’hui. Alors, je suis enseignant à la Faculté des sciences du sport à Brest depuis 2017, donc ça va faire 7 ans. À côté de ça, comme tu l’as bien dit, je suis consultant en psychologie du sport ou préparateur mental. J’accompagne soit des sportifs en individuel ou soit je suis déjà intégré à des structures telles que le centre de formation du stade brestois, donc au foot, avec les deux équipes de France de hockey subaquatique. Auquel cas, on a déjà participé à plusieurs championnats d’Europe, championnats du monde. J’étais en Australie, par exemple, cet été pour les championnats du monde. Voilà un peu tout ça. À côté, donc, pratiquant de triathlon et à mes heures perdues, également pompier volontaire.

Ermanno : Il te reste du temps pour autre chose ? Marier, des enfants ? Non ? Tu respires de temps en temps ?

Mathieu CARRER : Ouais, ouais, ouais. Alors, j’ai la chance d’avoir une compagne qui pratique aussi le triathlon dans le même club. Donc, ça permet de partager ce temps-là, parce qu’on sait très bien que le temps d’un sport, c’est très important. À la fois d’un sportif de triathlon ou les activités professionnelles prennent beaucoup de temps. Donc, j’ai la chance de partager ça avec elle.

Ermanno : Bon, écoute, j’espère en tout cas que tu t’éclates bien. Je suis en train de réaliser que j’ai dit une bêtise. Ce n’est pas après l’épisode avec Victor Henry que tu m’as contacté. C’est plutôt avec Victor Lemasson, n’est-ce pas ? Exactement. Bon, il y a plein de Victors. Remarque, je me suis bien marré aussi bien avec l’un qu’avec l’autre. Je ne sais pas, les Victors doivent être des bouts d’entrain. Ils sont nés pour ça, je ne sais pas. En tout cas, c’est sympa d’avoir fait la démarche de me contacter pour parler un petit peu de toi, mais aussi de ton métier, de ta passion. Tu disais que tu es consultant en psychologie ou préparateur mental. C’est quoi ? C’est la même chose, mais c’est deux titres différents ? C’est suivant comment l’entend l’auditeur ou c’est deux fonctions, deux métiers différents ?

Mathieu CARRER : Non, c’est la même chose. C’est juste la dénomination en fonction du secteur dans lequel on peut travailler. Il y en a qui se disent consultant en psycho du sport, d’autres préparateur mental. En sachant aujourd’hui que le titre de préparateur mental n’est pas un titre protégé. On peut se dire coach également, donc voilà, c’est simplement une dénomination.

Ermanno : Écoute, avec quatre ans de podcast et 390 épisodes, je pense que devenir triathlète et préparateur mental, ça marche, non ?

Mathieu CARRER : Oui, c’est très bon.

Ermanno : Non, on laisse ça aux professionnels et en l’occurrence toi. Avant de venir justement sur ce pan plutôt professionnel et ce qui t’anime, ce qui est ta passion, je te propose qu’on revienne un petit peu sur toi. Déjà toi, le petit Mathieu, comment est-ce que tu étais jeune, sportif ? Comment est-ce que tu as découvert le sport ? Est-ce que tu as tout de suite découvert le triathlon ? Enfin, raconte-nous un petit peu tout ça.

Mathieu CARRER : Alors, le triathlon, c’est vraiment venu sur le tard. Mon père est un ancien joueur de foot et puis…

Ermanno : Il y a un mot sur le podcast, il ne faut pas le dire, c’est foot.

Ermanno : Hier, j’ai enregistré avec un invité, Paulin Philippe, et il était dans la chambre de son frère, un fan de foot, avec les magiciens. On a beaucoup parlé de foot. Il a fait beaucoup de parallèles entre le triathlon et le foot. Donc là, c’est bon, je suis vacciné, je suis désensibilisé, on peut y aller.

Mathieu CARRER : Je n’ai pas eu trop le choix en fait que de participer au foot. J’habite dans une petite commune, Sainte-Hélène, avec 3000 habitants. Pour se déplacer, il faut faire 20 minutes de route et le seul club dans cette commune, c’était le foot. Donc, j’ai participé jusqu’à, allez, on va dire mes 18 ans. Et une fois que je suis rentré en fait en Saps, ici à Brest, je me suis orienté vers l’aspect natation. Un peu… Je suis marre du foot.

Ermanno : C’est la même chose. Natation, foot, c’est exactement la même chose. Exactement.

Mathieu CARRER : On est sur les mêmes avis que notre fils. Il y a un transfert qui peut se faire très rapidement, disons.

Ermanno : Oui, bien sûr. Je comprends mieux pourquoi le hockey subaquatique en fait. Tu cherchais le lien entre la natation et la baballe.

Mathieu CARRER : Voilà, il a fallu trouver un entre deux.

Ermanno : Je te taquine, mais vas-y. Donc, tu découvres la natation. Enfin, tu te mets plutôt la natation en intégrant Saps. Exactement.

Mathieu CARRER : Volonté de découvrir autre chose. Donc, spé-natation avec des gros, gros nageurs. Je me rappelle toujours que le premier test d’entrée ou le premier cours, c’était en 800 mètres dans une piscine de 50, donc un régal pour pouvoir approcher.

Ermanno : Tu savais nager déjà bien ou…

Mathieu CARRER : J’avais des petites bases, mais pas au point de nager avec des nageurs du cercle de Brest ici. Voilà, ça fait tout bizarre. Et puis, au fur et à mesure, voilà, le chemin, il se fait. Spé-natation, je me prends vraiment beaucoup de goût à nager. Ensuite, dans le cadre de mes études, je suis parti à Montpellier pour suivre un master. Et là, je me suis licencié en fait dans un club de sauvetage sportif.

Ermanno : Oui, c’est pareil. Natation, foot, Brest, Montpellier, c’est juste à côté.

Mathieu CARRER : Voilà, c’est pareil. On va chercher un peu plus le soleil. Donc, sauvetage sportif, je découvre pareil. Donc, une multitude en fait dans ce sauvetage sportif du côtier, de l’eau plate. Donc, natation en piscine et natation et ou utilisation d’engins en côtier. Et puis, chemin faisant. Je découvre au fur et à mesure aussi le triathlon. J’associe un peu cette course à pied, cette natation. Et puis, ce vélo que je ne connaissais pas du tout et que j’ai appris. Donc, je suis licencié depuis uniquement trois ans au triathlon. Et j’ai commencé mon premier triathlon par un format L.

Ermanno : Bon, c’est nickel. Du coup, tu es tout à fait dans la cible des auditeurs du podcast. Comment devenir triathlète. Voilà, Mathieu, tu as commencé il y a trois ans. Nickel. Tu parles de sauvetage sportif. Tiens, sur mon autre podcast qui s’appelle Dans les vestiaires. J’ai eu l’occasion d’échanger avec Roman Touzerie. Un petit jeune de 11 ans. Très prometteur en sauvetage sportif. Et lui, il est à Saint-Malo. Donc, pas très très loin de chez toi.

Ermanno : Donc, tu te licencie au triathlon il y a trois ans. Depuis trois ans, ta carrière de triathlète amateur, ça ressemble à quoi ?

Mathieu CARRER : Alors, on est sur plusieurs halfs. J’en ai trois à mon actif. Et puis, des petites distances. Enfin, M. Voilà, je n’ai jamais descendu en dessous d’un M. Je n’ai jamais fait de S. Pour, justement, simplement la bonne raison de… J’essaie, justement, d’aller chercher un peu des objectifs qui soient ambitieux. Et d’aller un peu chercher, justement… Alors, on va peut-être en discuter plus tard. Mais tout cet aspect cognitif est en lien avec le mental du sportif. Et d’aller chercher un peu dans les réserves.

Ermanno : Oui, j’imagine. Toi, le triathlon, tu le fais comme la natation. C’est-à-dire, le premier cours de natation. Enfin, la première séance de test de natation, c’est à 800 mètres. Bim ! Le triathlon, c’est pareil. Tu ne descends pas en dessous du M. Ce qui est déjà… Alors, ce n’est pas du long. Mais ça commence déjà à être un peu plus éprouvant que les formats S qui sont très explosifs. Exactement.

Mathieu CARRER : C’est ça. Mais on pourra en revenir dessus. C’est l’expérience que j’ai. Donc, parfois, avec les sportifs, je suis un peu dans cet adage. Faites ce que je dis. Ne faites pas trop ce que je fais. Et on verra, justement, que par rapport à certaines études, je ne suis pas trop la personne à suivre.

Ermanno : Allons-y, justement. Restons sur toi. Parlons un petit peu de tout ça. Et puis, des liens que tu fais entre ta formation, ton métier de préparateur mental, de psychologue sportif, et puis de néo-triathlète qui s’amuse plutôt sur du moyennement long, voire un peu long. Oui.

Mathieu CARRER : Tu vas me voir.

Ermanno : Du coup, qu’est-ce que toi, tu en tires, là déjà avec trois ans d’expérience, trois ans de recul, entre ce métier-là ? Un métier de préparateur mental et puis le triathlète plutôt longue distance. Qu’est-ce que tu vas y chercher, en fait, justement ? Et comment tu vas le chercher ? Là, je m’adresse plus aux thérapeutes.

