#282 Que se passe-t’il dans les coulisses d’Ironman ? Avec Thibault Vellard

👉 Bosser chez IRONMAN, ça vous donne envie ?

Depuis 1978, IRONMAN nous fait rêver. À l’origine, c’était une course pour mettre tout le monde d’accord sur qui était l’athlète le plus balaise au monde… 👊

Aujourd’hui, c’est toujours le cas à la simple différence que le format a attiré quelques curieux et curieuses entre temps. Devenu le plus gros labels de triathlon dans le monde, le groupe IRONMAN compte désormais plusieurs centaines de courses dans les sports d’endurance et dans le monde entier. 🌎

Alors pour découvrir le label de plus près, qui de mieux placer que le directeur général de IRONMAN France, Thibault Vellard ? 👀

🔎 Après un début de carrière chez A.S.O. (Amaury Sport Organisation) où il a fait ses gammes dans l’organisation sportive, il rejoint le groupe IRONMAN en 2016 puis devient directeur régional en 2021.

Alors forcément, on avait pleins de questions…
🧐 Comment ça se passe l’orga d’un IRONMAN ?
🧐 Sur quelle course s’inscrire pour gagner un slot à Hawaï ?
🧐 Comment faire pour postuler chez IRONMAN ? 
On lui a un petit peu sauté dessus pour lui poser toutes nos questions et ça devrait en intéresser plus d’un…

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Ce podcast, co-animé par Olivier DE SCHUTTER et Ermanno DI MICELI est proposé par OHANA Triathlon , et vous accompagne dans votre démarche pour Devenir Triathlète !

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📝 La retranscription de l’épisode

Ermanno : Salut les sportifs c’est Ermanno et je suis très heureux de vous recevoir à nouveau sur un nouvel épisode du podcast devenir triathlète. À mes côtés, Olivier De Schutter, et nous avons un invité de marque puisque pour parler triathlon, on parle rarement de triathlon sans parler d’Ironman et nous avons un représentant du triathlon Ironman à savoir Thibault. Salut Thibault ! 

Thibault : Bonjour à tous les deux !

Ermanno : On a une tradition dans ce podcast, c’est de laisser la main à notre invité pour se présenter en quelques mots, donc dis-nous tout : qui est Thibault ? Quel âge as-tu ? Que fais-tu dans la vie ? On l’aura compris tu représentes Ironman mais je vais te laisser faire ta présentation. Et puis question classique aussi pour les sportifs que l’on reçoit : quel est ton premier souvenir de sport ?

Thibault : Hé bien, pour me présenter rapidement je m’appelle Thibault Vellard, j’ai 36 ans, papa de 2 enfants en bas âge, ce qui est probablement la pire situation pour faire du triathlon. 

Ermanno : J’en ai 4, alors je connais haha.

Thibault : Je compatis haha. Ça fait donc une quinzaine d’année que je travaille dans l’univers du sport, je suis passé par chez A.S.O, pas forcément en touchant le triathlon parce qu’à l’époque il n’y avait pas le Garmin Triathlon Paris mais beaucoup plus sur la course à pied et le Marathon.

Ermanno : Alors, on va le rappeler pour ceux qui ne connaîtraient pas A.S.O, c’est entre autre ceux qui organisent le semi de Paris, le Marathon de Paris, le Marathon des Sables…

Thibault : Non, pas le Marathon des Sables, c’est quand même le Tour de France avant tout. 

Ermanno : Oui c’est vrai, autant pour moi.

Thibault : Là on est sur un autre sport mais oui, c’est Tour de France Dakar, et après ils ont beaucoup de course à pied, tu les as citées : principalement le Marathon et le Semi de Paris qui sont les 2 gros évènements.

Ermanno : Oui autant pour moi, j’ai confondu le Marathon des Sables avec le Dakar. Je savais qu’il y avait un truc dans le sable haha.

Thibault : Il y avait un truc dans le sable effectivement, c’était pas très mal avec des voitures et des camions plutôt qu’à pieds. Donc pour revenir, 8 ans passés chez Amaury Sport Organisation, ensuite je suis allé à Singapour pour gérer le Marathon de Singapour via une petite agence qui par la suite s’est faite racheter par Ironman en 2016. C’est comme ça que je suis devenu salarié d’Ironman, je suis resté 5 ans à Singapour et je suis rentré en France en 2019. D’abord par une fonction commerciale et depuis maintenant un an je suis directeur régional pour la France, le Benelux et une partie de l’Afrique Moyen-Orient pour le compte d’Ironman. 

Ermanno : Alors, quand tu parles de directeur régional on entend région au sens plutôt commercial mais pas au sens région française, on est sur la région comme tu l’as dit : une partie de l’Afrique.

Thibault : Oui, Ironman est découpé comme la plupart des entreprises on va dire, c’est-à-dire que tu vas avoir Amérique du Nord, Sud, ensuite la grosse région EMEA qui est donc Europe, Middle East Africa, à laquelle je suis rattaché. Du coup, j’ai France et Benelux qui font partie de l’Europe, et pour Middle East Africa j’ai Oman et le Maroc où pour l’instant nous avons des événements. Donc être directeur en gros ça veut dire : veiller à ce que les événements se passent bien, gérer les équipes, et pourquoi pas faire grossir le nombre d’événements, la qualité des événements, et tout ce qui peut graviter autour de ces évènements. 

Olivier : Bon je rentre en plein dans le sujet : l’Ironman de Belgique c’est pour quand ?

Ermanno : Ha bah j’allais poser la question tu vois !

Thibault : Même pas eu le temps de me poser que je me fais déjà attraper haha. Écoute on y est, on y travaille, c’est vrai que c’est une anomalie on était présent en Belgique y’a plus de 10 ans maintenant, c’était du côté d’Anvers il me semble.

Olivier : Oui, c’était un semi ?

Thibault : Oui c’était un semi, alors on va y aller step by step mais déjà la présence d’Ironman en Belgique c’est je pense pour bientôt, on y travaille fortement parce que c’est ce que je disais, c’est une anomalie de pas y être. C’est un pays quand même central en Europe, une énorme culture sport, endurance et triathlon avec quand même 2 champions du monde. En ratio population champion du monde Ironman c’est quand même je pense le top. Donc clairement, il y a quelque chose à faire là-bas.

Ermanno : J’en profite, je mets aussi les pieds dans le plat du coup, au Luxembourg on a un 70.3, half, semi, à quand le full, s’il te plaît ? 

Thibault : Haha, doucement. 

Ermanno : Alors tu auras compris, il y a un belge et un Français qui vit au Luxembourg, donc on commence déjà à mettre les pieds dans le plat, on pose nos questions haha.

Thibault : Il faut y aller molo, aujourd’hui il y a un bel évènement au Luxembourg qui est bien installé.

Ermanno : Oui ça fait une dizaine d’années que 70.3 est là.

Thibault : Ouais, 3100 inscrits pour cette Édition 2022 qui aura lieu au mois de juin, donc c’est plutôt pas mal. Après il faut aussi faire en sorte que le marché soit présent, est-ce que si on ouvre un full au Luxembourg, ça répondra présent ? Sachant qu’on a des épreuves en Allemagne, on a des épreuves en France, une au Pays-Bas qui est pas très loin à Maastricht. Voilà, il faut faire attention à tout ça et pas se dire « tiens, il y a peut-être une opportunité », il y a beaucoup de choses à étudier avant de se lancer, mais en tout cas on y travaille vous inquiétez pas, on est au Luxembourg et on sera un de ces jours en Belgique. 

Olivier : Ça marche, bon désolé de te sauter dessus comme ça, dès le début, revenons en à ton parcours du coup haha. Donc tu disais, France/Benelux ?

Thibault : Oui, et aujourd’hui principalement la France parce que c’est là ou on a le plus grand nombre d’événements. La Belgique, on vient d’y passer un peu de temps dessus, et pour l’instant on a rien. Les Pays-Bas on a 2 week-ends à Westfield Land et à Maastricht. Le Luxembourg on a effectivement un 70.3 qui arrive bientôt puisque c’est courant juin. Et ensuite un peu plus au Sud donc les licences au Moyen-Orient avec Oman et Maroc pour l’Afrique du Nord, simplement parce que l’Afrique du Nord a une logique culturel et linguistique puisqu’évidemment elles sont plus proches de la France, donc c’est logique que ce soit géré « depuis la France ».

Ermanno : Alors à ce micro il y a quelques mois, ça fait longtemps déjà, on a eu Marie Leautey, je sais pas si tu connais, alias Lootie Runner qui est en train de faire un tour du monde en courant, et qui nous disait qu’elle avait participé aussi au lancement d’Ironman en Grèce, ça ça fait pas partie de ta zone commerciale ?

Thibault : Non en effet, mais effectivement je sais pas si vous connaissez un peu le modèle Ironman, au départ on était vraiment sur ce qu’on appelle de la franchise, où un opérateur local pouvait acheter la marque Ironman et l’utiliser dans son pays, depuis une quinzaine d’années le modèle a complètement basculé puisqu’on est propriétaire et organisateur de nos événements on va dire sur la quasi-totalité du globe sauf les pays où c’est encore nouveau ou c’est peut-être un peu moins stable ou plus compliqué on va dire politiquement ou économiquement. Et donc dans ces pays-là on fonctionne en franchise. Après ça fonctionne aussi en opportunité. Donc en Grèce on est encore sous forme de franchise, ce qu’on appelle une licence aussi en interne, au Maroc et à Oman c’est une licence, alors qu’en Europe de l’Ouest on est vraiment propriétaire et organisateur de nos événements, donc le business est assez différent selon les pays dans lesquels on est. 

