#272 Julie Iemmolo đŸ‡«đŸ‡· Triathlon pro Ă  21 ans

“J’ai toujours Ă©tĂ© un peu frustrĂ©e que sur le court certains utilisent les autres pour gagner. En long, tu es responsable de ta course de bout en bout !” – Julie Iemmolo

DĂ©jĂ  diplĂŽmĂ©e d’état 🎓 en tant qu’entraĂźneur de triathlon, elle poursuit ses Ă©tudes sur le sport et la performance sportive Ă  l’universitĂ©. Mais ce n’est pas tout
 elle est aussi triathlĂšte professionnelle ! đŸ’Ș

Julie Iemmolo a Ă©tĂ© Vice Championne du monde Ironman 70.3 dans sa catĂ©gorie d’ñge en 2019, puis elle est passĂ©e pro et a affrontĂ© les plus grands noms du triathlon fĂ©minin. Deux fois Championne de France U23 en 2021 sur le courte distance, elle s’est qualifiĂ©e au Championnat du Monde Ironman 70.3 PRO Ă  St George en septembre dernier oĂč elle dĂ©croche une 25Ăšme place du haut de ses 21 ans
 Encore une fois, une athlĂšte Ă  suivre de prĂšs dans les annĂ©es Ă  venir. 🏆

Cette semaine sur le podcast nous revenons sur sa prĂ©paration, ses semaines d’entraĂźnement et son approche de l’entraĂźnement en tant que pro. 🎙

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Bonne Ă©coute ! 🎧

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Ce podcast, co-animé par Olivier DE SCHUTTER et Ermanno DI MICELI, est proposé par OHANA Triathlon , et vous accompagne dans votre démarche pour Devenir TriathlÚte !

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📝 La retranscription de l’Ă©pisode

Ermanno : Salut les sportifs c’est Ermanno et vous ĂȘtes dans un nouvel Ă©pisode du podcast « Devenir TriathlĂšte ». Mon compĂšre de podcast : Olivier De Schutter, le fondateur de la marque Ohana. Salut Olivier !

Olivier : Salut Ermanno ! J’ai le rîle facile moi, je ne fais jamais les introductions.

Ermanno : Tu en as fait quelques-unes quand tu me posais des questions Ă  moi. D’ailleurs, il va falloir qu’un de ces quatre on rĂ© inverse les rĂŽles : tu fais les introductions, les montages, les diffusions et puis aprĂšs on en rediscute.

Olivier : Ça marche on essaiera ça, je ne sais pas si j’arriverais Ă  ton niveau.

Ermanno : C’est gentil. On va arrĂȘter de jeter des fleurs parce que la personne Ă  qui on doit jeter des fleurs c’est une personne et ça j’en suis trĂšs heureux parce que je le dis souvent au manque de voix fĂ©minines sur le podcast. Aujourd’hui on a la chance de recevoir Julie Iemmolo. Bonjour Julie.

Julie : Bonjour Ermanno, bonjour Olivier.

Ermanno : C’est un plaisir de recevoir une voix fĂ©minine sur le podcast, et puis une jeune femme qui a l’air d’avoir la patate, ça c’est cool. Alors Julie, on a une on a une tradition sur ce podcast, c’est que on pose la question Ă  notre invitĂ©.e Ă  chaque fois au dĂ©but du podcast. Qui est Julie Iemmolo, dis-nous tout : quel Ăąge as-tu, que fais-tu dans la vie, est-ce que tu pratiques un peu de sport et en particulier le triathlon, et depuis quand est-ce que tu as dĂ©couvert ce sport ?

Julie : Je suis Julie Iemmolo, j’ai 21 ans. Je me suis mise au triathlon aprĂšs avoir fait beaucoup de natation Ă©tant petite. En fait j’ai commencĂ© la natation sans faire de compĂ©tition et puis c’est venu petit Ă  petit. Mais la natation malheureusement c’est un petit peu toujours la mĂȘme chose, c’est un petit peu ennuyant, et j’avais besoin d’autre chose. J’ai trouvĂ© le triathlon grĂące Ă  un autre nageur du club qui lui Ă©tait triathlĂšte et qui est depuis ce jour-lĂ  mon entraĂźneur en triathlon. J’ai commencĂ© le triathlon Ă  14 ans, au dĂ©but c’Ă©tait juste comme ça pour faire autre chose, pour me faire plaisir aussi, et puis petit Ă  petit j’y ai pris de plus en plus goĂ»t et j’ai eu des objectifs de compĂ©tition et ainsi de suite. Aujourd’hui je suis professionnelle et je me suis spĂ©cialisĂ©e sur le format Ironman 70.3, donc de la longue distance avec 1,9 km de natation, 90 km de vĂ©lo, et un semi-marathon 21km en course Ă  pied. Aujourd’hui c’est le format que j’affectionne le plus et sur lequel je veux performer. Sinon pour me prĂ©senter d’un point de vue sportif on va dire, sur l’annĂ©e qui vient de s’Ă©couler j’ai terminĂ© deuxiĂšme Ă  l’IronMan 70.3 des Sables-d’Olonne, j’ai remportĂ© ma qualification pour les championnats du monde en catĂ©gorie professionnelle, qui avait lieu au mois de septembre aux États-Unis Ă  Saint-Georges, oĂč j’ai terminĂ© 25e. J’Ă©tais la plus jeune qualifiĂ©e : 21 ans avec une moyenne d’Ăąge de 30 ans.

Ermanno : Wow, dis-moi, est-ce que tu connais Sam Laidlow ?

Julie : Oui, bien sûr.

Ermanno : Alors vous allez vous tirer la bourre tous les deux. Fin lui il est plutĂŽt spĂ©cialisĂ© sur le long, fin sur l’ironman full. Mais toi tu es sur du 70 .3, tu es un tout petit peu plus jeune que lui, tu n’as mĂȘme pas l’Ăąge de mon fils et tu performes dĂ©jĂ  sur du semi Ironman. Est-ce que ça fait partie de tes objectifs justement le long, mĂȘme si tu me dis que le 70.3 pour l’instant c’est ce que tu affectionnes le plus ?

Julie : Oui, alors ça fait partie de mes objectifs. Avant de me mettre au triathlon, la premiĂšre course que j’ai vue c’est l’ Embrunman, un petit peu le mythe on va dire. Et cette course m’a toujours fait rĂȘver et avant de faire mon premier triathlon je me suis dit « non mais un jour je ferai l‘Embrunman » chaque fois je me disais « non pas cette annĂ©e je suis trop jeune, pas cette annĂ©e il ne faut pas rĂȘver je suis pas entraĂźnĂ©e pour » etc, puis maintenant je fais du long. DĂ©jĂ  l’Ironman des Alpes je me dis que je pourrais, et avec mon entraĂźneur on y pense sauf qu’on veut pas que j’y aille trop tĂŽt pour pas que je perde de vitesse. On veut faire les choses progressivement, garder la continuitĂ© et pas se prĂ©cipiter. Donc des fois j’ai vraiment envie, c’est un peu dur de rĂ©sister mais j’essaie de construire, on va dire, sur le long terme. Et Sam lui il performe dĂ©jĂ  hyper fort sur le long et ça m’impressionne pour son Ăąge.

Ermanno : AprÚs, je crois que Sam il a commencé un petit peu plus tÎt que toi.

Julie : Oui, et puis mĂȘme en jeune il avait dĂ©jĂ  un gros niveau aussi donc il avait dĂ©jĂ  une sacrĂ©e carriĂšre on va dire dĂ©jĂ  depuis un moment.

Olivier : Je comprends tout Ă  fait pour l’ Embrunman, pour moi c’est aussi comme ça que j’ai dĂ©couvert le triathlon. J’ai de la famille qui habite dans un petit village Ă  Saint-Apollinaire sur le lac.

Julie : Ah ouais, ça passe mĂȘme sur le court distance lĂ -haut.

Olivier : Ouais tout Ă  fait. Depuis que j’Ă©tais tout petit on voyait passer les triathlĂštes Ă  vĂ©lo juste devant la maison, donc c’Ă©tait un petit peu l’activitĂ© familiale quand on Ă©tait avec tous les petits cousins et tout ça, ça a Ă©tĂ© mon premier contact avec le triathlon. Et je me suis toujours dit que je le ferai, mais depuis que je fais du triathlon je me dis que je devrais le faire, c’est diffĂ©rent, mais ça fait des annĂ©es que c’est effectivement sur ma to do list. Alors je ne sais pas encore quand ce sera mais c’est un truc Ă  faire. C’est plutĂŽt Ă©tonnant de se mettre Ă  21 ans sur du long parce que finalement un semi Ironman c’est quand mĂȘme de la longue distance et en plus pour performer quand mĂȘme, parce que tu as fait de beaux rĂ©sultats, et en plus de ça parce que tu viens de la natation. Souvent les gens qui disent qu’ils passent vite sur le long, c’est parce qu’ils sont un peu moins bon nageur, et toi pourtant tu viens la natation. Comment ça se fait que tu sois passĂ©e aussi vite sur du long ?

Julie : Disons que j’ai toujours Ă©tĂ© attirĂ©e par des courses oĂč c’est un petit peu une notion de dĂ©fi. Et j’ai toujours eu beaucoup de respect pour les gens qui font des Ironman parce que j’en ai vu un paquet quand j’ai commencĂ©. J’avais un peu honte moi de faire des triathlon S comparĂ© Ă  ceux qui faisaient des super longs. Je me disais « c’est pas ça ĂȘtre un vrai triathlĂšte alors faut que j’en fasse des longs », donc ça m’a toujours attirĂ© de me dire « il faut que j’en fasse ». Donc dĂšs que j’ai eu 18 ans, j’ai fait mon premier, mais avant ça je faisais de la courte distance avec de la D1 ou des Coupe d’Europe ou des Coupe du Monde. Quand j’ai fait mon premier triathlon longue distance, je me suis vraiment rĂ©galĂ©e parce que j’ai apprĂ©ciĂ© de faire la course qu’avec toi-mĂȘme, tu es beaucoup plus seul, il y a moins de notion de se comparer aux autres et tout ça. Donc j’ai apprĂ©ciĂ© ça et aprĂšs quand je continuais Ă  vouloir performer sur la courte distance je commençais Ă  ĂȘtre un petit peu frustrĂ©e des courses tout simplement. En fait en drafting. Disons que le drafting ça a commencĂ© Ă  me fatiguer pas mal parce que mĂȘme si c’est la rĂšgle, je n’arrive pas Ă  accepter qu’il puisse y avoir des gens qui se servent des autres en vĂ©lo, qui ne fournissent pas d’effort, et aprĂšs ils courent vite. Pas forcĂ©ment mais, je me dis « bah c’est Ă  moi de me plier Ă  la rĂšgle ». J’ai essayĂ© pendant des annĂ©es de me dire « ok toi aussi repose toi en vĂ©lo », et en fait je n’arrive pas Ă  me retenir en vĂ©lo. Pour moi le triathlon c’est du dĂ©but Ă  la fin, ce n’est pas une pause au milieu, et si c’Ă©tait trop dur d’accepter cette notion et du fait qu’il y ait des athlĂštes qui en utilisent d’autres et cette stratĂ©gie-lĂ . Du coup ce qui m’a beaucoup plus sur le long c’est que chacun fait sa course, chacun mĂ©rite son temps, sa place, ses kilomĂštres. Tu fais tout du dĂ©but Ă  la fin, c’est toi qui assume et ça me plaĂźt beaucoup plus. Puis aprĂšs il y a encore un truc supplĂ©mentaire, c’est que j’ai jamais eu des grandes affinitĂ©s, on va dire, avec la vitesse ni les entraĂźnements, ni mĂȘme je pense mes qualitĂ©s de base [
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Ermanno : Alors, tout est relatif quand tu parles de vitesse quand on voit tes temps haha.

