#436 [SPECIAL PODCASTHON] L’épanouissement par le sport : La reconstruction de Mona Francis, paratriathlète

🎙️ Dans cet épisode, on reçoit Mona Francis, une paratriathlète de l’équipe de France de Triathlon qui compte déjà 2 participations aux Jeux Paralympiques.

💬 De son accident de moto à l’âge de 21 ans à sa découverte de la natation pour se reconstruire jusqu’à son premier départ en paratriathlon, Mona nous raconte son long combat.

💙 Mona a aussi été très engagée pour le Comité Départemental Handisport de l’Ouest Atlantique et encourage tout le monde à venir prêter main forte !

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🏃🏼‍♀️ Notre invitée :

💬 La transcription de l’épisode

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Ermanno : Salut les sportifs, c’est Ermanno et je suis très heureux de vous recevoir pour un nouvel épisode du podcast Devenir Triathlète X OpenTri pour boucler cette série spéciale Podcasthon. Je le rappelle, le Podcasthon, c’est une initiative portée par une ONG qui incite les podcasteuses et les podcasteurs à mettre en avant des actions caritatives, que ce soit des associations, des personnes. Et puis, dans mon cas, via DevenirTriathlète, je veux mettre en avant le paratriathlon, je veux mettre en avant les femmes et c’est pour ça qu’aujourd’hui, j’ai une invitée qui est Mona Francis. Salut

Mona FRANCIS : Mona. Salut, salut

Ermanno : à tous. Mona, peut-être pour commencer, avant de rentrer dans le vif du sujet, je te propose de te présenter. Dis-nous tout, qui est Mona Francis ?

Mona FRANCIS : Alors aujourd’hui, je suis sportive de haut niveau. J’ai 34 ans. Je pratique du paratriathlon dans la catégorie fauteuil, donc PT, WSC. J’ai deux Olympiades. J’ai participé aux Jeux de Tokyo, donc aux Jeux de Paris également. Et puis, voilà, je suis repartie à l’entraînement depuis quelques mois déjà pour préparer, on verra, pourquoi pas, les prochains Jeux.

Ermanno : Donc, elle est 2028 ?

Mona FRANCIS : Oui, c’est ça. Après, voilà, on est en 2025, c’est l’année post-olympique. Il y a eu peu de temps entre Tokyo et Paris pour se poser. Donc, je profite de cette année un peu pour me poser, pour centrer un peu les choses, sur les choses essentielles de la vie, on va dire. Et puis, on verra où ça me mène. En fait, je continue déjà de… de prendre plaisir à l’entraînement, de m’entraîner, d’évoluer. Et puis, on verra pour 2028 comment ça va se passer. Il y a toute la phase de qualification, déjà en équipe de France, la qualification pour les Jeux. Donc, c’est un long processus auquel je commencerai à réfléchir je veux dire, d’ici la fin

Ermanno : de saison. Ok, donc c’est fin de saison 2025, donc après, il te restera trois ans pour boucler la campagne de préparation JO. Corrige-moi si je me trompe, à moins que les éléments changent. Mais 2028, l’objectif aussi pour les Américains, au-delà de refaire une grande fête autour des Olympiades, c’est aussi de mélanger les épreuves pour les valides et pour les para-athlètes. Est-ce que c’est toujours à l’ordre du jour ou au contraire, ça s’annonce difficile ?

Mona FRANCIS : Alors, je ne sais pas. J’en ai aucune idée. Je sais qu’il y a beaucoup, beaucoup de gens, on va dire, des personnes valides, pas en situation de handicap, mais valides pour faire court, qui regrettent toujours que les Jeux paralympiques soient décalés de deux semaines ou trois suivant les saisons, mais pour ma part, je trouve que c’est vraiment une bonne chose. C’est une mise en avant, on allume sa télé, on a des Jeux paralympiques et encore, on n’arrive pas à rendre toutes les épreuves à la lumière, que ce soit dans les journaux ou à la télé, parce qu’il y a beaucoup d’épreuves en même temps. Il y a toute la question des catégories de handicap, il y a aussi tous les sports qui sont représentés, féminins, masculins, donc c’est difficile des fois de trouver l’épreuve qu’on veut, par exemple de tennis de table, de cette catégorie, de ce jour-là, des huitièmes de finale, c’est difficile. Et donc, je pense que si en plus de ça, on mettait les Jeux olympiques en même temps, alors là, on serait vraiment dans l’ombre. On ne va pas se mentir, entre une finale d’un 100 mètres nage libre en natation et un quart de finale de tennis de table paralympique, on irait tous voir le 100 mètres nage libre en finale. Donc, je pense que ça serait quand même une erreur de… de mélanger, je pense, Jeux olympiques et paralympiques. Après, voilà, c’est mon point de vue. On est plus mis en lumière quand on a nos Jeux sur cette période-là bien définie.

Ermanno : Ouais. Écoute, je pense que c’est des points de vue qui s’affrontent, qui se discutent. Moi, au contraire, je pense, justement, être… Je pense que si les Jeux paralympiques avaient lieu en même temps que les Jeux olympiques, peut-être, au lieu d’avoir lieu sur deux ou trois semaines, mais d’étaler sur quatre, cinq semaines, c’est-à-dire d’étaler plus les… Tu vois, mais alors pas faire trois semaines de valides et puis enchaîner tout de suite sur deux semaines de paralympiques, mais vraiment mélanger, c’est-à-dire, par exemple, faire toutes les épreuves de natation, qu’elles soient valides, paralympiques, et puis les épreuves d’athlétisme, et puis les épreuves des autres sports, etc., plus les épreuves des sports qui ne sont que en valides et les épreuves des sports qui ne sont que en para. Peut-être que ça pourrait apporter aussi un peu plus de visibilité. Enfin, c’est mon point de vue, je sais pas si…

Mona FRANCIS : Je comprends, ouais. Non, mais c’est vrai que ça se discute. Après, il faut savoir que c’est toute une période qui est quand même assez stressante, assez prenante. Moi, si on m’annonce que la cérémonie d’ouverture, elle a lieu début juillet et que la cérémonie de clôture, c’est fin août, pour moi, les jeux, ils durent deux mois, même si je cours que mi-août. Ouais, c’est quand même assez prenant, assez stressant de voir qu’il y en a qui sont sur des épreuves, alors que nous, notre épreuve, elle est dans un mois et demi. Je pense que ça peut rajouter aussi une pression supplémentaire de rallonger cette période des jeux. Nous, en triathlon, on était assez contents de passer sur le… le début de la période des jeux pour profiter. Après notre épreuve, on avait… il restait à peu près une semaine, dix jours de jeu. On a pu en profiter. On était… on était beaucoup moins stressés dans le village. On était… c’était beaucoup plus détendu. Et on voyait d’autres… d’autres personnes, des joueurs d’équipe de volée assis, par exemple, qui, eux, continuaient de… de jouer. C’est quand même assez stressant pour eux. Déjà, nous, on a cette chance, je pense, en triathlon, d’avoir une seule épreuve sur un jour, à une heure donnée. Et il y en a, ils jouent plusieurs matchs par semaine. Et… je ne sais pas comment ils font pour gérer tout ça.

Ermanno : Ouais, c’est le jeu. Ça fait partie du jeu. Mais rappelons-le quand même. On joue au volet. On joue au basket. On joue au foot. On joue à plein de sports. Par contre, on ne joue pas

Mona FRANCIS : en triathlon. Ah, moi, je joue au triathlon. Ceux qui me connaissent bien le savent. Pour moi, je joue au triathlon avant de… j’ai besoin de m’amuser, que ce soit à l’entraînement ou en compétition, de trouver une petite partie ludique. Donc, c’est… voilà.