Ermanno : La différence justement que ce soit un Iron Man sous licence où que ce soit vous qui opérez en tant que propriétaire du label et des compétitions, c’est quoi ? C’est que finalement ceux qui vont organiser les courses dont vous êtes propriétaires c’est des salariés de la société Ironman ?

Thibault : Exactement, c’est-à-dire que toi en tant qu’athlète tu n’as pas à te soucier si c’est un événement qui est organisé par un licencier ou par Ironman, puisque tu vas participer à l’Ironman 70.3 de je-ne-sais-où et tu dois retrouver les mêmes standard et la même qualité d’organisation, et le même effet waouh quand tu viens faire un Iron Man qu’est-ce que c’est généralement pour ça qu’on va en faire un. 

Ermanno : Ah c’est pas pour la difficulté de l’épreuve ? Ah mince. 

Thibault : Haha, et aussi pour la difficulté de l’épreuve. Mais en soi oui la différence, tu l’as mentionnée. C’est-à-dire que moi je suis salarié d’Ironman, donc quand je dis propriétaire de l’événement c’est en effet The Ironman Group qui est propriétaire et ce sont donc nous les salariés qui organisons les épreuves. Quand c’est un licencier, ils achètent le droit d’organiser, maintenant nous, je te parlais des pays comme l’Oman, le Maroc ou même les Pays-Bas d’ailleurs, au quotidien je suis en contact avec eux, j’ai mes équipes opérationnelles toi aussi en contact avec eux, on essaie de les guider, de les aider, maintenant sur le terrain ce sont eux qui vont opérer l’événement, qui vont le livrer avec notre aide en tant que garde-fou de la marque, pour faire en sorte qu’ils fassent pas n’importe quoi. C’est-à-dire que toi quand tu vas faire l’événement Ironman A ou B tu dois avoir exactement la même expérience donc retrouver sur les ravitaillements le même ordre, et ce sont des guide-lines et des règles qu’on applique sur l’ensemble de nos événements, donc nous notre rôle c’est de faire en sorte que les licenciés applique ses règles-là pour que vous, athlète, ne voyez aucune différence. Il est juste là, après l’événement reste un évènement Ironman et il y a aucune différence entre un Ironman à Maastricht et un Iron Man à Vichy.

Ermanno : Si ce n’est peut-être le terrain ou la météo. 

Thibault : Évidemment haha. Les distance c’est pareil.

Olivier : Mais il y a une marge non ? 

Thibault : Il y a une marge d’erreur effectivement. On est pas sur un label  FFA où un Semi Marathon ça doit être 21,097 à 1% près. Non, c’est-à-dire que quand il va y avoir 1500m de dénivelé sur un 70.3, retirer 1 km ou 1,5km au vélo, bon déjà ça commence à faire mal aux pattes, on a une certaine tolérance. Après à nous aussi de faire en sorte que les distances soient appliquées partout de manière équitable sur l’ensemble de nos évènements.

Olivier : Et du coup quelle est la différence pour toi entre l’organisation d’évènements de course à pied et de triathlon ? Puisque niveau logistique déjà ça doit pas mal changer, c’est quoi les grosses différences pour toi ? 

Thibault : Je ne vais pas dire que ça n’a rien à voir parce que ce serait mentir, j’ai travaillé sur des épreuves course à pied dites « de masse » parce qu’on parle de entre 20 000 et 60000 personnes en course à pied. Évidemment en triathlon 60 000 personnes…

Ermanno : Ah bah ça va faire de sacrés Rolling start, pendant 3 jours haha.

Thibault : C’est de la science fiction haha. Du coup, le volume d’athlète n’a absolument rien à voir dans sport à l’autre. Ce qui fait que même si les attentes sur un triathlon et notamment sur un Ironman sont beaucoup plus hautes parce que le prix du dossard est plus élevé donc forcément les athlètes ont des attentes assez élevées. En revanche quand tu fais une petite erreur, ça peut arriver c’est notre métier on fait du live donc on est sans filet, tu as le temps de la corriger sur un Ironman, et ça peut affecter peut-être 5 ou 10 personnes le temps de corriger cette erreur. Sur un Marathon où tu as 50 000 personnes, la moindre brèche devient un gouffre qui impacte tout de suite des dizaines de milliers de participants. Il y a une telle densité, qu’il y a un niveau de stress vraiment encore un cran au-dessus. Alors oui la durée de l’épreuve sur un marathon tu vas être sûr 8h, équivalent peut-être à un 70.3, alors que sur un full tu vas être à 18h30 puisqu’il y a le rolling start. Donc effectivement la durée est bien plus importante sur un full, mais je pense que le stress sur un marathon où il y a 50 000 participants est d’une telle intensité que tu prends 10 ans en 2/3 éditions de marathon.

Ermanno : On est bien d’accord quand tu pars de durée des épreuves tu parles pas de la durée la plus longue du compétiteur le plus « lent », tu parles pour vous organisateurs à partir du moment où le matin tu ramènes les cafés à tes équipes jusqu’au soir où tu vas les border, ça peut durer parfois à 18h/20h.

Thibault : C’est ça. Et du coup c’est pas la même approche. Et le marathon va être en pleine ville, donc on a un temps d’installation qui est hyper court. À part à Nice où on est en plein centre-ville, il y a des choses qu’on doit faire en pleine nuit, le reste du temps on a quand même pas mal de temps pour s’installer, on est là sur un 3/4 jours pour monter. Ça représente beaucoup de travail, une grosse intensité, mais c’est beaucoup moins condensé je trouve qu’un événement en cœur de ville de Metropole où il y a des centaines de milliers d’habitants, où tu dois à tout installer, tout déménager en un temps record, je trouve que cette approche est différent. Après en triathlon tu as trois sports à gérer donc tu es vraiment partout dans la nature, tu dois avoir des équipes qui sont partout parce que tu peux pas démultiplier les gens et gérer à la fois le swim et et le bike parce que quand il y en a qui nagent il y en a d’autres qui sont déjà en train de rouler. Il faut s’armer pour être prêt pour gérer chaque discipline, sachant que la transition est pour nous considérer comme la 4ème discipline. Tu dois vraiment avoir des gens partout avec des yeux partout qui sachent gérer et maîtriser chaque évènement. 

Olivier : Tu as le même nombre de bénévoles par participants ? Ou tu en as plus sur le triathlon ?

Thibault : Le nombre de bénévoles est pas forcément lié au nombre de participants.

Olivier : En tout cas de staff.

Thibault : Alors, le nombre de staff oui grosso modo. La particularité de la France on a quasiment que ce qu’on appel des festivals. Cette année avec Aix, Nice et Vichy on a les 2 distances sur soit un même week-end soit une même journée. Et ça c’est l’équivalent d’un full en mobilisation de staff parce que quand tu arrives à plugger un 70.3 sur un full rajoute peut-être un petit peu de difficulté en termes de staffing ça veut dire que c’est l’équivalent pour organiser un full. Oui ça demande beaucoup de monde et en fait c’est le parcours vélo qui va vraiment déterminer, si tu veux, la jauge, selon le nombre d’intersections etc et de besoin en bénévole sur le parcours vélo. Après le reste tu es généralement équivalent sur les zones de transition, sur un départ, sur un retrait des dossards etc, tout ça c’est assez calibré selon l’évènement.

Ermanno : J’imagine qu’en vélo ça va jouer aussi au nombre de boucle. S’il y a deux boucles ou 4 boucles, tu auras besoin de peut-être un peu moins de bénévoles et puis en triathlon comme tu disais tout à l’heure quand tu es un bénévole sur la natation tu peux pas être « recyclé » sur le vélo, par contre en général quand le premier commence à courir tout le monde a fini de nager donc tu peux récupérer tes bénévoles de natation sur la partie course à pied.

Thibault : On essaye au maximum d’impliquer le bénévole sur un maximum de missions parce qu’on sait tous les difficulté de recruter des bénévoles. Et encore on s’en sort bien, on a des équipes qui travaillent très bien. On a crée des relations maintenant avec toutes les communautés locales, ça c’est essentiel pour nous parce que que ce soit nous Ironman en tant qu’organisateur aujourd’hui on dépend beaucoup de ces ressources, de ces bénévoles, de leur motivation, leur implication, donc on fait tout pour les impliquer au max et faire en sorte qu’ils passent du bon temps aussi parce qu’ils sont là pour travailler mais bon ils sont là aussi pour passer du bon temps, faire partie d’un événement international, et que ce soit valorisant pour eux. Donc oui on essaye au max, comme tu disais, une fois qu’un bénévole a fini le Swim ça va durer sur un full peut-être 2 grosse heures, bah il peut se diriger vers la ligne d’arrivée parce qu’on sait qu’on a encore un peu de temps. Généralement je suis en full distance on est quand même sur du double Shift est-ce que tu vas pas demander un bénévole de rester 17 heures d’affilées pour filer un coup de main on essaye pour une mission d’avoir deux personnes au max.

Olivier : Par contre au niveau du staff, j’imagine que c’est one shot, vous dormez pas pendant 2 jours.

Thibault : Oui, essaye, maintenant les équipes sont quand même assez rodées, même les équipes les plus « jeunes » sont là depuis au moins 3/4 ans et le but c’est pas la course à celui qui dormira le moins, au contraire, le but c’est d’avoir un maximum de force aussi pour pour gérer tous les imprévus, pour garder la lucidité.

Ermanno : Pour débarrasser les barrières à la fin haha.

Thibault : Haha, c’est du live, c’est sans filter, donc quand on commet une erreur il faut être capable de prendre la bonne décision au bon moment en un temps record pour justement corriger ça. Et rien de tel qu’un peu de sommeil pour garder cette lucidité, sommeil et expérience, pour être apte jusqu’au dernier, aux réouvertures complètes de l’épreuve. Donc généralement on dort peu la nuit du samedi au dimanche.