Mathieu CARRER : Oui. Alors déjà, ce qu’on peut mettre en évidence, c’est que dans le triathlon, comme on a dit, il y a beaucoup de volume d’entraînement. Mais très peu sont dédiés, en fait, à cet entraînement en préparation mentale. Alors qu’aujourd’hui, justement, dans les différents modèles qui sont mis en évidence, il y a ce qu’on appelle un modèle psychobiologique. C’est bien partir du principe où à un moment donné, on doit intégrer justement cette préparation mentale au sein de l’entraînement puisque c’est ce qui va diriger un peu, par exemple, toute notre attention. Quand on est en course, notre attention, par exemple, elle se porte sur plein d’éléments à la fois. Et en fait, en fonction de nos stratégies attentionnelles, donc une stratégie, c’est bien partir du principe où mon attention, elle est orientée sur quelque chose de précis et cela rentre dans une stratégie à partir du moment où c’est conscient, où je l’ai anticipé. Et parfois, justement, dans le cadre de course, notre attention, en fait, elle divague et la préparation mentale. Et moi, ce que je vois comme intérêt par rapport à nos sports d’endurance, c’est d’amener le sportif à être toujours dans une situation d’adaptation, c’est-à-dire qu’on va pouvoir anticiper certains éléments qui vont pouvoir se poursuivre, donc les difficultés rencontrées, par exemple la douleur, les petites gestions de crampes, mais aussi justement des éléments sur lesquels on n’avait pas forcément anticipé et que derrière, il va falloir faire face. Et donc un sportif, pour moi, qui semblerait performant, c’est un sportif qui est en mesure de s’adapter constamment aux situations qui lui sont proposées.

Ermanno : Et comment tu vas chercher ça, cette adaptabilité de situation, tout en restant super focus ? Parce que notamment quand on commence à aller sur du long, du 73, du distance Ironman, tu l’as dit, il n’est pas rare qu’on perde le focus et puis que notre attention se pose sur autre chose. Comment on fait pour se recentrer ? Comment on fait pour rester véritablement focus tout en s’adaptant à la situation ? Et parfois aussi, et je pense que tu ne me contrediras pas, en acceptant le fait qu’à un moment, le cerveau divague, l’attention divague et puis qu’il faille retourner à l’instant présent.

Mathieu CARRER : Là, on peut s’appuyer sur une étude qui a été réalisée en 2018 et qui s’est intéressée à interviewer différents sportifs de haut niveau pour voir les sources d’auto-efficacité, c’est-à-dire à quel point les sportifs ou sur quoi se basent les sportifs pour pouvoir tendre vers et se dire je suis efficace dans la situation. Et il y a notamment justement l’expérience de performance passée, c’est-à-dire que ces sportifs-là de haut niveau tendent à dire qu’il faudrait y aller progressivement en fait dans la pratique sportive, c’est-à-dire par exemple avant d’aller sur un half, déjà de faire un semi-marathon et puis au fur et à mesure, en fait, cette expérience va faire qu’on va cumuler certaines stratégies et qu’on va pouvoir justement les transférer, dans d’autres contextes. Ce qui semblerait aussi intéressant, c’est de s’appuyer sur l’expérience qu’on peut avoir dans d’autres milieux en dehors du sport, dans un milieu par exemple professionnel, à quel point je suis capable justement de gérer mon stress dans ce milieu et le transfert qu’on peut faire justement également dans le cadre sportif. Donc déjà pour s’adapter, c’est partir sur l’expérience qu’on dit cumulée et ce cumul d’expériences fait qu’au fur et à mesure, on va pouvoir tendre vers des objectifs un peu plus ambitieux et pour pouvoir justement amener cette adaptation.

Ermanno : Je crois que j’ai entendu le fait de ce que je dis, pas ce que je fais, c’est-à-dire y aller progressivement, accumuler de l’expérience au fur et à mesure.

Mathieu CARRER : Oui, c’est un peu ça, oui, clairement.

Ermanno : Est-ce que, vu qu’on parle d’expérience, notamment d’expérience passée, quid du « mince, maintenant je ne suis plus capable de faire ça » alors qu’il y a six mois, il y a un an, j’y arrivais, il y a un an, je courais un marathon en 3h30 et puis aujourd’hui, j’ai du mal à courir, je suis fatigué, j’ai du mal à me bouger. Quid de cet état d’esprit ?

Mathieu CARRER : Alors ça, c’est intéressant parce qu’un sportif d’endurance, moi le premier, on est toujours, quand on va courir, quand on va faire du vélo, quand on nage, toujours en fait dans une négociation avec soi-même, c’est-à-dire qu’on est toujours en format scan. On scanne à chaque fois nos petites douleurs, on scanne à chaque fois notre perception de l’effort et là où il va falloir être « intelligent », c’est à quel point je suis capable de juger ce que je suis en train de vivre. Et le plus souvent, et ça se passe par exemple le plus souvent à l’échauffement, on a une tendance justement sur les premières longueurs de natation par exemple à juger est-ce que j’ai les bonnes sensations, les mauvaises sensations et automatiquement, à partir du moment où on impose un jugement en se disant c’est positif, c’est négatif, c’est bien, c’est mal, et bien derrière, il y a tout un schéma de pensée qui va naître et qui va faire que derrière, on va se sentir justement est-ce que je me sens efficace dans la situation ou pas.

Ermanno : Et justement, qu’est-ce qui se passe si on ne se sent pas efficace, allez, on va prendre le côté négatif, même si je préfère voir le verre à moitié plein plus qu’à moitié vide, mais reprenons la situation que tu évoques, on commence à s’échauffer en natation, les 800 premiers mètres, pour revenir sur ta première séance, les 800 premiers mètres, on sent qu’il y a un petit truc qui coince ou on n’a pas de bonne sensation, on est un peu essoufflé, on ne sait pas trop dire pourquoi, mal dormi ces derniers jours, crise d’allergie, on ne sait pas, mais voilà. Et quel est, selon toi, la meilleure attitude pour pouvoir continuer à dérouler l’entraînement et pas cogiter pendant l’heure, l’heure et demie, les deux heures d’entraînement qui s’annoncent ?

Mathieu CARRER : C’est intéressant ce que tu viens de dire parce que derrière, on met bien en évidence justement deux mécanismes. Déjà, la première chose, c’est apprendre au sportif à identifier très rapidement son dialogue interne, c’est-à-dire à quel point je suis en train de me parler, c’est ce que j’appelle le petit colocataire, celui avec qui justement à chaque fois on est en train de discuter, qui nous parle et qu’on parle, c’est déjà d’identifier un peu son dialogue interne et à quel point derrière, il y a un jugement envers ce qu’on est en train de faire. Le plus souvent dans ce dialogue interne, soit c’est quelque chose, il y a deux types de systèmes, soit c’est un dialogue qu’on se dit mais qui est en pilote automatique, c’est-à-dire que c’est une manière de penser et de se parler qui est automatique, ou soit il y a ce dialogue interne, ou aussi à un moment donné, on peut reprendre un peu le contrôle, c’est-à-dire que je peux déjà formuler et amener justement des corrections. Alors ça peut être un dialogue interne orienté vers la tâche, c’est-à-dire des corrections en termes de concentration, où se porte mon attention, mais aussi motivation, donc déjà ça va avoir un impact sur le dialogue interne, et ensuite justement, le fait de porter une attention ou de juger les sensations que je suis en train d’avoir, ça va avoir un gros impact en fait sur ma perception de l’effort. En fonction du principe où si j’ai des mauvaises sensations, déjà j’appose un jugement, et derrière, automatiquement ma perception de l’effort va être amplifiée, c’est-à-dire que pour un même 800 mètres, si j’ai mal dormi la veille, etc., ma perception de l’effort va être augmentée, va être plus forte, qui fait que derrière, je vais devoir tout avoir un système cognitif, un système de pensée qui va se mettre en route, et qui derrière va justement pouvoir amener potentiellement une contre-performance. Donc l’idée en fait de notre sportif, et ça c’est toute l’approche pleine conscience ou mindfulness, c’est-à-dire vivre l’instant présent, mais vivre l’instant présent sans jugement, c’est-à-dire que dans un premier temps, il y a un temps d’auto-observation, on amène le sportif à créer une familiarité avec ses sensations, à créer une familiarité, en fait, en s’auto-observant sur le moment. Le deuxième module en fait de la pleine conscience, c’est cette notion d’acceptation ou de non-jugement, c’est-à-dire que c’est une expérience du moment, et donc du coup je dois être capable de l’accepter, et pour accepter une situation, rien de mieux que de se refocus sur quelque chose qui semblerait plus intéressant.

Ermanno : Donc en gros, tu sens une douleur au mollet alors que tu es en train de courir, bon, l’accepter, voilà, j’ai une douleur, soit, mais se reconcentrer sur autre chose qui va bien, j’ai pas mal au bras, j’ai pas mal à la tête, je suis bien en termes d’alimentation, donc on continue à y aller, en gros c’est ça.