Ermanno : Écoute, revenons un petit peu à toi, justement. Tu nous as dit que tu fais du paratriathlon fauteuil, donc catégorie PTWC. Pour WC, pour wheelchair. Est-ce que tu as toujours été para ou ça t’est tombé dessus après un accident ?

Mona FRANCIS : Alors, j’ai eu un accident de la route en 2011. Donc, il y a déjà un petit bout de temps. Et en fait, suite à cet accident, je me suis mise à faire de la natation. On va dire handisport, entre guillemets, parce que je me suis retrouvée à être la seule handisport. Mais l’objectif, c’était de rencontrer d’autres personnes en situation de handicap, de pouvoir discuter avec elles, du regard des eaux, de l’appareillage possible, de comment on commence une vie d’adulte, parce qu’à ce moment-là, j’avais 20 ans en étant en situation de handicap. Et puis, petit à petit, je me suis prise au jeu des chronos, de… voilà, des… aussi de… du changement physique, parce que quand on commence à nager, on a les bras qui poussent, on va dire. Donc, tout ça, ça m’a plu, et de là en là, j’ai fait des bonnes rencontres avec un cycliste, j’ai commencé à faire du land bike, et puis encore plus tard, j’ai commencé à… je me suis dit, je vais faire un triathlon. Mais ça a été un peu le hasard, les rencontres.

Ermanno : Et on peut revenir rapidement sur ton accident. Donc, t’avais 21 ans, si je ne m’abuse. Tu l’as dit, à ce moment-là, t’es en pleine construction. Tu passes de l’âge de l’adolescent, donc, allez, on va exagérer, de l’âge de l’enfant, entre les deux, la construction de l’adulte. Qu’est-ce qui se passe pour toi, à ce moment-là ? Enfin, si tu veux rentrer un petit peu plus dans les détails, donc, t’as ton accident, t’es consciente, tu travailles à l’hôpital. Comment ça se passe et à quel moment tu…

Mona FRANCIS : Alors, non, pour l’accident lui-même, en fait, j’ai eu un… j’étais passagère d’une moto avec un ami, on a fait une sortie de route, tout simplement à cause de la vitesse.

Mona FRANCIS : Le grand débat de ma vie, de vouloir aller vite. Mais, en fait, on a fait une sortie, une sortie de route. Moi, je me suis retrouvée 50 mètres plus loin de la moto, donc, j’ai été propulsée. Lui, il est resté sur place, il s’est pris la moto. Et donc, moi, j’ai été… Non, j’ai été consciente tout le long. Donc, il a fallu… C’était en pleine nuit, donc, une route pas très passante. Donc, j’ai appelé les secours, j’ai fait le nécessaire pour qu’on soit… pour qu’on ait du… de l’aide, pour que les secours arrivent, quoi. Et ensuite, on a été transportés à l’hôpital. La famille… J’ai vu ma famille, ils ont été sur place, c’est vite, les amis aussi. Et donc, voilà. Après, je suis rentrée au bloc sur le matin. J’ai été opérée. Et après, j’ai été opérée pas mal de fois pendant plusieurs mois. En fait, ma jambe, elle s’est coupée sur le coup, sur le moment. Donc, quand les secours… J’ai été propulsée de la moto et, en fait, quand je me suis… je me suis rassise, ma jambe était déjà coupée, quoi, on va dire, pour faire court. Donc, il n’y a pas eu grand, grand chose à faire au bloc à part essayer de refermer et de… et de préserver le maximum d’os et de peau possible, quoi.

Ermanno : Ok. C’est coupé à quel niveau ? Pour que les auditeurs y voient à peu près ?

Mona FRANCIS : Au niveau du tibia. Ok. Ça a été coupé au niveau du tibia. J’ai eu le tibia gauche un peu touché aussi, mais j’ai eu de la chance. Ça s’est pas coupé. Mais… Donc, j’avais un bout de mollet en moins qui… Essaye de repousser entre-temps, mais voilà. C’est pas… Et puis, le pied gauche un peu abîmé dans mon accident aussi. Mais à droite, en fait, ma jambe, elle a été coupée nette. Donc, l’objectif, l’objectif des chirurgiens derrière, ça a été de… de pas trop raccourcir l’os et ce qui restait pour pouvoir être bien appareillé.

Ermanno : Ok. Et tu me disais que justement, t’as commencé le sport par la natation pour voir d’autres gens. Alors, l’ironie de ce que je comprends quand tu le disais tout à l’heure, c’est que t’as commencé aussi pour voir d’autres zandis, d’autres paras, et en fait, t’étais la seule para dans ton club de natation. En fait, y’en avait pas.

Mona FRANCIS : En fait, la natation, c’est quand même un sport… Bon, on se dévoile physiquement. Je veux dire, on pourrait pas être en… en petite tenue plus que ça. Et je pense que quand on est handicapé, enfin, qu’on vient d’être handicapé, se montrer en maillot de bain, c’est pas évident. Donc, je comprends qu’il y ait pas… Enfin, y’avait vraiment pas beaucoup de zandis. J’ai dû voir deux zandis venir en espace de six mois nager dans ce club. Et donc, oui, je me suis retrouvée toute seule au début, nager trois fois par semaine. Et puis, petit à petit, on a commencé à mettre un peu plus de volume, à rajouter de la musculation et tout. Mais tout ça parce que… J’ai commencé à prendre plaisir à nager. Mais au début, oui, j’allais à la piscine en me disant, j’espère qu’aujourd’hui, il y aura d’autres zandis et qu’on va pouvoir créer des liens et papoter un peu, quoi.

Ermanno : Et comment ça se passe, les premières fois ? Enfin, pas… Passons les sujets bateau, mais le côté peut-être logistique. Parce que t’as un bout de jambe en moins. Donc, tu viens comment ? Tu viens en fauteuil ? Tu viens avec des béquilles ? Comment ça se passe ?