Olivier : Tu as des exemples d’erreurs comme ça de fois où vous vous êtes bien pris les pieds dans le tapis ?

Thibault : J’ai pas forcément l’anecdote récente sur Ironman. J’en avais une pour mon 1er semi de Paris en 2009, où il y avait eu un bouchon monstrueux sur la ligne d’arrivée. C’est-à-dire que ça suivait pas, et toi tu commences à voir les gens s’accumuler jusqu’à la ligne d’arrivée où derrière ça commence à s’accumuler avant la ligne d’arrivée. Il y a eu des gens qui ont du mettre 10min à passer la ligne à l’arrêt. 

Ermanno : Pour ton chrono ça fait mal quand même hein haha.

Thibault : Aaah oui, ça fait très mal. Et t’as pas forcément de solution en live alors oui tu ouvres les vannes de tous les côtés mais c’st presque trop tard. Typiquement le genre d’erreur que tu fais 1 fois mais pas 2, l’année d’après tu vas mesurer la largeur, tu espaces un maximum les choses et tu tires des leçons de tes erreurs. Une faille peut vite devenir un gouffre, sur un semi elle peut vite devenir monstrueuse, autant sur un marathon on va dire que le pic-time est à 3h45/4h, sur un semi c’est divisé par 2 donc heu… Tu as un nombre d’athlètes qui passent la ligne d’arrivée à la minute qui est monstrueuse donc la moindre erreur peut devenir catastrophique. Donc on a pas mal de points à valider alors encore une fois tu peux pas tout prévoir, tu as beau avoir tous les plans de la planète un truc que tu avais pas prévu peut tomber de nul part. Mais voilà encore une fois c’est notre métier et notre savoir-faire, c’est d’être capable de réagir à plus ou moins n’importe quelle situation. Alors après tu réagis plus ou moins rapidement, mais en tout cas on se doit de réagir à toutes les situations possibles pour être certains que nos athlètes sont en sécurité. Si il y a une tempête le but c’est pas de passer la ligne d’arrivé, c’est qu’ils soient protégés, si la décision c’est d’arrêter la course et bah on arrête la course. Clairement ça fait suer tout le monde, mais si c’est la meilleure décision qui permet aux athlètes d’être en sécurité il faut la suivre. 

Ermanno : Comme Olivier à dit qu’il avait plein de questions je vais essayer d’en placer quelques-unes avant. On parlait des bénévoles, justement comment est-ce qu’on recrute des bénévoles sur une course comme Ironman ? Parce qu’en plus il faut pas se le cacher, Ironman ça reste une société commerciale donc l’objectif de la société Ironman au-delà de procurer du plaisir à ses participants c’est aussi faire du business, donc comment est-ce qu’on arrive à la recruter des bénévoles ?

Thibault : Je tiens à préciser que c’est comme toute société privée, on est des salariés, il faut bien payer les salariés.

Ermanno : Tout à fait, mais comme les associations sans but lucratif. C’est pas parce qu’elles sont sans but lucratif que les salariés sont pas payés. Donc comment est-ce qu’on recrute des bénévoles et peut-être parfois est-ce que tu as été confronté à des bénévoles qui t’ont dit « ouais mais moi je te file du temps gratos alors que toi tu vas gagner de l’argent « sur mon dos » ?

Thibault : Non alors ton dernier. point : non. Dans ce cas là ils viennent pas, si ils adhèrent pas à cette philosophie clairement ils viennent pas. Généralement on va dire que le 1er point d’appui ça va être le ou les clubs de triathlon locaux. Parce que forcément ils ont culture du triathlon, une connaissance de l’univers et quand tu parles d’une zone de transition à quelqu’un qui fait partie d’un club de basket, ça lui parle pas forcément alors que un club de triathlon déjà tu commences à être un peu plus dans le juste. Donc c’est les premiers sur lesquels on va s’appuyer, après on va essayer quand même de s’appuyer plus sur les clubs de sport parce qu’on reste un évènement sportif, il y a forcément une culture et une philosophie sportive quand tu vas parler à un club d’athlétisme, à un club de vélo, voilà on essaie aussi de se rapprocher par rapport à nos sports. On a la chance d’avoir 3 sports donc déjà on peut aller parler avec les associations et les clubs sportifs de ces trois disciplines, plus la discipline triathlon. Donc ça commence déjà à faire un cercle assez large, et après c’est amis d’amis, c’est tous les autres clubs : les clubs les omnisports, les clubs de foot, de basket, de rugby, etc… On va dire que c’est le 1er point, on essaie de travailler parfois avec les écoles aussi parce que c’est intéressant pour eux. Pas les écoles primaires évidemment, plutôt lycée ou STAPS et les écoles comme ça. Ça leur permet de mettre un peu le pied à l’étrier, de voir un peu l’univers sportif mais en même temps l’univers de l’entreprise, voir comment on travaille. On est quand même assez réputé pour notre organisation donc c’est quand même intéressant je pense de voir de l’intérieur : comment une entreprise comme Ironman organise ses événements ? Et après on a aussi évidemment des retraités, en France, le tissu de bénévoles c’est aussi beaucoup de retraités qui ont du temps à donner, envie de se sentir utile qui sont soit passionnés de sport, soit juste qui habitent dans le coin et qui ont envie de donner de leur temps et de nous donner un coup de main. Honnêtement oui parfois certains postes sont un peu plus ingrats que d’autres, je pense à un rôle de signaleur à la fin d’un parcours vélo ou ça peut être long, où là on essaye d’avoir des des shift aussi. Mais honnêtement bénévole sur le départ ou sur la ligne d’arrivée à remettre les médailles c’est quelque chose d’assez gratifiant, tu vois des sourires, des pleurs d’émotions et de satisfaction, c’est quand même assez intense de pouvoir faire partie de cette fêtes-là. On fait aussi attention aux détails, que ce soit les tenues des bénévoles, tout ce qui est repas, essayer de faire des soirées aussi après pour les remercier, c’est important pour nous aussi de les impliquer dans nos projets. 

Ermanno : Juste une petite précision, toute à l’heure tu parlais de STAPS, pour ceux qui connaissent pas c’est fac de sport en France.

Thibault : Effectivement, c’est vrai qu’on s’adresse à un public francophone et forcément français.

Ermanno : Exactement haha, tu avais une question Olivier peut-être ?

Olivier : Ah mais moi j’en ai plein haha. 

Thibault : Bon bah moi je vais y aller alors haha.

Olivier : C’est vrai qu’on t’a un peu sauté dessus mais si on revient un petit peu dans tes débuts dans le triathlon, même à titre perso, toi tu t’occupais de courses à pied à Singapour, tu avais déjà fait du triathlon à l’époque ou c’est au moment où la course se fait racheter par Ironman que tu découvres un petit peu cet univers ? 

Thibault : Alors c’est une bonne question, j’ai commencé le triathlon juste avant de partir à Singapour. Je me suis acheté mon premier vélo, au début je me disais que c’était un sport de plouc comme on dit en France, peut-être parce que j’avais 27/28 ans, et en fait j’y ai pris goût. J’ai fait quelques marathons, j’ai un vélo alors pourquoi j’essaierais pas le triathlon ? Donc j’ai fait mon premier triathlon à Annecy, ça devait être en 2014, juste avant de partir à Singapour.

Olivier : C’était AlpsMan ?

Thibault :  Non ça s’appelait le triathlon d’Annecy, c’était une distance olympique qui a lieu au mois de mai/juin, un truc comme ça. J’y suis allé avec 2/3 potes et je trouvais ça marrant. Par la suite j’ai déménagé à Singapour, j’ai emmené mon vélo avec moi, il fait très chaud mais du coup c’est top pour s’entraîner parce qu’il fait la même température toute l’année. Tu te lèves à 5h du matin, tu transpires déjà rien que de mettre tes chaussures donc t’es chaud pour aller faire du vélo contrairement à chez nous. En ce moment à 5h du matin perso je ne mets pas les pieds dehors. Du coup c’était hyper pratique et j’ai continué à faire des petits triathlons distance S et Olympique, et quand on s’est fait racheter on avait avec quelques copains là-bas. On avait pour projet de faire notre premier 70.3 et ça concordait avec le moment du rachat. Donc c’état à Da Nang au Vietnam, j’ai cumulé à peu près toutes les courses Ironman en Asie, c’est des villes et pays qui font rêver depuis notre froid européen. Mais c’est vrai que quand tu habites à Singapour, en 2h d’avion t’es en Thaïlande, au Vietnam, aux Philippines, en Indonésie, etc donc du coup j’ai fait quelques courses par là, j’en ai fait en Australie aussi parce que c’est pas si loin que ça de Singapour. Je m’y suis mis vraiment pas mal parce que, encore une fois, la pratique du triathlon elle est facile à faire, tu peux aller courir à n’importe quel moment.

Olivier : Pour le vélo, tu fais comment ? Parce que Singapour c’est une ville, donc dès que tu sors de la ville tu es en Malaisie du coup, ou dans la merde ?

Thibault : Alors oui tu peux faire du vélo en Malaisie, il faut que tu passes la frontière. Mais le tour de l’île à vélo s’appelle RTI « Round Till Island », c’est très connu des amateurs de STRAVA et de vélo à Singapour. Il fait à peu près 120 à 130 km, donc ça fait déjà un bon tour. C’est plat, il y a pas de dénivelé. Alors si, tu peux aller te choper des petites collines que tu vas faire 15 fois d’affilées, mais c’est des routes larges plutôt biens entretenues, et il y a quelques autoroutes mais tu as pas le droit d’y aller en vélo. Mais franchement ça se fait hyper bien, tu as vite des groupes, tous les jours, tous les matins, il y a des groupes de niveau à un point de rendez-vous des cyclistes, donc c’est assez facile pour s’entraîner. Dans ma plupart des résidences, quand tu es étranger à Singapour, tu as une piscine, moi j’avais une piscine olympique dans ma résidence que personne utilisait donc forcément c’est pratique pour t’entraîner. 