Julie : Oui bien sĂ»r, mais je prĂ©fĂšre courir 21 km Ă  15 Ă  l’heure que 5 km Ă  18. J’aime mieux les entraĂźnements et le fait de mon feeling sur cette vitesse-lĂ . Je me sens mieux SV1, SV2 qu’au-dessus. SV2 – VMA c’est moins mon dĂ©lire, je me sens vraiment bien sur une allure tranquille. Je me dis « ok », fin tranquille relatif comme tu dis, mais « ok ça je peux le tenir 20 bornes ». Alors que ouais c’est vraiment plus ce que j’aime voilĂ  tout simplement, j’ai dĂ©couvert ça en essayant au final, et c’est devenu un peu une Ă©vidence.

Ermanno : Bon alors pour ceux qui maĂźtrise pas : SV1 et SV2 c’est sens ventilatoire 1 et 2, c’est Ă  dire les seuils de dĂ©clenchement entre l’aĂ©robic et l’anaĂ©robie pour les filiĂšres Ă©nergĂ©tiques. Et puis pour savoir ce que c’est que l’aĂ©robic et l’anaĂ©robie : Google is your friend, ou alors je vous laisse Ă©couter les premiers Ă©pisodes. Je voulais quand mĂȘme rĂ©agir parce que tu dis que tu n’aimais pas trop le drafting Ă  vĂ©lo, je vais te raconter une petite anecdote. 2009, stage natation Ă  Vittel avec des petits jeunes et notamment le fils de mon entraĂźneur, qui est trĂšs jeune aussi mais qui a appris Ă  nager Ă  3 ans. Dernier jour test dans la piscine on a on a une heure de nage Ă  faire, et le petit cochon qui avait 16-17 ans Ă  l’Ă©poque, il a nagĂ© dans mes pas pendant 59 minutes. Donc lĂ  il y avait du drafting, il prenait quand mĂȘme la vague. À la fin, il est passĂ© devant et il m’a mis 50m, donc ce n’est pas qu’en triathlon, c’est aussi dans l’eau. 

Julie : Non ce n’est pas qu’en triathlon, sauf que dans l’eau tu as moins de bĂ©nĂ©fice, tu dois quand mĂȘme fournir plus d’efforts Ă  vĂ©lo. C’est flagrant ceux qui ne mettent pas le nez devant en drafting, ça change tout. 

Ermanno : D’oĂč les 12 mĂštres sur Ironman [de distance obligatoire]. Et donc tu commences Ă  14 ans, tu nous as dit quel Ă©tait ton cheminement entre le moment oĂč tu dĂ©couvres le triathlon et maintenant oĂč tu es professionnelle sur le circuit Ironman. DĂ©jĂ  on ne devient pas professionnelle comme ça par l’opĂ©ration du Saint-Esprit, donc tu vas peut-ĂȘtre nous raconter comment ça s’est passĂ©. Puis surtout pas seulement oĂč tu dĂ©couvres le triathlon, par quelles Ă©tapes tu es passĂ©e, le S/M/L ou tu as fait beaucoup de S et puis d’un seul coup tu as dit « allez j’y vais je passe je passe au XL ». Comment ça s’est passé ?

Julie : Alors ça a Ă©tĂ© trĂšs progressif. J’ai rejoint d’abord un club de triathlon tout prĂšs de chez moi avec une quinzaine de licenciĂ©s. C’est un club super familial et j’ai Ă©tĂ© super bien accueillie, c’Ă©tait vraiment un climat trĂšs positif. J’ai fait mon premier triathlon avec eux qui n’était pas un triathlon officiel, on a organisĂ© ça comme ça en allant Ă  la plage. Donc mon premier triathlon sans dossard, sans chronomĂ©trage, c’Ă©tait un S.

Ermanno : En fait vous étiez des précurseurs du Covid.

Julie : C’est un peu ça oui.

Ermanno : On dirait les épreuves off.

Julie : Mais bon c’était en 2014, on a eu de l’avance. Et du coup c’est comme ça que j’ai fait mon premier triathlon, j’ai fait des format XS. Mon objectif principal en natation, c’Ă©tait de me qualifier au championnat de France. Du coup quand je me suis mis au triathlon et quand j’ai dit « ok et ben je veux me qualifier au championnat de France ». Les championnats de France minimes en triathlon, il y a des quotas. Donc tu dois participer aux inter-rĂ©gion, il faut rentrer dans les quotas.

Ermanno : Pourquoi tu veux te qualifier aux championnats de France ? Tu as toujours eu confiance en toi et tu t’es dit « ok go », qu’est-ce qui t’a fait dire « j’ai la lĂ©gitimĂ©, allez j’y vais » ?Julie : En triathlon j’avais aucun niveau du coup, je ne me suis pas dit que j’avais la lĂ©gitimitĂ© mais disons qu’en gros en natation c’est venu trĂšs progressivement, la compĂ©tition c’est mon entraĂźneur qui m’a dit « bon bah tel jour il y a une compĂšte, tu viens ; ok c’est les dĂ©partementaux ; et puis tu te qualifies aux rĂ©gionaux ». Tu vois que petit Ă  petit ça s’est fait. AprĂšs le niveau que je voulais franchir, c’était d’aller au championnat de France, ça a Ă©tĂ© assez difficile pour moi, c’Ă©tait compliquĂ©. En natation il y a des temps trĂšs prĂ©cis Ă  faire, et en fait si tu y arrives tu y vas, sinon tu n’y vas pas. Et pendant 2 ans en natation, j’essayais de me qualifier au championnat de France minimes et ça ne passait pas. Il y a des fois oĂč j’ai ratĂ© sur mĂȘme un 800 mĂštres, Ă  un centiĂšme. Donc ça devenait vraiment trĂšs frustrant.

Ermanno : Le petit doigt qui n’a pas touchĂ©.

Julie : Oui ce n’est rien quoi. À ce moment-lĂ  tu as deux pĂ©riodes de qualification en natation. Tu as dĂ©cembre pour te qualifier pour les M2 d’hiver, et par exemple juin pour te qualifier Ă  ceux d’Ă©tĂ©. Et le temps entre juin et hiver, la saison est de plus en plus dure. Donc tu rates en dĂ©cembre : tu t’entraĂźnes dur, tu progresses, tu amĂ©liores ton temps et tu ne passes encore pas. C’est pour ça que la natation est devenue vraiment super frustrante. Du coup je me suis arrĂȘtĂ©e Ă  un niveau oĂč je voulais aller au championnat de France et je me suis mise Ă  un autre sport. Du coup j’ai voulu faire la mĂȘme chose, je voulais aller au championnat de France, d’office. Au triathlon il y a des quotas qui sont Ă  peu prĂšs de 25 places par catĂ©gorie d’Ăąge sur les inters rĂ©gions. Alors la premiĂšre annĂ©e j’y suis allĂ©e, mais vu que je venais de la natation, je nageais assez bien pour mon Ăąge, donc j’ai Ă©tĂ© dans les meilleurs nageurs. C’est le triathlon par contre oĂč je perdais tout en vĂ©lo et course Ă  pied. C’Ă©tait au dĂ©but, et vraiment je ne savais que nager. Mais du coup, c’Ă©tait assez sympa parce qu’entre guillemets, je vivais une premiĂšre partie de la course, j’Ă©tais dedans et aprĂšs j’Ă©tais derriĂšre, mais au dĂ©but j’Ă©tais dans le truc. Donc ça m’a donnĂ© envie d’apprendre. C’est en course Ă  pied que je perdais tout. Au fur et Ă  mesure je me suis dit « non mais lĂ  je veux progresser en course Ă  pied, je n’ai pas envie de perdre 20 places Ă  chaque fois ». Au fur et Ă  mesure je me suis fait les objectifs lĂ -dessus, au dĂ©but c’Ă©tait juste : aller au championnat de France, ensuite c’Ă©tait : va faire un top 30, l’annĂ©e d’aprĂšs : faire un top 20, ainsi de suite. C’est dans mes derniĂšres annĂ©es jeunes que je voulais faire des podiums au championnat de France, donc j’y ai fait 2 podiums Ă  celui d’aquathlon, 3e et 2e la derniĂšre annĂ©e, et en triathlon j’ai eu ma meilleure place. C’Ă©tait malheureusement 4e au pied du podium la derniĂšre annĂ©e, et puis en parallĂšle de ça je faisais aussi des Coupes d’Europe junior en jeune avec top 10 au mieux. En junior tu as un Ăąge pour faire des premiers triathlons M, donc dĂšs que j’ai eu l’Ăąge, c’Ă©tait dans la continuitĂ© des choses, j’ai voulu faire mon premier M parce qu’à terme, j’avais dĂ©jĂ  l’idĂ©e de plus tard faire plus long. Donc dĂšs que j’ai eu 16 ans j’ai fait le premier triathlon M, j’en ai fait plusieurs la mĂȘme annĂ©e, du coup je connais ces trois formats (XS, S et M). Ensuite, l’annĂ©e d’aprĂšs Ă  18 ans, dĂšs que j’ai eu l’Ăąge j’ai fait mon premier format L, donc half-ironman. En gros sur les formats ça a Ă©tĂ© vraiment quelque chose de progressif, et sur les objectifs aussi au final parce qu’au dĂ©but je voulais juste aller au championnat de France, et puis Ă  la fin je visais une place. Je passais au dĂ©but de la Coupe d’Europe junior, Ă  ensuite la Coupe d’Europe en Ă©lite, et la derniĂšre annĂ©e (l’an dernier du coup 2020) j’ai fait aussi des Coupe du monde en Ă©lite. À chaque fois ça a Ă©tĂ© vraiment crescendo, et sur la longue distance au final c’Ă©tait la mĂȘme chose : au dĂ©but j’Ă©tais en groupe d’Ăąge, je me suis qualifiĂ©e sur mon premier triathlon (le 70.3 de Nice), j’Ă©tais en 18-24 ans, je me suis qualifiĂ©e au championnat du monde qui se dĂ©roulait en 2019 au mĂȘme endroit Ă  Nice, et lĂ  j’ai fait 2e j’ai fait vice-championne du monde dans la catĂ©gorie des 18-24 ans. C’est aprĂšs ça que j’ai dĂ©cidĂ© de passer professionnelle. Alors si je rĂ©ponds Ă  ta question, j’avais 19 ans.

Ermanno : Donc à 19 ans tu décides de passer professionnelle, et tu faisais quoi ? Tu as fait des études aussi ?

