Histoire du triathlon
-1500: Le multisport chez les Grecs
Si la pratique et les compétitions de triathlon commencent au début du 20e siècle, nous retrouvons les enchaînements de différentes disciplines dès la Grèce Antique. Dans les années 1500 avant JC, les Grecs s’adonnaient volontiers aux jeux multisports et en faisaient des compétitions officielles comme celle des Jeux d’Olympie. On y retrouvait par exemple le pentathlon antique qui réunissait lancer du disque, lancer de javelot, saut en longueur, course d’un stade (environ 192 m) et lutte. Leur culture marque le début des compétitions sportives, mais pas seulement : c’est le concept et l’état d’esprit du sport pluridisciplinaire qui naît en même temps. Ainsi, les sports combinés étaient les plus populaires d’entre tous et surtout, les athlètes les plus performants étaient hautement considérés et réputés à cette période. L’histoire conservera cet héritage pour créer le triathlon que nous connaissons aujourd’hui, tout en continuant de le développer au gré des époques.
1921: L’ancêtre du triathlon est né
Bon dans le futur : nous voilà dans les années 1900. Et c’est en France que naît l’ancêtre du triathlon. Nous sommes en 1902, sur les bords de la Marne, et nous assistons à la naissance d’une compétition nommée “Les Trois Sports”. Le principe est simple : il s’agit de courir 4 km, de rouler ensuite 12 km à vélo et enfin, de traverser la Marne…en canoë ! Cette compétition se répétera au fil des années et c’est finalement en 1921 que la partie canoë est remplacée par de la natation. C’est officiellement le début du triathlon tel que nous le connaissons aujourd’hui. La compétition des Trois Sports continuera d’avoir lieu, mais surtout elle se développera pour s’installer dans d’autres villes françaises: Marseille, Poissy ou encore Deauville.
La course s’intensifie, les distances augmentent, les règles apparaissent. Nous voici en 1934, et la course des Trois Sports de La Rochelle propose le déroulement suivant : 200m de nage, 10 km de vélo et 1200 m de course à pieds. C’est un tournant majeur : les disciplines sont désormais dans l’ordre que le futur conservera, de même que les distances se rapprochent doucement du format actuel.
Ces courses, si elles représentent les prémisses du triathlon moderne, ne concordent en réalité toujours pas avec l’apparition officielle du triathlon, qui aura lieu des années plus tard aux Etats-Unis.
1974: Apparition du triathlon moderne
Nous voilà de l’autre côté de l’Atlantique, dans la Californie des années 70. Jack Johnstone, sportif local, participe à un biathlon organisé par le San Diego Track Club. Il se rapproche de l’organisateur pour organiser une course similaire, celui-ci le met alors en contact avec Don Shanahan, adepte de la compétition multisports. C’est lui qui proposera de rajouter une partie de cyclisme. Les trois sports sont réunis : les deux athlètes sont en train de former le premier triathlon. Parce que la compétition a lieu sur le site de Mission Bay, ils appellent leur course « Mission Bay Triathlon » et c’est donc le 25 septembre 1974 qu’a lieu la première course officielle sous le nom de triathlon.
Les courses continueront et s’exporteront en Europe également, avec l’arrivée du premier triathlon européen en 1980 en Tchécoslovaquie, suivi par les Pays-Bas, la Belgique et l’Allemagne de l’Ouest en 1981. C’est grâce au triathlon de Nice en 1982 que le triathlon sera enfin exposé au grand public, à la suite d’images diffusées à la télévision sur Antenne 2. Ces images font polémique car le triathlon bouleverse le format habituel du sport, mais ces images feront des adeptes et la pratique deviendra encore plus populaire.
C’est seulement quelques années plus tard, en 1985, que la première structure internationale de triathlon est crée: l’ETU – European Triathlon Union. S’ensuivent les premiers championnats européens et l’année suivante, des structures nationales seront créées et fédérées pour chaque pays. Enfin, en 1989 a lieu le congrès fondateur de la fédération mondiale que nous connaissons aujourd’hui: l’ITU – International Triathlon Union.
