#390 Rouler 40 000 km par an, le chemin vers la performance en ultra-cyclisme selon Ralph Diseviscourt

Rouler 40 000 km par an, le chemin vers la performance en ultra-cyclisme

🎙️Dans cet épisode, on reçoit Ralph DISEVISCOURT, recordman du monde des 24h en cyclisme

💬On y parle d’entraînement et de logistique pour l’ultra, de rouler 40 à 45000 km par an et de tenir mentalement sur des épreuves de 10 jours et +

😲Une plongée folle dans l’univers de l’ultra-cyclisme et de ses exploits XXL.

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Dans cet épisode, vous découvrirez :

– 🌍 **Origines et début en cyclisme** : Découverte tardive du cyclisme à 27 ans, parcours amateur et premières victoires.

– 🏆 **Transition vers l’ultra-cyclisme** : Participation à sa première ultra-course, le Tour du Mont-Blanc, et la révélation pour les épreuves longues.

– 🚀 **Exploration de l’ultra** : Courses mémorables comme le Raid Provence Extrême, Dolomitica et la fameuse Race Across America.

– 💡 **Stratégies et préparations** : Entraînement, gestion de la fatigue et de la sécurité, importance de l’équipe d’assistance.

– 🌟 **Records et moments marquants** : Record du monde des 24 heures, traversées épiques et gestion des défis personnels et climatiques.

📸 @raceacrossamerica

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Notre mission reste inchangée : rendre le triathlon accessible à tous, des débutants aux élites, en passant par ceux qui reprennent après une pause. Avec OpenTri à nos côtés, attendez-vous à plonger encore plus profondément dans le monde fascinant du triathlon. 🏊‍♂️🚴‍♀️🏃‍♂️. Gardez le pas, gardez le rythme, et surtout… gardez la passion brûlante pour le triathlon qui nous anime tous. 🔥💪

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Grâce à Autoscript.fr, retrouver la transcription de notre conversation !


Ralph DISEVISCOURT : Bon, il faut savoir que la plupart de mes entraînements, je les fais en allant en vélo au bureau. Donc c’est comme ça que j’arrive à accumuler des kilomètres, entre 40 et 45 000 kilomètres par an. Tu viens de le dire, l’entraînement mental, c’est ça, c’est d’avoir cette routine de faire du vélo tous les jours, 2-3 fois par jour, de cette discipline, voilà, c’est la base. Il fait ma force mentale, je pense, en course, il faut connaître son corps, il faut connaître ses forces et ses faiblesses. À un moment donné, il faut savoir s’il y a un concurrent qui te dépasse, voilà, il faut savoir dire non, je ne vais pas le suivre, je vais le laisser et je vais gérer mon effort.

Ermanno : Avant de démarrer ce nouvel épisode, on a une invitation spéciale pour vous. Je vous invite à nous rejoindre sur devenir-triathlète.com. Vous allez y retrouver tous les épisodes, mais aussi des conseils, des guides, des ressources et des outils gratuits pour débuter, progresser ou performer. Formez en triathlon et on mettra tout ça à jour chaque semaine. Allez, on se retrouve tout de suite sur devenir-triathlète.com et d’ici là, bonne écoute de ce nouvel épisode. Salut les sportifs, c’est Armano et je suis très heureux de vous recevoir pour un nouvel épisode du podcast devenir-triathlète. Aujourd’hui, on va échanger avec un ultra cycliste. Et oui, une fois n’est pas coutume, on a déjà eu quelques ultras sur ce podcast, que ce soit des hommes, mais même des femmes. Et je suis très content de pouvoir tendre le micro à Ralph d’Ease Viscourt. Salut Ralph. Bonjour. On entend une petite pointe d’accent dans ton bonjour. Tu aurais même pu nous dire moyenne. Je te laisse peut-être te présenter et nous dire d’où tu viens, où tu vis, qu’est-ce que tu fais. Dis-nous tout sur Ralph d’Ease Viscourt avant qu’on rentre beaucoup plus dans le détail du Ralph sportif.

Ralph DISEVISCOURT : Ça marche. Donc, mon nom, c’est Ralph d’Ease Viscourt. Je suis luxembourgeois. J’habite au Luxembourg. Je suis né au Luxembourg. Un des rares luxembourgeois, disons. On est de moins en moins nombreux.

Ermanno : Un des entre guillemets vrais luxembourgeois, c’est-à-dire né au Luxembourg, grandi au Luxembourg, vécu au Luxembourg.

Ralph DISEVISCOURT : Tout à fait. Alors là, j’ai 47 ans. Je suis marié, père de deux filles. Je travaille dans le secteur financier depuis 25 ans maintenant. Voilà, je me suis lancé dans l’ultra-cyclisme il y a à peu près 10 ans. Avant ça, je faisais des courses amateurs entre guillemets normales. Et puis voilà, à peu à peu, je me suis lancé dans les distances un peu plus longues. Depuis 2014, en fait. Je fais des compétitions dans l’ultra-cyclisme.

Ermanno : Bon, écoute, on va revenir là-dessus. Tu disais qu’avant, tu faisais des compétitions un peu plus normales.

Ralph DISEVISCOURT : Tu étais sur des compétitions de cyclisme locales, nationales, internationales ? Un peu de tout. Il faut dire que je me suis lancé en fait très, très tard dans le milieu du vélo, de compétition. J’ai commencé les courses à l’âge de 27, 28 ans. Donc, ce qui est déjà… Assez tard. J’ai donné priorité d’abord à mes études. Puis, je me suis lancé dans la vie professionnelle. Et c’est seulement à partir de ce moment-là où j’ai pu trouver un certain rythme de vie qui m’a permis de m’entraîner correctement. Et bon, à ce moment-là, je me suis lancé dans les courses cyclistes. Bon, à cet âge-là, évidemment, ce n’est pas évident. C’est assez dur. On n’est pas habitué au rythme, même si on sait rouler en vélo. Bon, les courses, c’est quand même différent. On ne sait pas se positionner dans le temps, etc. Donc là, il y a vraiment des années d’apprentissage à faire avant de s’y retrouver. Bon, j’y suis arrivé. J’étais cinq fois champion du Luxembourg en contre-la-montre chez les non-professionnels. J’ai pu faire le Tour de Luxembourg, qui est une course avec les pros où j’ai roulé en équipe nationale. Voilà. Je pense que j’ai fait une belle carrière à ce niveau-là. Et bon, au bout de… Allez. J’avais 8, 9 ans. J’approchais la quarantaine. Voilà. J’étais père de famille. Et lorsque tu vois comment les jeunes, ils sont motivés et quels risques ils sont prêts à prendre. Voilà. On commence à se poser des questions. Et voilà. C’est un peu ça aussi ce qui m’a poussé vers l’ultra après. Sachant que voilà, j’avais toujours une préférence pour les épreuves un peu plus longues, pour les parcours un peu plus accidentés, voire montagneux. Donc, ça convenait mieux à mon gabarit. Bon, je ne suis pas vraiment un vrai grimpeur maintenant. Mais disons, en habitant dans les Ardennes, dans les Sleek, comme on dit chez nous, voilà, je suis habitué à monter les côtes. Et c’était plutôt sur ces parcours-là où je me retrouvais à l’aise. Ouais.