Julie : Oui, toute façon il faut faire des critĂšres pour avoir droit d’ĂȘtre professionnelle. Je les remplissais donc je me suis dit « pourquoi refuser d’y aller alors que de toute façon Ă  terme je veux faire ça, ça ne sert Ă  rien de perdre du temps. Autant y aller le plus tĂŽt possible, apprendre Ă  se confronter aux autres, apprendre ce que c’est de courir en professionnelle et construire lĂ -dessus ». Donc j’ai choisi de passer professionnelle dĂšs que j’ai pu parce qu’à terme c’Ă©tait l’objectif. Du coup pour les Ă©tudes, aprĂšs mon bac j’ai fait une licence STAPS qui Ă©tait Ă  distance donc amĂ©nagĂ©e exprĂšs pour les sportifs de haut niveau. J’avais donc pas de contrainte, on va dire, sur l’emploi du temps. Tu suis les cours Ă  distance avec les cours dĂ©posĂ©s sur une plate-forme, et donc je suis dans un systĂšme d’amĂ©nagement. LĂ  je suis en master STAPS (master entraĂźnement de la performance sportive) en parallĂšle de ma licence. En mĂȘme temps j’avais passĂ© le diplĂŽme d’Ă©tat : le DEJEPS, SpĂ©cialitĂ© perfectionnement sportif, Mention Triathlon, pour ĂȘtre entraĂźneur, ça se fait en alternance. Donc pendant 2 ans j’Ă©tais entraĂźneur du club de Istre sport triathlon, ce n’est pas loin de chez moi. À la fin de ce diplĂŽme que j’ai eu en mars l’annĂ©e derniĂšre, au moment du Covid, j’ai dĂ©cidĂ© de ne pas prendre de travail, d’arrĂȘter de travailler pour avoir vraiment le temps de m’entrainer, donc maintenant il me reste l’entraĂźnement et les cours Ă  distance.

Ermanno : C’est quand mĂȘme super dĂ©concertant parce que tu me racontes ça avec une facilitĂ©, ça a l’air tellement simple pour toi. On a eu beaucoup d’invitĂ©s sur ce podcast qui nous disent « le talent c’est bien, mais le travail c’est quand mĂȘme ce qui va nous faire arriver au bout et surtout monter sur la premiĂšre marche du podium », mais avec toi on a l’impression que c’est tellement facile. Mais c’est bien parce que tu as une patate dans la voix, mais justement raconte-nous Ă  quel point ça peut ĂȘtre difficile. Puis juste une question par rapport au STAPS, j’ai plein de copains qui ont fait STAPS, moi-mĂȘme je me suis posĂ© la question Ă  un moment, il me semble qu’il y a une partie pratique et une partie technique, comment tu fais Ă  distance pour ĂȘtre Ă©valuĂ©e sur l’aspect physique ?

Julie : J’ai le statut « sportif de haut niveau » donc je suis dispensĂ©e de cette Ă©valuation. La fac la plus proche de chez moi, qui est Marseille, refuse de faire des amĂ©nagements pour les sportifs de haut niveau. Avec eux il faut aller tous les jours en cours, donc autrement dit on ne peut pas ĂȘtre sportif de haut niveau. Du coup je suis Ă  la fac de Nice, c’est quand mĂȘme assez loin de chez moi et sans cet amĂ©nagement ça ne serait pas possible, c’est une Ă©cole qui est vachement Ă  l’Ă©coute des sportifs et qui les aime beaucoup en gĂ©nĂ©ral et qui fait beaucoup de choses pour eux, et je pense que c’est une grande chance d’avoir le droit de poursuivre ses Ă©tudes et de faire du sport en mĂȘme temps.

Ermanno : C’est sĂ»r que c’est super important. Et pour rentrer dans ta routine d’entraĂźnement, tu es entraĂźneur toi-mĂȘme toute seule, tu te coach toute seule ?

Julie : Non, en fait j’ai passĂ© ce diplĂŽme d’entraĂźneur parce que ça pouvait me plaire aussi, moi, d’entraĂźner les gens. Mais jamais pour m’entraĂźner moi parce que je pense que c’est trĂšs difficile. Il y a des athlĂštes qui s’entraĂźnent eux-mĂȘmes et ça m’impressionne. Je ne sais pas comment ils font, si c’Ă©tait mon cas je serais en permanence en train de me poser les questions « est-ce que j’en fais assez », « est-ce que je n’en fais pas assez », « quoi faire quoi d’abord », ce serait horrible. Je suis incapable, je pense, de m’auto-entraĂźner, impossible. Donc c’est lui qui m’entraĂźne, c’est la mĂȘme personne depuis mes dĂ©buts en 2014 : RaphaĂ«l Serrapica. Il m’entraĂźne et on a construit des choses, en voyant vraiment sur le long terme, un petit peu aussi en rapport avec les blessures. On essaye vraiment de prendre le temps, de ne pas se prĂ©cipiter et de ne pas aller trop vite. On augmente le volume petit Ă  petit, pour les objectifs on ne veut pas ĂȘtre dans l’immĂ©diatetĂ©, chercher Ă  ĂȘtre le meilleur tout de suite maintenant et Ă  ĂȘtre blessĂ© 6 mois aprĂšs, on essaie vraiment de construire quelque chose sur plusieurs annĂ©es. 

Ermanno: Ouais c’est cool. Ça me fait penser, Olivier, on en parlait qu’il faudrait qu’on invite aussi des doyens de fac et notamment celui de Nice qui facilite un peu l’accĂšs Ă  ces sportifs de haut niveau. Donc si tu as les accĂšs de ton doyen ou ta doyenne, je prendrais bien le contact, ce serait avec plaisir.

Julie : Oui bien sĂ»r vraiment, je te promets que cette fac m’impressionne, je n’ai jamais vu des gens se plier autant en 4 pour les sportifs. Pendant la licence que je faisais, les professeurs venaient mĂȘme de Nice jusqu’Ă  Aix pour donner des cours aux Ă©tudiants sportifs qui Ă©taient logĂ©s au CREPS Ă  Aix (parce qu’il y a plusieurs pĂŽles France au CREPS d’Aix-en-Provence). Les profs venaient de Nice donner des cours.

Ermanno : Donc on aura bien compris : tu as la niaque, tu as l’envie de rĂ©ussir, tu mets tout en place pour que ça se passe correctement. Alors justement, en termes de tout mettre en place, est-ce que tu peux nous parler un petit peu ta routine d’entraĂźnement ? On a dĂ©calĂ© un petit peu l’enregistrement d’aujourd’hui parce qu’Ă  priori, ta routine a Ă©tĂ© un peu dĂ©calĂ©e, mais qu’est-ce que c’est une journĂ©e pour Julie Iemmolo en terme de cours, de boulot et d’entraĂźnement sportif ?

Julie : En terme d’entraĂźnement sur la semaine, je nage quatre ou cinq fois par semaine, le vĂ©lo et la course Ă  pied ça va dĂ©pendre des pĂ©riodes de l’annĂ©e, et on va faire des cycles d’entraĂźnement. Ça va ĂȘtre entre 5 et 7 par semaine maximum, et en termes de volume horaire ça va ĂȘtre entre 15h pour les pĂ©riodes vraiment trĂšs lĂ©gĂšres de rĂ©cupĂ©ration, ou pour la reprise il y a 40 ou 45 heures en pic de charge, donc une grande fourchette. Mais disons que sur l’annĂ©e, c’est plutĂŽt entre 20 et 30h en gĂ©nĂ©ral.

Ermanno : Quand tu dis 15h, c’est pĂ©riode de rĂ©cupĂ©ration ou trĂšs lĂ©gĂšre, comment ça rĂ©cupĂ©ration ? Tu nous as dit en off que tu ne t’étais jamais blessĂ©e, donc quand tu parles de rĂ©cupĂ©ration, ça veut dire quoi ?

Julie : RĂ©cupĂ©ration, c’est entre deux cycles. On augmente la charge et on va faire une pĂ©riode entre deux cycles oĂč on va laisser du temps au corps pour encaisser ce qu’il vient de faire pendant 3 ou 4 semaines difficiles. Donc une semaine de rĂ©gĂ©nĂ©ration, ou alors ça peut ĂȘtre ensuite une semaine en half.

Ermanno : Oui ça va ĂȘtre la fin de semaine de dĂ©charge, le fameux 1 dans le cycle 3-1 ou 4-1. C’était un peu pour que ce soit comprĂ©hensible pour toutes nos auditrices et tous nos auditeurs. Mais 40-45 heures sur une grosse semaine de charge, ça fait pas mal quand mĂȘme Ă  ton si jeune Ăąge. Tu n’as pas peur peut-ĂȘtre d’arriver Ă  un point de rupture ?

Julie : Non parce que c’est vraiment trĂšs rare, je l’ai fait peut-ĂȘtre que deux fois l’annĂ©e derniĂšre. On essaie vraiment de faire attention, et puis il y a aussi beaucoup, voir la quasi-totalitĂ© Ă  cette pĂ©riode-lĂ , des entraĂźnements qui se font Ă  basse intensitĂ© en endurance. Donc ce sont des choses qui ne sont pas non plus trop traumatisantes. La semaine dont je te parle ou j’ai dĂ» faire entre 40 et 45 heures, il devait y en avoir 25 Ă  vĂ©lo en sortie longue en basse intensitĂ©. Donc oui ça va ĂȘtre choquant pour l’organisme mais pas comme des sĂ©ances de sprint avec chariot sur la piste tous les jours non plus.

Ermanno : Alors de sprint avec chariot, il faut que tu nous en disent plus. Moi je vois bien, mais est-ce que nos auditeurs et auditrices voient ? Surtout qu’on s’appelle « devenir triathlĂšte », pas forcĂ©ment « devenir athlĂšte », donc il faut que tu guides. 

Julie : Oui bien sĂ»r, je ne fais pas ça je vous rassure, mais c’était un exemple d’exercice traumatisant que font les sprinter en athlĂ©tisme. Ils mettent un chariot lestĂ© et courent avec. Au niveau explosivitĂ© et risque musculaire c’est bien plus Ă©levĂ© que sur une sortie longue Ă  basse intensitĂ©. 

Ermanno : Oui, disons que pour prĂ©parer une manche de D1 ça peut ĂȘtre pas mal, par contre quand on est sur du long, ce n’est peut-ĂȘtre pas l’idĂ©al.

Julie : Oui, c’est bon.

Olivier : Et ça se passe comment ces semaines, juste pour essayer de rentrer un petit peu dans tes baskets. Une semaine de 40 heures, grosso-modo tu es Ă  presque 6 heures par jour. Donc c’est comment, tu te fais 4 heures de vĂ©lo tous les jours et puis aprĂšs tu enchaines les autres ?

Julie : En gros si tu veux sur ces semaines-lĂ  il va y avoir du vĂ©lo tous les jours, de la course Ă  pied aussi parce qu’on est en pĂ©riode de charge, la natation il y en aura sĂ»rement que 5 mais 5 fois 2h ou 1h30, donc ça fait dĂ©jĂ  10 heures d’entraĂźnement dans l’eau. Sur la course Ă  pied, si je cours tous les jours ça va faire en moyenne peut-ĂȘtre 45 minutes par jour sur 7 jours, donc ça va faire [
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Ermanno : Tout ça ? Ouais bon au moins 7h-7 x 15 minutes.

Julie : 8h ? Non moins, 6 un truc comme ça. Donc on a dĂ©jĂ  16, et aprĂšs il reste 30 heures Ă  faire sur le vĂ©lo en moyenne je dirais. Mais disons qu’Ă  ces moments-lĂ , quand je suis vraiment en pĂ©riode de charge, on va faire deux longues sorties en vĂ©lo. Donc 2 sorties de 8h, dĂ©jĂ  on en est Ă  16 heures, et du coup aprĂšs sur les 50 jours il va y en avoir une de 2h ou deux, une de 3 et puis ça va vite.