Mathieu CARRER : Ouais, par exemple, alors ça va être par exemple tous des repères, des stratégies attentionnelles par rapport à son allure de course. Ça peut être justement observer l’allure à laquelle je cours, ça peut être aussi porter une attention volontaire sur la technique de course à pied, c’est-à-dire que s’il y a une petite douleur justement au mollet ou une petite crampe qui arrive, ça va être pourquoi pas de porter son attention volontairement sur la technique de course à pied. Voilà, des choses qui sembleraient intéressantes sur le moment, plus que de ruminer sur « putain, j’espère que ça va passer », ou alors essayer complètement de changer le cours des choses alors qu’on va pas pouvoir changer le cours des choses, c’est vraiment créer cette adaptation sur le moment.

Ermanno : Ouais, en gros c’est un peu, tu sais, la petite pince qu’on fait aux enfants, le petit il tombe, il se fait mal au pied, tu le pinces un peu sur la fesse, pas trop fort, voilà, c’est pas de la torture, mais tu le pinces un peu sur la fesse, « mais pourquoi t’as fait ça, j’ai mal aux fesses ? » Bah oui, mais comme ça t’as pas mal à ton pied, c’est ça ?

Mathieu CARRER : Ouais, on peut créer une petite distraction, ouais.

Ermanno : Ça, c’est sur la partie un petit peu du quotidien, du sportif d’endurance. Est-ce qu’il y a d’autres éléments, d’autres points que toi tu as notés, aussi bien en tant que prep mental, mais aussi en tant que pratiquant, qui te permettent de débloquer certaines choses, et qui pourraient aider nos auditeurs et nos auditrices à se dépasser encore plus ?

Mathieu CARRER : Ouais, alors c’est concernant cette expérience, c’est-à-dire qu’on va pouvoir vraiment faire un gros travail d’imagerie, de visualisation. C’est-à-dire que le mieux, quand je travaille avec des sportifs, ça va être déjà de les immerger dans le contexte dans lequel ils vont réaliser leurs performances. Là, récemment, j’ai travaillé avec une nageuse qui n’avait jamais réalisé justement ses championnats de France junior dans une piscine. Eh bien, justement, ça va être déjà d’aller faire un gros travail sur Google Images, simplement aller repérer justement des images en lien avec le lieu dans lequel je vais réaliser cette performance, et pour vraiment s’imprégner et s’immerger dedans. Ça va être d’identifier justement un code couleur, ça va être de s’immerger justement, est-ce que c’est une petite piscine, une grande piscine ? Quelle est la couleur de cette piscine ? Et puis, derrière, on va y intégrer justement des éléments en lien avec la performance, des éléments perturbateurs. Comme on a dit, le sportif qui s’adapte, c’est le sportif performant. Donc, on va pouvoir y intégrer justement dans ce travail de visualisation des éléments dits parasites pour pouvoir justement s’immerger au mieux. L’objectif étant que si cette situation, elle intervient, j’ai déjà identifié des stratégies de faire face. C’est-à-dire que je sais déjà comment réagir si la situation, elle arrive.

Ermanno : Mais tout ça, tout en restant encore une fois focus et en acceptant la situation.

Mathieu CARRER : Exactement.

Ermanno : Ok.

Ermanno : Toi, t’encadres, donc on l’aura compris, t’encadres des sportifs d’endurance, mais pas que. Tu parlais aussi de foot. Tu vois… Non, je déconne. Tu vois le parallèle parfois entre les différents sports, peut-être entre les différentes approches que peuvent avoir les sportives et les sportifs, les différents comportements. Enfin, est-ce que tu vois des parallèles, quel que soit le sport, voire même quelle que soit l’activité, parce qu’on peut parler de sport, mais on peut aussi parler d’activités culturelles, on peut aussi parler d’activités professionnelles. Est-ce que tu vois des ponts, des parallèles ?

Mathieu CARRER : Ouais. Alors, la première démarche, justement, d’un préparé mental, c’est l’analyse de l’activité. C’est de partir du principe où on va devoir intégrer une structure, un sport particulier. Dans ce sport-là, justement, il y a des déterminants, on va dire, mentaux ou psychologiques, en lien avec la performance. Donc, il y a déjà ce premier temps d’analyse qui doit être fait. Et une fois qu’on a analysé l’activité, derrière, on va tirer des principes de travail, des mécanismes à travailler. Et il y a des transferts dans chacune des activités, notamment si on en vient à cette fixation d’objectifs. Ça, c’est le premier travail qu’on peut mener avec un sportif. C’est par rapport à son engagement, sur quels sont les objectifs, par exemple, durant sa saison. Est-ce qu’il existe des objectifs prioritaires, des objectifs dits secondaires ? Par rapport à ces objectifs, justement, à toutes les actions qu’il va mettre en place. Et donc ça, c’est vraiment une thématique sur laquelle on peut vraiment transférer entre les activités, qui semblerait aussi la plus intéressante. Pourquoi ? Parce qu’en fonction d’une fixation d’objectifs, on va pouvoir créer, justement, soit une situation de performance, on va mettre le sportif en situation de performance, c’est-à-dire que les objectifs qu’il s’est fixés sont ambitieux, sont plus ou moins réalisables, sont temporellement définis. Mais en fonction aussi de la manière dont le sportif va se fixer des objectifs, ça peut créer aussi des doutes et des inquiétudes.

Mathieu CARRER : Dans l’exercice d’endurance, son seul objectif, justement, c’est de battre son partenaire d’entraînement. Ça, c’est un objectif, justement, qui va tendre le sportif à des doutes et inquiétudes dans le sens où cet objectif-là, il n’a pas le contrôle et la maîtrise totale de cet objectif. Tout va dépendre…

Ermanno : Imagine que ton partenaire, le joueur de la compétition, il ne soit pas là, il se blesse, du coup, c’est quoi ton objectif ? Finir la compétition ?

Mathieu CARRER : Exactement, donc il y a vraiment ce parallèle à faire. Vraiment amener le sportif à contrôler les objectifs qu’il se formule. Une image que moi, je donne aux sportifs et que vous allez pouvoir vous donner, c’est la fixation d’objectifs comme la création d’un gâteau. Pour faire un gâteau, on a des ingrédients. Moi, c’est ce que j’appelle, justement, des ingrédients de performance, donc on va essayer de les identifier, ces ingrédients, de les sélectionner et puis ensuite, justement, pour aboutir à un gâteau, il va falloir aussi créer un plan d’action, c’est-à-dire il va falloir respecter une quantification précise et puis une priorité, un ordre à donner dans ces objectifs. Et une fois que tout ça c’est fait, derrière, on a le gâteau, l’aboutissement, on le met dans le four et le four, un peu, c’est la performance, c’est la chaleur que je vais lui donner, c’est toute l’intensité que je vais donner pour pouvoir aboutir et avoir la petite cerise sur le gâteau qui est le résultat final. Donc c’est vraiment ça, c’est vraiment une métaphore à garder en tête pour pouvoir vraiment déconstruire cette fixation d’objectifs, mieux la comprendre et derrière, être capable de la construire.

Ermanno : Bon, écoute, ça me donne faim tout ça. En plus, on enregistre, il est 11h30, je commence à avoir le ventre qui gargouille.

Ermanno : Au-delà d’avoir trouvé des ponts entre les différents pratiquants de différentes activités, qu’elles soient sportives ou pas, est-ce que tu notes certains paramètres communs pour les sportives et les sportifs de haut niveau qui sortent un petit peu du sportif amateur ? Je sais pas, on parle souvent de résilience, on parle souvent aussi d’accepter d’aller voir un préparateur mental parce que c’est vrai que, bon, ça change beaucoup ces dernières années, mais on en parlait encore avec mon invité que j’avais hier, Paulin-Philippe, il y a quelques temps, aller voir un prép mental, ça voulait dire que tu avais un problème. C’était aller voir un psy au sens médical du terme et pas au sens d’accompagnateur de la performance, d’accompagnateur de la préparation, membre du staff du sportif.

Mathieu CARRER : Oui, carrément, aujourd’hui, il y a vraiment une volonté, comme on dit, c’est de la préparation mentale au même titre que de la préparation physique. Après, tout dépend de l’éthique du préparateur mental. Le plus souvent, en fait, quand on fait cette approche, c’est un premier temps, déjà, d’évaluation des ressources mentales d’un préparateur physique. Au tout début, ce qu’il va faire, c’est différents tests physiques. Par rapport à ces tests physiques, derrière, on a un score, on a un résultat, et il va pouvoir orienter le travail. De la même manière, alors, au-delà de l’analyse de l’activité, la manière dont moi je m’y prends, justement, c’est déjà évaluer les ressources mentales du sportif. On peut s’y prendre, justement, par rapport à un entretien. Cet entretien, il va avoir comme valance d’identifier quelles ont été les stratégies que j’ai mis en place sur des situations, on va dire, favorables, c’est-à-dire de performance, des situations un peu de contre-performance, et puis de voir est-ce qu’il y a une comparaison à faire, comment j’ai fonctionné dans une situation, comment j’ai fonctionné dans l’autre, pour en soutirer, justement, derrière un travail. Ça va être aussi d’aboutir à des questionnaires sur lesquels, justement, le sportif va pouvoir renseigner certaines informations pour pouvoir dégager, justement, des ressources mentales prioritaires à travailler. Et une fois que cette évaluation est mise en place, derrière, on va pouvoir travailler sur des priorités. Alors, soit que le sportif le sportif, il en a déjà directement en fait, il fait une demande très spécifique, je veux travailler sur ce point-là spécifiquement, soit c’est plutôt une approche plutôt globale, et là, c’est à moi, en fait, d’identifier des ressources principales à travailler, et après, on met vraiment un programme et un entraînement mental en place avec des cycles de travail, des cycles d’évaluation, et puis après, comme on a dit, on voit la chaleur lors de la performance, et puis on voit ce que ça donne.