1978: Naissance de l’Ironman
Si le triathlon ne naît pas à Hawaï, sa grande évolution y trouve sa source. Nous sommes de retour en 1978, et, comme beaucoup de challenges sportifs, l’Ironman doit sa création à un défi entre amis. Un débat oppose des membres du club de running et du club de natation de l’île : ils veulent savoir quel est le meilleur athlète entre les deux disciplines. L’idée est née : le meilleur athlète serait alors celui qui gagne une compétition qui cumule les trois courses les plus difficiles de l’île pour chacune des disciplines du triathlon : le Waikiki Roughwater Swim (3,85 km de natation), la course Around-Oahu (185 km de vélo) et le marathon d’Honolulu (42,195 km de course à pieds). Les parcours sont légèrement ajustés pour que les trois épreuves puissent se suivre, et c’est sous cette célèbre phrase qu’est lancée cette première édition l’année suivante : “Whoever finishes first, we’ll call him the Iron Man” (Quiconque finit premier, nous l’appelerons l’homme de fer). Sur le document d’explication donné à chaque coureur, une phrase manuscrite : “Swim 2.4 miles! Bike 112 miles! Run 26.2 miles! then brag for the rest of your life!” (“Nagez 3,8 km ! Roulez 180 km ! Courez 42 km ! Ensuite vantez-vous pour le reste de votre vie !”).
Sur les 15 hommes qui s’élancent, douze finiront la course. Le premier Ironman du monde est Gordon Haller, qui finit en 11h46. Collins, lui, finit 9e au bout de 17h : cela deviendra la durée maximale autorisée pour terminer un Ironman. L’événement grandit en notoriété, il y a déjà une cinquantaine de candidats en 1979. Un reportage magazine ainsi que télévisé feront connaître la course au grand public et doubler le nombre de participants. L’Ironman est ensuite déplacé sur la Big Island d’Hawaï, mais son concept reste le même. Des ajustements sont faits : l’épreuve a désormais lieu en octobre pour que les athlètes venant du monde entier puissent s’acclimater plus rapidement, et la course a lieu un soir de pleine lune pour garantir un maximum de visibilité pour les participants une fois la nuit tombée.
La slogan actuel de l’Ironman nous vient de 1982, lorsque Julie Moss, une jeune étudiante, prend le pari de l’épreuve, et se place en tête tout du long. Malheureusement, elle flanche sur la fin, suite à sa fatigue et déshydratation, se fait dépasser, mais franchit tout de même la ligne de d’arrivée à quatre pattes. C’est un moment symbolique dans l’histoire de la course, dont l’objectif n’est plus le classement, mais simplement d’aller jusqu’au bout de l’épreuve. La mentalité Ironman est née, la devise devient : “anything is possible”, soit “Tout est possible”.
En 1990 est créée la WTC – World Triathlon Corporation, et c’est elle qui va régir les compétitions Ironman ainsi que la marque Ironman. Se crée alors un championnat du monde avec un système de qualifications. Il y a aujourd’hui 40 courses qualifiantes dans le monde pour pouvoir participer à l’Ironman de Kona (dont le nom officiel est désormais “Ironman World Championship Kailua-Kona »). Les pays commencent donc à développer leurs propres courses, et les formats s’étendent, avec notamment l’Ironman 70.3, qui équivaut à la moitié de l’Ironman classique 140.6.
2000: Le triathlon aux Jeux Olympiques
Suite à la création de fédérations et notamment de l’ITU, nous voyons la création d’une première coupe du monde de Triathlon en 1991. Si le projet olympique avait été avorté deux ans plus tôt, cette coupe permet cette fois l’inscription du triathlon aux Jeux Olympiques. En 1994, après de longs débats persuasifs, le projet est validé, et le triathlon sera bel et bien représenté aux JO de Sydney, en 2000.
L’épreuve olympique est alors une courte distance : 1500 m de natation, 40 km de vélo et 10 km de course à pied. Ces chiffres deviendront la distance olympique standard en vigueur encore aujourd’hui. Cette épreuve existe pour homme comme pour femme, et c’est en 2017 qu’une troisième épreuve viendra s’ajouter : le relais 4×4. Le concept est simple, des équipes de 4 personnes (deux hommes et deux femmes) doivent s’affronter à tour de rôle sur un parcours de 300m de natation, 8km de vélo et 2km de course à pied (avant de passer le relais à un de leurs coéquipiers).