Olivier : Dans ces semaines-lĂ  tu continues Ă  Ă©tudier aussi et avoir une vie Ă  cĂŽtĂ©, ou tu fais plus que ça tu t’entraĂźnes et tu dors ?

Julie : Oui voilĂ , et l’avantage que j’ai c’est que je suis en autonomie pour gĂ©rer mes cours, donc s’il y a des pĂ©riodes d’entraĂźnement vraiment importantes, je peux, entre guillemets, faire pause et rattraper mes cours aprĂšs puisque je peux les gĂ©rer mon rythme.

Olivier : Tu dors combien d’heures par jour ?

Julie : J’ai besoin de dormir moi. Je ne suis pas une adepte de la sieste mais il faut que je dorme 9h par nuit.

Olivier : Ce qui est normal avec cette charge d’entraĂźnement c’est normal de dormir.

Julie : AprĂšs si j’ai le temps de moins dormir je fais la sieste, mais je n’aime pas trop parce qu’aprĂšs je suis trop ramollie.

Ermanno : C’est vrai que c’Ă©tait sur un point de vue logistique, j’ai dĂ©jĂ  fait aussi des semaines Ă  40 heures il y a quelques annĂ©es. Et en fait 40 heures c’est une chose, mais 40 heures c’est que de l’effectif donc il faut encore compter le temps d’aller de la maison aux vestiaires, du vestiaire au bassin, du bassin revenir dans le vestiaire, se changer, pareil pour le vĂ©lo, pareil pour la course Ă  pied. Quand tu fais des semaines comme ça, est-ce que du coup les doublĂ©s ou les triplĂ©s dans la journĂ©e, ils sont tous enchaĂźnĂ©s en un bloc ou c’est un peu sĂ©paré : tu as le temps de prendre une douche, d’aller manger, etc. Comment t’organises tout ça ?

Julie : Non quand mĂȘme pas. Je n’aime pas trop enchaĂźner les trois, deux oui en vĂ©lo – course Ă  pied. Mais avec la natation c’est difficile parce que quand tu sors de l’eau tu as toujours un petit coup de mou, donc c’est dur de s’entraĂźner en sortant de l’eau. Et si tu fais la natation en dernier, il y a une chance sur deux de finir en hypothermie donc l’entraĂźnement va ĂȘtre fait Ă  moitiĂ©. Donc dans ces cas-lĂ  souvent il y a soit la natation en tout dĂ©but de journĂ©e et donc aprĂšs je suis tranquille il y a deux entraĂźnements Ă  faire, soit la natation en fin de journĂ©e, c’est-Ă -dire par exemple : sortie longue en vĂ©lo et en fin de journĂ©e natation, ou sortie longue en vĂ©lo enchainement course Ă  pied 30 minutes et natation le soir, ça c’est une journĂ©e typique, et sinon aprĂšs s’il y a 3 heures de vĂ©lo Ă  faire par exemple on peut le faire soit le matin, soit l’aprĂšs-midi. Et puis je cale. L’avantage c’est que j’ai souvent des horaires assez libres, c’est l’avantage du triathlon : vĂ©lo – course Ă  pied en se gĂšre un petit peu quand on s’entraĂźne tout seul, juste la natation il faut respecter des horaires de public ou de crĂ©neau. Mais donc du coup c’est un peu comme tu dis, les semaines Ă  40 heures mĂȘme si elles sont rares c’est natation, vĂ©lo, course Ă  pied, repas, douche et dodo. Ça tourne autour de ça les journĂ©es.

Olivier : Bon et Julie du coup quand tu t’entraines c’est en groupe de compagnons d’entraĂźnement, t’es en club ou bien tu es plutĂŽt du style Ă  t’entrainer seule ?

Julie : Alors je suis plutĂŽt du style Ă  m’entraĂźner seule, on va dire 99 % du temps. Je suis assez habituĂ©e Ă  ça au final depuis mes dĂ©buts en triathlon, j’ai toujours Ă©tĂ© en autonomie avec les entraĂźnements qui sont prĂȘts, mais je les rĂ©alise toute seule. Par contre en pĂ©riode de charge et de stage qui coĂŻncident souvent avec les grosses semaines d’entraĂźnement. LĂ  oui, pendant les stages on est souvent en groupe. Cet Ă©tĂ© par exemple, on Ă©tait une quinzaine en stage dans les Alpes. On essaie de de se grouper entre triathlĂštes, parce qu’une sortie de 8h tout seul c’est moins sympa on va dire.

Olivier : Ouais c’est moins c’est moins facile c’est vrai qu’il y a un moment oĂč moralement c’est plus difficile. 

Julie : VoilĂ  disons que les pĂ©riodes clĂ©s on les fait un groupe mais le reste de l’annĂ©e quand je suis chez moi je suis seule la plupart du temps ou avec RaphaĂ«l qui s’entraĂźne aussi des fois avec moi mais souvent seule. Au final ça me convient bien parce que je gĂšre l’heure Ă  laquelle j’y vais et je choisis mon parcours, j’aime bien avoir cette libertĂ© aussi d’ĂȘtre seule et puis ça fait du bien des fois de faire le vide, de penser Ă  rien c’est pas mal.

Olivier : C’est marrant parce que c’est un peu le discours des personnes plutĂŽt introverties, pourtant t’as l’air plutĂŽt extravertie, peut-ĂȘtre que je me trompe complĂštement.

Julie : Non, c’est bien ça. En fait, le seul moment oĂč j’ai le droit d’ĂȘtre tout seul c’est pendant les entraĂźnements, oĂč j’apprĂ©cie, c’est l’inverse.

Ermanno : En mĂȘme temps si c’est 40h par semaine


Julie : Mais non, 20h. Mais tu vois nager ça me fait une pause aussi, moi qui parle tout le temps et qui aime tout le temps discuter avec les gens.

Ermanno : C’est ça. Tu as l’air assez bavarde, assez sociable. Donc je me dis est-ce que ça ne te fait pas chier d’ĂȘtre toute seule ? Je te comprends, moi aussi ĂȘtre seul je n’aime pas trop, bosser seul, vivre seul non plus. 

Julie : C’est Ă  vĂ©lo que je n’aime pas trop ĂȘtre seule. J’aime bien discuter Ă  vĂ©lo, ça passe plus vite. Alors que courir seule ça ne me dĂ©range vraiment pas. Mais bon aprĂšs j’apprĂ©cie quand on est en groupe, ĂȘtre avec les autres ça te pousse, ça te fait aller plus loin, c’est aussi motivant, parfois ce sont des dĂ©fis.

Ermanno : Oui et puis as toujours ce cÎté un petit peu ludique aussi. Quand tu as une grosse cÎte, tu sais que tu es à vélo avec tes potes, alors forcément ça se titille un petit peu.

Julie : Oui, donc quand il y a du monde j’en profite vraiment parce que c’est encore plus rare on va dire vu que je m’entraĂźne Ă  l’annĂ©e seule. Et je pense que ça me permet de profiter encore plus du groupe.

Ermanno: Alors sur l’aspect natation Ă©videmment la question ne se pose pas pour toi parce que tu peux t’entraĂźner seul je pense que avec toutes tes annĂ©es de pratique, la technique tu l’as donc j’imagine trĂšs bien et je crois qu’on l’a tous fait : avoir la feuille imprimĂ©e ou mĂȘme griffonnĂ©e et puis coller ça sur le pot de dĂ©part Ă  la piscine et puis on se fait entraĂźnement tout seul une ou deux fois par jour. Par contre sur la partie vĂ©lo et course Ă  pied si justement tu fais 99 % tes entraĂźnements toute seule, comment tu gĂšres toute la partie un peu plus technique ? En vĂ©lo ça va ĂȘtre sur l’aspect pĂ©dalage, maniement du vĂ©lo ; sur la course Ă  pied ça va ĂȘtre plus sur la foulĂ©, ĂȘtre sur la technique de course, sur la pose du pied. Comment est-ce que tu gĂšres tout ça ? Est-ce que justement ton coach RaphaĂ«l dont tu parlais tout Ă  l’heure, t’accompagne assez rĂ©guliĂšrement et il te corrige Ă  ce moment-lĂ , oĂč est-ce que vous avez des slots, des sessions prĂ©dĂ©finies dans l’annĂ©e ou bah vous allez travailler spĂ©cifiquement la technique sur tel ou tel point ?

Julie : Alors du coup il m’accompagne dĂ©jĂ  rĂ©guliĂšrement, donc ça fait un petit check. On va dire une ou deux fois par semaine dans chaque discipline. MĂȘme si je fais la plupart des entraĂźnements seule, il en fait toujours un ou deux avec moi dans la semaine pour regarder, me dire quelque chose et puis toute la semaine aprĂšs je vais l’appliquer. C’est souvent corrigĂ© assez rapidement quand tu y penses tout le temps, ça vient vite. AprĂšs il y a aussi des pĂ©riodes dans l’annĂ©e oĂč on cible la technique. Souvent c’est Ă  la reprise justement en vĂ©lo oĂč on va travailler l’efficacitĂ© de pĂ©dalage et aussi la cadence, ou des exercices en mono jambes que d’un cĂŽtĂ©. Et en course Ă  pied, en reprise on va travailler, par exemple cette annĂ©e la cadence, et on essaie de garder un travail de gamme mĂȘme si c’est que 5 minutes par entraĂźnement ou que 5 minutes sur deux entraĂźnements de la semaine. On va essayer de garder ça toute l’annĂ©e pour qu’il y est tout le temps un petit rappel, que ça ne se perde pas.

Ermanno : De toute façon les gammes et la PPG, on a beau en faire peut-ĂȘtre une minute par entraĂźnement ou une minute par jour en regardant la tĂ©lĂ©, tout ce qui est pris n’est plus Ă  prendre.

Julie : C’est ça. Donc on fait ça assez rĂ©guliĂšrement, et occasionnellement ce serait une ou deux fois dans l’annĂ©e. En vĂ©lo par exemple je fais une Ă©tude posturale (j’en ai fait une ce weekend), ça me permet de vĂ©rifier ma position surtout s’il y avait un changement de matĂ©riel, de checker aussi comment est le pĂ©dalage. Par rapport Ă  la course Ă  pied, tu disais que comparĂ© Ă  la natation, il est vrai que je n’avais pas de technique en course Ă  pied quand j’ai commencĂ©, et justement Ă  cette pĂ©riode-lĂ  quand j’ai commencĂ© je faisais beaucoup moins d’entraĂźnements seules, RaphaĂ«l Ă©tait lĂ  la plupart du temps. J’ai aussi Ă©tĂ© dans un club d’athlĂ©tisme dans mes annĂ©es donc jeunes : minime, cadette et junior donc j’avais aussi l’aspect course Ă  pied pur avec un coach puisque c’était de l’athlĂ©tisme. Donc on a essayĂ© de faire les bases, on va dire.