Ermanno. : Ha bah je t’envie hein parce que moi à Luxembourg je suis obligé de prendre des créneaux, la piscine est à 30 bornes de chez moi, c’est une horreur haha.

Thibault : Ah mais moi c’est fini tout ça haha ! Mais là j’ai la pluie bordelaise t’inquiète c’est fini tout ça haha. Mais du coup les conditions étaient réunies pour s’entraîner, les copains : pareil, ils habitaient à côté donc on s’entraînait en groupe. Donc j’ai dû faire une dizaine de 70.3 et j’ai fait mon premier et dernier full à Langkawi en Malaisie avec un petit taux d’humidité dans les 95-98% et une températures avoisinant les 40 degrés, c’était pas forcément une course excellente pour moi mais c’était très chouette.

Ermanno : Du coup ça tue ma question parce que j’avais une petite question de fin, j’allais te demander : quand on est directeur d’une zone Ironman, est-ce qu’on a besoin de se qualifier pour aller à Hawaii ? Participer hein, pas juste encourager, du coup tu as répondu à la question : t’en as fait qu’un de full. 

Thibault : Je ne me suis pas qualifié je te confirme, j’étais très loin d’avoir mon slot. J’ai eu la chance de faire les championnats du monde en 2019 à Nice sur le 70.3. Mais non, Hawaii je pense que ça restera dans la case « rêve » et jamais j’y toucherai en me qualifiant donc j’ai eu la chance d’aller à Hawaii pour voir mais pas d’y participer. 

Olivier : T’as parlé des courses en Asie, t’as parlé de la qualif’ pour Hawaii, est-ce que les courses en Asie sont plus faciles qu’en Europe ?

Thibault : Alors le niveau est clairement pas le même, faut pas se le cacher. Après t’as aussi beaucoup d’expatriés qui habitent en Asie, et qui ont un gros niveau. Faut quand même garder en tête que les chronos sont pas les mêmes mais les conditions sont absolument pas les mêmes non plus. Comme je disais toute à l’heure, quand tu as 90% d’humidité et une chaleur avoisinant les 35-40 degrés, ton corps ne réagit pas pareil que quand tu as 20-25° et 60% d’humidité.

Ermanno : Ou du moins quand t’es européen et que tu vas faire une course là-bas ou quand t’es américain, alors que quand tu es un local tu es habitué.

Thibault : Alors il y a beaucoup d’expatriés qui, eux, ont le corps acclimatés à ce climat-là, mais quand toi, européen, tu regardes et tu te dis « attend ils se sont qualifiés avec un chrono de 4h40 sur un 70.3, comment c’est faisable ? », alors qu’en Europe si tu fais plus de 4h15 tu peux oublier ton slot, ben ouais, mais le premier footing que j’ai fait à Singapour j’ai dû ralentir je pense de 15sec au km et j’ai cru mourir à la fin. En fait ton coeur ne ralentit jamais, tu as beau ralentir ton allure, ton coeur ne ralentit pas, il va se stabiliser et stagner mais pas ralentir, et c’est hyper difficile à appréhender surtout quand tu fais ton petit voyage où tu vas arriver 3/4 jours avant histoire de t’acclimater. Et tu crois que tu es acclimaté mais pas du tout, parce que les conditions de la course sont complètement différentes. Et là tu te rends compte que c’est pas si facile. Alors oui le niveau est quand même un chouilla en-dessous c’est indéniable, mais les conditions sont beaucoup plus difficiles. Ce qui fait que tes performances s’en ressentent aussi.

Ermanno : Après quand tu as 90% d’humidité et 40 degrés de température, tu es dans les bonnes conditions pour préparer Hawaii, non haha ?

Thibault : Oui, mais est-ce que tu viens pour te préparer à Hawaii ou te qualifier à Hawaii ? C’est pas la même haha.

Ermanno : Tu vas tenter une qualif’, et puis une fois que tu l’as tu restes sur place pour te préparer à Hawaii, c’est ça non haha ? 

Thibault : C’est ça haha. Après je sais qu’il y avait pas mal de gens qui tentaient. Par exemple j’ai fait la course 70.3 à Colombo au Sri Lanka, c’est rempli de français parce qu’au final c’est une belle destination touristique pour nous en Europe, et tous les Français ont coché les slot l’année où on pouvait se qualifier pour Nice. Donc forcément, il y avait peut-être plus de français qui avaient envie de faire les championnats du monde à la maison. Mais du coup il y avait une majorité de slots qui étaient empochés par des français parce que le niveau était quand même assez élevé, et où ils pensaient quand même pouvoir empocher la qualif. 

Olivier : Bon, et si on compare un petit peu ? Parce que je crois que c’était une question que la très grande majorité de nos auditeurs ont en tête : quelles sont les courses les plus stratégiques pour se qualifier à Hawaii ? Tu devais t’en douter qu’on allait te la sortir celle-là haha.

Thibault : Haha, le nombre de potes qui m’ont dit « mais quelles courses il faut faire ? » Et en faite c’est hyper dur de répondre, ça dépend d’une année sur l’autre. C’est à dire que si une année on se rend compte que il y avait 400-500 participants pour 40-50 slots, donc ça fait plus ou moins 10% de chance de se qualifier ce qui est quand même hyper élevé, bah l’année d’après cette course-là elle va peut-être passer de 400-500 participants à peut-être 1500, et du coup c’est plus du tout un bon plan pour te qualifier. Donc il y a malheureusement pas de règles. C’est plus de monitorer un peu des groupes d’âge parce qu’on publie les listes des inscrits assez régulièrement, de regarder combien il y en a dans ton groupe d’âge. Après si tu es prêt à aller faire le 70.3 de Davao aux Philippines où tu vas mettre 3 jours pour y aller et 3 jours pour venir, tente ta chance, mais il faut garder ça en tête. Pour moi il y a pas de course plus facile qu’une autre, ou en tout cas il y a pas une règle particulière, il peut y avoir des courses plus faciles mais ce sera identifié sur le moment et c’est difficile de prédire si loin 1 an avant. 

Ermanno : Donc finalement ce que tu es en train de nous dire c’est que la course idéal pour se qualifier, la plus facile, c’est peut-être…

Thibault : Faut toutes les faire haha.

Ermanno : Haha, non j’allais pas dire ça. Mais c’est peut-être finalement celle qui est à côté de chez toi parce que t’es acclimaté, tu connais le parcours, tu as pas 3 jours de voyage, et puis potentiellement tu as un paquet de potes qui sera là donc c’est peut-être celle-là la meilleure.

Thibault : Exactement, après Olivier tu parlais des slots, fin le nombre de gens qui cherchent à se qualifier aussi pour les championnats du monde, ça représente aussi un pourcentage réduit par rapport au nombre d’athlètes. Donc ce dont tu me parles c’est vraiment une frange de nos athlètes qui est représentée peut-être 10% à 15%. La majorité c’est, comme tu disais Ermanno, s’éclater, venir en famille, entre amis, etc et dans ces cas là oui c’est la destination qui va compter ou la logistique et pas forcément se qualifier pour les championnats du monde. Et finalement pour en revenir aux championnats du monde c’est beaucoup de la destination. C’est-à-dire que si c’est typiquement à Toko en 2024, bah c’est peut-être plus facile d’accès pour les Australiens, les Asiatiques, que nous Européens parce que c’est à l’autre bout du monde, il faut au moins 15 jours de vacances le temps d’accéder en Nouvelle-Zélande, tu vas vouloir rentabiliser ton voyage aussi parce que tu vas être en vacances là-bas et que quand tu as besoin de 3 jours pour y aller et 3 jours pour revenir, bah t’essayes de rester un peu sur place, donc ça aussi ça joue beaucoup. Je parle des 70.3 hein, parce qu’évidemment pour le full c’est Hawaii, sauf Saint-Georges mais c’est une exception, donc tu sais à l’avance que tu vas devoir aller à Hawaii.

Ermanno : Et tu sais que c’est le deuxième weekend de octobre, il y a pas de souci.

Thibault : Mais là on parle encore plus réduit de qualifiés. 

Ermanno : Bon on avait quand même au micro Philippe Martin, alors je sais pas si tu connais mais tu pourras regarder dans les tablettes des inscrits avec 42 Ironman à son actif, pas toujours des labels Ironman mais en tout cas 42 full distance, qui nous disait que l’année du covid il a voulu aller à Cozumel, mais il a rencontré pas mal de problèmes pour y aller, il a mis 4 jours je crois, et en plus c’était la tempête donc il s’est retrouvé bloqué sur le port avec d’autres athlètes. Donc il y en a qui y vont effectivement que pour le plaisir ou pour cocher une case.

Thibault : C’est ça, après ça dépend de la volonté de chacun, des objectifs, après la chance qu’on a c’est qu’on a des courses à peu près partout dans le monde dans des destinations…

Ermanno : Après sauf en Belgique mais on va pas remettre un coup de bâton haha.

Thibault : Haha, sauf en Belgique, donne-moi encore quelques mois ou années et on y sera, mais des parcours différents, si tu veux nager en lac, en mer, en rivière, etc, il y a un choix tellement vaste que je pense qu’il y en a à peu près pour tous les goûts chez Ironman. 