Ermanno : Et tu disais que parfois, il y en a qui viennent déjà avec une demande particulière, est-ce que ça s’est déjà produit que tu leur dises, ok, on tente ta demande, là, on va le travailler, mais il y a pléthore de… enfin, où il y a quelques priorités d’abord, donc je te propose qu’on travaille d’abord sur ça, ça, ça et ça, et puis après, on mettra le gâteau dans le four.

Mathieu CARRER : Ouais, exactement, parce que par exemple, un sportif, il peut venir vouloir travailler sur sa gestion du stress, et comme on a dit, en fait, la fixation d’objectifs, savoir se fixer efficacement des objectifs, va permettre justement de minimiser l’impact stress. Sachant que le stress n’est pas toujours

Ermanno : mauvais, on le répète. Exactement.

Mathieu CARRER : Justement, c’est ce qui permet aussi à un moment donné au sportif, justement, d’être dans une stratégie d’adaptation, de pouvoir tout s’organiser par rapport à ça. On parle vraiment justement du stress qui va amener le sportif à contre-performer dans sa mauvaise gestion. Donc oui, oui, toutes les ressources mentales ont un lien entre elles, et travailler directement sur la ressource mentale ou sur la demande du sportif au départ, pour moi, justement, est une mauvaise approche, puisque justement, il faut prendre cette approche dite systémique, et vraiment d’aller chercher un peu tout ce qui entoure le sportif. Au-delà de la… Oui, c’est un peu au-delà de la préparation mentale pure, même aller voir justement l’environnement dans lequel mon sportif il évolue. C’est-à-dire la relation, si c’est un jeune sportif, la relation qu’il entretient avec ses parents, la relation qu’il entretient avec son entraîneur, quel climat motivationnel il y a dans le contexte familial et le contexte entraîneur-entraîné, qui peut amener derrière aussi une mauvaise gestion du stress de la part de la sportive ou du sportif.

Ermanno : Et comment tu fais, tiens, si tu te rends compte à force d’échanges, ou du moins tu as l’impression, parce que toi, évidemment, tu n’as qu’un versant de l’histoire, celle de la personne que tu coaches, mais comment tu fais si tu as l’impression qu’il y a des personnes qui sont toxiques autour de la sportive ou du sportif que tu encadres ? Alors, ce qui peut être embêtant, si c’est les parents, c’est un peu difficile, on a peu du mal à se défaire de ses parents quand on est jeune, ou même pas, même plus âgés, mais je ne sais pas, un entraîneur qui s’avère toxique pour le sportif ou la sportive, comment ça se passe ? Est-ce que tu t’autorises à donner des conseils, à le dire ? Est-ce que tu as un rôle à jouer ? Est-ce qu’on peut être plus des pompiers volontaires ? Tu sais ce que ça représente d’aller au feu. Est-ce que c’est ton rôle aussi à jouer, de dire quelque chose, voire d’agir ? Je ne sais pas si c’est un jeune sportif d’aller voir les parents et leur dire « Écoutez, là, avec l’entraîneur, il y a un problème. »

Mathieu CARRER : Ça peut être des choses qui sont minimes. Tout dépend aussi du contexte dans lequel j’interviens, c’est-à-dire qu’il peut y avoir des sportifs en individuel qui demandent un accompagnement préparementel, à l’extérieur de la structure. Là, je n’ai pas accès à la structure, aux discussions ou aux échanges avec les membres du staff, etc. Là, on se trouve dans une problématique en lien avec la préparementale où, derrière, je n’ai pas les moyens de débloquer certaines ou de faire cette relation de médiateur. Par contre, justement, dans les structures dans lesquelles je peux travailler et auquel cas j’ai accès soit au staff, au membre du staff, à l’entraîneur et ou aux parents, là, justement, je fais un travail de sous-marin. C’est-à-dire que je vais amener, pourquoi pas, cette problématique de manière implicite au départ et ensuite, justement, de l’accord aussi de la sportive. Là où le sportif me donne son accord pour pouvoir entrer en contact avec les parents ou l’entraîneur, ça peut se faire.

Ermanno : Ok.

Ermanno : Qu’est-ce qu’il y a comme marqueur négatif ou positif dans une préparation qui permette justement de te dépasser, qu’il va falloir soit travailler, amplifier ou annihiler si c’est des éléments négatifs ?

Mathieu CARRER : Est-ce que tu peux répéter ?

Ermanno : Oui. Est-ce qu’en termes de préparation, ce n’est pas mental ? Il y a des choses qui sont positives qu’on va pouvoir exacerber, sur lesquelles on va pouvoir travailler, mais finalement, peut-être pas plus, juste les embellir, les polir un petit peu et d’autres qui sont véritablement néfastes dans la préparation, l’entraînement, voire même dans la performance des sportifs et des choses, peut-être, soit qui sont communes, soit que tu as déjà eu l’occasion de rencontrer qui pourraient aider notre audience à se dire « Tiens, là, j’ai peut-être un problème, soit il faut que je consulte, soit il faut que je trouve un prépa mental, soit il faut que je mette en place des choses pour changer ça, cet état d’esprit, cet état de fait, cette façon de faire. »

Mathieu CARRER : Pour moi, il y a une thématique sur laquelle les sportifs, à partir du moment où ils ressentent ça, c’est la gestion de la blessure. On a de la chance au triathlon d’avoir trois sports, c’est-à-dire que si je me blesse sur un sport, potentiellement, je peux retomber un peu sur mes pas, dans le sens où je peux encore pratiquer deux autres activités. Par contre, des fois, la gestion de la blessure, c’est une grosse thématique à travailler avec les sportifs, surtout quand on a un tel volume d’entraînement. Par rapport à cette gestion de la blessure, le plus intéressant, ça va être vraiment ce qui est marqué dans les études, c’est sa capacité, encore une fois, c’est cette notion d’acceptation, mais pour accepter le fait que je sois blessé, c’est surtout réorienter mon attention, c’est-à-dire l’engagement à la fois physique, mais aussi l’engagement mental que j’ai dans un programme, par exemple, de réathlétisation. C’est-à-dire de prendre vraiment le temps d’avoir un engagement vers la tâche, je suis blessé, ok, c’est chiant, j’ai des émotions négatives par rapport à ça, c’est frustrant, mais par contre, ce qui va faire que je sois capable de m’adapter très rapidement, c’est ma capacité à me réorienter très rapidement, à mettre en place des choses justement pour revenir très vite à l’entraînement et à la performance par rapport à ça. Donc si vous avez vraiment des difficultés en lien avec cette acceptation de la gestion de la blessure, des émotions vraiment négatives en lien avec ça, je pense que c’est un des travails qui peut être mené avec un préparateur mental.

Charly : Donc je vous invite à aller regarder le podcast et à se faire découvrir par d’autres auditeurs triathlètes. Un immense merci à vous qui allez laisser une note et on se retrouve tout de suite pour la suite de votre épisode.

Ermanno : Et ouais, avec un préparateur mental forcément, mais seul, si on n’a pas encore fait la démarche, si on n’a pas encore franchi le pas, si on n’a pas encore switché à se dire je vais aller voir un prép mental, une prép mental, ou être accompagné par un professionnel médical, qu’est-ce qu’on peut travailler là-dessus ? Essayer de débloquer ces choses. Tu l’as dit, l’accepter ? Oui, j’ai une blessure, ça arrive, il faut que je m’en remette. Il y a le côté physique, mais le côté mental joue beaucoup aussi. Qu’est-ce qu’on peut faire ? Comment est-ce qu’on peut exacerber ce bon côté, cette bonne façon de penser, de voir ?

Mathieu CARRER : Comme on a dit, c’est déjà réorienter son attention sur des nouveaux programmes d’entraînement. Ça va être aussi, pourquoi pas, de se refixer des nouveaux objectifs. Plus souvent, ce qui est chiant, c’est que si je ne suis pas capable de faire de la course à pied, la question se pose de savoir si les objectifs ou les compétitions sur lesquelles j’ai pris un dossard, est-ce que je peux les réaliser ? Mais les réaliser à ce moment-là, je ne fais que la partie natation et la partie vélo. C’est être capable d’être intelligent dans la manière dont je vais approcher cette performance-là. De la même manière, ce qui va sembler intéressant, ça va être de faire ce travail de visualisation qui a montré de gros objectifs pour pouvoir retravailler sur cette gestion de la blessure et sur la capacité à se réadapter rapidement. Mais pour moi, le gros impact, c’est redéfinir un peu ces objectifs qu’on s’était fixés au départ pour pouvoir au mieux se réengager dans l’activité.