Ermanno : Après, j’ai vécu quelques années au Luxembourg. Les Ardennes luxembourgeoises, ce n’est pas les Alpes non plus. Il ne faut pas exagérer.

Ralph DISEVISCOURT : Non, ce n’est pas les Alpes non plus. Mais bon, tu sais quand même accumuler du dénivelé dans tes entraînements. Bien sûr. Et sur les courses, là, souvent, c’est des parcours plats, c’est roulant, c’est des critériums. Mais bon, ça n’a jamais été vraiment mon terrain de prédilection.

Ermanno : Tu nous as dit que tu découvres le vélo assez tard, en fait, un peu avant la trentaine. Avant, tu faisais d’autres sports, même en amateur ?

Ralph DISEVISCOURT : Non, pas vraiment. Disons, avant, je faisais aussi du vélo, mais c’était vraiment du pur loisir. Donc, je faisais peut-être ça. Quelques randonnées, mais pas de compétition. Je n’avais pas l’esprit de compétiteur avant, en fait. Et je n’ai pas fait d’autres sports de compétition avant. Enfin, je peux jouer au tennis de table, ce qu’on peut faire en tant que gamin. Voilà, mais rien d’extraordinaire.

Ermanno : Comment est-ce que, justement, un peu avant la trentaine, tu dis tiens, je vais goûter le vélo ? Est-ce que c’est juste une question d’opportunité ? Est-ce que c’est quelque chose qui vraiment t’a animé ? Est-ce que tu as tout de suite voulu rentrer dans le sport du vélo ou tu étais plutôt en mode cycliste du dimanche ? Enfin, raconte-nous un petit peu tout ça.

Ralph DISEVISCOURT : Disons, ce sont plutôt des copains à moi avec qui je voulais le dimanche, qui m’ont dit tu as quand même un bon niveau, essaye au moins. Enfin, qui sait, à mon avis. Donc, ils me disaient tu vas bien te débrouiller, etc. Et j’ai hésité vraiment longtemps. Et j’ai fini par craquer en fait. Et comme j’ai dit, les débuts sont durs, d’autant plus à cet âge-là. Donc là, tu cours contre des mecs qui font ça depuis 10, 12 ans. Voilà, c’est compliqué. Comme j’ai dit, le rythme, le positionnement devant le plateau, etc. Ça s’apprend, mais c’est plus facile lorsque tu as 10, 12 ans, je dirais.

Ermanno : Et malgré tout ça ? Tu persévères, tu fais quand même des courses. Tu as dit 5 fois champion du Luxembourg, tout en ayant en plus un job et en étant papa. Donc, tu n’es pas professionnel.

Ralph DISEVISCOURT : Non, non, je n’en étais. Mais je dis aussi heureusement parce que bon, faire que du vélo, ça, je ne pourrais pas m’imaginer non plus. Donc, pour moi, c’est un bon moyen de décompresser, de changer l’idée, de rester en forme aussi. Bon, il faut savoir que la plupart de mes entraînements, je les fais en allant en vélo au bureau. Donc, c’est comme ça que j’arrive à accumuler des kilomètres. Donc, je fais entre 40 et 45 000 kilomètres par an.

Ermanno : Non, mais tu habites où ? Tu habites à Nancy ou ? Comment tu fais pour faire autant de bornes juste en faisant du vélo taf ?

Ralph DISEVISCOURT : Donc, j’habite dans le nord du Luxembourg, près d’une petite ville qui s’appelle Vilz, la ville où je suis né. Et puis, je travaille à Luxembourg ville. Et le chemin le plus direct, ça fait 60 kilomètres. Donc, comme ça, au moins, tu as à aller une bonne centaine de kilomètres au moins tous les jours, plus éventuellement une sortie à midi. En été, je relance un peu le matin. Voilà. Donc, c’est comme ça que j’arrive à faire des semaines à 800, 900. En haute saison, maintenant, ça peut aller jusqu’à 1200, 1400 kilomètres par semaine.

Ermanno : Et ça, presque en mode vélo taf. Mais du coup, tu dois partir tôt le matin et rentrer tard le soir, non ? Pour réussir à caler. 100 bornes par jour, plus le boulot.

Ralph DISEVISCOURT : Ouais, non, le matin, je me lève à 4h30 et j’essaie de partir autour de 5h. Comme ça, je peux faire au moins 2h, 2h30. Comme j’ai dit, maintenant, en été, je peux même rallonger jusqu’à faire 3h, une centaine de kilomètres le matin.

Ralph DISEVISCOURT : Et le soir, par contre, là, j’essaie de rentrer quand même pas trop tard et de quitter le bureau à une heure raisonnable, quoi. Pour être à la maison et m’occuper. Et pile le soir, disons. La chance que j’ai que, voilà, j’ai une épouse joue le jeu et donc on a trouvé un moyen d’organisation au niveau de la famille qui, voilà, qui tourne depuis des années. C’est mon épouse qui s’occupe des filles plus tôt le matin. Moi, je prends le valet le soir. Donc, il faut vraiment avoir, voilà, évidemment, un partenaire qui donne le support nécessaire aussi. Parce que sinon, ce n’est pas possible, c’est clair.

Ermanno : Et ça, tu le fais tous les jours. C’est-à-dire tous les jours, tu vas au bureau en vélo et tu rentres du boulot en vélo. Ouais. Alors, on le rappelle, tu n’habites pas à Nice, tu habites à Luxembourg. Donc, pour ceux qui ne connaissent pas, à Luxembourg, il y a deux jours de beau temps. Non, j’exagère, j’exagère. Non, mais bon, voilà, c’est comme le nord de la France, quoi. En gros, il fait beau de avril à septembre, parfois octobre. Le reste du temps, c’est froid, pluie, parfois neige, parfois verglas. Ouais.

Ralph DISEVISCOURT : Par tous les temps, toute l’année. Et comme tu dis, voilà, on n’est pas vraiment gâtés avec la météo ici, mais voilà, on s’y habitue.

Ermanno : Donc, tu fais une petite dizaine d’années où tu fais du cyclisme amateur plus plus, cinq fois champion du Luxembourg. Et ensuite, comment tu arrives sur l’ultra ?

Ralph DISEVISCOURT : Au tout début, c’est vraiment un peu un hasard parce que j’ai eu, c’était en 2011, j’ai eu un accident à l’entraînement en vélo. Et du coup, j’ai raté toute ma, enfin, mon début de saison avec toutes les courses qui, d’habitude, sont prévues à ce moment-là. Et après, voilà, j’étais à la recherche d’un challenge pour l’été et je suis tombé sur le Tour du Mont-Blanc. C peut-être une course que tu connais. Oui. De 330 kilomètres autour du massif du Mont-Blanc. Et voilà, je me suis dit, allez, je vais tenter ça, je vais essayer.