Olivier : Et donc tu as mentionné le format Ironman qu’on connaît bien, le semi 70.3, mais il y en a d’autres comme le 51.50, pour rester en tout cas sur le triathlon, et après ben on sait que Ironman c’est plus que juste du triathlon.

Thibault : Oui on a même au-delà, on a même au-delà de 4.18.4 qui est l’équivalent d’un sprint, on en a au Pays-Bas et au Danemark qui sont généralement des legacy, des rachats de franchisés d’il y a plusieurs années qui permettent en fait d’attirer un public nouveau, pas forcément à fond dans le triathlon, qui va tester des distances plus courtes types sprint olympique donc 4.18.4 ou 51.50. Ces épreuves-là servent à faire venir le plus grand nombre d’athlètes, à leurs faire découvrir un peu notre univers. Au bout d’un an ou deux ans généralement c’est le cas, ils entendent tellement parlé de Ironman 70.3 ou full et ensuite ils viennent s’essayer.

Olivier : Vous en avez combien des 51.50 ?

Thibault : Tu me poses une colle, dans ma région j’en ai environ 1 ou 2. Cette année il y en aura qu’un puisqu’il sera à West Friesland pas très loin de la Belgique et d’Amsterdam, et on en a aussi un à Maastricht mais cette année vu qu’on a un full là-bas on a que le full et le 70.3, on a pas de 51.50.

Ermanno : Tu peux peut-être nous dire quelques mots sur ces distances, justement le 51.50 ?

Olivier : C’est le nombre de miles ?

Thibault : C’est le nombre de km. C’est là ou 70.3 et 140.6 c’est le nombre de miles cumulés sur les les trois disciplines, alors que 51.50 c’est le nombre de km. 

Olivier : Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?

Thibault : Me demande pas je suis pas derrière tout ça haha.

Olivier : Du coup c’est un format qui est exclusivement européen ?

Thibault : Format olympique.

Olivier : C’est en kilomètres parce que c’est très européen ou bien on les retrouve aussi aux États-Unis ? 

Thibault : Je dirais oui, après on en a pas beaucoup, on doit en avoir un à Cervia en Italie, on en a un aux Pays-Bas, en Allemagne, en Pologne, on en a pas beaucoup en Asie je crois qu’on en avait un petit peu aussi, on va dire que le triathlon en Asie est un petit peu plus en retard par rapport à Amérique du Nord du coup c’était une marque qui permettait de faire venir plus d’athlètes. C’est vrai que quand tu commences le triathlon, commencer direct par un 9.90.21, ça peut faire un peu peur, donc avoir une distance intermédiaire ça permettait aussi de faire venir du monde.

Olivier : Il y a un niveau assez relevé sur ce genre de course ou c’est vraiment pour ceux qui débutent et qui veulent un initiation au triathlon ?

Thibault : Il y aura toujours un gars qui va avoir envie de faire un petit olympique ou 51.50 en prépa de je ne sais quelle autre course donc tu vas toujours en avoir un qui va éclater un chrono mais dans l’ensemble c’est quand même de la découverte et un peu moins compétitif.

Olivier : Comme finalement sur les DO, à moins que ce soit une manche du championnat national ou un truc comme ça, c’est vrai que c’est un peu plus accessible.

Thibault : Ouais peut-être un peu plus loisir et moins compétition, encore que, si tu t’inscris à une course c’est quand même que tu veux faire de la compétition. Il y a pas de règle particulière mais c’est vrai que quand tu décides d’aller vers une distance plus importantes généralement tu t’es aussi plus investi en entraînement, parce que c’est quand même pas anodins ces distances donc tu as mis peut-être mis un peu plus de préparation sur un 70.3 que sur un 51.50.

Ermanno : Et pendant qu’on parle de différentes distances ou de différentes disciplines, je pense que ça n’aura échapper à personne, Ironman a investi dans l’UTMB et notamment les UTMB World Series, est-ce que ça rentre aussi dans ton giron à toi ? Qu’est-ce qu’il y a de beaux de prévu dans la région dans les prochaines années ?

Thibault : J’aimerais bien puisque l’UTMB est en France mais non pour le moment c’est un fonctionnement totalement indépendant, même si évidemment il y a des passerelles et on discute et on essaye de travailler au maximum ensemble. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui on s’appelle The Ironman Group, mais en fait si tu veux le pilier Ironman on va dire que c’est la branche triathlon de The Ironman Group. Aujourd’hui on est présent sur l’ensemble des sports dits « de masse », parce que tu parlais de l’UTMB mais on a aussi fait l’acquisition de la haute route, donc course de vélo dans les conditions du tour de France, par exemple la haute route Alpes c’est sur 7 jours, c’est une course à étape où tu vas avoir contre la montre, dernière c’était l’Alpe d’Huez, et tous les jours tu as des étapes, donc c’est une itinérance d’un jour à l’autre, d’un hôtel à l’autre, donc c’est vraiment dans les conditions des pros. Il y a donc cinq ou six événement haute route. On est aussi sur le VTT puisqu’on a la Cape Epic en Afrique du Sud et qu’on a commencé à créer des Epic Series en VTT en Europe et dans le monde, donc on a aussi les Rock’n’roll Marathon Series, qui sont principalement aux États-Unis, donc on a course à pied, triathlon, vélo de route, VTT, et trail running, donc on est vraiment sur l’ensemble des sports de masse. La stratégie est assez simple, c’est-à-dire que quand tu fais du triathlon tu fais et de la natation et de la course à pied et du vélo, tu vas toucher un peu à tout ces sports-là ce qui fait qu’il y a clairement des passerelles d’un univers à l’autre, des connaissances aussi pour nous en tant qu’organisateur qui sont communes et ça permet de mutualiser dans un même pays, d’avoir plusieurs courses avec plusieurs marques différentes, c’est une stratégie qui a commencé je dirais il y a maintenant 7 ou 8 ans, où on a d’abord pénétré le marché de la course à pied avec les Rock’n’roll Series, puis la Cape Epic, et récemment l’UTMB et la haute route. Et l’UTMB en moins d’1 an on réussi à monter des series avec plus d’une vingtaine de courses sur les World Series donc c’est quand même pas rien, ça peut paraître anodin mais je vous assure que mettre plus d’une vingtaine d’organisateurs autour de la table et de monter ça ensemble ça à mobiliser beaucoup de monde pendant une période de temps relativement courte pour créer tout ça, donc chapeau bas à tout ceux qui ont oeuvré derrière ça. 

Olivier : En termes de taille d’organisation, c’est une des plus grandes organisations d’évènement sportif ou pas du tout ?

Thibault : Clairement oui, en tout cas dans les sports de masse. Après tu vas avoir des organisations monstrueuses dans l’univers du sport.

Olivier : Oui, sans parler du foot, du rugby…

Thibault : Quasiment 300 salariés juste en Europe, donc c’est quand même assez conséquent, et dans le monde je saurais pas trop te dire, on doit être autour des 800 peut-être.

Ermanno : Ouais c’est pas si énorme que ça finalement.

Thibault : Oui après on travaille quand même pas mal aussi avec des contracteurs sur l’événement, nous en France on est une petite vingtaine, clairement t’es pas capable de livrer un Ironman avec une petite vingtaine donc on fait appel aussi à des freelance qui aident sur les évènements, où les équipes vont monter peut-être à une quarantaine, en plus des bénévoles. Mais oui forcément tu es renforcé par des équipes externes et tu peux pas tout gérer toi même sur des évènements, en tout cas qu’avec les salariés. 

Olivier : Okay, et c’est quoi l’ambition de Ironman pour les prochaines années, les 10 prochaines années ?

Ermanno : Racheter A.S.O et devenir le plus gros organisateur mondial haha.

Thibault : Voilà haha. Non déjà on a vécu deux années quand même assez particulières, on a tendance à oublier que le covid étaient là depuis quelques jours et semaine avec l’actualité mais clairement notre industrie a vécu les pires années de son histoire. 2020 étant absolument terrible puisqu’on a eu aucun événement. Alors on a fait les Sables-d’Olonne, on a réussi à passer entre les mailles du filet covid en septembre, et l’année dernière malgré tout on a livré une bonne partie de nos événements mais sur un calendrier complètement chamboulé puisque tout a eu lieu entre juillet et septembre/octobre avec un nombre d’athlètes divisé par quasiment deux.

Ermanno : Et des athlètes qui avaient déjà leur inscription en 2020 donc finalement au niveau chiffres d’affaire c’était vraiment n’importe quoi.

Thibault : Oui avec un système de report effectivement, et puis pour nous, organiser une course de 1000 athlètes et de 3000 athlètes, ça coûtaient exactement la même chose. Deux années très très difficiles, donc on va déjà essayer de consolider. L’air de rien on a quand même fait l’acquisition de plusieurs boîtes dans les 12 derniers mois. Donc voilà, consolider tout ça, faire en sorte que nos événements fonctionnent bien, qu’on revienne sur une trend où on était en 2019 où ça montait, la quasi totalité de nos événements notamment en Europe étaient sold-out. Revenir déjà sur un calendrier à peu près normal ce sera ce qu’on peut nous souhaiter de mieux en 2022. À priori on en prend le bon chemin, parce que la plupart des pays commencent à lever les restrictions et je pense que les gens ont clairement envie de revenir à une vie quasi normale avec des événements, remplis, c’est bête mais quand tu as 1000 athlètes c’est pas que c’est moins la fêtes, on doit faire autant la fête pour ces 1000 là mais plus on est de fous plus on rit et clairement ça se ressent dans l’ambiance, dans les spectateurs autour, quand on divise par deux ou trois le nombre d’athlètes bah y’a un peu moins d’ambiance autour. Donc de retrouver ces ambiances de lignes d’arrivées à 23h30 où c’est noir de monde pour encourager les derniers athlètes qui ont passé la ligne. Ça ça nous a manqué aussi, donc de revenir sur ses bases-là et après dans les années à venir pourquoi pas continuer de se développer. De toute manière, le triathlon on a grossi comme jamais ces dernières années, on est dans la majeure partie des pays du monde, oui il manque encore la Belgique, mais on finira bien par y être.