Mona FRANCIS : Alors, la première fois que je suis retournée dans l’eau, en fait, pour tout vous dire, je sais pas pourquoi, j’ai choisi la difficulté, on va dire, avec ma famille. On est allées à la plage. C’était une plage de galets, en plus. Donc, vraiment pas pratique pour marcher en béquilles. Donc, j’étais en béquilles. Encore dans le sable, quand ça s’enfonce, on sait qu’à un moment donné, ça arrête de s’enfoncer. Donc, on peut plonger les béquilles dans le sable sans problème. Mais là, les galets… Ouais, les galets, c’est pas ce qu’il y a de plus pratique. Quand je réfléchis aujourd’hui à ça, je me dis… Enfin, même mes parents, quand ils m’ont amenée à cette plage-là… C’était où ? En Normandie ? Parce que des plages en galets, il y en a pas beaucoup. Non, non. En fait, moi, j’ai eu mon accident. J’étais au Liban à l’époque. D’accord. Je vivais au Liban. Je vivais au Liban depuis déjà dix ans. Ouais, plus de dix ans même. Et donc, quand j’ai eu mon accident, je suis restée sur place parce que déjà, j’étais en plein dans mes études. Ma famille était là-bas aussi. Enfin, mes parents, mes frères. Et donc, je me suis dit, non, je vais pas rentrer en France pour passer en centre de rééducation. Ça sera vraiment… Enfin, faire ce chemin toute seule. Je… Ouais, je me voyais pas faire ça. Je me voyais pas non plus arrêter mes études, même ne serait-ce que pour un an. Je pense que j’y serais jamais retournée. Et donc, j’ai choisi de rester là-bas pour me faire soigner. Donc, en fait, au Liban, une fois qu’on a bien cicatrisé, j’ai passé trois mois à l’hôpital, je pense. Je sais plus combien. On me dit bravo, bravo, Madame Francis. C’est bien. Vous pouvez rentrer chez vous. Et en fait, je rentre chez moi. Et c’est de là que vient l’idée de m’inscrire dans un club en disport. C’est-à-dire que moi, j’avais jamais vu de prothèse de ma vie. Je connaissais pas l’amputation, les fauteuils roulants qu’on voit au Liban. Souvent, c’est des personnes âgées qui sont dessus. Donc, c’est pas… Voilà, le handicap n’est pas… Il est un peu caché. Et donc, on passe pas par la phase de rééducation, comme je le dis, avec les kinés, les ergothérapeutes et tout ce qui va. Donc, une fois que je suis rentrée chez moi, moi, j’ai continué ma vie. Mes copains de fac, ils venaient me chercher pour que je retourne en cours assez vite. Parce que je prenais plus le but. J’avais vendu ma moto aussi. Donc, voilà, c’était un peu complexe. Et donc, c’est pour ça qu’on est retournée… Quand on est retournée, il y a cette culture d’aller nager dans la mer plus de six mois par an, là-bas. Et donc, naturellement, quand on veut aller dans l’eau, on va dans la mer. Mais voilà, avoir choisi cette plage de Galets, c’était assez particulier quand même. Parce qu’il y en a, des plages de sable fin au Liban. Mais bon, voilà. Alors, la première fois que je suis vraiment allée dans l’eau, je me suis approchée tout simplement en béquille jusqu’à avoir l’eau au niveau du tibia gauche. On va dire, la cheville dans l’eau. J’ai donné les béquilles à ma mère et puis j’ai plongé, quoi. Donc, j’étais quand même déjà assez à l’aise dans l’eau. Donc, ça allait. Mais c’est vrai que le fait de ne pas avoir de battement à droite, de ne pas avoir de poids, même ne serait-ce que de poids sans battement, ça m’a fait bizarre. C’est comme si on tapait dans le vide, en fait. Ça m’a fait ça sur plusieurs… Et… Ouais, ça a été une sensation vraiment gênante. Ou… Je dis, c’est bizarre. Du coup, j’aurais essayé et là, je me suis habituée, en fait. Je me suis habituée à l’eau qui coulait sur mon moignon au lieu d’avoir un battement et un pied qui tape dans l’eau. Donc, on s’y fait assez vite. Mais… Il faut quelques temps d’adaptation.

Ermanno : Oh. Moi, ça m’épate. Franchement, cette résilience, cette adaptation et puis, évidemment, tu l’as dit, choisir le plus difficile au début, peut-être inconsciemment, en fait, ou innocemment. Oui, plutôt innocemment.

Mona FRANCIS : On savait que j’aimais bien cette plage. C’est une plage où il y a tout de suite de la profondeur et tout. Donc, une plage aussi où il n’y a pas beaucoup de monde, j’avoue. Donc, on a été aller sur cette plage un peu… Voilà. Il y a de la place pour se garer. C’est plus facile. Un peu sans trop se poser de la question de la logistique pour atteindre l’eau, quoi.

Ermanno : Mais entre le Liban et Paris 2024, il y a quand même quelques kilomètres. À quel moment tu reviens en France ? Pourquoi ? Peut-être en passant par le… Je fais mon premier paratriathlon, quoi.

Mona FRANCIS : Alors, moi, je commençais… Donc, en 2014, je rencontre un cycliste. J’étais encore au Liban. Un cycliste qui pratique du vélo. Alors, pour vous dire, j’étais vraiment très, très loin du monde du handicap parce que cette personne, elle est en fauteuil roulant. Donc, il est paralysé. Et il me dit… Je lui demande quel sport il fait. Il me dit, je fais du cyclisme. Et là, j’ai cru à une blague, pour vous dire. Je lui dis, ouais, sinon, tu fais quoi ? Il m’a dit, du cyclisme. Je lui dis, mais tu peux pas bouger tes jambes. Tu vas me dire que tu fais le Et là, il m’a raconté qu’il faisait du handbike. Il m’a montré son handbike. Il m’a laissé tester le handbike. Mais pour vous dire, j’étais vraiment à… Moi, le monde du handicap, c’était… Même en 2014 encore, alors que ça faisait déjà trois ans, j’en étais vraiment très, très loin. Et donc, j’ai testé le handbike. Donc, le handbike, on est au ras du sol. On a une sensation de vitesse assez rapidement. C’est… C’est assez grisant comme sport. Et j’adore ça. Donc, j’ai vite adhéré. Et puis, c’était un peu la mode du triathlon. Liban, avec les potes. Donc, on faisait ça en relais. Donc, moi, je faisais la partie natation parce que c’est ce que les triathlètes un peu appréhendent. Et puis, ils faisaient le reste. J’avais un copain qui pédalait et un autre qui courait. Et jusqu’au moment où je me suis dit que j’aimerais bien faire un triathlon toute seule, quoi. Mais voilà. En même temps, j’avais mes études. Donc, j’étais pas non plus… Moi, j’ai présenté… Pour vous dire, j’ai présenté ma thèse en juillet. Trois jours après, j’étais dans l’avion. Je suis rentrée au Liban. En France, pardon. Donc, je suis pas restée après mes études. J’attendais vraiment d’avoir mon diplôme. Et une fois que j’ai eu mon diplôme, je suis revenue ici. Et là, j’ai contacté la Fédération Française de Triathlon. C’est Nicolas Becker, à l’époque, qui gérait l’équipe. Et donc, je lui ai dit… Enfin, voilà. J’aimerais bien faire du paratriathlon. J’ai pas de connaissances du stand-up au niveau. Mais j’aimerais bien tenter ma chance. Quand on était sur une année post-olympique, il y avait eu les Jeux de 2016 à Rio. On avait eu la première médaille française du triathlon français. Donc, ça, c’était cool. J’avais vu Gladys Lemoussus et sa médaille de bronze. Et donc, c’était assez inspirant. Et donc, il m’a dit « Tu peux venir tous les ans. Au mois de décembre, on fait des stages de détection. » Et donc, je me suis rendue à Cannes. J’ai passé les tests sur les trois épreuves. La natation, le handbike, le fauteuil d’athlétisme. Alors, le handbike, on m’a prêté un handbike. Le fauteuil d’athlétisme, je me suis dirigée vers le comité départemental handisport, qui m’a prêté un fauteuil. Et donc, c’est comme ça que j’ai passé des tests de détection et que petit à petit, j’ai commencé à m’entraîner. J’ai compris qu’un sportif de haut niveau, c’était quelqu’un… Déjà, c’était son métier. C’est quelqu’un qui, surtout pour le triathlon, pratiquait deux à trois fois par jour, qui avait une hygiène de vie et tout. Enfin, tout ça, je ne le savais pas. J’étais loin du monde du handicap, mais loin du monde du sport de haut niveau. Donc, j’ai dû apprendre tout ça. Voilà un peu comment j’en suis venue au collectif Équipe de France, au triathlon, etc.

Ermanno : Ok. Tu as fait quoi comme étude ?

Mona FRANCIS : Je suis vétérinaire.