Ralph DISEVISCOURT : voilà, j’y suis allé. J’ai remporté la course sous des conditions climatiques dantesques. Enfin, il pleuvait, il neigeait, c’était affreux. Et je voulais, avec Éric Le Blaché, qui avait gagné l’édition précédente, j’ai réussi à le battre. Lui, il finit deuxième. Bon, on est bons copains depuis. Et c’est comme ça que j’ai un peu pris goût. Donc, en 2011, j’ai gagné. J’y suis retourné en 2012 où j’ai établi un nouveau record sur le parcours. Et voilà, comme ça, j’ai été lancé. Mais bon, à ce moment-là, je ne pouvais pas encore m’imaginer un jour faire, rouler toute une nuit. Pour moi, à ce moment-là, c’était encore inimaginable.

Ermanno : Oui, parce que 330 kilomètres, bon, sur du plat, ça se fait en quelques heures. Quelques heures, j’exagère. On n’est pas loin de quelques dizaines d’heures. Par contre, 330 bornes autour du Mont-Blanc, le record que tu avais établi, il était à combien d’heures ?

Ralph DISEVISCOURT : C’était le record, à ce moment-là, c’était 11 heures et demie.

Ermanno : Avec un départ…

Ralph DISEVISCOURT : Il y a 8000 dénivelés, je pense.

Ermanno : Oui, donc 7 heures du matin, 20 heures, il y a déjà une bonne partie des participants qui commencent à être arrivés. Mais là, tu ne déroules pas encore sur la nuit. Et justement, quand est-ce que tu commences à basculer vraiment dans l’ultra ? 330, c’est du long, c’est du presque ultra. Mais pour moi, l’ultra, c’est au-delà, c’est à partir de 500 bornes.

Ralph DISEVISCOURT : C’est vrai, c’était plutôt, disons, la porte d’entrée. Donc, je disais en 2012, j’ai battu le record. Et puis en 2013-2014, je me suis fait battre à chaque fois. Et j’ai remarqué que sur la fin, je réduisais à chaque fois l’écart par rapport aux vainqueurs. Et donc là, j’ai commencé à me dire, peut-être que c’est trop court. J’avais un copain luxembourgeois qui lui faisait déjà des courses ultra à ce moment-là. Racecross des Alpes, en l’occurrence. Et voilà, je me suis dit que si lui, il peut le faire, c’est jouable. Pourquoi pas l’essayer aussi ? Et c’est comme ça que je suis arrivé au Red Provence Extreme à l’époque. C’était en 2014. 2014 ou 2013 où j’ai fait ma première apparition sur le Red Provence. Et ça, c’était 600 kilomètres. Je pense que c’est une course qui aujourd’hui n’existe plus malheureusement. C’était un très beau parcours avec le Ventoux, les Alpies, Montagne du Louvre, etc. Mais là, j’ai souffert. Donc là, j’étais vraiment encore très débutant dans la discipline. Et voilà. Là aussi, j’ai fait mes apprentissages pendant les premières courses.

Ermanno : C’est marrant parce que tu vois, j’ai la même impression, alors un petit peu plus tôt, mais j’ai la même impression sur le triathlon. Moi, j’ai presque ton âge. Donc, on peut dire qu’on est plutôt jeune malgré tout, même si on n’a pas encore passé la cinquantaine. Et je me souviens quand j’avais 18 ans que je faisais du triathlon.

Ermanno : Bon, maintenant, le triathlon, c’est tellement mainstream. Qui n’a pas fait un Ironman presque ? Et c’est pareil sur l’ultra. Tu vois, on en parle. On se dit 2014, 2015, 600 bornes. C’était super dur. C’était une course où vous n’étiez pas beaucoup. Maintenant, tu as presque l’impression que quel ultra cycliste n’a pas fait sa Race Across France, voire sa Race Across America ? J’exagère, évidemment. Je grossis le trait. Mais c’est impressionnant ce switch qu’il peut y avoir sur l’endurance longue, voire l’ultra distance. Oui.

Ralph DISEVISCOURT : En tout cas, dans mon cas de figure, je parle pour moi, c’est vraiment un processus qu’il faut parcourir. Je pense physiquement et mentalement. Et ça prend des années. Donc, tu ne vas pas faire du jour au lendemain une Race Across America comme tu dis. Moi, je suis persuadé qu’il faut mettre quelques années pour vraiment se sentir prêt mentalement surtout et puis aussi être prêt physiquement.

Ermanno : Donc, je te propose qu’on continue un petit peu à dérouler le fil de ta carrière sportive. Et puis après, on reviendra justement sur ces éléments que tu abordes, c’est-à-dire être prêt physiquement, être prêt mentalement. Tu l’as dit aussi, avoir un partenaire ou une partenaire qui joue le jeu, qui t’accompagne, qui soit presque avec toi dans la préparation et dans les compétitions. Donc, 2013 ou 2014, ce premier Raid Provence, t’en chie, parlons clairement. Qu’est-ce qui fait que tu continues et que tu deviens le Ralph d’Isoviscourt qu’on connaît maintenant ?

Ralph DISEVISCOURT : Les gens, ma première participation au Raid, en plus, j’ai eu pendant la nuit une collision avec un sanglier, j’étais en tête de course et dans une des descentes pendant la nuit, il y a un sanglier qui passe la route et je rentre dedans, je fais un petit tonneau, je me relève, mais j’avais mal au dos et puis le deuxième, évidemment, il me dépasse. Omar Di Felici, qui est aussi très connu, c’est lui qui gagne la course, j’arrive seulement 10 minutes après. Donc là, j’avais une revanche à prendre, l’année suivante.

Ralph DISEVISCOURT : Je dis que si tu termines bien ou si tu arrives à faire des résultats dès le début, ça m’a donné goût aussi. D’un côté, les courses, je les vois un peu comme des aventures, comme des expériences personnelles, mais il y a quand même aussi l’esprit compétition qui compte pour moi. Donc, faire 500 km jusqu’à ça pour le plaisir, oui, c’est sympa, mais il manque un petit peu quelque chose.

Ermanno : Dixit, le gars qui se fait 100, 150 bornes par jour pour aller et revenir du boulot. Là, tu es tout seul, il n’y a personne qui vient concourir avec toi.

Ralph DISEVISCOURT : Oui, mais là, je sais que c’est la préparation qu’il me faut, qui est nécessaire pour pouvoir faire les courses, pour pouvoir arriver au résultat que je veux.

Ermanno : Bien sûr, je te taquine. Donc, tu as ta revanche à prendre et du coup, tu te réalignes l’année d’après pour prendre ta revanche et pour gagner, évidemment.

Ralph DISEVISCOURT : Pour gagner, et voilà. Après, c’était lancé. J’ai fait… Donc, ça, c’était typiquement au mois de mai-juin. Et en septembre, il y avait une course dans les Dolomites qui s’appelait la Dolomitica. C’est une course aussi sur 600-700 km, mais là, avec 17 000 m de dénivelé. Le ratio. Et c’était aussi une manche de qualification pour la RAM. Bon, ce qui, à ce moment-là, n’était pas du tout un critère pour moi.