Ermanno : On l’a pas dit hein, tu l’as dit tout seul cette fois-ci haha.

Olivier : Je pense qu’on sera parvenu à faire passer le message haha.

Thibault : Pour les auditeurs, j’ai vu sur vos têtes que vous alliez le dire donc… haha. Mais voilà, essayer d’ouvrir encore sur les quelques marchés sur lesquels on est pas présent, sur les pays où ça marche très bien, où il y a une forte demande, pourquoi pas créer de nouvelles épreuves, qu’elles soient en triathlon, en trail ou en vélo, mais en tout cas consolider les marques sur lesquelles on travaille aujourd’hui. Et sur ces pays en forte demande, est-ce que par exemple la France en fait partie parce que je te parle de ça mais certaines personnes connaissent pas encore cette époque là mais moi je me souviens début des années 2000 où Ironman justement s’installe à Nice, alors qu’avant c’était les championnats de France longues distances mais c’était même pas en distance Ironman, donc Ironman s’installe à Nice, c’était la porte d’entrée d’Ironman en France. Depuis il y a Vichy, il y a Aix, les Sables-d’Olonne, est-ce que vous ambitionner aussi d’aller ailleurs ?

Thibault : Pourquoi pas, on s’interdit rien. Après il faut pas faire n’importe quoi, c’est-à-dire que si tu ouvres une autre destination en France, tu sais clairement que ça risque de déshabiller tes villes déjà existantes. Donc il y a un jeu de vases communicants. Aujourd’hui on a plutôt intérêt à organiser 4 épreuves avec 3000 athlètes, ce qui te fait 12 000 personnes, plutôt que de faire 7 épreuves à 1600 et quelques, ça n’a aucun intérêt, donc il faut pas faire n’importe quoi. La distance 70.3 elle marche très très bien en France, tous nos évènements 70.3 sont sold-out, et on a un sacré nombre d’athlètes puisque Aix on est à plus de 2500, les Sables on est à 3300, Vichy on est bientôt à 2500, et Nice on est pareil à 2400. Donc y a une forte demande sur le marché du 70.3 donc pourquoi pas se développer sur cette distance-là. Après quand tu développes ta base d’athlètes sur le 70.3, c’est les gens qui plus tard voudront s’essayer sur la distance full, mais voilà il faut y aller crescendo, il faut pas faire n’importe quoi il faut garder en tête que quand tu ouvres une destination, et je parle de la France mais on a aussi beaucoup d’athlètes Anglais par exemple, qui vont à Nice aujourd’hui, si demain je crée une autre épreuve peut-être qu’ils iront plus à Nice mais sur cette nouvelle destination ou peut-être que ceux qui allaient en Allemagne viendront en France. Donc il faut avoir un raisonnement, une façon de penser beaucoup plus collective. On doit discuter avec mon collègue qui gère la région Allemagne-Suisse-Autriche, parce que chaque nouvel événement aura un impact sur l’ensemble des événements donc il faut avoir vraiment une approche globale et pas centrée sur ton pays où ta région.

Ermanno : Et question subsidiaire à justement l’augmentation du nombre d’événements ou l’augmentation du nombre de participants sur les événements, on l’a déjà dit à de nombreuses reprises, Hawaii ce sont les championnats du monde de la distance Ironman, la distance full, malgré tout Hawaii est pas extensible on peut pas y mettre 50 000 personnes, donc plus vous allez ouvrir d’événements, vous allez faire quoi ? Soit vous allez réfléchir à dédupliquer les championnats du monde, ou peut-être à mettre beaucoup moins de slots sur les événements qui sont déjà ouverts, quelle est la stratégie que Ironman veut adopter pour autant que tu sois aussi dans ces sphères de discussion ?

Thibault : Alors on a une équipe dédiée aux championnats du monde, mais ton raisonnement est tout à fait logique et légitime, mais je sais pas si tu as vu mais Hawaii aujourd’hui on est sur deux journées d’épreuves. C’est la grande nouveauté, c’est-à-dire qu’on a la journée pour les femmes et une pour les hommes. Ce qui fait que techniquement tu augmentes ton nombre de slots. Avant on était sur tout le monde combiné sur une seule journée ou plafonnait je crois à plus ou moins 2400, parce que le port de Kailua-Kona est ultra limité et on peut pas mettre un vélo de plus. Donc là en basculant sur deux jours déjà tu multiplies par 2 au final ton nombre de slots, ton nombre de qualifier donc ton nombre de slots potentiellement donc en augmentant ton nombre d’épreuves tu restes sur un nombre de slots par épreuve qui est à peut près égal voir un peu plus important.

Olivier :  Attends et ça c’est à partir de quand, à partir de cette année ? 

Thibault : C’est octobre 2022, c’est-à-dire que les championnats du monde 2021 ont lieu bientôt en 2022, et les championnats du monde 2022 ont officiellement lieux en octobre de retour à Kona et c’est là où on mettra en place ces deux journées. C’est exceptionnel, ça fait des années qu’on sait que c’est une des seules solutions, c’est pas évident parce qu’on bloque complètement l’accès dans cette zone-là maintenant économiquement on sait aussi que sans les finales mondiales Ironman prend aussi un grand coup économiquement donc c’était aussi dans l’intérêt de tout le monde de créer cette deuxième journée. 

Olivier : Donc ça veut dire que tout ceux qui font un Ironman cette année ils ont 2x plus de chance de se qualifier à Hawaii ?

Thibault : Pas forcément parce que tu vas avoir un système de slot homme et femme aussi. 

Ermanno : Oui c’est ce que j’allais dire parce que finalement les femmes elles sont quand même un peu moins nombreuses à participer aux championnats du monde que les hommes donc même si tu split sur 2 journées, si tu avais mis 1500 hommes avant pour 500 femmes ben sur la journée spéciale pour les hommes tu pourras rajouter que 500 hommes tu pourras pas rajouter autant.

Thibault : Exactement, c’est aussi pour encourager sur le 70.3, il y a toujours un écart entre les hommes et les femmes en termes de pourcentage de présence sur nos épreuves, sur la distance 70.3 c’est moins flagrant, sur la distance full on a besoin de faire venir plus de femme sur ces courses-là. C’est clairement une distance qui fait peur faut pas se le cacher. Mais il y a de plus en plus de femmes qui font du triathlon, je pense que le mot « triathlon » à fait peur pendant longtemps et est de plus en plus démystifié. En tout début de podcast on parlait de triathlon association Ironman, oui, à la fois heureusement et malheureusement, heureusement pour nous parce que quand on dit triathlon on pense Ironman mais c’est aussi les gens savent que dans leur entourage il y a un taré qui fait des Ironman et qui s’entraîne des heures et des heures. Donc en associant le mot « triathlon » et « Ironman » de facto peut faire un peu peur, alors qu’en soit un super sprint c’est très rapide quoi, ça prend peu de temps, ça demande pas des heures et des heures d’entraînement, ça permet de mettre le pied à l’étrier sur la discipline triathlon. Mais oui il y aura je l’espère de plus en plus de femmes qui viendront participer à nos évènements.

Olivier En général, ce que moi j’avais en tête c’était 1/3 – 2/3, tu confirmes ou pas ?

Thibault : Sur un full on est plutôt autour des 20%. Ça dépend des destinations mais ouais on va être entre 20% et 25%.

Olivier : Pourtant, les femmes ont tendance à être de plus en plus performantes sur la longue distance. 

Thibault : Et tu vois sur la course à pied, pareil peut-être que le triathlon suit une trend avec quelques années de retard par rapport à la course à pied, mais aux USA aujourd’hui sur les distances 10 et semi, il y a plus de femmes qui participent que d’hommes. Et peut-être qu’on y viendra, tu vois dans 5 ou 10 ans sur la distance 70.3 on sera quasiment à 50/50 hommes/femmes quoi. Faut laisser le temps au temps.

Olivier : En termes de valeurs absolues, quand on parle du nombre de triathlètes dans le monde, tu as un chiffre par rapport à ça ou pas .

Thibault : Non, joker, aucune idée.

Ermanno : Bah si on parle du nombre de triathlètes dans ta zone toi ?

Thibault : C’est difficile à quantifier, à déchiffrer, personne n’a la clé de ça parce que tu vas avoir la partie fédérale, sauf qu’on se rend compte que c’est pas forcément représentatif. On le voit sur nos courses, le nombre d’athlètes licenciés, il est a moins de 50%. Donc c’est difficile, nous on attire une partie de la population de triathlète mais on est pas non plus représentatif. Il y en a beaucoup qui vont faire des courses de club, qui sont moins chères et plus accessibles donc difficile de quantifier le nombre de triathlète parce que le marché est assez éclaté et disparate.

Olivier : J’avais vu une étude mais qui date un petit peu de la FFTRI de 2016, qui annonçait 3 millions de triathlètes mais bon c’était en 2016.

Thibault : En France ?

Olivier : Non non.

Ermanno : 3 millions en France ce serait juste énorme.

Thibault : Ça me paraissait énorme effectivement. J’ouvrirais une course dans chaque ville de France haha.

Olivier : Haha, non non c’est dans le monde entier du coup.

Thibault : En plus une étude dans le monde, c’est encore plus difficile à réaliser et à quantifier je pense. 