Ermanno : Une fois qu’on franchit le pas d’aller voir un PrEP mental,

Ermanno : ça a une durée limitée ? Est-ce que tu t’engages dans un accompagnement long terme où il y en a une, deux, trois séances, ça suffit à débloquer certaines choses et puis après,

Mathieu CARRER : on attend, on voit venir ? Tout dépend aussi de la demande du sportif. Ça peut être un accompagnement sur la saison parce qu’un sportif peut être curieux. Il n’a pas forcément de problématiques à travailler. Lui, c’est justement intégrer cette PrEP mental comme l’approche en PrEP physique.

Mathieu CARRER : Il y a des thématiques très précises. Ce qui est hyper intéressant et là, je l’ai vu justement le potentiel avec certains sportifs, c’est dans l’approche de la PrEP mental, le premier temps, ce que j’aime faire, c’est de la psychoéducation. C’est apprendre au sportif à comprendre comment il fonctionne et quelle stratégie il met en place. Avant même d’intervenir, de mettre en place un exercice en PrEP mental, c’est d’identifier comment je fonctionne dans certaines situations. Cette psychoéducation, c’est amener justement une compréhension un peu plus fine des mécanismes psychologiques. Par exemple, quand on dit c’est quoi la gestion du stress, c’est apprendre au sportif le stress vient des situations un peu perturbatrices. J’ai plusieurs manières de réagir ou de fonctionner par rapport à cette situation. Le stress somatique, cognitif, etc. Des fois, il suffit simplement d’avoir une meilleure compréhension de tout ça, de ces mécanismes, pour aboutir à une meilleure réflexion et connaissance du sportif sur sa manière de fonctionner. Et derrière, par lui-même, il est capable de trouver la nouvelle stratégie. La stratégie d’adaptation. Et ça, ça a un gros potentiel, cette facette de psychoéducation, pour rendre surtout le sportif autonome. Ça, c’est l’objectif de la PrEP mental. C’est d’amener le sportif à être autonome dans sa pratique, donc à la fois dans la compréhension de son système et des stratégies qu’il met en place. Et si vraiment derrière, il n’arrive pas du tout à trouver par lui-même cette stratégie, alors là, la préparation mentale et l’entraînement mental pur arrivent dans un second temps.

Ermanno : Est-ce que ça t’est déjà arrivé de voir des sportifs que tu encadres qui, pour l’objectif d’après, pour la saison d’après, décrochent complètement de la PrEP mentale qu’ils ont eue ? On le dit, chasser le naturel, il revient au galop. Je pense au galop, je pense au Mont-Saint-Michel, mais bon, voilà.

Ermanno : Est-ce que ça t’est déjà arrivé ? Et comment est-ce qu’on recadre ça ? On est peut-être sur un sujet un peu plus technique de la PrEP mentale, mais ça m’intéresse aussi de savoir, parce que je pense que ça nous est déjà tous arrivé, focus sur une préparation, 73 de Hex, tiens, il fait beau, il fait chaud, c’est un beau parcours, c’est bien fait. Pendant une saison, on est à fond dedans, on y va, on s’éclate, on atteint l’objectif qu’on avait prévu, on a travaillé avec un PrEP physique et un PrEP mentale sur certains points, certains points d’ancrage, et puis la saison d’après, on est complètement perdus, on est revenus

Ermanno : à ce sportif amateur un peu perdu où on était quelques mois avant. Est-ce que ça t’est déjà arrivé de voir des situations comme ça ? Et comment est-ce qu’on les redresse ?

Mathieu CARRER : Ça m’est déjà arrivé, justement, notamment avec les filles de l’équipe de France de hockey subaquatique, c’est-à-dire à partir du moment où on a atteint un objectif qui semblait déjà ambitieux, c’était l’objectif prioritaire, en fait, il y a une certaine fatigue qui s’est cumulée jusqu’à cet événement, que ce soit une fatigue physique, mais aussi et surtout une fatigue nerveuse. Et à partir du moment où cet objectif a été réalisé, alors soit l’objectif on va dire final est réalisé en termes de résultats, mais tout simplement aussi, justement, l’événement a eu lieu. Derrière, il y a, comme tu as mis en évidence, une problématique sur la récupération. Et cette notion de récupération, elle peut être dépendante en fonction du sportif, c’est vraiment individuel, et c’est sa capacité derrière à, encore une fois, revenir sur quels sont les objectifs que je veux me fixer, etc. Mais il semblerait intéressant de travailler sur cette notion de zone tampon, de transition entre deux événements pour à la fois bien récupérer, et derrière se projeter sur la suite en s’engageant au maximum dans cet événement.

Ermanno : C’est Joey Fritzanga que j’entendais, qui disait que son problème à lui, dans sa carrière, ça a été qu’il s’était justement fixé des objectifs qu’il a parfois atteints, mais sans avoir été en fixer d’autres après. Plus haut, plus long, plus loin, plus fort. La stratégie du coup, ce serait peut-être de se dire ok, cette année c’est 73 de hex, et puis l’année prochaine c’est l’Ironman, de Nice, donc je prends une zone tampon, X semaines, X jours d’arrêt, que ce soit sportif ou mental. On le répète, les bienfaits de la pause, qu’elle soit saisonnière ou annuelle, les bienfaits de la pause, de s’arrêter, ne plus faire de triathlon, ne plus s’entraîner pendant quelques jours, quelques semaines, passer du temps avec la famille, avec les proches, aller marcher plutôt que d’aller courir, aller au bord de la mer, se changer les idées, dans le sens aussi mental du terme, mais aussi physique, pour le corps, et puis après repartir sur la préparation qu’on s’est fixée, et là encore, si tout se passe bien, dans le cours de la préparation de ce fameux Ironman de Nice, qu’on se fixerait pour l’année d’après, ne pas hésiter à se refixer un autre objectif. Est-ce que ce serait ça la bonne stratégie ?

Mathieu CARRER : Oui, c’est exactement ça, et puis on revient sur ce que tu dis, c’est aussi j’ai besoin d’une zone tampon, j’ai besoin d’une zone de transition un peu pour me ressourcer, et souvent les sportifs jugent ce qu’ils sont en train de faire, c’est-à-dire que c’est pas normal, c’est-à-dire que ces zones de transition, je suis en train de perdre mon temps, va falloir que je revienne à l’entraînement, je vais perdre… Je suis en train de perdre du poids,

Ermanno : je mange n’importe comment… Exactement,

Mathieu CARRER : et en fait on est toujours, et constamment, peut-être pour les sports d’endurance plus plus, mais parce que justement on a l’impression qu’on a cet objectif-là, et sur ce que je suis en train de faire, c’est une prise de décision à l’instant, c’est-à-dire que par rapport à ce que je souhaite, et par rapport à ce que je fais aujourd’hui, je suis en train de juger si le comportement que je mets en place est favorable ou défavorable et donc il faut bien identifier justement aussi dans cette fixation d’objectif, ok il y a aussi un temps limite, c’est-à-dire que le jour de la compétition c’est fixé dans le temps, c’est une date très précise, mais je peux aussi imaginer moi dans le cadre de ma préparation une date à laquelle je commence et justement le sportif qui est… qui va s’adapter, c’est le sportif qui est capable d’adapter aussi son plan d’entraînement en fonction de la fatigue d’aujourd’hui, la séance elle est proposée, elle est écrite, elle est écrite sur le papier, mais à quel point je suis capable aussi de faire en fonction de ce que je sens, de ce que je ressens, de m’adapter ou pas, et le sportif justement qui est tout le temps en crise de temps, qui est tout le temps justement en train de… il est pas en négociation en fait, il fait comme… mais c’est stressant pour lui, c’est le sportif qui justement va avoir des difficultés à s’adapter le plus facilement à ce qui lui est proposé, et donc risque de blessure derrière parce que pas d’écoute, pas d’auto-observation, voilà.

Ermanno : Pour revenir sur ce que tu disais sur le fait d’être constamment en train de se juger et de se dire qu’est-ce que je suis en train de faire là, je mange n’importe comment, je bois un verre de trop, c’est délétère par rapport aux objectifs que je me suis fixé, oui ok je suis en pause mais… ou je suis en zone tampon mais ça va pas bien, c’est assez contradictoire aussi avec le fait de dire bah tu sais cet effet cumulé, la performance cumulée, c’est-à-dire on a parfois en termes d’entraînement bien intégré que au fur et à mesure de l’entraînement, de l’expérience passée, accumulée, c’est ce qui va permettre d’obtenir la performance future et en même temps on est en train de se juger en se disant là je suis en train de faire n’importe quoi au niveau alimentation, hydratation, sommeil, sortir faire la fête avec les proches etc, et donc là on est en train de casser cet effet cumulé et de créer un autre effet cumulé qui soit délétère, pervers, tu vois je trouve que c’est un peu contradictoire en fait le mode dont fonctionne notre cerveau.