Ermanno : RAM, la Race Across America, pour ceux qui…

Ralph DISEVISCOURT : Et là, par surprise, comme j’ai déjà dit, je ne suis pas un pur grimpeur, mais bon, je me débrouille plutôt bien quand même dans les bosses. Et là, j’arrive aussi à gagner devant Martio Bruseghin, qui, à l’époque, était… Enfin, il venait juste de terminer sa carrière. C’est l’ex-champion italien chez les pros. Et donc, voilà. J’arrive à remporter la course. Et du coup, voilà, j’étais qualifié pour la Race Across America.

Ermanno : Et là, c’est le début d’une vraie histoire dans l’ultra. Voilà.

Ralph DISEVISCOURT : Après, bon, tout de suite après la course, bon, la RAM, ce n’était pas un sujet du tout. Et bon, on rentre à la maison, discutons avec mon épouse. Bon, elle me dit, c’est quand même sympa. Enfin, réfléchissez-y quand même. Et puis, voilà, le projet est lancé. Parce que là, je dis, c’est vraiment un projet. Après, il faut se mettre à la recherche de partenaires. Enfin, financiers, pour matériel, etc. C’est toute une organisation.

Ermanno : C’est déjà une épreuve en soi pour pouvoir se retrouver à la ligne de départ, je dirais, Ce n’est plus la même chose. Et toutes ces premières courses que tu as faites, à partir de 330 bornes, à partir du Tour du Mont-Blanc, est-ce qu’il y a une distinction entre pro et amateur, élite et groupe d’âge ? Ou là, finalement, on est tous dans le même bateau, tous dans le même bain, tous dans le même peloton, en fait ?

Ralph DISEVISCOURT : Tous le même bateau. Maintenant, en ultra, bon, il y a presque toutes les courses. Maintenant, il y a deux catégories d’âge. Il y a les en-dessous de 50 ans et les plus de 50 ans.

Ermanno : Bon, tu es encore en-dessous, toi.

Ralph DISEVISCOURT : Pour l’instant, je suis encore chez les jeunes, oui.

Ermanno : Et allons-y, restons sur ce projet Race Across America. Donc, tu en parles avec ton épouse qui te dit, regarde quand même, tu vois. Pour revenir sur le triathlon, c’est un peu comme quand tu as obtenu une qualif pour Hawaï. Ta femme, souvent, elle te dit, regarde quand même, Hawaï, c’est sympa. Les vacances, ça peut être cool, non ?

Ralph DISEVISCOURT : Non, mais voilà, là, je ne me sentais pas encore prêt du tout. Enfin, je n’avais pas d’expérience. J’avais juste roulé une nuit. Donc, sachant que la rame, voilà, tu es parti pour aller entre 8 et 12 jours. Et donc, ça, c’était en 2014 où je me suis qualifié. Et bon, je me suis dit, là, 2015, c’est trop tôt. Et puis, 2015, c’était un peu une année de transition. Je me disais, voilà, là, je veux faire un peu plus de courses. Je veux gagner. Je veux gagner en expérience. Je veux que mon équipe aussi, mon équipe d’assistance, gagne en expérience également. Parce que c’est important aussi. Et donc, là, j’avais fait Race Across the Alps, qui est très dur aussi. Une course de 500 kilomètres avec 13 000 dénivelés. Bon, là, il y avait vraiment des purs grimpeurs. J’ai fini troisième. C’était déjà pas mal.

Ermanno : Il y avait des purs grimpeurs. Il y avait deux purs grimpeurs, quoi. Parce que toi, tu étais troisième.

Ralph DISEVISCOURT : Et puis, après, j’ai fait le Tour de la Suisse, le Tour Tour. 1000 kilomètres. Donc, ça, c’était une première pour moi où je roulais plus qu’une nuit, en fait. Et ça, c’était très instructif, disons, pour moi, en tout cas. C’était très dur parce que là, on roulait donc deux nuits d’affilée sans dormir. C’est vraiment la première fois où j’ai senti le manque de sommeil avec des hallucinations, etc., avec tout ce qui va avec. Et Tour Tour, j’ai remporté également. Donc, et voilà. Tout ça, ça m’a donné confiance pour la suite. Et donc, pour 2016, je me suis lancé dans la Race Across America pour la première fois.

Ermanno : Parce qu’une qualif que tu obtiens pour la Race Across America, elle est valable jusqu’à ce que tu y ailles ou tu as une durée ?

Ralph DISEVISCOURT : Elle est valable deux ans. Et une fois que tu as fini la course, la rame, tu es qualifié à vie. Donc, tu peux le refaire autant de fois que tu veux.

Ermanno : Tu peux y retourner autant de fois que tu veux. Voilà.

Ralph DISEVISCOURT : Tu n’as plus besoin de te faire qualifier.

Ermanno : Oui, mais c’est parce que ce ne sont que les meilleurs qui y vont.

Ralph DISEVISCOURT : Comme j’ai dit, après, il y a toute la logistique à organiser aussi. Donc, rien que pour arriver à la ligne de départ, c’est déjà une réelle épreuve. C’est déjà très compliqué. Ça demande beaucoup d’efforts et d’énergie.

Ermanno : Et comment on organise ça justement ? Parce que tu l’as dit, il y a la partie logistique. Donc, il faut organiser la team qui va t’accompagner parce que ce n’est pas une course. Alors, c’est une course où tu es en solitaire. Tu es le seul à pédaler sur le vélo. Par contre, tu es obligé d’avoir une assistance. Donc, comment tu organises cette assistance ? Il faut trouver du monde qui est disponible. Il faut trouver du monde qui veut bien venir bénévolement, gracieusement ou contre finance. Du coup, il faut trouver aussi des partenaires financiers ou des sponsors à moins que ton épouse travaille pour deux et que vous puissiez vous le permettre. Est-ce que tu peux nous expliquer un peu tout ça ?

Ralph DISEVISCOURT : Voilà. Il y a tout ça. Comme tu dis, il y a tout ça à mettre en musique. Donc, je me suis mis à… Voilà. Je me suis demandé auprès de mes amis, de mes collègues, de ma famille qui seraient intéressés éventuellement à partir avec moi pendant deux semaines aux États-Unis en juin 2016. J’ai envoyé je ne sais pas combien de demandes de sponsoring à gauche, à droite, à plein de sociétés que je connais. J’ai écrit à tous les magasins vélo que je connaissais, etc. Et après, ça s’est construit petit à petit. Pendant longtemps, en fait, tu es dans l’incertitude. Parce que tu ne sais pas si tu vas y arriver ou pas. Les budgets… Moi, je dis pour faire une rame correcte, il faut compter entre… À l’époque, il fallait compter entre 30 et 40 000 euros de budget si tu veux que ton équipe d’assistance n’ait pas de frais. Donc, en fait, ils doivent prendre congé si ils travaillent encore. Mais sinon, tu ne vas pas pouvoir leur payer un salaire ou je ne sais pas quoi. Mais voilà, c’est déjà un gros sacrifice comme ça. Mais au moins, comme ça, c’est… Ils n’auront pas de frais liés au voyage, etc. Et ça, c’était toujours un peu ma philosophie. Donc, s’il y a des gens qui viennent avec moi, voilà, je veux qu’ils puissent le faire dans de bonnes conditions. Parce qu’il y en a si d’autres qui le vendent, entre guillemets, comme un team building. Donc, ils cherchent des gens, ils leur disent, voilà, si vous venez, voilà, c’est super, c’est un team building. Mais il faut payer vos frais. Donc, ça, bon, ce n’était pas du tout ma vision des choses.