2016: Le paratriathlon se démocratise
L’ITU soutiendra également le paratriathlon et 16 ans plus tard, cette discipline entre dans la grande compétition avec sa participation aux Jeux Paralympiques de Rio, lors des jeux d’été de 2016. Il s’agit pour les coureurs de parcourir 750m de natation, 20km de vélo et 5km de course à pied. Le quota alloué aux joueurs paralympiques sera d’ailleurs augmenté directement après cette première compétition, puisqu’on passera de 60 à 80 dossards entre 2016 et 2020 (jeux reportés à 2021). Cette augmentation est soutenue par l’ITU, qui souhaite démocratiser le paratriathlon tout en le faisant connaître au plus grand nombre.
2021: Un engouement pour le triathlon
Nous l’avons vu, le triathlon a déjà un siècle d’histoire derrière lui. Cette discipline n’a, depuis sa création, cessé de grandir et nous sommes à l’heure actuelle plusieurs millions de triathlètes dans le monde. La plus haute instance de triathlon est l’ITU, qui régit 5 instances continentales pour finalement retrouver 120 fédérations nationales de triathlon. Grâce à ses initiatives et son développement continu, l’ITU permet au triathlon de se développer dans le monde.
Nous avons constaté un engouement très important pour le triathlon ces dernières années et même si, plus récemment, la plupart des courses ont été annulées à cause du confinement, il semblerait qu’il y ait aussi beaucoup de gens qui se soient mis au vélo ou à la course à pied récemment. Strava indique un nombre record d’inscriptions sur son application, soit 2 millions de nouveaux utilisateurs chaque mois et c’est sans parler de la pénurie de vélo que nous avons connue en 2020. Bref, le sport a le vent en poupe. Et il se pourrait qu’une partie de ces néophytes se convertissent dans le triathlon dans les années à venir. Affaire à suivre…
Demain: Le triathlon se diversifie
Avec l’arrivée des réseaux sociaux et la médiatisation du triathlon depuis quelques années, nous assistons à la création de nouveaux formats tels que la Super League Triathlon, née en 2016. Le principe est simple, ce sont des épreuves de triathlon mais en format court et revisité. Le but est de réunir les meilleurs athlètes de triathlon du monde sur cinq formats différents avec comme objectif de gagner des points à chaque épreuve. Nous y retrouvons le Triple Mix (enchaînement de trois triathlons mais dans des ordres différents), l’Eliminator (idem, mais avec élimination au fur et à mesure), l’Equalizer (contre-la-montre à vélo suivi des trois disciplines), le Sprint Enduro (deux parties avec élimination entre les deux) et enfin l’Enduro (enchaînement de trois mini-triathlons).
Un nouveau format fait également son apparition : l’éliminatoire. C’est une compétition sur deux jours avec un format supersprint, soit 300m de natation, 6km de vélo et 1500m de course à pied. Le premier jour, les participants sont divisés en deux groupes, et les dix premiers de chaque groupe peuvent se qualifier pour la course du lendemain (avec dix repêchés en plus). Le deuxième jour, trois supersprint sont à réaliser. Les dix derniers coureurs du premier sprint sont éliminés. A la fin du deuxième tour, c’est également seule la première moitié qui est qualifiée pour la finale et enfin, seul le premier à franchir la ligne gagnera la course. Dans ces nouveaux formats, la tactique devient d’autant plus importante.
Bref, ce sont aussi des formats plus explosifs et plus spectaculaires. Ils permettent d’augmenter la visibilité du triathlon pour le grand public et d’attirer de fait davantage de sponsors. Ce qui à terme contribuera, on l’espère, à la démocratisation du sport. Mais il est fort à parier que le triathlon ne s’arrêtera pas là et que nous allons encore voir beaucoup de nouveaux formats à venir dans les prochaines années. Le triathlon a donc de belles années devant lui.