Mathieu CARRER : En fait il est toujours ce qu’on appelle en dissonance c’est-à-dire que comme on a dit, on est en train de projeter quelque chose, un objectif particulier en fait c’est un dilemme, on est tout le temps en situation de dilemme, là concrètement aujourd’hui j’ai besoin de ça, mais ce dont j’ai besoin aujourd’hui ne va pas en rapport ou ne va pas favoriser justement ma performance finale mais c’est aussi du coup s’accorder des temps, c’est-à-dire il y a des temps dans notre emploi du temps, comme on a dit un objectif c’est court, moyen, long terme mais ça peut être aussi sur du très court terme et c’est aussi de voir les bénéfices que j’en tire de ce que je suis en train de faire aujourd’hui qui n’est pas forcément en rapport avec mon objectif final, mais par contre sur un autre plan, ça va favoriser le plan social, parce que je vais voir mes amis et en fait ça va me ressourcer sur un autre axe de travail la notion de plaisir par exemple qui est bien mis aujourd’hui en évidence, comme un élément central pour performer à haut niveau

Ermanno : tu vois c’est marrant ce que tu dis parce que ça me fait penser aux échanges que j’ai sur l’autre podcast que j’anime qui s’appelle Dans les vestiaires, où l’essence du podcast c’est de savoir comment est-ce qu’on construit une carrière de sportif de haut niveau certains sont obligés de travailler pour pouvoir financer leur carrière, et d’autres font le choix de travailler pas forcément à temps plein, même s’ils pourraient vivre de leur sport, mais ils font quand même ce choix de travailler parce que ça leur permet de trouver cet équilibre, cette soupape ce moment de décompression ce sas de décompression donc que ce soit sortir avec les proches, les amis ou aller travailler, parfois c’est le dilemme, mais il faut savoir trouver l’équilibre, et une fois qu’on a trouvé l’équilibre après, normalement, tout se passe bien

Mathieu CARRER : exactement, c’est aussi partir du principe où en fait en tant que sportif la plupart du temps en pilote automatique c’est à dire qu’on a un mode de fonctionnement qui semblerait le même et là où on va être performant c’est être capable justement d’être un peu plus spectateur de ce mode de fonctionnement pour pouvoir justement derrière cibler certains principes qui vont nous faire plaisir certaines activités où je vais pouvoir être capable de me ressourcer parce qu’on sait très bien que dans une prépa c’est mode œillère, on a des œillères et puis on fonce et on voit pas trop ce qui se passe à côté, donc vraiment être aussi auto-observateur être un peu plus spectateur aussi de ce qu’on fait pour pouvoir être plus…

Ermanno : C’est marrant ce côté auto-observateur s’observer soi-même ça me fait penser à ce fameux état de flow tu sais, dont on parle aussi souvent et notamment quand on aborde des sujets de prépa mental donc juste pour en reparler si les gens voient pas ce que c’est c’est un peu ce moment où on se sent complètement détendu, relâché, quand on est en train de pratiquer notre activité physique que ce soit en compétition mais aussi à l’entraînement et notamment cette sensation, moi ce que j’ai déjà vécu cette impression de sortir de ton corps et de te voir en train de courir et puis juste d’être tous les voyants sont ouverts tu cours exactement à l’allure que tu voulais t’as la sensation idéale t’apprécies qu’il fasse beau, qu’il fasse pas beau qu’il y ait du soleil, qu’il y ait de la pluie t’es vraiment dans l’instant présent et t’apprécies ça et donc ton approche ce serait de se dire aussi pendant la prépa enlever un peu les œillères et essayer de s’observer aussi un peu soi-même de prendre du recul, de se mettre dans un drone et de se regarder, voir son mode de fonctionnement pour pouvoir l’accepter et éventuellement l’adapter

Mathieu CARRER : c’est exactement ça, en partant du principe comme on a dit, moi j’ai pas d’enfant j’ai une vie professionnelle tout est cadré on peut l’observer dans certains sportifs d’endurance à quel point dans notre vie on a différents pôles et à quel point le pôle sportif va prendre beaucoup de place beaucoup d’importance et à un moment donné va aussi impacter d’autres pôles par exemple le pôle professionnel ou le pôle familial et donc quand on dit être spectateur c’est aussi de voir l’impact toute cette préparation et l’impact que ça a sur moi et est-ce que justement ça se projette dans les différents pôles et d’être capable justement de faire la part des choses pour pouvoir avoir un mode de fonctionnement qui semblerait vraiment adaptatif dans ces différents pôles dans lesquels je mets en place une certaine performance

Ermanno : Adaptation, adaptabilité c’est quand même le maître mot et pourtant c’est pas facile pour être papa, mari avoir un job des fois tu trouves aussi l’équilibre dans la pratique du sport qui te permet de te détendre de te sortir la tête du guidon de te sortir de ses œillères tout en en remettant pour justement te fixer ton objectif et par contre ce qui tourne autour de toi tes proches, ton employeur comprennent pas forcément ça et du coup ça arrive encore là aussi que tu rentres dans un cercle vicieux et pas vertueux de ok je bosse à fond ok je passe du temps avec ma famille mais j’ai besoin de faire du sport mais j’ai pas le temps ou j’ai pas l’occasion ou j’ai pas les moyens et du coup comment on sort de ça en fait

Mathieu CARRER : j’en profite pour faire ma séance de prête mentale la prête mentale est intéressante dans ces deux approches il y a l’approche d’entraînement mental pur et aussi cette approche d’accompagnement psychologique mais de prendre le sportif au centre avec sa performance et derrière tout ce qu’on appelle les facteurs d’influence les facteurs d’influence c’est la relation que j’entretenir justement avec mon contexte familial la relation que j’entretenir avec mon entraîneur avec mon contexte professionnel et c’est justement essayer d’identifier sur quel levier moi je peux impacter pour être au mieux dans ce que je suis en train de réaliser moi au centre de ma performance c’est vraiment d’aller chercher tout cet entourage tout l’environnement et le contexte dans lequel je je vis pour pouvoir justement mieux mieux scinder ces différents pôles de vie

Ermanno : c’est la fameuse roue de vie c’est ça ?

Mathieu CARRER : ouais peut-être je connais même pas tu vois

Ermanno : bon après je pense que chaque prête mentale chaque école de prête mentale a un petit peu ses termes ou ses approches mais ouais c’est ça c’est faire une photo un petit peu à l’instant T de son environnement des différents paramètres des différents impacts que peuvent avoir les uns entre les autres comment est-ce qu’ils sont imbriqués et puis aller chercher l’ikigaï

Mathieu CARRER : les études mettent bien en évidence l’impact du soutien social sur ce que peut réaliser alors encore une fois à très haut niveau mais il suffit simplement même d’avoir des sportifs amateurs à quel point en fait en tant que sportif amateur on se met une charge ou un volume d’entraînement à hauteur des sportifs amateurs des sportifs professionnels alors qu’on aura jamais leur niveau mais on a une tendance en tant que sportif amateur à se mettre une pression en terme de volume d’entraînement qui est quand même assez conséquente et quel est l’impact que ça peut avoir sur notre mode de fonctionnement sur le stress, sur la pression que je me mets

Ermanno : ouais et surtout qu’il faut pas oublier et j’aime bien faire des petits rappels, des petits disclaimers certains sportifs de haut niveau déjà baissent leur niveau d’entraînement au fur et à mesure des années de pratique parce que des dizaines voire une ou un peu plus vingtaine d’années d’expérience, d’expertise prenons notre champion du monde sur distance Ironman qui est français Sam Ledlow, il a commencé le triathlon à 3 ans donc quand à 24 ans il est champion du monde il peut se permettre d’avoir un entraînement beaucoup plus ciblé, beaucoup plus spécifique beaucoup plus technique et donc d’avoir un volume d’entraînement qui sera peut-être moins élevé que Mathieu CARRER ou Ermanno DI MICELI parce que nous on est des amateurs et on est des bourrins et en fait on peut caser une grosse partie de nos entraînements le week-end et un peu le soir alors que Sam il va étaler tout ça sur la semaine

Mathieu CARRER : et puis il y a aussi dans des structures sportives de haut niveau des préparateurs physiques qui sont là au chevet des sportifs qui tous les matins par rapport à un petit questionnaire la qualité du sommeil la nuit précédente etc vont quantifier cette charge d’entraînement que nous sportifs amateurs on n’a pas et donc c’est ça en fait quand on parle de s’auto-observer c’est aussi être très au clair avec ses sensations et pour pouvoir nous-mêmes nous adapter c’est pas le prépa physique qui va être derrière nous à nous dire bah là aujourd’hui sur la série qui est présentée au lieu de faire 8 t’en feras 4

Ermanno : et tu vois tout à l’heure en intro tu me disais que ta conjointe est triathlète aussi est-ce que justement il n’y en a pas un qui joue le rôle de prep mental et de prep physique au chevet de l’autre alors l’un ou l’une ou l’autre tu vois dans le sens où tu veux