Charly : Salut les sportifs, c’est Charlie d’OpenTree et je me permets d’interrompre votre podcast un très très court instant. Si l’épisode que vous êtes en train d’écouter vous plaît, alors on a besoin de vous. Est-ce que vous pourriez prendre 10 petites secondes pour ouvrir votre appli de podcast préférée, y trouver la fiche du podcast Devenir Triathlète xOpenTree et nous laisser une note, de préférence 5 étoiles, en nous disant ce qui vous plaît le plus dans le podcast. Ça vous prendra seulement quelques secondes. Mais ça nous permettra de continuer à améliorer le podcast et à se faire découvrir par d’autres auditeurs triathlètes. Un immense merci à vous qui allez laisser une note et on se retrouve tout de suite pour la suite de votre épisode.

Ermanno : Ce qui n’est pas énorme, le budget que tu nous annonces, parce qu’à ce micro, j’ai reçu aussi Philippe Moreau. Alors lui, c’est sur la course à pied, ultra runner. Il a traversé l’Australie en courant et lui, il nous a annoncé un budget pas loin des 100 000 euros à l’époque, quand il l’a fait. Parce qu’il se déplace avec deux véhicules, il se déplace avec quatre ou cinq personnes en plus de lui. Il faut dormir tous les jours. Il y a des heures et des soirs pour lui et pour les autres, soit dans des hôtels, soit dans le camping-car. Donc voilà, ça ne fait pas le même budget. C’est vrai que la rame, déjà, c’est plus rapide parce que la traversée des États-Unis en courant, c’est 38 jours. Mais la rame, c’est entre 8 et 12, tu as dit. Et puis en fait, tout le monde dort en même temps que toi, c’est-à-dire jamais.

Ralph DISEVISCOURT : Après, ça dépend de l’organisation de ton équipe d’assistance. Donc moi, typiquement, j’avais, disons, neuf personnes, trois dans le camping-car et deux fois trois personnes qui me suivaient dans le camping-car. Donc ça, c’était un peu toujours notre organisation. Et après, oui, tu as les vols, tu as les voitures de location. Mais bon, on dormait toujours dans le camping-car, donc on n’avait pas d’hôtel, en tout cas sur la route. Après, évidemment, au départ et à l’arrivée, oui. Mais le budget le plus important, c’est pour les vols, clairement. Et ça, bon, les prix des vols ont flambé dernièrement. Voilà, je pense qu’aujourd’hui, le budget est largement au-dessus de 50 000 €. Oui.

Ermanno : Et du coup, tu pars pour cette Race Across America 2016. Raconte-nous tout. Comment ça se passe ? Fais-nous vivre un peu déjà le jour du départ.

Ralph DISEVISCOURT : Le jour du départ, tu es juste content de pouvoir partir parce que tu n’attends que ça. Tu as préparé ça pendant des mois, pendant des années. Tu as investi beaucoup d’énergie là-dedans. Donc voilà, tu veux juste que tu te lances sur ton vélo, que tu puisses découvrir ce beau pays. Et tu pars complètement dans l’inconnu parce que, bon, à ce moment-là… Bon, j’avais fait quelques courses déjà avant, comme j’ai dit. Mais voilà, une rame, c’est quand même autre chose. On parle de 5 000 km. Bon, le dénivelé, ce n’est pas tellement impressionnant, c’est 50 000. Sur la distance, ça va. Mais après, la rame où j’avais vraiment peur, c’était vraiment les conditions climatiques. D’autant plus que, voilà, comme je travaille, je ne pouvais pas me permettre de prendre congé pendant un mois ou deux mois pour pouvoir m’acclimatiser de l’autre côté, à chaleur, éventuellement même à l’altitude. Donc voilà, on partait un peu en touriste, je dirais. On débarquait là-bas deux, trois jours avant. Et je me mettais sur le vélo et je partais. Et c’est vraiment… Enfin, pour moi, le plus dur sur cette course-là, c’est vraiment le changement des conditions climatiques. Donc, tu passes à la côte, il fait agréable. Après, au bout de deux jours, c’est bon. Après deux, trois heures, tu te retrouves déjà dans le désert où tu as 35, 40 degrés. Et puis, tu passes dans les rocheuses où tu peux avoir de la neige même en été. Après, il y a les plaines du Midwest au Kansas où ça a des longues lignes droites de 80 km. C’est affreux. Si là, tu as encore plus de vent de face, tu meurs. C’est terrible. Et puis, sur la fin, tu as le massif des Appalaches où tu as les pompes les plus raides. En fait, là, tu as des montées à 15, 20 %. Enfin, c’est un peu comme les Vosges. Je compare toujours aux Vosges. Et ça, c’est au bout de 4500 km. Donc, on n’est plus tellement frais. Donc, pour moi, la première expérience était vraiment dure. D’autant plus, j’avais un peu des soucis de santé parce que, bon, là aussi, c’est un peu manque d’expérience. On partait trop vite. On regardait trop les concurrents. Donc, je me battais pour la tête de la course avec un Allemand qui a fini par gagner. Pierre Bischoff. Et du coup, j’arrivais dans les Rocheuses. J’étais déjà trop fatigué. Mon corps avait déjà trop souffert. Et puis, il y a eu du liquide qui s’est accumulé dans mes poumons.

Ralph DISEVISCOURT : J’étais vraiment très près de l’abandon à ce moment-là. Donc, j’ai dû m’arrêter pendant presque une demi-journée. On a pris une chambre d’hôtel. J’avais un médecin dans l’équipe d’assistance pour surveiller mon état de santé. Je pense que ça, c’est primordial sur une telle course.

Ralph DISEVISCOURT : Et voilà. Donc, il a pris la décision. Allez, on va maintenant faire une pause. Et puis, on va voir si on peut continuer ou pas. Et on était vraiment… Il me donnait 5-10 % de chance de pouvoir repartir après 12 heures. Et puis, on est reparti la nuit où il faisait un peu plus frais. Voilà, tu n’avais pas la grosse chaleur de la journée. Et j’ai réussi à récupérer un peu après. Et voilà, sur la fin… À ce moment-là, évidemment, j’avais toujours en tête de faire une belle place, évidemment, sur la course, un podium. Pourquoi pas gagner parce que cette année-là, le grand favori de toujours, Christophe Strasser, n’était pas là. Donc… Et là, au bout de 2-3 jours, voilà, j’étais confronté à la réalité, la dure réalité. Et voilà, le classement, il était vraiment secondaire. Donc, la priorité, c’était… À ce moment-là, déjà, de rallier la ligne d’arrivée.