Ermanno : Tu parles du matĂ©riel aussi, quel matĂ©riel et tu utilises. Dans un Ă©pisode prĂ©cĂ©dent en a longuement parlĂ© du capteur de puissance du cardiofrĂ©quencemĂštre et ce genre de chose. Est-ce que ce sont des Ă©lĂ©ments que tu regardes attentivement, est-ce que ce sont des donnĂ©es que ton coach analyse par ta demande et analyse, oĂč est-ce que toi tu es plutĂŽt de la team feeling pendant l’entraĂźnement ?

Julie : Non, pas la team feeling. Pour ne pas ĂȘtre obsĂ©dĂ©e par la montre pendant l’entraĂźnement, oui, mais pas sur l’annĂ©e parce que ces donnĂ©es-lĂ  nous permettent de quantifier la charge d’entraĂźnement et pas seulement le volume. Il y a des formules avec la puissance en vĂ©lo qui estiment la charge de l’entraĂźnement et l’intensitĂ© par rapport Ă  la puissance, ou en course Ă  pied par rapport Ă  la frĂ©quence cardiaque ou par rapport Ă  la puissance puisque j’utilise aussi un capteur de puissance en course Ă  pied.

Ermanno : Et si je ne m’abuse qui est ton sponsor aussi non ?

Julie : Oui, Stryd. La puissance va nous servir en vĂ©lo et en course Ă  pied, la frĂ©quence cardiaque aussi mĂȘme si en vĂ©lo elle ne rentrera pas en compte dans le calcul de la charge. C’est toujours pour avoir tu vois une sorte de contrĂŽle sur les zones et intensitĂ©s d’entraĂźnement, aussi ça nous permet d’un cycle Ă  l’autre ou d’un mois au moins suivant sur la saison de voir des Ă©ventuels progrĂšs Ă  l’entraĂźnement. Et donc de savoir avant les courses Ă  quelle puissance je dois rouler comparĂ© Ă  l’an dernier, comment gĂ©rer les efforts, c’est vraiment au quotidien et sur l’annĂ©e que je me sers de tous ces accessoires et capteurs.

Ermanno : Tu parles souvent Ă  la premiĂšre personne du pluriel. Donc dans tes entraĂźnements ton entraĂźneur et toi vous vous faites qu’un, vous analysez tous ensemble et vous en tirer des conclusions ? Ou tu lui laisses carte blanche et c’est lui qui gĂšre et puis Ă©ventuellement tu donnes ton avis ?

Julie : Oui c’est plutĂŽt ça quand mĂȘme hein il a carte blanche Ă  99,99 % mais bon si tous les jours il me faisait faire de la danse je lui dirais non mais qu’il me fait faire natation, vĂ©lo, course Ă  pied, ça va j’ai confiance. Et puis depuis toutes ces annĂ©es, vu les progrĂšs que j’ai fait, je pense qu’il a mĂ©ritĂ© ma confiance aussi parce que je pars de trĂšs loin. Pour un ordre d’idĂ©es, mes premiers triathlons sur 5 km je courais Ă  10 km/heure, maintenant je cours le semi Ă  15 km/h.

Ermanno : Oui, mais c’est parce que tu Ă©tais encore une gamine c’est pour ça, tu n’avais pas encore la caisse.

Julie : Oui mais bon. Disons qu’il y a eu du mieux quand mĂȘme. Je lui laisse carte blanche, mĂȘme si on se met d’accord sur le calendrier de courses et puis il y a tout le temps un suivi sur comment je me sens et on ajuste en fonction de ça.

Ermanno : Tu dis que tu viens de loin mais bon, en mĂȘme temps tu as commencĂ© le triathlon Ă  14 ans donc c’est difficile de comparer Ă  cette Ă©poque et aujourd’hui Ă  21 ans, et j’imagine que dans 10 ans ça sera encore diffĂ©rent. Comment se sont passĂ©s tes premiers kilomĂštres Ă  vĂ©lo ? Tu faisais dĂ©jĂ  un peu de vĂ©lo avant ? Ça a Ă©tĂ© difficile pour toi, tu apprĂ©hendais un peu ?

Julie : Alors non je n’apprĂ©hendais pas parce que je n’avais pas conscience de ce qu’était un vĂ©lo de route. La 1Ăšre fois que je suis montĂ©e dessus je me suis dit « oulala, c’est super dangereux ce truc, la roue est toute fine ». Puis c’est vite passĂ©, j’ai vite apprĂ©ciĂ© le vĂ©lo en fait. ComparĂ© Ă  la course Ă  pied, je me suis rapidement amusĂ©e en vĂ©lo Ă  faire des cales, Ă  faire le Ventoux pas loin de chez moi oĂč j’ai fini de voir Ă  cĂŽtĂ© d’Embrun parce que j’allais voir l’Embrunman. Et j’ai vite apprĂ©ciĂ© le vĂ©lo parce que j’Ă©tais contente et fiĂšre de moi de faire des cales. Parce que je n’avais que 14 ans alors, faire des cales Ă  14 ans c’est cool quand mĂȘme, c’est bien. Le vĂ©lo Ă©tait vachement positif pour moi et puis j’ai aussi vite apprĂ©ciĂ© de dĂ©couvrir de nouveaux endroits et de nouveaux paysages. Donc le vĂ©lo j’ai rapidement aimĂ© ça, alors que la course Ă  pied, au dĂ©but, Ă  l’inverse, c’Ă©tait plus difficile. En venant de la natation je n’avais jamais couru avant, je n’avais aucune qualitĂ© pied et je me suis rapidement blessĂ©e du fait juste de me mettre Ă  courir. J’avais des pĂ©riostites, c’étaient les seules blessures que j’ai eues, la blessure du nageur qui se met Ă  courir, classique. Du coup la course Ă  pied Ă©tait horrible pour moi parce que c’Ă©tait juste de la souffrance au dĂ©but et bobo – souffrance ça faisait mal et n’était rien de drĂŽle. La course Ă  pied est venue beaucoup plus tard, ça fait quelques annĂ©es que j’aime bien, et c’est encore, Ă  mon avis, que le dĂ©but.

Ermanno : Alors tu parles de la course Ă  pied, tu me dis que ton coach RaphaĂ«l t’a pris en main pour ainsi dire, plutĂŽt pris en pied, depuis le dĂ©but. Justement sur la partie course Ă  pied tu es plutĂŽt foulĂ©e trĂšs talonneuse, plutĂŽt mĂ©dio-pied, plutĂŽt quel type de chaussures ? Minimalistes ou autre ? Parce que si tu as Ă©vitĂ© d’apprendre toute seule et donc d’avoir entre guillemets les mauvaises habitudes, quelles sont, selon ton coach, les bonnes habitudes ?

Julie : Alors, non quand mĂȘme pas attaque trop talon. Je ne cours pas sur la pointe mais disons mĂ©dio-pied. Pour les chaussures, pas minimalistes, je n’aime pas ça car ça me fait encore mal aux pĂ©riostes. Maintenant, la mode c’est les super grosses semelles Nike de 15 cm de haut, j’en suis fan aussi parce que c’est agrĂ©able pour courir. Donc disons que niveau chaussures mes prĂ©fĂ©rences sont lĂ -dessus.

Ermanno : Carbone, pas carbone ?

Julie : Oui si carbone, je ne suis pas anti-carbone, tout le monde en profite alors je ne vais pas m’en priver. Mine de rien, dans les alphas fly, ce que je sens le plus ce n’est pas le carbone, c’est la mousse qui est exceptionnelle et qui a un amorti de fou et c’est ça pour moi qui fait la diffĂ©rence, surtout sur le long quand tu as dĂ©jĂ  les jambes bien crevĂ©es Ă  la fin. Moins t’écraser au sol et moins sentir ton impact, c’est trĂšs agrĂ©able.

Ermanno : Bon ben Ă©coute, au moins comme ça on aura une vision un peu plus large. Bon sur le vĂ©lo j’imagine que le carbone c’est clair ?

Julie : Ah oui, quand mĂȘme. On ne peut pas ĂȘtre professionnel avec un cadre en aluminium.

Ermanno : Non mais ne serait-ce qu’au niveau de la semelle de la chaussure, carbone aussi.

Julie : Ah oui, carbone aussi et les serrages boa c’est encore mieux. 

Ermanno : Tu nous as dit que tu Ă©tais professionnelle sur le circuit Ironman. Est-ce que tu es professionnelle que sur le circuit Ironman oĂč est-ce que tu fais aussi des compĂ©titions au niveau au championnat de France ou autre et qu’Ă  ce titre tu es prise en charge par la fĂ©dĂ©ration ?

Julie : Les prises en charge avec la fĂ©dĂ©ration sont compliquĂ©es surtout en France. Le triathlon longue distance n’est pas olympique donc il n’a pas les mĂȘmes valeurs aux yeux de la fĂ©dĂ©ration, mĂȘme si c’est une discipline de haut niveau. Du coup pour ĂȘtre aidĂ© par la FĂ©dĂ©ration, il faut ĂȘtre sur liste ministĂ©rielle (les listes de haut niveau) et je n’y suis pas tout simplement. Donc non, la FĂ©dĂ©ration ne prend rien en charge pour moi.

Ermanno : Pourtant tu nous dis que tu as le statut de sportif de haut niveau qui permet d’avoir tes cours universitaires. Ok, donc c’est ton universitĂ© qui te reconnait ton statut.

Julie : C’est ça. C’est le statut sportif de haut niveau universitaire, je ne suis pas sĂ»r liste ministĂ©rielle et la FĂ©dĂ©ration ne me reconnaĂźt pas comme sportive de haut niveau. Du coup c’est Ă  moi d’ĂȘtre autonome sur ma pratique, sur mes dĂ©placements, sur mon matos. Au niveau du statut professionnel, je suis professionnel sur Ironman et sur challenge aussi qui est la sociĂ©tĂ© concurrente. Et au niveau des championnats de France, je concours et il n’y a pas vraiment de catĂ©gorie pro Ă  proprement parler. En fait c’est Ă©lite, mais n’importe qui peut participer au championnat de France Ă©lite, c’est juste que quand tu t’inscris en Ă©lite tu ne concours pas en groupe d’Ăąge au championnat de France, ça fonctionne comme ça. En 2020 j’ai terminĂ© 3e au championnat de France longue distance catĂ©gorie, et cette annĂ©e au championnat de France longue distance, ça c’est un peu moins bien passĂ©. J’ai terminĂ© 7e, par contre j’ai fait les championnats de France courte distance et j’ai terminĂ© 3e toutes catĂ©gories, et championne de France U23.

Ermanno : Ah oui donc ça va, ce n’est pas trop mal quand mĂȘme. Et mĂȘme en Ă©tant championne de France U23 sur courte distance donc sur distance Olympique, malgrĂ© ça tu n’as pas le droit d’ĂȘtre reconnue sur les listes ?

Julie : HĂ© non, il y a des critĂšres trĂšs carrĂ©s, trĂšs simples, trĂšs simples Ă  comprendre et ce n’est pas ça.

Ermanno : Ah ok. Sur la partie financement justement parce que tu me dis que tu es pro mais malgrĂ© tu es autonome dans tes dĂ©placements, tes entraĂźnements mais aussi dans le financement de ton sport. Comment ça se passe ? Parce que tu nous as dit tout Ă  l’heure que tu avais dĂ©cidĂ© d’arrĂȘter de travailler pour te concentrer 1. sur tes Ă©tudes et 2. sur ton sport, donc comment tu vis ?