Mathieu CARRER : non mais c’est vrai que alors des fois je peux avoir cette casquette un peu de préparateur mental mais aussi du coup d’enseignant parce que la prépa mentale moi je me base beaucoup sur les études en lien avec ça pour pouvoir construire un programme d’entraînement donc c’est vrai que en fait parfois je vais conseiller mais c’est pas ce qu’elle attend elle elle attend simplement du soutien et moi j’ai plutôt tendance à conseiller donc c’est un peu le chausseur moins bien chaussé enfin je sais plus l’adage là mais c’est un peu le cordonnier le plus mal chaussé voilà exactement donc parfois ça fonctionne pas

Ermanno : ouais bah on dit souvent c’est rare les sportives et les sportives de niveau qui sont toujours entraînés par leur mère ou leur père et puis le plus mauvais entraîneur dans un couple c’est le conjoint ou la conjointe parce que simplement l’athlète celui qui est entraîné il est pas forcément prêt à écouter ce que dit le conjoint ou la conjointe

Mathieu CARRER : alors que si c’était vraiment un intervenant extérieur peut être que là les choses seraient c’est clair

Ermanno : ça marche souvent comme ça surtout au niveau amateur on est souvent bien mieux encadré par quelqu’un d’autre que par son plus sain tu parles d’études ça me permet de faire une belle transition tu me disais dans les messages qu’on échangeait que ce qui t’intéresserait ce serait d’avoir une approche un peu plus une dimension plus scientifique de la prépa mentale à l’appui des données actuelles en sciences du sport en sciences du comportement t’as open mic je sais pas ce que t’avais pensé, imaginé, abordé je t’ai posé pas mal de questions aussi pour ma propre masterclass s’il y avait des sujets que tu comptais aborder que tu aurais voulu aborder que tu imaginais important, c’est le moment

Mathieu CARRER : tu sais qu’en fait ces petits résultats d’études ou les choses qu’on a mentionné dans notre échange viennent des études c’est à dire que derrière il y a certains éléments qu’on a pu mettre en évidence là où ça semblerait aujourd’hui intéressant par contre c’est aujourd’hui dans les sports d’endurance ce qui fait qu’un sportif il est ce qu’on appelle un pricing strategy c’est à dire l’identification de l’allure de course optimale que je dois avoir sur le moment elle est médiée par notre perception d’effort c’est à dire que c’est la perception d’effort consciente que j’ai actuellement de ce que je suis en train de produire qui fait que soit j’accélère, soit je garde justement l’allure de course que j’ai actuellement ou soit je diminue cette allure de course et aujourd’hui dans les études ce qui est mis en évidence c’est que pour un test à l’effort max c’est pas justement le déficit musculaire ou physiologique qui fait que je vais arrêter mon effort c’est plutôt justement derrière à quel point je perçois mon effort comme intolérable c’est à dire que je suis au bout de ce que j’estime faire sur le moment et donc partir du principe où vous êtes toujours capable de le faire c’est à dire que d’un point de vue musculaire et physiologique l’effort vous pouvez le maintenir c’est simplement à un moment donné à quel point vous estimez votre effort qui fait que derrière soit vous allez ralentir soit vous allez complètement justement vous désengager de l’activité donc même voie jusqu’à l’abandon et ça c’est les travaux de Roberto Antonini-Philippe qui l’ont bien montré

Ermanno : de toute façon c’est pas difficile la limite c’est quand tu peux plus c’est pas quand ton cerveau te dit que tu peux plus si on reprend l’exemple d’un test d’effort sur tapis c’est quand tu tombes ou quand tes jambes elles avancent plus moi c’est ce que j’essaye de me fixer comme objectif j’ai bien dit c’est ce que j’essaye parce que j’ai aussi un gros médiateur qui est mon cerveau mais en théorie c’est ça, tu peux plus c’est quand t’arrives plus à respirer quand tes jambes répondent plus

Mathieu CARRER : c’est ça l’objectif normalement voilà c’est ça et après il y a différents médiateurs sur lesquels on peut travailler en préparation mentale qui permettrait d’aller un peu plus loin dans cet effort ou alors de limiter l’impact à la perception de son effort là on peut en revenir aux travaux de Guillaume Millet qui a travaillé justement sur le modèle de la chasse d’eau le flush model et c’est intéressant parce que cette perception de l’effort elle va être aussi médiée par des déterminants avant la compétition, avant notre performance c’est à dire à quel point on a bien dormi la veille c’est à dire qu’on peut déjà arriver le jour de la compétition avec déjà une perception de l’effort qui est très haute pourquoi ? parce qu’on n’a pas mis en place tous les médiateurs en termes de récupération, sommeil, hydratation avant notre performance donc il y a un gros travail à faire sur ce qui se passe avant pour bien aborder cette compétition le jour J et être au vert, c’est à dire à zéro en termes de perception de l’effort et de pouvoir performer le jour J

Ermanno : tu parlais de Guillaume Millet assez connu dans le milieu du trail et de sa stratégie de la chasse d’eau est-ce que tu peux nous en parler rapidement pour qu’on visualise un peu ce que ça représente ? parce que tu nous tises comme ça mais on a envie d’en savoir plus

Mathieu CARRER : sous réserve, je vais le dire avec mes propres mots ceux qui sont intéressés n’hésitez pas à aller voir un peu sur Youtube il fait pas mal de conférences alors il faut partir du principe où sur une chasse d’eau, on a notre cuvette et cette cuvette au fur et à mesure elle se remplit donc on tire la chasse d’eau, elle se remplit au fur et à mesure et donc plus l’eau augmente dans la cuvette ça, ça représente ma perception de l’effort en fait elle atteint un seuil un niveau, et ce niveau là justement c’est à partir du moment où mon effort y semblerait maximum pour pouvoir justement avoir un effort ou prolonger l’effort que je suis en train de réaliser il va falloir avoir cette petite soupape et cette petite soupape justement représenterait la qualité du sommeil, représenterait pourquoi pas les stratégies attentionnelles que j’ai en place sur le mouvement pour pouvoir avoir ce médiateur et médier un peu cette perception de l’effort encore une fois le sportif en endurance par exemple en fonction de la dernière activité, la course à pied on est vraiment sur je projette un temps, j’ai un objectif en tête ou en tête un classement et en fait on est constamment dans une lecture entre est-ce que les sensations que j’ai actuellement vont justement favoriser ce que je projette comme objectif et c’est toujours cette projection et cette dissonance qui peut apparaître chez un sportif c’est à dire la prise de décision intuitive, instantanée et donc c’est ça qu’il faut aussi travailler chez le sportif.

Ermanno : Tu parlais de pouvoir éventuellement travailler cette perception de l’effort maximal avec la prep mentale je me souviens que j’avais déjà échangé avec le docteur Denis Boucher qui est un docteur en recherche en médecine fondamentale québécois et lui nous partageait un moment que il a travaillé avec l’hypnose avec certains de ses sportifs et qu’il avait été impressionné de faire faire des tests d’effort à des sportifs aussi bien amateurs que de haut niveau et de voir à quel point rien qu’en refaisant un test d’effort sous hypnose ce seuil maximal était complètement déplacé il prenait l’exemple d’un test sur vélo admettons que quelqu’un fasse un test d’effort sur vélo et que sa puissance maximum soit 200 watts et bien sous hypnose il arrive à pousser à 450 watts sans avoir cette sensation d’avoir été au maximum et d’avoir souffert est-ce que c’est quelque chose que tu connais que tu as déjà abordé, que tu as déjà travaillé et est-ce que c’est un peu les mêmes mécanismes qu’on pourrait travailler avec la PrEP mentale ?

Mathieu CARRER : je ne suis pas spécialiste de l’hypnose donc il y a certains mécanismes qui sont travaillés avec l’hypnose et qui peuvent être travaillés sur d’autres programmes d’entraînement je pense notamment au Brain Endurance Training c’est d’induire dans le cadre de l’entraînement, on prend par exemple le cadre de la préparation physique induire justement une tâche cognitive en plus de la tâche de préparation physique

Ermanno : ça m’amuse à chaque fois et je le dis à chaque fois qu’on aborde ce sujet là essayez de faire sur une piste vous faites des tours de piste et puis vous faites ça avec des potes ou avec un entraîneur et à un moment, un coup de sifflet vous faites 2 plus 2 vous allez voir justement l’entraînement cognitif ce que ça donne 2 plus 2 ce qui pourtant est à la portée de beaucoup de monde normalement c’est plus difficile quand on est en plein effort

Mathieu CARRER : c’est ça, alors ce Brain Endurance Training il est intéressant quand on est sur des intensités d’effort sous maximale pour pouvoir justement être assez alerte et traiter l’information mais ça montre aujourd’hui justement des résultats qui sembleraient intéressants justement pour ce travail sur la fatigue mentale puisque c’est à partir du moment où je suis fatigué que derrière ma perception de l’effort va augmenter c’est un peu un adage entraînement difficile, guerre facile c’est à dire que je vais charger mon entraînement avec du physique et une charge cognitive pour que le jour J ça paraisse facile parce que justement j’ai travaillé dessus au préalable donc ça c’est intéressant