Ermanno : Vas-y, je te laisse continuer et nous raconter un petit peu, justement, comment ça se passe.

Ralph DISEVISCOURT : Après, j’ai miraculeusement réussi à récupérer. On a mieux géré, je dirais, notre effort. On a fait des pauses plus régulièrement.

Ralph DISEVISCOURT : Donc, on roulait surtout la nuit. Et pendant les grosses chaleurs de la journée, on faisait nos siestes. Et ainsi, j’ai réussi à remonter dans le classement un par un. Puis, bon, j’ai quand même fini quatrième en… C’était quoi ? 10 jours et demi, à peu près.

Ermanno : Ouais, 10 jours, 11 heures et quelque chose. Attention, j’ai mes fiches. 10 jours, 18 heures et 19 minutes. Attention.

Ralph DISEVISCOURT : Et puis, bon, à l’arrivée, voilà, tu es quand même content de l’avoir faite. y a un énorme soulagement, une énorme satisfaction. C’est… C’était génial.

Ralph DISEVISCOURT : C’était une très belle aventure aussi avec l’équipe. Enfin, il y avait une bonne entente, une bonne ambiance au niveau de l’équipe, ce qui est vraiment très important aussi. Et voilà. En fin de compte, on a passé une superbe semaine ou deux semaines aux États-Unis avec l’équipe.

Ermanno : Bon, après, tu n’en profites pas trop des États-Unis pour le coup. Là, tu es vraiment focus sur ta course. Mais quand tu finis quatrième, enfin, quand tu finis, parce que quel que soit le classement sur une course comme ça, l’important, c’est de finir. Qu’est-ce qui se passe ? Est-ce que tu célèbres ? Est-ce que tu fais la fête pendant deux jours ? Ou est-ce que tu dors pendant deux jours pour récupérer tout ça ?

Ralph DISEVISCOURT : Bizarrement, oui. On a vraiment du mal à s’endormir par après. Enfin, pendant la course, tu te dis, voilà, à l’arrivée, je vais dormir pendant une semaine. Non, enfin, j’avais vraiment du mal à retrouver un rythme de sommeil normal après. Donc là, il m’a fallu quelques semaines, même à la maison, pour retrouver un rythme à peu près normal. Mais sinon, oui, on a fait la fête évidemment avec l’équipe. Donc, on a fêté ça comme il faut.

Ermanno : Et à quel moment tu te dis, allez, je crois que j’ai trouvé ma voie, l’ultra-cyclisme, c’est vraiment pour moi, et puis que tu enclenches la suite ?

Ralph DISEVISCOURT : Déjà, après la première course, comme je suis resté là, je l’ai abandonné après. Ça, je ne l’avais pas encore dit, mais j’ai continué encore un peu en parallèle les courses amateurs jusqu’en 2014 à peu près. Mais bon, les entraînements sont… Oui. Ce n’est pas vraiment compatible. Si tu veux t’entraîner pour des courses du dimanche, éventuellement le vendredi ou le samedi, il faut un peu lever le pied. Alors que si tu veux faire de la longue distance, il faut quand même faire des kilomètres. Donc, c’était un peu une situation délicate pour moi. Et au bout des dix ans dans le milieu amateur, je me suis dit, voilà, tu as fait le tour. Tu as réussi à obtenir ce que tu voulais. De toute façon, je n’avais jamais d’ambition, comme j’ai déjà dit avant, pour passer pro et je voulais passer à autre chose. Et voilà, je pensais que j’étais plus prêt à prendre les risques aussi, comme j’avais dit avant, pour faire ces courses amateurs nerveuses. Plutôt faire de l’ultra où tu es tranquille, toi, tout seul sur ton vélo, il n’y a personne autour, même s’il y a parfois un sanglier qui traverse la route.

Ermanno : Oui, j’imagine, oui. Ce n’est pas le même effort. Ce ne sont pas les mêmes risques non plus. Disons que sur l’ultra, tu prends le risque de la fatigue, de la blessure. J’avais reçu sur le podcast aussi Perrine Fage qui nous expliquait que des fois, elle roule, elle roule, elle roule jusqu’à ce que boum, elle tombe parce qu’elle s’endort sur le vélo.

Ralph DISEVISCOURT : Il faut éviter. Il faut éviter d’arriver à ce stade-là.

Ermanno : Comment tu gères ça, toi, d’ailleurs ? Comment est-ce que tu arrives à gérer ton corps, ton mental pour savoir jusqu’où tu peux aller avant de t’arrêter ?

Ralph DISEVISCOURT : Pour moi, la première priorité reste quand même la sécurité. Moi, je suis plutôt quelqu’un qui fait beaucoup de pauses par rapport à des concurrents directs. Si on prend un Christophe Strasser qui fait une rame avec 7-8 heures de sommeil en tout, ça, moi, je ne peux pas le faire. Je sais que j’ai besoin d’aller d’une à deux heures toutes les nuits. Je préfère rester lucide et prendre moins de risques, éventuellement finir deuxième ou troisième, que de tout risquer pour gagner la course. Ça, pour moi, c’est clair et net.

Ralph DISEVISCOURT : Première priorité, c’est toujours d’arriver sans et sauf la ligne d’arrivée. Pour moi, c’est primordial.

Ermanno : Et comment tu gères ça, justement ? Parce que j’imagine que pour faire des courses comme ça, d’ultra, il faut avoir un mental d’acier. Tu en parlais tout à l’heure. Ce qui te permet d’en être là où tu en es aujourd’hui, c’est la préparation physique, mais c’est aussi le mental. Et c’est tout ce que tu mets, évidemment, encore en plus autour. L’hygiène de vie, l’alimentation, le sommeil. L’organisation familiale, etc. Mais comment est-ce que tu fais mentalement pour savoir jusqu’où tu peux aller ? J’entends que tu es plutôt à un profil à ne pas tout risquer ou ne pas aller sur des risques démesurés. Mais justement, comment tu calcules les risques ? Comment tu sais qu’à 23h39, tu avais prévu de rouler jusqu’à 23h59 ? Tu dis non, c’est bon. Là, 20 minutes plus tôt, j’arrête 20 minutes plus tôt. Je repartirai 20 minutes plus tôt. Mais là, il faut que j’arrête. Parce que sinon, je perds en lucidité.

Ralph DISEVISCOURT : Au fil des années, je pense que je peux dire que je connais mon corps très bien. Et je sens jusqu’où je peux aller quand je dois lever le pied, etc. Et c’est aussi une des raisons pour moi pourquoi je préfère les courses avec assistance. Sachant qu’aujourd’hui, le train va plutôt dans l’autre direction des courses unsupported, comme ils disent, sans support. Donc là, j’ai l’équipe d’assistance derrière moi qui, eux, me voient sur mon vélo. Ils voient mon état. Et ils peuvent aussi prendre des décisions à un moment donné. De me dire, voilà, stop, maintenant, tu t’arrêtes. Voilà, à un moment donné, c’est plutôt eux qui prennent les relais et qui prennent les décisions.