Ermanno : Ok. Donc, rien à voir avec les sciences sociales, le sport ou autre ?

Mona FRANCIS : Non.

Ermanno : Justement, tu parles de tout apprendre. Tu disais tout à l’heure qu’un sportif de haut niveau ou une sportive de haut niveau, ça vit de son sport. Ça vit aussi. Ça vit pour son sport. À ce moment-là, comment tu vis ? Tu t’installes en tant que vétérinaire ou tu exerces dans un cabinet où tu es salariée ?

Mona FRANCIS : En fait, quand je suis arrivée en France, j’ai été hébergée chez ma mamie quelques semaines jusqu’au moment où j’ai pu trouver un petit logement, on va dire, d’étudiants. Mais bon, à ce moment-là, si vous voulez, j’étais même pas inscrite. J’avais même pas de carte vitale. Donc, j’avais quitté la France. J’avais 8 ans de mémoire. 8-9 ans. Donc, vous voyez, j’ai dû faire toutes les démarches.

Ermanno : M’en parle pas. J’ai vécu 16 ans au Luxembourg. Tu pars de la France, tout se passe bien. Tu reviens, c’est un enfer.

Mona FRANCIS : Il a fallu attendre des mois. J’ai eu le droit au RSA. Après, j’ai fait toutes les démarches pour avoir l’allocation à des handicapés. Mais j’ai travaillé à côté parce que, clairement, entre le moment où on dépose un dossier à la MDPH et le moment où on obtient les aides, il peut se passer 2 ans.

Ermanno : Donc, MDPH, la maison, les handicapés.

Mona FRANCIS : Départemental, des personnes handicapées, c’est ça. On peut avoir l’allocation adultes handicapés, donc la H. Aujourd’hui, elle a augmenté un peu, mais à l’époque, je pense que c’était 6 ou 700 euros. Donc, bon, ça pouvait permettre quand même de payer une facture sans vivre, mais de payer ses factures. Mais, du coup, il y a entre le temps où on pose un dossier et on obtient les aides, même pour le RSA, il y a du temps qui passe. Donc, à ce moment-là, moi, j’avais vu une annonce passer sur le… Il y avait le Centre d’hébergement pour les réfugiés de Nantes, le Centre Nantais d’hébergement de CNHR. Il y avait une psychologue qui travaillait avec des

Mona FRANCIS : réfugiés syriens, irakiens, et elle cherchait une interprète ou un interprète en langue arabe. Et donc, j’ai vu cette annonce, je me suis dit, bon, ça serait quelques heures par semaine, ça me permettrait aussi de m’entraîner, parce que j’avais bien compris qu’il fallait s’entraîner au quotidien. Et donc, j’ai postulé, et comme au Liban, en fait, c’est le même dialecte, c’est le syro-libanais, et donc, j’ai pu travailler avec cette psychologue pendant quelques années, même, où, voilà, je faisais l’interprète entre ces réfugiés qui ne parlaient pas du tout français, et puis elle, qui ne parlait pas du tout arabe. Et donc, ça m’a permis d’avoir une petite rentrée d’argent pour pouvoir avoir un minimum pour vivre.

Ermanno : Je suis épaté. Franchement, c’est…

Ermanno : Et pendant ce temps-là, tu t’entraînes, tu progresses, et tu acquiers le statut de sportif de haut niveau ?

Mona FRANCIS : Pas tout de suite, pas tout de suite. Ça a pris un peu de temps, tout dépend de comment on voit les choses.

Ermanno : Tout s’est fait en 4 ans, quoi, parce qu’en gros, tu viens post-Rio, tu contactes Nicolas Becker post-Rio, et puis t’étais à Tokyo, donc ça s’est fait en 4-5 ans, quoi.

Mona FRANCIS : C’est ça. En fait, j’ai eu cette chance de… Toujours le même pote qui m’a fait découvrir le handbike, qui me prête un vélo, euh… en 2018. Alors, la Fédération Française des Triathlons demande une invitation pour m’inviter au Championnat du Monde, chose qui se passe bien puisqu’elle passe. Donc, je vais au Championnat du Monde avec l’équipe de France en 2018, et j’ai le vélo en carbone du pote, si tout va bien, et j’ai un fauteuil d’athlétisme qui est encore de près, mais… Et donc, lui, il me prête ce vélo un mois avant, donc moi, je m’installe dedans, j’essaie de positionner le vélo, je roule avec, je trouve ça super, il est en carbone. Et en fait, au Championnat du Monde, tout se passe bien, je suis une quatrième de la course. Voilà, j’étais sur un bon jour, je ne sais pas ce qui s’est passé. Et donc, c’est un peu suite à ça que je suis rentrée sur les listes de haut niveau. Donc, une bonne course, un top 5 au Championnat du Monde, ça fait rentrer sur les listes de haut niveau. Donc, en 2019, je rentre sur les listes de haut niveau, et derrière, la Fédération peut, à ce moment-là, débloquer aussi des aides. Donc, ils arrivent à acheter du matériel que j’utilise, encore aujourd’hui, heureusement, grâce à eux. Et ils me trouvent aussi un sponsor avec le pacte de performance. Je suis suivie, à cette année-là, par la Caisse d’épargne Bretagne-Pays-de-Loire. Et donc, ce sponsor, c’est énorme, parce que c’est mon premier sponsor, ça me permet déjà de souffler. Ensuite, de financer des compétitions, parce que, bon, aller sur la mouche de Coupe du Monde de Besançon, ça va encore, mais quand il faut aller au Canada ou en Australie, il faut payer ça.

Ermanno : Et puis, je le rappelle, je me permets de couper, mais je le rappelle, tu es une paratriathlète. Donc, ça veut dire, il faut que tu te déplaces, il faut que tu déplaces ton handbike, il faut que tu déplaces ton fauteuil d’athlète. Il faut éventuellement, pour certains paratriathlètes, déplacer l’équipe qui va avec. Donc, ce n’est pas un déplacement anodin, même juste à Besançon, en fait.

Mona FRANCIS : Oui, non, c’est beaucoup de démontage de matos, de housses, de roues. Alors qu’on a déjà six roues, et puis les roues ne font pas la même taille, forcément, ils ont fait des choses bien. Donc, oui, on a six roues. Si on veut amener des roues de rechange, on en compte au moins dix, quoi, dans dix sacs de roues. Enfin, oui, c’est énormément de logistique. C’est énormément de logistique. Et donc, voilà, c’est un peu comme ça que tout a débuté. Mon premier sponsor, donc, et puis après, les choses ont évolué. J’ai participé, en effet, aux Jeux de Tokyo, qui, pour ma part, heureusement, ont eu lieu en 2021. Parce qu’en 2020, ce n’était pas sûr que je puisse y participer. Je n’étais pas dans le top 9 mondial. Et en 2021, c’est passé in extremis, quoi. Donc, je participe aux Jeux. Et suite à ça, alors là, mon niveau, clairement, il évolue. Je suis suivie par un entraîneur, j’ai une préparatrice physique. Voilà, les choses ont changé. J’ai une démarche professionnelle, on va dire, sans forcément l’être encore. Mais j’ai une démarche professionnelle.

Ermanno : Tu l’étais déjà, parce que sportif de haut niveau, tu avais une CIP, je pense. En tout cas, tu étais accompagnée par un parc de performance.