Julie : C’est compliquĂ©. Ça va encore, j’ai la chance de ne pas avoir de loyer Ă  payer sinon ce serait juste impossible, il faudrait que je travaille Ă  cĂŽtĂ©. Pour l’instant, je vis sur les Ă©conomies que j’ai mis un petit peu de cĂŽtĂ© en ayant travaillĂ© pendant 2 ans et d’autres job d’Ă©tĂ©, donc j’ai un petit peu d’argent de cĂŽtĂ© mais ça ne peut pas tenir longtemps du tout. Je suis donc dĂ©pendante de mes primes de courses et malheureusement elles ne sont pas toute l’annĂ©e : il y a une pĂ©riode oĂč on en a pas du tout et une pĂ©riode oĂč il faut essayer d’en avoir au mieux pour se financer, donc je dĂ©pends de mes courses aussi, on va dire.

Ermanno : Et ces primes de course justement, surtout sur le circuit long et notamment Ironman, je sais que le PTO intervient beaucoup. Est-ce que tu es aussi aidĂ© Ă  ce niveau-là ? Comment ça marche quand on est pro et qu’on veut prĂ©tendre Ă  ce statut d’aide, de soutien, par le PTO. 

Julie : Alors, le soutien par le PTO ne s’adresse uniquement qu’aux athlĂštes classĂ©s dans les 100 premiers sur leur ranking. Il y a un bonus Ă  la fin de l’annĂ©e si on est toujours dans les 100 premiers. Alors il reste un mois, pour l’instant je le suis toujours mais je ne vais pas m’avancer. Si je reste dans les 100, j’aurais une aide du PTO qui est de 1000 dollars. C’est une aide, c’est sĂ»r, mais ça ne suffira pas dans tous les cas pour financer une saison entiĂšre mais bon, on ne va pas rĂąler c’est dĂ©jĂ  cool de pouvoir compter lĂ -dessus. Je pense que le PTO fait beaucoup de choses positives dans le triathlon quand mĂȘme et puis je pense que ce n’est que le dĂ©but. Ensuite, au niveau des primes Ironman il y a plusieurs catĂ©gories de courses qui sont annoncĂ©es Ă  l’avance sur le calendrier selon les courses, selon le niveau, selon les sponsors qui gĂšrent en local, ça dĂ©pend de plein de choses. Mais il y a plus ou moins d’argent, la grille de prix n’est pas la mĂȘme et donc des fois ça va seulement jusqu’Ă  la 5Ăšme place, des fois il y a plus d’argent, et c’est Ă©tabli jusqu’Ă  la 10Ăšme.

Ermanno : Donc toi tu choisis tes courses en fonction de ça j’imagine.

Julie : On peut les choisir en fonction de ça. Moi cette annĂ©e, je les ai choisis surtout en fonction des slots : les places qualificatives pour les championnats du monde, puisque mon objectif Ă©tait de me qualifier. Donc j’ai regardĂ© par rapport aux slots et pas par rapport Ă  l’argent.

Ermanno : En mĂȘme temps, parce que je pense que la plupart des triathlĂštes font la mĂȘme chose. C’est-Ă -dire que tout le monde va regarder les slots et le prize-money.

Olivier : Et tous le monde va regarder la Start List.

Ermanno : Oui bon, potentiellement la Start List, mais ça tu ne le sais jamais vraiment à l’avance non plus. 

Julie : Bah la Start List normalement elle est visible un mois Ă  l’avance.

Ermanno : En pro elle est publique normalement.

Julie : On peut la voir un mois Ă  l’avance, sauf que le problĂšme c’est qu’il peut y avoir des gens inscrits et qui ne viennent pas. Quand on est inscrit, on n’est pas obligĂ© d’y aller avec Ironman, il n’y a pas de pĂ©nalitĂ© si on s’inscrit et qu’on n’y va pas. Du coup, des fois, il y a des athlĂštes qui sont mĂȘme inscrits Ă  deux courses le mĂȘme weekend et on ne sait pas laquelle ils vont faire, donc les Start List c’est toujours la chance ou pas. Ce n’est pas trĂšs fiable.

Olivier : Exactement, mais au final tout le monde essaie de faire un petit peu le mĂȘme calcul donc est-ce que tu vois la limite ? Est-ce que c’est pas plus intĂ©ressant d’aller lĂ  oĂč tu as un petit prize-money et peu de slots ? Comme ça, au moins, tu te dis « j’ai plus de chance de gagner ».

Julie : C’est ça. Il y a quelques temps cette stratĂ©gie-lĂ  marchait, sauf que malheureusement, il n’y a pas que toi qui a eu l’idĂ©e. Du coup des fois, il y en a qui vont lĂ  oĂč il y a le plus d’argent et le plus de slots, et il y en a deux ou trois qui se disent « Hé !  Je vais aller lĂ -bas il n’y a personne » sauf qu’ils y vont donc il n’y a pas personne. Et au final, il y a du monde partout.

Olivier. : Ouais donc au final c’est un coup de poker.

Julie : Ouais c’est un coup de poker. Ça va dĂ©pendre du prix du voyage, il y en a qui ne voudront pas payer d’aller en Australie quand ils viennent d’Europe parce que c’est trop loin, mais du coup si tu vas en Australie tu risques de tomber sur des australiennes. C’est compliquĂ©.

Ermanno : Je pense qu’il faut plutĂŽt tester AmĂ©rique latine ou Chine.

Julie : C’est ça, mais du coup, lĂ  ce sont les AmĂ©ricaines qui y vont. C’est impossible de courir avec personne maintenant.

Olivier :  Il y en a mais pas tant que ça non plus. Tu vas en Patagonie, en Argentine ou des trucs comme ça.

Julie: Mais souvent y’a toujours une top amĂ©ricaine ou australienne qui fait le dĂ©placement parce que l’étĂ© est inversĂ© lĂ -bas. C’est difficile d’ĂȘtre la seule tĂȘte d’affiche sur une course, c’est quasiment impossible. Mais c’est le jeu, donc faut y aller qu’il y ait du monde ou pas, il faut faire la course malheureusement.

Ermanno : Oui au finale le but c’est quand mĂȘme de faire la course. 

Julie : Il faut accepter la confrontation. 

Olivier : Il y a pas mal de stratégie à mettre en place.

Julie : Bien sĂ»r oui, aprĂšs ça a Ă©normĂ©ment changĂ© depuis le covid. Du fait que la pĂ©riode de compĂ©tition a commencĂ© beaucoup plus tard l’annĂ©e derniĂšre, il n’y a pas eu cours quasiment avant mars-avril. Du coup ils ont distribuĂ© plus de slots que d’habitude en peu de temps, donc ça faisait que plus de gens couraient, il y avait plus de slots et plus d’argent sur une pĂ©riode raccourcie. LĂ  peut-ĂȘtre que si ça s’Ă©tale, on va dire comme avant, il y aura peut-ĂȘtre un niveau moins important et plus nivelĂ©.

Ermanno : C’est vrai que dans les derniers mois il y a des gens qui ont enchaĂźnĂ© mais c’Ă©tait un truc de dingue, tous les weekends et sur les distances et tout. Je crois que les gens avaient tellement la dalle.

Julie : Ouais, impressionnant.

Ermanno : Ça faisait 2 ans que tout Ă©tait reportĂ© donc il y en a plein qui se sont lĂąchĂ©s et ont enchaĂźnĂ©, et en ont fait Ă©normĂ©ment. On a mĂȘme eu sur le podcast un invitĂ© qui nous racontait qu’en amateur il voulait absolument faire un Ironman en 2020 pendant l’annĂ©e Covid, et il est parti en novembre Ă  Cozumel sauf que c’Ă©tait un bordel pas possible pour y aller, passer les frontiĂšres, et une fois qu’il est arrivĂ© lĂ -bas, il y avait un reste d’Ouragan, il a passĂ© 2 jours sur le parking et est arrivĂ© la veille de la course sans bouffer, sans boire, sans rien. Des fois, quand on a envie absolument de prendre un dĂ©part, d’avoir un dossard, on est prĂȘt Ă  tout faire. Et alors justement de ton cĂŽtĂ©, est-ce qu’il y a des anecdotes qui te reviennent en tĂȘte de folies que tu aurais fait comme ça : prendre absolument un dĂ©part de course ou mĂȘme des petites anecdotes assez sympas, assez croustillantes pendant une course ?

Julie : Alors oui l’annĂ©e derniĂšre les championnats de France Ă©tait la premiĂšre course d’ouverture pour le Covid et je crois qu’il y a eu tout le monde parce que tout le monde en pouvait plus de pas faire de courses en France.

Ermanno : Oui, on a eu plein d’invitĂ©s hommes et femmes qui sont tous passĂ©s Ă  Cagne. 

Julie : C’est ça, Cagne il y avait tout le monde c’Ă©tait impressionnant. Si j’avais rĂ©flĂ©chi Ă  cette course je me serais dit « ah bah peut-ĂȘtre que le parcours ne me plaĂźt pas trop ou quoi », et Ă  ce moment-lĂ  non, il fallait juste faire une course c’était incroyable qu’il y en ait une. Donc c’est clair qu’on a tous foncĂ© dessus oui. 

Ermanno : La question du plateau ne se posait pas Ă  ce moment-lĂ , c’Ă©tait hypra relevĂ©.

Julie : Alors oui, mais la 2Ăšme annĂ©e j’y suis allĂ©e en 46-48 avec le dĂ©veloppement et c’Ă©tait au niveau du dĂ©nivelĂ©.

Ermanno : Ce n’était peut-ĂȘtre pas la meilleure idĂ©e que tu aies eue.

Julie : Bah, ça m’a permis de faire de gros Ă©carts dans la descente avec le 56 par contre.

Ermanno : Oui, peut-ĂȘtre qu’il y en a d’autres qui en avaient fait dans la montĂ©, non ? Ou alors ça tirait grave sur les jambes ?

Julie : Bah ouais ça a bien tirĂ© ouais. Non je n’ai pas perdu trop de temps dans la montĂ©e ça va.

Ermanno : Bon alors du coup, cette annĂ©e qui se terme, je pense que tu n’as plus beaucoup de courses au compteur de prĂ©vu mais pour 2022, qu’est-ce que tu as prĂ©vu et puis surtout qu’est-ce que tu envisages pour la suite ?

Julie : Alors lĂ  du coup la saison 2021 oui c’est terminĂ©, j’ai dĂ©jĂ  fait ma coupure aprĂšs les championnats du monde au mois de septembre. Donc lĂ  j’ai dĂ©jĂ  fait ma reprise aussi, c’est parti pour 2022, on est reparti pour un tour. Les courses pour moi ne vont pas reprendre avant le mois de mai, le calendrier pro est sorti mais ne dĂ©passe pas le mois de mai donc pour l’instant je peux savoir quelle course il y a ce mois-lĂ  mais je ne peux pas savoir la suite de la saison. Apparemment il y aurait le 70.3 de Provence qui est juste Ă  cĂŽtĂ© de chez moi donc celui-lĂ  j’ai bien envie de le cocher au calendrier. AprĂšs pour l’instant malheureusement je n’en sais pas plus, on ne connaĂźt pas les dates des championnats de France ni les dates des Ă©preuves de D1, parce que mĂȘme si je fais de la longue distance maintenant je continue la D1 avec mon club depuis 7 ans au PCG79 Parthenay. Je continue de venir leur servir de renfort dans l’Ă©quipe.