Ermanno : ouais c’est comme en trail ou ultra trail il y a 15 jours j’ai fait un trail et une copine qui courait avec moi disait bah il reste plus que 10 bornes bah non il en reste 8 c’est 23 non moi je pars du principe que c’est 25 comme ça quand j’arriverai à 23 que je passerai la ligne j’aurai l’impression d’avoir moins souffert

Mathieu CARRER : ça c’est intéressant tu vois ce que tu mentionnes c’est la notion de télé-anticipation ça fait partie d’une des variables d’un modèle qui est justement de quand on disait cette prise de décision à l’instantané de l’allure de course optimale elle est aussi médiée justement par la connaissance du temps qu’il me reste à parcourir ou de la distance qu’il me reste à parcourir et c’est vrai que cette télé-anticipation en fait dès le départ d’une course on la met en place pourquoi bah on va pas courir à la même allure sur un 10 ou sur un 21 km et le sportif il est constamment et ça c’est un un travail qui semblerait intéressant à mettre en place avec les sportifs bah c’est justement de cacher le compteur c’est à dire que vous amenez le sportif à travailler une intensité ou une allure donnée sans qu’il n’ait connaissance en fait de la distance à parcourir ou du temps qu’il a à parcourir

Ermanno : c’est un truc que faisait beaucoup mon entraîneur souvent dans le cadre d’une préparation sur 2-3 courses avant l’objectif il me disait c’est bien on est là t’es prêt donne ta montre quoi donne ta montre pourquoi j’en ai besoin bah non tu vas courir sans montre à la sensation tu vas essayer d’aller voir ce que ça donne si t’es bien si t’es pas bien si t’es dedans si t’es dans l’allure et puis on débriefera à la fin de la course alors au début ça surprend après tu t’y attends c’est même limite moi qui donnais la montre il disait bon ok aujourd’hui je sais c’est à la sensation

Mathieu CARRER : mais ça tu vois quand on parlait de pleine conscience ou de mindfulness c’est déjà un des premiers exercices qu’on peut mettre en place un exercice vraiment intégré à l’entraînement aujourd’hui justement il y a ces affinités justement avec un critère normatif l’allure etc il suffit simplement de voir une séance piste VMA ou la montre elle est au coeur de la performance mais à quel point les sportifs par rapport à une allure donnée sont capables derrière d’identifier par eux-mêmes quelles sont les sensations quand je cours à 4.10 quelles sont les sensations quand je cours à 3.45 et automatiquement quand le jour de la compétition on peut mettre en place justement ces sensations là triathlons pas forcément parce qu’on a accès à la montre mais quand on est en athlétisme par exemple sur des 400 mètres le jour de la compétition nos sportifs n’ont pas de montre donc pourquoi les habituer et les conditionner à travailler avec une montre à l’entraînement pour que le jour J derrière il n’ait pas la montre donc il faut vraiment aussi prendre ça c’est ce qu’on appelle le stress inoculation training c’est prendre toutes les contraintes d’une situation de compétition et les intégrer à l’entraînement objectif que le sportif justement soit en capacité d’adaptation déjà à son entraînement pour que le jour J en fait ça paraisse sans surprise je contrôle l’environnement dans lequel je vais réaliser ma performance

Ermanno : voilà donc pour vos prochains entraînements pour l’Ironman vous faites vos sorties 200 bornes parce qu’en vélo on fait de la surdistance avec en respectant les 12 mètres de distance avec le groupe avant et arrière hein ok bon c’est moins sympa quand même d’un point de vue social c’est quand même moins cool bon écoute je pense qu’on a fait un bon tour même s’il y aurait encore des des milliers de choses à dire sur la prête mentale et autres

Ermanno : on a beaucoup parlé d’endurance on a pas beaucoup parlé enfin un peu moins de sport moins d’endurance plus d’explosivité le hockey subaquatique le foot qu’est-ce que tu pourrais en dire là-dessus au-delà de l’endurance parce que même si dans le foot ce qui ce à quoi on pense à prime abord c’est l’explosivité l’explosivité il faut courir pour aller vers la balle c’est vrai que l’explosivité pendant 90 minutes le temps d’un match quand on est titulaire et qu’on reste sur le terrain les 90 minutes on est quand même pas loin de l’endurance de l’endurance d’explosivité quoi

Mathieu CARRER : bah ça c’est les travaux encore une fois sur les stratégies attentionnelles on prend par exemple des tests des tests de jump de saut verticaux en fait en fonction de la modalité attentionnelle soit je peux créer une condition de performance c’est-à-dire amener le sportif à être sur des conditions avec un focus plutôt externe associatif à lui par exemple j’accroche un ballon sur le plafond et je demande au sportif justement de toucher le ballon avec la tête soit je peux créer aussi une condition de contre-performance c’est-à-dire que j’amène le sportif à orienter son attention d’un point de vue interne c’est-à-dire par exemple lors de ton saut pense bien à la flexion de tes jambes c’est-à-dire qu’à travers cette modalité attentionnelle on déconstruirait le mouvement on désautomatise, pourquoi ? parce qu’on amène le sportif à trop réfléchir sur le comment faire plus que sur l’effet final du mouvement c’est-à-dire va toucher le ballon avec ta tête

Ermanno : et la négative fonctionne aussi c’est-à-dire va toucher le ballon et surtout ne pense pas à la flexion de tes genoux

Mathieu CARRER : tu peux être sûr que c’est la première chose à laquelle il va penser le ne pas ça ne fonctionne pas

Ermanno : je te remercie Mathieu écoute j’ai une question signature dans ce podcast et elle fait tout simplement référence au nom du podcast tu m’as entendu ?

Mathieu CARRER : oui

Ermanno : ça a frisé un peu mais bon donc je te disais j’ai une question signature qui fait référence au nom du podcast qui s’appelle devenir triathlète, à ton avis toi en tant que pratiquant et en tant que préparateur mental comment devenir triathlète ?

Mathieu CARRER : alors c’est justement cumuler de l’expérience c’est partir du principe où on ne connait rien au départ pour pouvoir justement cumuler cette expérience il va falloir avoir ces petites expériences qui font que derrière on développe ces stratégies au fur et à mesure et ces stratégies là en fait on va pouvoir les mettre au service d’une performance un peu plus ambitieuse au fur et à mesure

Ermanno : ce qui est difficile aussi parce que en natation et en vélo peut-être mais en course à pied tout le monde a déjà couru un jour dans sa vie que ce soit derrière un bus, dans une cour de récréation ou autre donc ne serait-ce qu’en course à pied on part avec un biais se dire je ne connais rien et j’ai tout à apprendre en course à pied ça paraît difficile quand même non ?

Mathieu CARRER : mais est-ce qu’on connait justement un contexte de course à pied avec porter un dossard en contexte de compétition avec ce que ça induit c’est-à-dire que vous allez très bien à l’entraînement travailler sur une allure de course et puis le jour J dès le départ en fait vous vous êtes pris par la foule dans cette foule là du coup vous regardez votre monte et vous êtes 30 secondes en dessous de ce que vous avez projeté donc il y a toute cette connaissance en lien avec l’environnement et le contexte de performance et la manière dont vous vous interagissez avec ce contexte là c’est plutôt dans cette idée

Ermanno : bah nickel c’est beaucoup plus clair je te remercie pour tous ces éclaircissements pour terminer où est-ce qu’on te suit qu’on suit tes travaux qu’on suit tes réflexions sur les travaux ou éventuellement où est-ce qu’on te contacte pour en savoir plus surtout si on est à Brest

Mathieu CARRER : ouais alors Mathieu CARRER un peu disponible sur tous les réseaux sociaux Facebook Instagram LinkedIn et puis sinon j’ai mon site internet Mental Training Experience où justement j’amène les sportifs à tester plein d’expériences possibles de manière individuelle collective voilà pour pouvoir amener cet entraînement

Ermanno : et bah écoute je te remercie Mathieu je remettrai tous les liens dans les notes de l’épisode tu parlais de de travailler sur le côté cognitif et de foot aussi j’ai eu l’occasion d’échanger avec alors pas pour ce podcast là avec Nicolas Breton ancien arbitre de foot et qui maintenant qui est préparateur mental et qui a lancé une entreprise de préparation mentale et de préparation cognitive que ce soit pour les sportifs ou pour les entreprises donc voilà il y a peut-être des ponts à faire des échanges qui pourraient être intéressants entre vous je te remercie Mathieu bonne continuation à bientôt ciao c’était devenir triathlète x OpenTri merci d’avoir écouté cet épisode jusqu’au bout nous on a pris beaucoup de plaisir à l’enregistrer alors si ça vous a plu vous pouvez nous suivre sur nos réseaux sociaux instagram linkedin et facebook on se rejoint maintenant sur devenir-triathlète.com vous allez retrouver l’ensemble des épisodes mais aussi des outils des ressources et des conseils gratuits pour débuter progresser ou performer en triathlon on ajoute toutes les semaines de nouvelles ressources si vous avez une idée d’invité n’hésitez pas à nous envoyer un petit message et si vous voulez être accompagné sur vos prochains objectifs sportifs connectez-vous sur OpenTri.fr et on se fera un plaisir de vous aider alors n’hésitez pas on se retrouve tout de suite sur devenir-triathlète.com et OpenTri.fr salut les sportifs

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