Mona FRANCIS : Non, justement, je n’en avais pas. Donc, c’est pour ça que je dis la Caisse d’épargne, en fait. Le billet qu’ils me refilaient, moi, je n’ai pas acheté de Carbon Bike avec. Ça me payait mes factures et mon train de vie, on va dire, même si, voilà, ce n’était pas un train de vie de star. Mais c’est-à-dire que les compétitions, ça me payait les déplacements, l’hôtel, l’avion, voilà, tout ça, le parking de l’aéroport, vous voyez, un peu tout ça, quoi. Mais ça ne m’a pas permis d’acheter du matériel pour autant. Et c’est en 2022 où, justement, j’ai obtenu cette CIP, donc, avec… Attends, on a été un peu trop vite.

Ermanno : 2021, donc, Tokyo. Comment ça se passe ? Tes premiers Jeux à Tokyo.

Mona FRANCIS : Ça se passe bien. Moi, j’étais… J’étais déjà ravie d’être là, COVID ou pas COVID. Moi, ça… Ouais, j’étais… Moi, j’ai tout trouvé bien, si vous voulez. Je trouvais le décalage horaire parfait parce que quand les Français s’excitaient de leur côté, nous, on dormait. Derrière, quand on se réveillait, on avait la journée, on était tranquille parce que les Français dormaient, on n’avait pas plein de sollicitations médiatiques. C’était… Tout était bien. Franchement, bon, à part la nourriture, je pense que j’ai un peu du mal avec la nourriture japonaise, mais… Non, non, mais même l’équipe de France a super bien géré. La fédération nous a… En fait, on a eu la chance d’être à Tokyo bien en amont de l’épreuve parce qu’il y avait toute l’acclimatation… Bon, déjà, le climat, très chaud, très humide, mais aussi le décalage horaire. Donc, on a pu partir en pré-camp du côté du Mont Fuji avant l’épreuve, avant d’arriver au village. Et là, ça a été vraiment… le début de toutes ces sollicitations qu’il y avait en France. Ben, nous, on était déjà partis. Arrivés là-bas, on a passé dix jours au calme. Mais vraiment, on était dans un hôtel en face du Mont Fuji. Bon, déjà, c’était très apaisant, mais en plus de ça, voilà, comme je le disais, ce décalage horaire parfait entre le Japon et la France. On était entre nous. C’était… Je crois… Et puis, moi, j’avais zéro pression, honnêtement. Je… Ouais, j’ai pas de… Enfin, j’avais ce lien avec la fédération qui m’avait trouvé des sponsors, mais c’est tout, si vous voulez. J’avais pas d’autres attentes à l’extérieur. J’avais pas d’autres sponsors, j’avais pas… Alors… Ouais, c’était quand même assez tranquille pour moi, quoi. J’étais bien. Et donc, je suis arrivée à Tokyo, enfin, sur l’épreuve. Moi, j’ai découvert le village. C’était chouette, quoi. C’était… J’étais émerveillée tout le long, quoi. Je me rappelle pas avoir vécu des moments de stress, quoi.

Ermanno : Est-ce que ça s’est concrétisé… Et après… Est-ce que ça s’est concrétisé dans ta course ?

Mona FRANCIS : Bah, je pense, clairement. J’ai… Je pense, parce que j’ai fait une… une superbe course, honnêtement. J’ai… J’ai fait… Alors, je pense que si je… Si j’ai bonne mémoire, j’avais le deuxième temps natation, le troisième temps vélo. Chose inespérée, à ce moment-là. Quand je pose le vélo, j’étais troisième. Un truc de fou. Il restait un quart d’heure de course. J’étais… J’avais une médaille autour du cou. Les Tokis s’affolaient. Les Italiens, ils gueulaient chercher Francis. Enfin, c’était un truc de… Voilà, c’était… inattendu pour tout le monde. Moi, staff compris, mon entraîneur, qui était là, qui courait à ce moment-là, Yannick Bourceau, qui était censé rester à l’intérieur du sas, à la clim, et qui, finalement, était sorti à chaque fois pour me voir passer en vélo. Donc, ouais, c’était… C’était quand même dingue, quoi. Même les copains de l’équipe de France qui avaient couru la veille, qui étaient là, au bord du parcours. Je voyais dans leurs yeux que j’étais en train de faire un truc de fou, si vous voulez. Moi, j’étais pas… Moi, quand je pose le vélo et que je pars en fauteuil d’athlétique, je me rends même pas compte que je suis troisième. À ce moment-là, ça a été vraiment une des premières courses où, souvent, on parle de flow, et je pense que j’étais dans le flow, en fait. J’étais dans mon truc. Et malheureusement, en fauteuil d’athlétique, ça se passe pas comme prévu, et je perds trois places. Donc, je suis une sixième.

Ermanno : Écoute…

Mona FRANCIS : C’est un peu plus logique, on va dire, le classement. Voilà, les hiérarchies. C’est fait naturellement, on va dire,

Ermanno : sur la dernière partie Il y en a beaucoup qui signent pour une sixième place au JO. Bon, quand on va au JO, je te l’accorde, on y va plutôt pour être sur la boîte. Mais…

Mona FRANCIS : Ouais, ouais, moi, c’est moi, après la course, que je me suis dit, mais, en fait, c’était possible, quoi. Ouais, c’est là que…

Mona FRANCIS : Mais bien, bien après la course. C’est venu des semaines après où je me suis dit, mais, en fait, c’était possible. Quand j’ai commencé à tout analyser, à redescendre, à penser à mes… à ma course. Et donc, ce que je fais, c’est que… Donc, ça, c’était fin août, 28 août. Et on a eu le championnat d’Europe. Et après, il y a eu le championnat du monde fin octobre. Et pour le championnat du monde, la sélection était quand même assez… Bon, c’était après les Jeux. C’était longtemps après les Jeux, même, le championnat du monde. Donc, la Fédération Française Triathlon a un peu… On est parti en petit comité, on va dire, pour le championnat du monde. Et moi, j’ai pris mon foyer, mon fauteuil d’athlétisme. Et je suis allée voir une entreprise qui soude de l’alu. Et je leur ai dit, il faut changer de fauteuil. Ça ne va pas. Et donc, on a tout démonté, sachant que le fauteuil, c’est quand même assez technique. Il y a le parallélisme, il y a le machin, il y a le poids aussi. Donc, ils ont tout dessoudé, on a tout ressoudé, on a trouvé la position. Ce qui veut dire que j’ai loupé bien deux, trois semaines d’entraînement en fauteuil.

Ermanno : Mais comment ça ? Tu n’as pas trois, quatre fauteuils d’avance ? Oh, là ! Non, on y reviendra, on y reviendra. On y reviendra sur le coup que ça représente, etc.

Mona FRANCIS : Non, et puis, en arrangeant ce fauteuil, on se demandait même si ça allait tenir. En fait, on n’était même pas sûr de notre coup. Donc, j’avais le championnat du monde qui approchait, je n’étais même pas sûre d’avoir un fauteuil d’athlète. Mais on a pris le risque, on l’a fait. Et puis, finalement, quand je vais au championnat du monde, je crois que je finis 40 secondes derrière la fille qui gagne le bronze au jeu. J’ai un meilleur chrono qu’elle en fauteuil. C’était vraiment la clé, la solution. Je l’avais trouvée, quelques semaines plus tard, mais je l’avais trouvée. Donc, c’était chouette de voir que les jeux m’aient permis de débloquer ce petit palier en fauteuil.

Ermanno : Deuxième au championnat du monde, quand même ?

Mona FRANCIS : Non, non, non, quatrième.

Ermanno : Quatrième ?