Ermanno : Parthenay ça me rappelle de bons souvenirs : championnat de France en Ă©quipe junior c’Ă©tait des bons moments mais ça remonte dĂ©jĂ  maintenant. 

Julie : VoilĂ , donc mĂȘme si la D1 n’est pas l’objectif, j’en ferai aussi mais on n’a pas encore les dates.

Ermanno : Bon et puis aprĂšs 2022, qu’est-ce que tu envisages pour la suite ? Tu as parlĂ© de full Ironman mais que tu rongeais ton frein, tu vas le ronger encore pendant combien de temps Ă  ton avis ?

Julie : Heu, je ne sais pas encore c’est difficile parce que ça me tente vraiment de passer sur full, Ă  voir ça pourrait bien tomber sur une fin de saison par exemple quand l’objectif principal est passĂ©. Je pourrais faire ça en fin d’annĂ©e, ça dĂ©pend un petit peu du calendrier mais vu qu’il n’est pas trop sorti pour l’instant c’est difficile de trouver une pĂ©riode qui tomberait bien pour ça. AprĂšs ça peut dĂ©pendre, cette annĂ©e j’ai l’objectif de me qualifier pour les championnats du monde en pro, des mondiaux 70.3 comme cette annĂ©e, si j’y arrive je sais que ma course est fin octobre (28 et 29 octobre), si je n’y arrive pas peut-ĂȘtre qu’à ce moment-lĂ  je ferai un full Ă  la place en fin d’annĂ©e pour finir la saison lĂ -dessus.

Ermanno : il y a un full qui est pas mal en fin d’annĂ©e, ça se passe deuxiĂšme week end d’octobre, on en parle pas mal Ă  chaque fois : ah bah oui ce sont les championnats du monde d’Ironman !

Julie : Ah non, cela pour les faire il va falloir que j’en fasse un avant donc ça va faire deux Ironman dans l’annĂ©e. 

Ermanno : Bah il faut se qualifier avant bien-sûr. 

Julie : Prendre la qualification sur le premier ça s’est dĂ©jĂ  vu mais c’est compliquĂ© aussi quand mĂȘme, on n’en est pas lĂ .

Ermanno : Alors justement, en pro sur le circuit Ironman mĂȘme si tu cours que sur 70.3 tu ne peux pas te qualifier pour les Championnats du Monde full ?

Julie : Non, pas en pro. En fait en groupe d’ñge il existe des 70.3 oĂč tu peux avoir une qualification pour Hawaii, et les 70.3 oĂč tu as les deux slots : pour l’half et pour le full. Et en pro, non, pour se qualifier il faut faire un vrai Ironman et pour qualifier au moins deux 70.3 il faut faire des 70.3. C’est carrĂ©.

Ermanno : C’est carrĂ©. Mais bon il y a dĂ©jĂ  eu des mondiaux en 70.3 donc ce serait bien si cette annĂ©e tu rĂ©itĂ©rais et puis aprĂšs que tu passes sur une qualification pour HawaĂŻ.

Julie : À terme c’est le rĂȘve, oui. Mais j’espĂšre qu’ils n’enlĂšveront pas HawaĂŻ d’HawaĂŻ parce qu’ils parlent de changer d’endroit quand mĂȘme.

Ermanno : Non, oui, fin ils en parlent oui et non.

Julie : HĂ© ouais, lĂ  ils l’ont fait pour le mois de mai, ce mois-lĂ  ce ne sera pas lĂ -bas.

Ermanno : Saint-Georges tu connais, tu n’y retournes pas juste pour soutenir non ? 

Julie : Oh pfiou, bah non parce que du coup je vais y retourner en octobre, je ne vais pas y aller deux fois dans l’annĂ©e.

Ermanno : Ah ouais tu t’es qualifiĂ© mais pour les mondiaux de l’annĂ©e prochaine.

Julie : Non pas encore, lĂ  je ne suis pas qualifiĂ©e. En fait j’y Ă©tais en septembre, et l’annĂ©e prochaine il y a en mai : les Mondiaux full, et en octobre les Mondiaux 70.3. Non je ne suis pas encore qualifiĂ©e.

Ermanno : Les mondiaux de 70.3 auront aussi lieu Ă  Saint-Georges l’annĂ©e prochaine ?

Julie : C’est ça, en fait ils sont 2 ans de suite là-bas, ils ont 3 championnats du monde à la suite.

Ermanno : Dur pour le tourisme, tout ça


Julie : Oui ce n’est pas facile pour la ville.

Ermanno : Est-ce que tu as dĂ©jĂ  pensĂ© Ă  l’aprĂšs triathlon ?

Julie : Oui, j’aimerais bien quand mĂȘme rester dans le milieu du sport. C’est pour ça que je n’arrĂȘte pas mes Ă©tudes aussi, c’est pour avoir dĂ©jĂ  les diplĂŽmes et pas devoir reprendre des Ă©tudes dans 5 ou 10 ou 15 ans. C’est difficile je pense de s’y remettre. Donc je m’oblige mĂȘme si j’aimerais vraiment ĂȘtre Ă  200 % dans le sport Ă  finir les Ă©tudes et Ă  valider mon Master. Comme ça dĂ©jĂ  avec un master, je ne sais pas ce que je voudrais faire plus tard mais admettons que je veuille faire des concours, des fois il faut un niveau master pour participer. Sinon j’ai dĂ©jĂ  le diplĂŽme d’entraĂźneur et j’aimerais plus tard travailler dans le triathlon, et ce qui me plaĂźt beaucoup c’est la conception de matĂ©riel sportif. J’aimerais bien travailler avec une marque et participer avec eux au dĂ©veloppement et Ă  la conception, peut-ĂȘtre mĂȘme Ă  l’innovation, et apporter ma vision de pratiquante et triathlĂšte pro, et aussi mes idĂ©es parce que je pense que j’ai pas mal d’idĂ©es.

Ermanno : Pour la partie conception, tu n’es peut-ĂȘtre la bonne branche d’Ă©tudes donc comme tu es toute jeune il te reste encore du temps pour bifurquer. 

Julie : C’est ça. AprĂšs je pourrais aussi ĂȘtre en mode consultant avec l’aspect optimisation de la performance mais pas l’ingĂ©nierie. Mais j’ai quand mĂȘme fait une licence aussi ingĂ©nierie et ergonomie du mouvement humain en STAPS.

Ermanno : Je ne sais pas si tu connais LĂ©on Chevallier mais sinon on pourra discuter avec lui aussi, parce que lui il est plus justement dans l’ingĂ©nierie, bon aprĂšs l’ingĂ©nierie chimique mais bon vous pourrez discuter conception ensemble. 

Julie : Bien-sĂ»r oui. Je crois qu’il y a Anthony Costes qui est vachement branchĂ© lĂ -dessus et s’amuse bien aussi Ă  optimiser son vĂ©lo.

Ermanno : Bon alors je voulais revenir sur deux points : le 1er c’est que tu me dis tu aimerais bien de temps en temps lever le pied sur les Ă©tudes pour ĂȘtre Ă  200 % sur le triathlon, malgrĂ© tout il y a peut-ĂȘtre ce risque d’arriver Ă  un point de rupture, une blessure, mais en off tu nous as dit que tu ne pouvais pas parler des blessures parce que tu ne t’étais jamais blessĂ©e. Comment est-ce possible ?

Julie : Oui, parce qu’on essaye de construire les choses vraiment prudemment, de garder surtout le principe de la progressivitĂ©. Et puis il y a aussi une grande partie du volume d’entraĂźnement que je fais qui se fait Ă  basse intensitĂ©, ou en vĂ©lo qui est un sport portĂ© oĂč il n’y a pas d’impact, donc Ă  moins d’avoir une mauvaise position sur le vĂ©lo c’est difficile de se blesser. 

Ermanno : Oui, on en sait quelque chose.

Julie : Donc voilĂ , on essaie de faire attention on va dire Ă  la gestion de la charge et d’y aller petit Ă  petit. Ça fait que 1 an que je m’entraĂźne vraiment, je n’avais jamais fait des semaines aussi importantes que celles dont on a parlĂ© tout Ă  l’heure. Disons qu’à mes annĂ©es jeunes je ne m’entraĂźnais que 15h par semaine donc Ă  ce rythme-lĂ  je ne risquais pas le surentraĂźnement. On n’a jamais voulu aller trop vite, trop tĂŽt, trop prĂ©cipitamment.

Ermanno : Tu sais, tu dis 15h, il y en a quand mĂȘme Ă  15h qui sortent avec des pĂ©riostites, des inflammations, des ruptures


Julie : Ils passent de 0h à 15h alors. Il faut y aller progressivement.

Ermanno : Tu disais que vous n’avez jamais voulu aller trop vite, je voulais la placer quand mĂȘme parce que la derniĂšre fois juste avec mon entraĂźneur qui me dit trop vite = pĂ©riostite, donc effectivement le travail en endurance c’est souvent gage de respect de son corps et d’Ă©viter les blessures.

Julie : Oui, et puis je pense que je suis quand mĂȘme assez Ă  l’Ă©coute, je suis sĂ©rieuse dans mon entrainement mais pas sĂ©rieuse en mode bourrin, je fais attention mais aprĂšs j’ai aussi mis en place depuis plusieurs annĂ©es un suivi avec mon kinĂ©-ostĂ©o et j’y vais rĂ©guliĂšrement aussi pour la prĂ©vention. Donc je pense que ça aussi ça joue par rapport aux blessures, de prendre soin du corps avant qu’il y ait un problĂšme, ou d’en traiter un dĂšs qu’il arrive.

Olivier : C’est intĂ©ressant de le voir de maniĂšre prĂ©ventive. Tu dis kinĂ© ostĂ©o, c’est une seule et mĂȘme personne ou deux diffĂ©rentes ?

Julie : Non c’est la mĂȘme personne il a les deux diplĂŽmes, donc si je me plains d’un blocage ça va ĂȘtre plutĂŽt ostĂ©o, si je me plains tu vois d’une tension musculaire ou quoi il va m’aider mais avec sa casquette kinĂ©. Ermanno : Ah oui c’est pratique. Et quand tu dis que tu fais de la prĂ©vention c’est quoi la frĂ©quence ?

Julie : J’y allais quasiment une fois par semaine ou tous les 15 jours.

Ermanno : Alors moi, il y a un truc que j’ai essayĂ©, ça marche super bien, ça s’appelle le dry needling : aiguilles Ă  sec, et ça c’est top.

Julie : Oui voilĂ , il fait ça. C’est incroyable. Mais maintenant je peux plus m’en passer, quand j’y vais je demande qu’il fasse ça parce que je n’ai jamais vu quelque chose qui marche aussi bien. Les moindres douleurs musculaires il faudrait je ne sais pas peut-ĂȘtre deux ou trois sĂ©ances de massage pour en faire disparaĂźtre, et lĂ  avec deux aiguilles c’est fini.

Ermanno : Bon alors par contre les sensations post-sĂ©ance quand c’est la premiĂšre fois que le muscle est travaillĂ© c’est impressionnant. Il m’a toujours dit aprĂšs une sĂ©ance tu vas faire 30 minutes d’endurance parce que sinon tu vas jongler effectivement. Quand ce sont les jambes, tu as les jambes qui dansent. 