Ermanno : Bon, et comment tu prépares ton mental, justement, pour tout ça ? Déjà, rouler matin et soir, quel que soit le climat, c’est déjà pas mal pour se préparer. Mais comment tu prépares ça ?

Ralph DISEVISCOURT : Tu viens de le dire. Pour moi, c’est vraiment ça. Comment dire ? ‘entraînement mental, c’est ça. C’est d’avoir cette routine de faire du vélo tous les jours, deux, trois fois par jour, de cette discipline. Voilà, c’est ça ce qui, pour moi, c’est la base.

Ralph DISEVISCOURT : C’est ça ce qui fait ma force mentale, je pense. En course, après, tu peux te dire, enfin, là aussi, il faut connaître son corps, il faut connaître ses forces et ses faiblesses. À un moment donné, il faut savoir. S’il y a un concurrent qui te dépasse, il faut savoir dire non, je ne vais pas le suivre. Je vais le laisser et je vais gérer mon effort et je vais essayer de le rattraper par après. Donc, tout ça, c’est vraiment de la confiance en soi et de pouvoir compter sur ses forces. Je pense que ça, c’est très important. C’est comme ça aussi que j’ai remporté plusieurs courses. Par exemple, la Race Across Italy, où je vais y aller dans trois semaines. ‘était à chaque fois. Enfin, des scénarios très similaires où, à un moment donné, il y a des concurrents qui me dépassent et je me dis, à ce moment-là, lui, il était plus fort. Je vais le laisser partir. Sur le coup, ça peut faire mal ou ça peut être frustrant. Mais voilà, il faut savoir jusqu’où on peut aller et puis espérer ou compter sur ses forces, son endurance, sa résistance sur la fin.

Ermanno : Il faut aussi parfois stick to the plan, se tenir au plan. Est-ce que toi, tu as un plan, justement, que ce soit dans la préparation, dans la stratégie de course ? Surtout qu’on n’est pas sur des courses de deux heures quand on est sur des courses de deux semaines plutôt. Enfin, deux semaines plus maintenant. Est-ce que toi, tu as un plan, que ce soit sur la prépa ou sur la course ?

Ralph DISEVISCOURT : Je connais encore très, très bien. Et je pense qu’entre temps, je sais ce qu’il faut faire pour que je sois en forme. Quand il le faut. Maintenant, je n’ai pas de plan fixe tous les jours où je me dis, voilà, aujourd’hui, je dois faire autant d’heures avec des intervalles tel et tel. Non, ça, je ne travaille pas avec un entraîneur non plus. Donc, c’est aussi un peu dû à ma situation professionnelle, familiale, etc. Voilà, tu as toujours d’autres contraintes qui font que tu ne peux pas faire ce que tu avais prévu. je roule un peu comme j’ai envie, comme j’ai le temps. Voilà, comme cela peut. Voilà. Tu peux arranger la vie professionnelle et la vie privée.

Ermanno : Tu me casses mon rythme parce que du coup, j’allais te demander des bons conseils, des bons tuyaux pour celles et ceux qui voudraient se mettre aussi à l’ultra et performer comme toi. Mais du coup, tu n’as pas de recette. Il n’y a pas de plan.

Ralph DISEVISCOURT : Je ne dirais pas que je n’ai pas de plan du tout.

Ralph DISEVISCOURT : Disons, il n’y a plus, disons, pas de plan micro. C’est plus un plan macro. Donc, je sais que voilà, aller sur un mois ou sur les semaines. Je sais quand il faut que j’augmente un peu le volume, que je fasse un peu plus de dénivelé. Voilà. Donc, je fais quand même ce genre de truc. Mais ce n’est pas, maintenant, je n’ai pas de plan de sortie pour sortie. Donc, c’est vraiment plus high level.

Ermanno : Alors, on a passé rapidement un petit peu en revue ta première partie de carrière. Tu nous fais un highlight de ton palmarès, des plus beaux moments, des plus beaux podiums parce qu’on l’a compris, tu es quand même relativement habitué au podium ou à la marche juste après. Les quatrièmes.

Ralph DISEVISCOURT : Les deux participations à la rame, évidemment, ça reste, je dirais, parmi le top. Après, ce qui m’a marqué très fort aussi, c’est mon record du monde 24 heures que j’ai établi ici à Luxembourg en 2020.

Ralph DISEVISCOURT : Donc, c’était, enfin, après, tu as différentes catégories. Dans les…

Ralph DISEVISCOURT : Dans les records 24 heures, c’est sur piste intérieure, extérieure ou sur un circuit. Et moi, j’avais fait sur un circuit à l’extérieur. J’ai fait 915 kilomètres. Le record, à l’époque, était de 895, je pense. Donc, voilà, j’avais assez largement battu le record. Entre temps, il a été rebattu. Mais bon, à ce moment-là, donc, je détenais vraiment le record du monde. Et ça, bon, ça, c’était vraiment un truc génial. C’était… En plus… C’était sur un circuit…

Ermanno : C’est ce que j’allais dire, sur un circuit outdoor. Donc, le mec, c’est un hamster, quoi.

Ralph DISEVISCOURT : C’était un circuit de 4,4 kilomètres. Donc, ça allait encore. Il y avait un peu de distraction quand même. Et comme c’était à l’extérieur, bon, c’était en pleine… Enfin, juste après le premier confinement Covid. Donc, il n’y avait pas encore d’événements sportifs ailleurs. Donc, je vais… Enfin, le moment était vraiment idéal. J’avais tout le focus presque national. De la presse, enfin, tout le public. Tous les gens étaient là. En plus, le résultat sur la fin, voilà, était là. Donc, ça, pour moi, ça reste peut-être même la plus belle expérience de ma carrière en tant que cycliste.

Ermanno : Et tiens, pour les luxembourgeois qui nous écoutent ou ceux qui connaissent Luxembourg, le circuit, il était situé où ?

Ralph DISEVISCOURT : C’est sur un bassin d’eau autour de Vianden. Donc, c’était sur les hauteurs. Il y a une station hydroélectrique. Donc, il y a un bassin d’eau. Donc, c’est tout à fait plat avec… Le revêtement était plus ou moins OK aussi. Bon, pas idéal, mais bon, ça allait. Et donc, le circuit faisait 4,4 kilomètres. Et ça, c’était vraiment génial. Bon, l’année d’après, j’ai fait aussi une tentative de record du monde sur un vélodrome à l’extérieur. Bon, ça, c’était un peu plus monotone déjà. Donc là, on tournait sur un rang de 400 mètres. Je faisais… Je faisais à peu près 930 kilomètres. Donc, ça, c’était…

Ermanno : Ce n’est pas la même histoire.

Ralph DISEVISCOURT : Non, ce n’est pas la même histoire. Mais bon, comme tu dis, c’était à l’extérieur. Donc, ça allait encore.

Ermanno : Oui, mais en même temps, ça travaille le mental. Moi, je sais que quand j’ai préparé ma traversée de la France en courant, j’étais encore partiellement au Luxembourg. Et j’ai beaucoup couru le long de la Moselle entre Grévemar et… Rémiche. Rémiche, voilà. Entre Grévemar et Rémiche. Et c’est vrai que… Quand c’est tout plat et que c’est tout droit, le mental, ça travaille. Donc, pareil, quand tu fais des tours de pistes sur un vélodrome, ça fait travailler, quoi. Oui.