Mona FRANCIS : Quatrième, oui. Déjà, mieux que les jeux, mais j’avais encore faim, on va dire.

Ermanno : Et après, championnat du monde, championnat d’Europe, on ne va pas faire toutes les compétitions, mais les principales, voilà.

Mona FRANCIS : Après, on a préparé. En fait, suite à ça, si vous voulez, c’est surtout là qu’est venu le soutien

Mona FRANCIS : nécessaire au niveau. Pour moi, c’est vraiment la CIP avec l’armée, l’armée de champions. On a le Centre national des sports de la défense. Donc, c’est le bataillon de Joinville qui soutient. Alors, pour les jeux, c’est monté à plus de 270 sportifs, je pense, jeux d’été, jeux d’hiver. Et donc, ils soutiennent ces sportifs. Donc, il y a les sports olympiques, qui, eux, ils ont des grades. Ils sont soit l’armée de terre, soit les matelots, soit les aviateurs. Et après, il y a les sports paralympiques où, nous, on est agent sous contrat. Donc, on touche un salaire tous les mois, ce qui nous permet de ne pas réfléchir à comment on paye ses factures, tout simplement, et à pratiquer notre sport. Donc, voilà. J’ai signé ce contrat avec eux en 2022. Et c’est sûr que c’est depuis un grand soutien.

Ermanno : Et ça continue. Et on espère que ça va continuer jusqu’à L.A. et même au-delà.

Mona FRANCIS : on verra. On verra d’ici là. Mais c’est sûr que là, à partir du moment où j’ai eu ce contrat avec l’armée, on ne se pose plus de questions. On est focus sur ce qu’on fait tous les jours. On ne se demande pas comment on va payer ses factures, tout simplement. C’est vraiment tout bête. Mais l’argent des sponsors, on le met clairement dans son sport. S’il faut payer des séances, ne sais pas, d’ostéo, de kiné en plus, de cryothérapie, on le fait. S’il faut

Mona FRANCIS : acheter des fruits et légumes bio, on le fait. C’est aussi un niveau de vie et de récupération, finalement, qui s’élève. J’ai trouvé un lieu d’entraînement optimal pour la pratique du paratriathlon. Enfin, du triathlon en fauteuil, pour être plus précise. Je n’ai pas hésité à déménager pour m’entraîner dans ce lieu-là. Et voilà. C’est payer la préparatrice physique comme il faut. C’est toute une vie de sport de haut niveau qui se dessine. Et c’est à ce moment-là, j’ai envie de dire, qu’on devient professionnel.

Ermanno : Tu vis de ton sport, véritablement. Tu ne survis pas, mais tu vis de ton sport.

Mona FRANCIS : Exactement. Quand je dis que j’avais une démarche professionnelle, certes, je l’avais, mon entraîneur l’avait, mais on peut faire ce qu’on veut, même avec une démarche professionnelle. À un moment donné, le coût de la vie nous rattrape. Et donc là, c’est sûr qu’on n’a plus seulement cette démarche. Finalement, on se doit d’avoir cette démarche une fois qu’on est professionnel. C’est autre chose. L’armée, comme ils nous le répètent, ils ont totalement raison. Ils nous donnent des droits. C’est le droit d’être professionnel. Et derrière, nous, on a les devoirs.

Ermanno : Et le devoir d’avoir cette démarche et d’acter, de se conduire en professionnel, en sportif professionnel.

Mona FRANCIS : C’est ça. Et le devoir, c’est exactement ça. C’est de respecter la récup, de respecter les entraînements, les entraîneurs, de bien représenter la France quand on a le drapeau. Et ces devoirs peuvent… C’est pour ça que je vous parlais des Jeux de Tokyo et un peu de cet émerveillement et le fait de ne rien ressentir en termes de pression. Mais ces devoirs, ils peuvent engendrer de la pression derrière. Et ça demande aussi du travail sur l’image, l’image qu’on donne pour que les gens perçoivent de nous. Et donc, tout ça, c’est sûr que c’est un travail en plus, on va dire.

Ermanno : Un travail en plus que tu fais sur toi, toute seule, t’es accompagnée par un prêpe mental ou pas ?

Mona FRANCIS : Moi, je suis accompagnée par un préparateur mental. Après, je ne travaille pas sur moi pour être polie au quotidien et donner une bonne image de moi. Je disais merci au comptoir à l’aéroport quand je ne payais pas mes bagages quand même avant. Mais c’est-à-dire que c’est plus… Vous savez, la communication, les réseaux sociaux, la tenue vestimentaire, enfin tout, à partir du moment où… C’est pareil pour quand il y a eu… Enfin, pour les Jeux de Paris, j’ai été capitaine du relais de la flamme. On m’a demandé d’être avec la torche sur un événement. Enfin, bref, peu importe. C’est-à-dire que les gens apprennent mon nom. Et donc, ils s’attendent derrière à ce qu’on soit à une disponibilité de notre part. Pareil pour toutes les sollicitations qu’on a eues au niveau des collèges, des écoles. Voilà.

Mona FRANCIS : Il y a eu énormément de personnes qui ont sollicité les sportifs. Alors, je parle de moi, mais je pense que c’était le cas de tout le monde pour les Jeux de Paris. Et ces personnes-là s’attendent à ce qu’on soit disponible. Sauf que des fois, il faut rappeler que notre métier, nous, c’est de faire du sport, en fait. C’est d’être… De montrer une certaine performance le jour J. Et tout ce qu’il y a à côté, normalement, ce n’est pas censé être notre métier.

Ermanno : Et c’est aussi pour ça que je te remercie et que je remercie toutes celles et tous ceux qui acceptent de venir sur le podcast parce que ça prend du temps sur la récup. Bon, nous, c’est plus facile parce que chacun chez soi, en visio, etc.

Mona FRANCIS : Et justement, les sollicitations ont dégringolé alors que je pense que tout le monde devrait en profiter. Mais bon, bref, peu importe. Non, non, il n’y a aucun problème. Sinon, je réponds négativement. Ça, c’est quelque chose que j’ai appris à faire.

Ermanno : Bon. Écoute, je te remercie. Et est-ce qu’avec cette démarche professionnelle qui se professionnalise, donc tu n’es plus simplement dans une démarche, mais tu deviens sportive professionnelle, sportive de haut niveau professionnel, tu vis de ton sport et pas uniquement pour ton sport, est-ce que tu le ressens aussi dans les résultats, dans la qualité de ton entraînement au quotidien, dans ta récupération ? Est-ce que tu vois un changement ? Au-delà juste de plus poser la question de comment tu vas payer tes factures, sur l’aspect sportif des choses.