Julie : Ça dĂ©pend des muscles oui, ça courbature beaucoup et les trapĂšzes ou les deltoĂŻdes aussi, ça te fait des bras trĂšs lourds.

Olivier : Moi je n’ai jamais testĂ©, Ermanno tu peux peut-ĂȘtre dĂ©finir ce que c’est. J’en ai entendu parler, je sais que tu m’en as dĂ©jĂ  parlĂ© mais je ne suis pas sĂ»r que tous les auditeurs sachent.

Ermanno : Effectivement, je te remercie de me remettre dans le droit chemin. Je crois que ça s’appelle aussi la thĂ©rapie des trigger points. En fait avec des aiguilles un petit peu plus longues que les aiguilles acupuncture, ça consiste Ă  stimuler non pas uniquement le derme, mais Ă  stimuler vraiment le muscle au niveau des points, donc des points de dĂ©clenchements. Ce sont les points dans les muscles qui permettent de crĂ©er la contraction musculaire, donc avec les aiguilles, ils vont stimuler une contraction musculaire de maniĂšre Ă  recontacter et dĂ©contracter pour retendre ou rĂ©entendre correctement le muscle. Ce qui fait, comme tu disais Julie, que ça gĂ©nĂšre des contractures tout simplement parce que le muscle est contractĂ© et stimulĂ© comme si on avait fait une sĂ©ance de course Ă  pied ou autre. Ça permet souvent de dĂ©bloquer des nƓuds ou des petites contractures ou des micro-dĂ©chirures qui auraient pu se produire parce que le muscle n’a pas repris sa forme initiale et adĂ©quate aprĂšs une sĂ©ance. Ça va, j’ai bien dit ?

Julie : Oui c’est ça. Je n’en fais pas Ă  chaque fois, mais j’allais voir le kinĂ© une fois par semaine ou une fois tous les 15 jours, et Ă  chaque fois qu’il y avait plutĂŽt un point musculaire assez douloureux. En fait on sent quand on a mal dans un muscle que ça fait comme si on avait un bleu Ă  l’endroit d’un trigger point. Et au lieu de le soigner en le massant ou en appuyant dessus avec un massage, l’aiguille lui prend 5 min Ă  le faire au lieu de 30 ou 40 minutes de massage. Ça fait le mĂȘme effet voir encore meilleur parce qu’à la fin le muscle est vraiment dĂ©tendu et il n’y a plus du tout cette tension et courbature qu’il y avait avant.

Ermanno: Il faudra que tu nous passes Ă©ventuellement le contact de ton kinĂ© parce que le mien est anglophone donc dans un podcast francophone ce n’est pas top pour l’inviter mais si ton kinĂ© veut bien s’exprimer ça pourrait ĂȘtre sympa d’en parler justement de maniĂšre un peu plus approfondie, un peu plus scientifique. Et moi pour l’anecdote j’ai toujours eu peur des aiguilles, il paraĂźt que c’est un truc trĂšs commun chez les hommes, mais ne serait-ce qu’une piqĂ»re de temps en temps me faisait tomber dans les pommes. 

Julie : Ah ouais et tu as quand mĂȘme rĂ©ussi Ă  faire le dry needling, pas mal. 

Ermanno : Ouais, et j’avais mĂȘme fait une fois un test d’effort, juste la piqĂ»re Ă  l’oreille pour mesurer l’acide lactique et j’ai fait un malaise. Quand on m’a conseillĂ© d’aller le faire j’ai dit « ok Ă©coute, tu fais ce que tu veux mais je ne veux pas voir l’aiguille ». Il m’a fallu un an et demi pour oser regarder l’aiguille et quand j’ai vu la taille de l’aiguille il m’a dit: « il y a plusieurs tailles». « Ok fais-moi voir une », il m’a montrĂ© une et il me dit les plus grandes c’est celle de la hanche, et je lui dis « ça c’est celle de la hanche. » ; « Non, c’est la plus petite, c’est ce que je mets dans les mollets ». Donc si vous avez peur des aiguilles, allez quand mĂȘme voir quelqu’un en qui vous avez confiance, c’est mon conseil.

Julie : Mais moi mon conseil c’est que ça fait pas mal, on s’en fait toute une histoire mais ce n’est mĂȘme pas douloureux. Puis ça dure 30 secondes, ça picote 30 secondes et puis c’est fini.

Ermanno : Ça fait pas mal et quand on connaĂźt un peu son corps ou du moins quand on veut apprĂ©hender un petit peu le fonctionnement de son corps, je trouve que c’est mĂȘme parfois assez marrant de sentir la contraction musculaire qui se produit. Parce que quand on court on ne la sent pas forcĂ©ment, fin quand on court, quand on nage ou quand on fait du vĂ©lo. Mais lĂ  on est allongĂ© dans une position immobile et d’un seul coup on sent que ça va se mettre Ă  faire *bruit de bouche*, Ă  ĂȘtre stimulĂ©, je trouve ça intĂ©ressant comme expĂ©rience.

Julie : Je trouve ça bien résumé.

Ermanno : Il y avait un autre point que je voulais voir avec toi parce que tu as 21 ans, tu es une gamine encore, quelle est la place pour toi du soutien familial dans ta carriÚre de sportive et dans ton double projet sport-études ? 

Julie : Alors dĂ©jĂ  mes parents et ma famille en gĂ©nĂ©ral ne font pas du tout de sport, je ne suis pas fille de marathonienne ou triathlĂšte ou de sportive tout court. Mais ils m’ont toujours encouragĂ© dans ce que je voulais faire, je pense que si j’avais fait de la musique ils m’auraient soutenu tout autant. Je pense que c’est lĂ  qu’il est important d’ĂȘtre soutenu par sa famille, ĂȘtre soutenu de faire ce qu’on aime, d’ĂȘtre encouragĂ© de faire ce qu’on a envie. Donc si j’avais dit aprĂšs la natation « bah non le sport j’en ai marre », ils ne m’auraient pas obligĂ©, ils m’ont toujours accompagnĂ© lĂ -dedans, toujours encouragĂ©. Je pense que surtout quand on est jeune, c’est important, adulte ce n’est pas indispensable, mais quand on est petit le soutien des parents joue beaucoup. Je pense que plus d’enfants feraient du sport s’ils Ă©taient tous soutenu par leurs parents parce qu’il y en a qui doivent peut-ĂȘtre manquer un petit peu de confiance en eux et qui arrĂȘtent Ă  cause de ça alors que ça pourrait ĂȘtre reboostĂ© pour pas grand-chose.

Ermanno : Alors quand tu parles de soutien des parents, tu veux parler du soutien Ă  quel niveau parce que des fois, j’en ai vu qui soutiennent vraiment trop les enfants, et notamment au bord des courses derriĂšre les barriĂšres.

Julie : Ah non, vu que mes parents ne sont pas sportifs eux-mĂȘmes, ils ne sont pas trop prĂ©sents, ça va. AprĂšs ils venaient me voir en compĂ©tition mais pas tout le temps non plus. Ce n’est pas le genre de parents qui me crient dessus pendant la course en me disant « C’est n’importe quoi ! C’est trop nul ! Va plus vite ! », absolument pas, c’est Ă  peine s’ils m’encouragent parce qu’ils sont timides. Donc vraiment, ce n’étaient pas les parents trop prĂ©sents, loin de lĂ .

Ermanno : Super. Bah Ă©coute Julie, merci beaucoup d’avoir rĂ©pondu Ă  nos questions, merci beaucoup d’avoir acceptĂ© notre invitation, merci beaucoup d’avoir partagĂ© cette bonne humeur, cette patate, ce sourire, ça fait vraiment plaisir. Avant de terminer j’ai deux questions. La 1Ăšre, ce podcast s’appelle « devenir triathlĂšte », tu es encore relativement jeune dans le monde du triathlon, mais pour toi, quel serait ton meilleur conseil pour devenir triathlĂšte ?

Julie : N’ayez pas peur, parce qu’il y a beaucoup de gens qui rĂȘvent de faire du triathlon et qui n’osent pas. Ils pensent que c’est trop dur, ils pensent qu’ils n’auront pas le temps, ils pensent qu’ils n’y arriveront pas. Mais ils savent que c’est bien parce qu’ils ont envie d’en faire, mais ils n’osent pas. Donc je pense qu’il faut oser y aller, il ne faut pas avoir peur. Oui le triathlon peut ĂȘtre un sport extrĂȘme et qui prend beaucoup d’heures, mais si on veut en faire Ă  au niveau oĂč si on veut faire des longs formats. On peut faire du triathlon en s’entraĂźnant peu, en ayant pas beaucoup de temps, en faisant que trois ou quatre entraĂźnements dans la semaine, c’est quand mĂȘme possible. En triathlon, il y a tellement une bonne ambiance dans les clubs, tellement une bonne mentalitĂ© que ça mĂ©rite de laisser les gens qui ont envie de venir, il ne faut pas qu’ils aient peur d’oser. Ils sont les bienvenus.

Olivier : C’est vrai qu’on voit souvent le triathlon comme un sport un peu Ă©litiste oĂč ça coĂ»te cher, ça demande du temps, et en plus de ça il faut ĂȘtre bon, mais en fait non. 

Julie : En fait non, c’est hyper familial, il y a une bonne ambiance. Il y a tout le temps des barbecues sur les compĂ©titions, on est content d’ĂȘtre dehors, on est tout le temps dans de beaux endroits et on dĂ©couvre des nouveaux paysages tout le temps. Je trouve que c’est un sport qui a une super bonne mentalitĂ© et j’espĂšre que ça ne changera pas parce que c’est quand mĂȘme assez rare, aujourd’hui, un sport qui n’est pas malsain et aussi familial.

Olivier : Sur le cĂŽtĂ© familial effectivement je te rejoins, les triathlĂštes forment une grande famille. C’est ce que j’ai toujours dit.

Julie : Je suis d’accord à 100%.

Olivier : C’est super, je pense que la deuxiĂšme question d’Ermanno Ă©tait oĂč est-ce qu’on peut te retrouver sur les rĂ©seaux ?

Julie : Vous pouvez me retrouver sur les réseaux sociaux, sur Instagram : Julie Iemmolo, et aussi sur Facebook, et prochainement je ferai ma chaßne YouTube. Petites annonces en avant-premiÚre.

Ermanno : On suivra ça de prĂšs. C’est de quelle origine « Iemmolo » ?

Julie : Ça s’écrit I-E-M-M-O-L-O, c’est italien.

Ermanno : Rolala les Italiens sont partout, franchement.

Julie : Ah mais moi je ne suis pas du tout italienne, je ne connais pas d’italien, c’était il y a bien trop longtemps.

Ermanno : Tu peux dire maintenant que tu connais en italien, parce que je suis franco-italien.

Julie : Bon bah je connais un Italien, mais moi je ne suis pas une vrai du coup.

Olivier : Bah merci beaucoup Julie, c’était un plaisir et on suivra ta saison 2022 de trĂšs prĂšs.

Julie : Eh bah merci beaucoup c’est super gentil, et bonne continuation Ă  toi aussi et puis au plaisir.

Ermanno : Merci beaucoup, à trÚs bientÎt Julie.


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co-fondateur du podcast et co-auteur du livre DEVENIR TRIATHLÈTE
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