Olivier : Ouais c’est pas facile, bah je sais qu’en Belgique par exemple il y a environ 6 000 licenciés, si tu prends effectivement le ratio de non licenciés c’est plus de 50% comme tu disais, donc tu vois on doit être entre 12 et 15000, donc tu as entre 1 et 2 personnes pour 1000 habitants qui est triathlète. Si t’as pris plus ou moins le même ratio ça permet d’avoir effectivement un peu une idée, à mon avis ça a augmenté, maintenant je pense que les deux dernières années effectivement ça a été compliqué. En fait il y a eu très peu de triathlètes actifs puisqu’il y avait tout simplement pas de courses. Et comment tu définis un triathlète finalement ? Est-ce que c’est celui qui fait les 3 sports, ou bien c’est celui qui s’inscrit à une course ? 

Thibault : Exactement, c’est à partir de quel moment que tu décides que tu es triathlète. Est-ce que c’est pas ce que tu as participé à une compétition ou simplement parce que tu vas nager, tu fais du vélo, enchaîner les trois sport hors compétition c’est quand même à la fois rare et difficile. 

Olivier : Tu pourrais très bien faire un peu de course à pied de temps en temps, tu vas au boulot à vélo, et puis tu nages en vacances.

Thibault : Ouais, est-ce que tu peux te considérer triathlète si tu n’as jamais enchaîner les 3 sports à la suite ? Hors compétition, c’est quand même difficile de se mettre un petit challenge en se disant « tiens, je sors de la piscine », ou si t’as une piscine chez toi ou que tu nages en mer remarque. Mais c’est quand même assez restreint.

Olivier : On va refaire la définition, on va dire que c’est celui ou celle qui écoute le podcast Devenir Triathlète toutes les semaines, c’est pas mal ça haha.

Thibault : Ça peut, ça peut, haha.

Ermanno : Tu disais tout à l’heure dans certaines de tes réponses que justement il y avait certains triathlètes qui préféraient faire des courses de clubs parce qu’elles seront peut-être un peu moins chères que des courses Ironman. C’est peut-être le moment justement d’aborder la différence concurrentielle que vous apportez par rapport aux autres courses. Qu’est-ce qui fait qu’on va venir faire un Ironman plutôt qu’u triathlon de campagne pour ainsi dire ? 

Oliver : « Campagne » haha.

Thibault : Avec tout le respect que j’ai, je fais parti d’un club et on organise un « triathlon de campagne » comme tu dis.

Ermanno : Non mais ça a rien de péjoratif, on parle aussi souvent des courses de campagne.

Thibault : Nan mais je suis d’accord avec toi et dans tous les cas il en faut pour tous ls goûts et pour toutes les bourses, il en faut toutes les distances etc et c’est très bien.

Olivier : On va parler de triathlon indépendant alors haha.

Thibault : Bah nous on fournit déjà un niveau de sécurité sur nos courses c’est-à-dire que c’est fermeture des routes, équipe médicale renforcée sur renforcée plus que renforcée. On va dire que les deux points sur lesquels on met le paquet c’est la sécurité et médical pour que les athlètes soient en totale confiance, et qu’ils se concentrent uniquement sur swim, bike, run et transition, parce que souvent c’est là qu’on perd du temps. Mais voilà qu’ils se concentrent vraiment sur leur sport et qu’ils n’aient pas à se dire « merde il y a une bagnole qui va arriver, faut que je fasse attention », etc. Donc ça c’est le point numéro un.

Ermanno : Pour la petite anecdote, sur un triathlon de campagne je me suis quand même pris une ambulance sur le parcours haha. Le mec revenait d’intervention, il se garait et moi je sortais du parc. 

Thibault : Au moins ils étaient prêts à t’embarquer haha. Donc voilà pour le plan numéro un, ensuite c’est l’expérience, c’est-à-dire quand tu t’inscris un Ironman, on peut dire ce qu’on veut, c’est-à-dire que nous on va t’envoyer aussi beaucoup d’informations pour t’accompagner. Encore une fois inscrire un Ironman c’est pas un acte anodin. Ça va avoir un impact sur ta vie perso, pro, sociale, fin je pense que vous êtes passés par là. Heureusement qu’on fournit pas les avocat pour les divorces mais je pense que ça génère quand même des tensions internes, donc nous on est là aussi pour accompagner sur comment te préparer, quels outils, quelle préparation, quelle nutrition, etc… parce que c’est une expérience qui est quand même assez exceptionnelle, dans tous les sens du terme. Donc ça c’est un autre point. Il y a l’expérience sur place où quand tu viens, y’a le M dot un peu partout, alors on peut dire que c’est du marketing, et oui ça l’est, pour nous c’est aussi une des raisons pour lesquelles tu as envie de venir vivre l’expérience Ironman, parce que du début à la fin tu vas être pris en charge, ça va être le côté un peu waouh quand tu arrives. Mais moi j’aime bien aussi faire les petites courses de campagne, parce que c’est tout simple, j’arrive le matin, je récupère mon dossard, en trois secondes je l’ai accroché et je fais ma course et je m’en vais. Un Ironman c’est pas ça, tu viens, tu passes du temps, tu vas te promener au marchandising, etc… c’est vraiment une expérience plus que juste faire une course. Elle est là la différence. Je parlais tout à l’heure de y’en a pour tous les goûts, il y a tellement de destinations, généralement quand tu vas faire un full, soit tu vas faire celui qui est à côté de chez toi parce que c’est plus facile, soit tu mets vraiment le paquet et tu fais on va dire une expérience Ironman/vacances où tu vas emmener famille ou amis et tu te fais 10-15 jours sur place et t’en profites et ça rentre dans une grande expérience et je pense qu’elle est là la différence c’est qu’on dépasse le cadre juste de l’événement sportif où on apporte vraiment une expérience du début à la fin, et même après hein. On parlait tout à l’heure de qualification, même si tu n’arrives pas à être qualifié, je trouve que c’est quelque chose à voir pour le comprendre aussi, une cérémonie de slot allocation ou je me qualifie pour Hawaii, de respirer cette ambiance Ironman. Bon après je manque peut-être de neutralité étant de l’intérieur mais on essaie de prendre un peu de recul, ça reste une expérience assez incroyable à vivre en Ironman du début jusqu’à la fin je pense. Peut-être que vous partagez, peut-être que vous partagez pas mon point de vue.

Olivier : Si si, non mais je pense que c’est devenu un symbole. C’est pas pour rien qu’il y ait quand même beaucoup de gens qui se font tatouer le M de Ironman sur le mollet. 

Thibault : J’en suis pas arrivé là parce que ça reste mon employeur quand même haha.

Olivier : Mais perso moi non plus je suis pas très tatouage, mais voilà chacun son truc. Mais c’est vrai que c’est quand même fréquent, on en voit quand même assez souvent. C’est rare d’avoir un mec qui s’est tatoué le logo de son marathon, ou d’asso. 

Ermanno : On le voit plus chez les Olympiens en fait qui se font tatouer les anneaux.

Thibault : Oui mais on est vraiment sur un ton au-dessus. Mais parfois on se fait critiquer sur le fait que nos dossard soient trop chers, on force absolument personne, on n’est pas un bien de première nécessité c’est pas comme si on commercialisait des pâtes ou de l’eau fin on est sur un loisir, on force absolument personne on ne tue absolument personne, c’est-à-dire qu’on écrase pas les autres courses, on laisse tout le monde vivre donc il y en a vraiment pour tout le monde. Et encore une fois, ceux qui ont envie de vivre cette expérience, qu’ils le fassent et qu’on les laisse tranquille aussi.

Ermanno : Juste pour apporter un peu d’eau à ton moulin, je voulais aussi préciser que même pour les spectateurs parfois c’est des supers expériences. Moi j’ai accompagné un copain à Francfort en 2019, je vais l’accompagner aussi à Vitoria-Gasteiz l’année prochaine, fin cette année, et c’est vrai que quand t’es spectateur d’un Ironman ça peut être long, même les meilleurs qui font 8h, quand t’es le marie ou la femme ou le copain qui est sur le bord et qui attend que ton pote passe, et en général quand il passe en vélo c’est super rapide, bah ça n’empêche que l’expérience pour les spectateurs elle est sympa aussi.

Thibault : Ouais, t’as raison de préciser, typiquement, moi quand je choisis une destination pour aller à un Ironman, la première personne à qui je vais demander c’est ma femme parce que au final c’est elle qui va en subir les conséquences. Du coup au delà de prendre soins de l’athlète qui est effectivement notre client numéro 1, mais le prescripteur n’est pas forcément l’athlète. Ça peut très bien être la femme qui va dire « non non, t’es gentil mais tu m’emmènes pas je ne sais où, on va plutôt aller dans l’eau turquoise et profiter du soleil ». Et ça c’est hyper important, et du coup l’expérience des spectateurs comme tu dis, elle est de plus en plus importante pour nous, d’avoir une ambiance sur la ligne d’arrivée, écran géant, des speakers, de la musique, des DJ, ben oui tout ça ça a un coût mais ça permet aussi à tout un chacun de profiter de l’expérience et même pour l’athlète d’avoir des supporters autour de lui, quand tu entends ton nom et que tu vois ta femme ou un copain qui t’encourage, bah tu vas accélérer, certes que sur 200m mais tu vas accélérer parce que tu as envie de montrer et c’est important aussi.

Olivier : On l’a tous fait haha. Et vous proposez des services pour les familles aussi ? Je veux dire pour les familles, les accompagnants quoi. 