Mona FRANCIS : Complètement. C’est-à-dire qu’à partir du moment où j’ai eu le salaire de l’armée qui est tombé, alors moi, j’ai pris un logement à Orléans où… Avant, j’étais sur Nantes. Enfin, j’ai gardé mon logement sur Nantes de très longtemps. C’est-à-dire qu’à partir du moment où je veux faire du fauteuil d’athlétisme ici, je vais dans mon garage, je grimpe dans mon fauteuil d’athlétisme, je pars, j’ai une minute trente à faire et je suis sur mon lieu d’entraînement. Et c’est un lieu sécurisé où je n’ai pas de bout de verre, je n’ai pas de voiture qui passe, je n’ai pas de feu rouge, personne qui va me faire une queue de poisson, enfin bref, peu importe. Et je suis donc focus, vraiment,

Mona FRANCIS : sur mon entraînement, sur mon rythme cardiaque, sur mon souffle, sur ma poussée, techniquement, sur tous mes trajectoires à prendre. Avant, quand je devais faire du fauteuil d’athlétisme, je mettais mon fauteuil, je devais sortir de chez moi, prendre mon fauteuil, le mettre dans la voiture, monter dans la voiture. Déjà, on compte un transfert. Descendre sur mon lieu, j’avais vingt minutes de voiture, vingt, vingt-cinq minutes, je descendais la voiture, je partais en fauteuil d’athlétisme, j’avais fini ma séance, je remettais le tout, tout le bazar dans la voiture, je reconduisais vingt-cinq minutes chez moi, je redescendais le tout de ma voiture, j’arrivais, j’avais le temps de prendre une douche, de cuisiner, il était passé bien une heure, la récupération, elle prend un coup. La récupération, clairement, elle prend un coup, on n’a pas la même concentration sur sa séance quand on a roulé, les vingt-cinq minutes en voiture avant. On peut dire ce qu’on veut, ce n’est pas pareil. Il y a les transferts sur les bras, il y a un moment donné, on fait un sport qui est sur les bras, il faut tout calculer. Et c’est vraiment cette année 2022 qui a tout changé, où j’ai tout optimisé. Aujourd’hui, je rentre de mon fauteuil d’athlétisme, vingt minutes après, je peux être à table, je récupère plus vite, j’ai fini de manger, je suis déjà en train de me projeter sur la séance vélo ou natation de l’aprèm. En fait, j’ai réussi à me mettre, à me mettre dans un cadre où j’ai deux, trois séances par jour, mais j’ai aussi du temps libre. Et ce temps libre fait que derrière, la tête, elle respire, elle respire mieux, et donc physiquement, on est aussi plus apte à se concentrer.

Ermanno : Oui, et on le rappelle très souvent dans ce podcast, le triathlon, c’est trois disciplines qui sont enchaînées, mais ce n’est pas que trois disciplines. Il y a aussi l’hygiène de vie, il y a aussi la récupération, il y a aussi l’alimentation, la nutrition, etc. Tout ça, ça rentre en jeu. Et forcément, quand on a une démarche professionnelle et qu’on a besoin de s’entraîner et puis de porter le drapeau et autres, tout ça, c’est normal, ça rentre dans ton métier. Oui, tu fais peut-être trois entraînements d’une heure, donc trois heures par jour. Mais les… Peut-être, peut-être, on ne va pas rentrer forcément trop dans les détails, mais toutes les cinq heures qui sont à côté pour faire une journée de huit heures, c’est la récupération, c’est la préparation du matos, c’est la nourriture, etc. Et ça, ça fait partie de ton métier. C’est ça.

Mona FRANCIS : Exactement. Et puis, d’autant plus, j’ai envie de dire, alors c’est pas pour pitoyer sur mon sort, mais d’autant plus quand on est handicapé. Je veux dire, aller à la piscine, c’est… On met autant de temps pour y aller, les vestiaires, le temps de plonger dans l’eau que de nager. Des fois, on fait une séance de natation qui dure une heure. C’est rare, normalement, c’est un peu plus. Mais le temps de monter dans ma voiture, d’y aller, de passer par les vestiaires, de me changer, il y a clairement une demi-heure, une demi-heure. Donc, je mets autant de temps, sur les à-côtés, quand on va à la piscine. Alors, je vous en dis… Enfin, les personnes qui ont un handicap un peu plus lourd que le mien, clairement, on passe du temps dans les transferts. C’est vraiment quelque chose à prendre en compte quand on parle de sport paralympique. C’est-à-dire que quelqu’un qui veut aller jouer au badminton, il prend sa raquette, il met une paire de baskets, il va jouer au badminton. Quelqu’un qui est en fauteuil, il passe un peu plus de temps à se préparer pour jouer au badminton, vous voyez. Donc, il y a tout ça à prendre en compte aussi dans les journées. Dans les journées, quoi. On est… C’est… Ouais. C’est difficile de… de comparer un athlète olympique à un athlète paralympique dans la gestion de la journée et des heures d’entraînement, le volume, l’intensité et tout ce qui va avec, quoi.

Ermanno : Et toi, au quotidien, au-delà du sport, tu te déplaces en fauteuil, t’es en béquille, t’as une prothèse ? Comment ça se passe ?

Mona FRANCIS : Alors, pour les épaules, j’évite les béquilles. Ça ferait encore un entraînement. Tu travailles déjà suffisamment les bras, je pense. Donc, non, je suis plus souvent en fauteuil qu’en prothèse, même si j’ai une prothèse au quotidien que j’utilise, mais sur des déplacements encore beaucoup trop courts, à mon goût. Mais, oui, je suis plus souvent en fauteuil.

Ermanno : Mais du coup, le fauteuil, ça te fait travailler les bras aussi ? Ou c’est marginal par rapport au reste ?

Mona FRANCIS : Il roule bien mon fauteuil. C’est-à-dire qu’en donnant deux petits coups de bras, on avance quand même beaucoup plus vite. Non, non, le fauteuil, c’est quand même assez reposant. Et puis, comme vraiment, je suis une flemmarde, j’ai acheté une petite roue électrique, je pose sur mon fauteuil et là, j’ai juste un petit coup de poignet à donner pour avancer. C’est ça, flemmarde. J’ai tout optimisé les récup’.

Ermanno : Oui, voilà, c’est ce que j’allais dire, flemmarde avec des gros, gros guillemets. Tu m’excuseras. Par rapport à… Écoute, on a fait un bon tour. Juste pour boucler Paris, comment ça s’est passé ?

Mona FRANCIS : Paris, c’était chouette. Paris, il y avait du bruit, il y avait du monde. Ça a été

Mona FRANCIS : une énorme vague d’émotions pour les yeux et les oreilles parce que, ouais, on le sentait venir. Ça m’a… Ça a monté, la pression montait. On sentait vraiment que les gens étaient de plus en plus présents. Même si on était seuls chez soi, on le sentait quand même. Et puis, ça a pas loupé sur les jeux. Malgré, il y a eu des reports, des preuves, machin, parce que la météo, il risquait de pleuvoir. Finalement, ils ont regroupé toutes les épreuves sur le même jour et ça a été un boucan pas possible. Tous les spectateurs qui étaient venus pour les catégories debout et malvoyants étaient là aussi pour les catégories fauteuil et inversement. Donc, ça a été… Ouais, ça a été énorme. Et c’était chouette. Après l’épreuve, enfin, sportivement, en tant que telle, pour ma part, ça a été… Ça a été compliqué. J’ai fini sixième aussi, donc, comme à Tokyo. Et ‘était pas… Même si la partie natation était quand même assez compliquée, donc, normalement, c’était plutôt à mon avantage. Mais, ouais, ça s’est pas super bien déroulé. Alors, ça a pas été… Ça a été catastrophique, mais ça n’a pas été ma plus grosse course, quoi. Ma plus grosse course de tous les temps, on peut dire. Parce que j’ai jamais été aussi forte. Ça a été au mois de septembre sur le championnat d’Europe. Donc, il y a quelques semaines près, j’avais le niveau. Mais là, j’ai pas le niveau qu’il fallait pour participer aux Jeux paralympiques, quoi. Enfin, j’avais le niveau pour participer parce que je me suis qualifiée, mais le jour J, ça n’a pas été la forme, comme on dit, la forme olympique, quoi.