Ralph DISEVISCOURT : Non, mais ici, enfin… Donc, le premier but, c’est évidemment le record des 24 heures. Mais après, tu as aussi des records intermédiaires. Donc, tu as 6 heures, 12 heures. Tu as 100, 200, 300 et 500 kilomètres les miles à chaque fois. Et là, si tu bats également les records intermédiaires, voilà, ça te donne de la motivation. Tu as des buts intermédiaires. Donc, ça te permet de rester quand même concentré et pas seulement sur les 24 heures.

Ermanno : Quel conseil tu pourrais donner justement à quelqu’un qui veut se lancer dans l’ultra, qui veut se lancer dans des records comme ça, qui veut peut-être juste simplement se lancer dans un projet qui te fait vibrer comme toi ? Tu as fait de la course amateur et puis tu t’es rendu compte que plus tu es long et plus tu es bon et meilleur tu étais. Donc, tu as eu un déclic quelque part. Quel conseil tu pourrais donner à quelqu’un qui cherche ce déclic ou qui l’a fait ? Qui l’a trouvé et qui voudrait se lancer ?

Ralph DISEVISCOURT : Premièrement, je dirais qu’il ne faut pas hésiter et qu’il ne faut pas avoir peur. Moi, je ne suis pas un surdoué.

Ralph DISEVISCOURT : Mon point fort, c’est peut-être ma discipline et la chance que j’ai que j’ai peu de blessures ou pratiquement jamais. Donc, c’est peut-être l’avantage que j’ai. Mais sinon, voilà, je dis toujours qu’il ne faut pas avoir peur. Il faut avoir certes du respect devant ces courses-là. Il ne faut pas prendre à la légère non plus. Mais je pense que si on est motivé, il faut avoir du respect devant ces courses-là. Si on veut vraiment le faire et si on est motivé, si on a la discipline, je pense que tout le monde, entre guillemets, peut y arriver. Ce n’est pas quelque chose de surhumain, ce qu’on fait. Non, non, non, certainement pas.

Ralph DISEVISCOURT : Il ne faut pas hésiter, ne pas avoir peur. Du respect, oui, mais ne pas avoir peur de se lancer.

Ermanno : Bon, ça marche. Écoute, Ralph, merci beaucoup. Est-ce qu’il y a des questions ? Est-ce qu’il y a des choses qu’on n’a pas abordées que tu aurais bien voulu toucher du doigt aujourd’hui ?

Ralph DISEVISCOURT : Écoute, on a un peu fait le tour.

Ralph DISEVISCOURT : Après, je trouve que l’ultra, voilà, c’est une discipline vraiment magnifique. Moi, ça m’a permis aussi de découvrir des régions, des pays entiers que je ne connaissais pas avant. Donc ça aussi, je pense que c’est un aspect qui est très important. Enfin, tu disais, on ne prend pas vraiment plaisir lorsqu’on traverse les États-Unis. Je ne suis pas vraiment tout à fait d’accord.

Ermanno : Non, je n’ai pas dit que tu ne prends pas plaisir. J’ai dit que tu ne visites pas.

Ralph DISEVISCOURT : Tu ne visites pas, mais quand même, d’une autre manière. Tu traverses un pays à vélo, c’est une autre traverses en voiture. Certes, la nuit, tu ne vois rien. Je suis d’accord, mais tu vois quand même des beaux paysages. En général, voilà, on traverse des régions qui ne sont quand même pas trop mal. Crosse-France, par exemple, voilà, tu traverses des régions magnifiques.

Ralph DISEVISCOURT : Je trouve que ça aussi, ça fait partie de la vie. C’est une partie du jeu. C’est un élément très important pour moi aussi.

Ermanno : C’est bien noté. Juste pour terminer, où est-ce qu’on te suit, qu’on te contacte, qu’on t’encourage, qu’on vient contribuer à tes éventuels collectes de fonds pour tes prochains objectifs ?

Ralph DISEVISCOURT : Je suis présent sur les réseaux sociaux, surtout Facebook. Il y a mon surnom Dizzy. D-I-Z-Z-Y.

Ralph DISEVISCOURT : Voilà. On peut me trouver si on veut. Bon, je ne suis pas trop Insta ou autre. Je suis surtout concentré sur Facebook encore. Enfin, vieille génération.

Ermanno : On est des boomers. On n’a pas 50 ans, mais pas loin. Et est-ce que comme l’ami Théven Le Yarik, tu es un fan de partager sur les réseaux pendant que tu roules ?

Ralph DISEVISCOURT : Non. Non.

Ermanno : Toi, tu es à fond dans ton expérience. Non.

Ralph DISEVISCOURT : Mon équipe d’assistance pose des nouvelles pour ceux qui veulent bien me suivre. Oui, non. Mais moi, personnellement, non. Je me concentre sur mon effort et je laisse les autres gérer ça.

Ermanno : Ça marche. Écoute, merci encore, Ralph. On te souhaite une bonne continuation. Bon Racecross Italie dans quelques semaines. Et puis, un petit coucou quand même à Aurélien Dobels, qui nous a mis en relation et qui, lui, va faire le tour du Luxembourg en courant au mois de mai. Est-ce que tu vas l’accompagner sur une ou deux étapes avec le vélo ou pas ?

Ralph DISEVISCOURT : Ça, c’est un beau projet, ça. Oui. Ça, c’est un beau projet. Pour moi, court à pied, ce n’est pas trop mon truc. Non, mais tu lui fais l’assistance en vélo.

Ermanno : Tu lui tends le bidon de temps en temps.

Ralph DISEVISCOURT : Voilà. Voilà. Je lui ai proposé ça. Ça marche.

Ermanno : Merci beaucoup, Ralph. À bientôt.

Ralph DISEVISCOURT : Merci beaucoup à toi. Ciao.

Ermanno : Ciao. C’était Devenir triathlète X OpenTree. Merci d’avoir écouté cette vidéo. Je vous remercie d’avoir regardé cet épisode jusqu’au bout. Nous, on a pris beaucoup de plaisir à l’enregistrer. Alors, si ça vous a plu, vous pouvez nous suivre sur nos réseaux sociaux Instagram, LinkedIn et Facebook. On se rejoint maintenant sur devenir-triathlète.com. Vous allez retrouver l’ensemble des épisodes, mais aussi des outils, des ressources et des conseils gratuits pour débuter, progresser ou performer en triathlon. On ajoute toutes les semaines de nouvelles ressources. Si vous avez une idée d’invité, n’hésitez pas à nous envoyer un petit message. Et si vous voulez être accompagné par notre équipe, n’hésitez pas à nous envoyer un premier sur vos prochains objectifs sportifs. Connectez-vous sur OpenTree.fr et on se fera un plaisir de vous aider. Alors, n’hésitez pas. On se retrouve tout de suite sur devenir-triathlète.com et OpenTree.fr. Salut les sportifs.

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