Ermanno : Écoute, encore une fois, ça fait partie du métier. Et les pics de forme, on essaye de jouer avec, mais des fois, il y a d’autres choses qui rentrent en jeu. Encore plus, je pense, chez les femmes, parce que vous avez aussi vos cycles menstruels qui rentrent encore plus en jeu et qui vont encore plus trifouiller tout ça parce que, voilà, je pense qu’il y a beaucoup d’a priori ou d’idées reçues là-dessus, mais le côté psychologique joue aussi énormément sur les cycles menstruels des femmes. Et donc, tu l’as dit, on sentait la pression qui montait. Il y avait eu les Jeux olympiques valides avant. Ça a peut-être aussi perturbé certaines choses, chez vous. Donc, voilà, je veux pas faire de la psychologie, de la médecine de comptoir, mais…

Mona FRANCIS : Non, mais c’est exactement ça. Il y a des périodes dans le mois où on est beaucoup plus réceptifs, aussi, enfin réceptifs, pour le coup, à tout ce qui peut passer à côté, quoi. Les émotions des autres, donc, c’est vrai que là, il y avait eu ce report d’épreuves, etc. On sentait que dans l’équipe, entre le staff et les athlètes, ça avait, ça avait, je vais pas aller jusqu’à dire perturbé, secoué peut-être légèrement quelques-uns. Donc, c’est vrai qu’il y a des fois où on peut pas s’empêcher. On est un peu, je vais pas dire une éponge, mais c’est vrai qu’on ressent ça et ça déteint, quoi. Ça déteint sur les autres. Alors, on a beau… C’est difficile de s’isoler quand on vit dans un village avec d’autres athlètes, triathlons et hors-triathlons. Tous les athlètes sont présents. Donc, il y a déjà une certaine pression, on va dire, dans un village olympique, paralympique. En plus, nous, on était dans un appart où on était un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit filles dans un appart. Donc, pour vous dire, ça fait huit individus féminins, du sexe féminin qui attendent leur épreuve. Donc, voilà, on les vit toutes différemment, mais c’est vrai que c’est… Ah, ça fait partie du jeu, quoi. Ouais.

Ermanno : Écoute, je te souhaite que les JO de LA, parce qu’il n’y a aucun doute là-dessus, tu y seras, tu ne fasses pas sixième, mais tu montes enfin sur la boîte et si possible sur la plus haute marche, s’il te plaît. On croise les doigts. Je croise aussi ceux des pieds. Vas-y. L’idée aussi du Podcasthon, comme je le disais, c’est de mettre en avant des causes caritatives qu’on soutient. Est-ce que toi, tu es ambassadrice d’une association, membre d’une association ou d’une fédération particulière ? Est-ce qu’il y a une action que tu as envie de mettre en avant ?

Mona FRANCIS : Alors, je ne suis plus membre. J’ai été bénévole au sein du comité départemental handisport de l’Ouest Atlantique. Mais j’ai envie de dire, c’est pareil pour les régions, même si, honnêtement, ils ont plus de financement. Donc, je vais un peu moins en parler juste pour cette raison-là, pas parce qu’ils bossent moins. Mais c’est-à-dire, comme je vous le racontais, moi, quand je suis arrivée, je n’avais pas de fauteuil d’athlétisme. C’est leur fauteuil que j’ai utilisé. Un fauteuil qu’eux, ils ont pu acheter grâce à des dons qu’ils utilisent pour faire des sensibilisations. Donc, ce qui est extrêmement important à mes yeux. Ils avaient immobilisé, d’un côté, parce qu’ils me l’avaient mis à disposition. Donc, je l’utilisais tous les jours. Je ne leur rendais pas le week-end ou les jours de la semaine, vous voyez. Et donc, voilà, c’était super important pour moi. Et je sais que pour eux, ça pouvait être pénalisant quand même d’avoir du matériel en moins. Mais donc, j’ai envie de parler de tous ces comités qui bossent pour vraiment parler du handicap, qui se déplacent, qui vont dans les collèges, les écoles, les entreprises, les centres de rééducation aussi. Il y a des gens qui… qui ont un accident de vie, leur vie bascule, ils ne connaissent pas du tout le monde du handicap. Et ils tombent sur le comité qui est là, qui fait des épreuves, que ce soit du rugby-fauteuil, du tir à l’arc, du fauteuil d’athlétisme. Voilà, ils montrent que le sport est possible, même après, dans la vie d’un handicapé. Et donc, moi, j’ai envie de parler d’eux. Je me dis, ils ont… Même si on ne peut pas donner financièrement ou du matériel, ce qui est… ce que je comprends totalement, je pense que, pour certaines personnes, on peut donner notre temps. Alors, je parle à tout le monde, les gens qui sont sportifs, pas sportifs, les gens qui sont en situation de handicap ou pas, je veux dire, des bénévoles, tout le monde en a besoin pour justement ce genre d’action. Quand ils descendent six fauteuils… Quand ils vont dans un centre de rééducation avec six fauteuils de rugby, il faut quelqu’un pour leur donner un coup de main à descendre, ne serait-ce que les décembre, ces six fauteuils de rugby, du camion, et être là avec les personnes, les aider à s’asseoir dedans, même s’ils n’y connaissent rien, en fait. Et je m’adresse aussi aux sportifs en situation de handicap, sportifs de haut niveau ou pas, parce que je pense qu’ils peuvent aussi donner de leur temps.

Mona FRANCIS : Encore une fois, je parle dans un centre de rééducation. Je pense que pour une personne qui vient d’être amputée ou paralysée, qui est dans un centre de rééducation, voir un sportif arriver dans ce centre de rééducation,

Mona FRANCIS : un sportif en fauteuil ou amputé avec une lame, eh bien, tout de suite, l’image du handicap, elle change. Moi, quand j’ai eu mon accident, l’image du handicap, c’était une personne qui marche dans la rue en boitant. Aujourd’hui, quand je parle du handicap, je vois un sportif de haut niveau avant tout. Donc, je pense qu’on a tous moyen de donner à ce genre d’association. Alors, je parle du comité départemental, mais ça peut être un club de sport. Il y a des clubs affiliés à la FFH. Voilà, et je pense qu’on peut donner de notre temps, nous, sportifs de haut niveau, sur les années post-olympiques, on ne va pas se mentir, on a tous une ou deux heures par semaine à donner, à aller sur des créneaux de clubs et pouvoir donner un peu de son temps. Je pense que ça fait du bien à tout le monde.

Ermanno : Écoute, merci et puis c’était un dernier témoignage super émouvant. Merci beaucoup, Mona. Où est-ce qu’on te suit? Où est-ce qu’on t’encourage? Où est-ce qu’on te contacte si on a envie d’échanger un peu plus avec toi?

Mona FRANCIS : Alors, je suis sur les réseaux sociaux. Sinon, je suis sur. Dans une piscine ou sur la route à m’entraîner. Mais oui, je suis sur les réseaux sociaux, forcément. Instagram, Facebook, surtout ceux-là, en fait.

Ermanno : Ça marche.

Mona FRANCIS : LinkedIn, vous risquez d’attendre une réponse très longtemps. Je n’y vais pas souvent.

Ermanno : Il faut qu’on en parle de ton profil LinkedIn, d’ailleurs. Je te parlerai. Écoute, merci beaucoup, Mona. Je mettrai tous les liens dans les notes de l’épisode. Qu’est-ce qu’on te souhaite? Bonne continuation. Bonne préparation. Bonne réaction. Bonne récupération. Et puis, on se donne rendez-vous au plus tard à l’Aide 2028.

Mona FRANCIS : Ça marche. Merci. Merci.

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