Thibault : On va avoir parfois les IronKids donc des courses pour les gamins qui permettent aussi aux enfant d’être impliqués pendant les épreuves, on va avoir selon les épreuves certaines navettes qui peuvent être mises à dispo pour que les spectateurs accompagnant puissent accéder à des points précis. Je parle surtout du parcours vélo parce que c’est là ou c’est plus difficile de circuler et d’accéder, on va avoir aussi régulièrement des services de restauration avec foodtruck, où tu te poses à la ligne d’arrivée, c’est le genre de service qu’on peut mettre en place pour que les accompagnant aient aussi la meilleure expérience possible.

Olivier : Et en interne, mise à part les jours de courses où on a compris vous dormez pas beaucoup, mais tout le reste de l’année ça se passe comment ? C’est quoi le quotidien chez Ironman ? 

Thibault : Je dis pas qu’on recrute tous les 3 jours mais parfois je modère un petit peu parce que l’extérieur on a un peu l’impression que notre quotidien c’est d’aller sur le terrain préparer des évènements, mais pour que les événements se préparent bien sur le terrain, on passe 90% voir 95% sur un ordinateur, sur Excel, sur PowerPoint, à faire des plans, etc… donc c’est ça reste un travail majoritairement de bureau. Maintenant il y a quand même une grande partie sur terrain, pour aller prendre des mesures sur place, pour rencontrer les communes traversées, discuter avec les autorités locales etc… Mais pour que tout se passe à peu près comme sur des roulettes, il y a évidemment une énorme partie du travail qui se fait au bureau comme une bonne partie des gens. Après c’est vrai que la cerise sur le gâteau pour nous c’est de se retrouver tous sur le terrain pendant une semaine/10 jours, et monter ça et d’avoir un pic d’adrénaline parce qu’on a beau faire ça depuis des années, quand tu as un évènement qui arrive bah t’as quand même ce pic d’adrénaline. Alors j’ai bossé sur la Coupe du monde de rugby en 2007, tu travailles pour un seul événement donc ton adrénaline elle monte très très très haut pendant un mois de compétition et d’un seul coup tu retombes et tu as plus rien. Nous on est pas là à se dire qu’on a une saison complète, l’année d’après on sait qu’il y a une nouvelle saison qui arrive, donc tu redescends moins bas et tu remontes assez rapidement haut puisque t’enchaînes un évènement quasiment tous les mois et parfois même des événements back to back où on est obligé d’envoyer des équipes déjà sur l’événement d’après alors qu’on n’a même pas encore démonté le précédent évènement. Cette année on va avoir Nice et les Sables qui s’enchaînent donc là il faut tout anticiper. Il y a quand même pas mal de terrain, et on va dire que c’est la partie préférée de tout le monde mais il y a quand même cette partie de bureau qui est non négligeable voir prédominante pour pouvoir passer les meilleurs moments sur le terrain. 

Ermanno : Si tu prends un événement particulier, tu considères que c’est combien de temps de préparation ? En gros, est-ce que tu prépares l’événement de l’année d’après une fois que celui de l’année en cours est terminé où c’est plutôt à cheval sur deux ans ?

Thibault : C’est plus ou moins dès le lendemain, parce que typiquement un full on va ouvrir les inscriptions le lendemain pour l’année d’après. Un 70.3 on est généralement à 9 à 10 mois avant la course. Honnêtement, on va dire que 1 an c’est bien pour pouvoir préparer un évènement. Alors on va avoir des piques évidemment je te dis pas qu’on est à intensité équivalente, et heureusement parce que pendant la saison va travailler beaucoup plus que la moyenne, on va pas compter les heures etc, et pendant la saison la plus tendre l’hiver oui on passe sur des horaires un peu plus relax entre guillemets parce qu’il faut bien récupérer de la saison que tu viens de passer, qui vient de s’écouler. Donc on est sur des pics d’activité, mais oui faut environ un an pour préparer un événement. 

Olivier : C’est quoi les types de rôle que vous avez en interne Ironman ? 

Thibault : Typiquement, je suis directeur de région et on va dire que les équipes qui travaillent avec moi sont les équipes opérationnelles et ensuite on va voir ce qu’on appelle les supports qui sont rattachés à des bureaux. Dans les bureaux de la France on va voir la ou les fonctions marketing et commerciale, accompagnement des partenaires, les fonctions finances etc, qui sont rattachées à des directions métiers, avec un directeur Europe. Le directeur financier Europe est basé en Allemagne et il a des équipes finances dans plus ou moins chaque sub-régions ou pays, et après moi les équipes opérationnelles sont vraiment rattachées et fonctionnent pour les événements de ma région, de mon pays, et ensuite on va avoir le soutien de tous les métiers, donc voilà comment on fonctionne et ça marche très bien. C’est un bon équilibre, ça permet d’avoir le même fonctionnement dans tous les pays et toutes les sub-régions de l’Europe en tout cas et on a un fonctionnement équivalent partout dans le monde. 

Olivier : Quand tu dis des profils opérationnels, c’est quoi comme type de background ?

Thibault : C’est ce qu’on appellera vulgairement chef de projet. C’est-à-dire qu’un directeur de course c’est le chef d’orchestre, il doit faire en sorte que la personne du marketing soit au courant de ce qui se passe sur son épreuve, que la personne qui va gérer le partenaire lui précise quelle activation va être mise en place parce que ça va avoir un impact sur la configuration de sa ligne d’arrivée, il va devoir gérer son budget, donc parler avec les équipes finances. Il va devoir gérer avec la personne qui recrute les bénévoles pour estimer le nombre de bénévoles nécessaires… C’est leur chef d’orchestre qui a évidemment des compétences opérationnelles et un peu logistiques, mais vraiment c’est un chef de projet. Il a une timeline, il sait à quel moment il faut que telle ou telle chose soit mise en place, soit validée, activée. Il va gérer tous ses prestataires qui vont venir monter les barrières, tout ce qui est sécurité, la sono, les tentes, etc… Donc c’est le garant du bon fonctionnement de l’événement, et pour ça il faut pas avoir forcément des compétences que tu apprends à l’école, c’est clairement de l’expérience, tu débarques pas directeur de course à 23 ans sortie d’école, il faut avoir un peu de terrain, avoir vécu des expériences, je parlais toute à l’heure d’être capable de réagir avec la bonne décision au bon moment, bah ça ça s’acquière avec de l’expérience donc avant de pouvoir devenir un directeur de courses il faut avoir touché un peu à différents aspects donc ça peut être d’être focalisé uniquement sur le bike par exemple. Donc tu te concentres que sur le parcours vélo, ce qui va se passer sur le vélo, ensuite tu vas peut-être toucher à d’autres choses : genre les ravitaillements. Et une fois que tu as une vision un peu plus complète et un peu de bagage opérationnel, là tu peux prétendre à devenir directeur de courses parce que tu as une vision un peu plus globale.

Olivier : Vous avez un directeur de courses par épreuve ?

Thibault : C’est le fonctionnement qu’on a à l’heure actuelle, après si on est amené à grandir pourquoi pas en avoir plusieurs. Généralement un directeur de course gère son épreuve et on est aussi impliqué avec un franchisé. C’est-à-dire qu’il va l’aider, l’accompagner en plus sur par exemple la course du Maroc. Mais c’est vrai que typiquement quand j’étais chez A.S.O, j’avais cinq ou six courses à pied, l’implication sur un triathlon est quand même un cran au-dessus. T’as toutes les communes à gérer sur le parcours vélo, ça représente vraiment beaucoup de travail. Et aussi qu’on revendique l’excellence, une expérience premium, donc on se doit vraiment d’être aux petits oignons sur l’ensemble des aspects sur nos courses donc pour le moment on est sur un modèle où c’est plus ou moins : un directeur gère une seule course.

Ermanno : Et toi ton rôle justement c’est d’être le directeur des directeurs de course ? Pour schématiser un peu.

Thibault : Alors moi je suis le directeur opérationnel qui fait en sorte que. Moi mon rôle est plus sur l’aspect managériale, si tu me demandes à quelle heure a lieu le swim de Nice, je sais pas forcément répondre et c’est pas moi, c’est pas mon job. Moi mon rôle c’est de faire en sorte que les équipes sont toutes à leur place, que tout le monde marche dans la même direction et les mêmes d’objectifs, travaillent pour les mêmes objectifs. Aussi développer la marque, d’être un peu le garant de la marque sur les différents territoire cités au début. Et de gérer l’entreprise Ironman en France et dans les autres territoires. On va dire plus garant de la stratégie et du management des équipes dans leur globalité. 

Olivier : Et en interne, vous êtes tous triathlètes ? 

Thibault : Non, pas tous. J’encourage chacun de nos staffs, pas forcément à faire un Ironman, mais au moins d’avoir été en contact hors de nos épreuves en tant qu’athlète, je pense que ça aide à comprendre aussi le ressenti et le besoin de nos athlètes.

Olivier : Ha bah le message est passé haha.

Ermanno : Donc maintenant t’as pas le choix, t’es obligé de partager notre podcast à tout Ironman Europe haha.

Thibault : Haha. Maus du coup non, c’est pas forcément une obligation, et à la limite quand on recrute, je suis pas forcément pour recruter des triathlètes avant tout parce que le risque peut-être c’est qu’ils soient un peu trop tout foufou et excités au moment où tu vas arriver sur une course. Alors que quelqu’un qui a déjà touché au triathlon mais qui est pas un grand fan il aura beaucoup plus de recul sur l’épreuve. Il sera peut-être moins étoiles dans les yeux avec la marque Ironman etc… 

Olivier : Obnubilé par Frodeno qui passe la ligne d’arrivée.

Thibault : Exactement, aller prendre en selfie, on est pas là pour ça clairement. Du coup quand tu as un peu plus de recul sur notre discipline et notre univers effectivement c’est pas que tu t’en fiches, t’as connaissance et conscience de qui est Frodeno mais t’es pas là à lui courir après pour avoir un mot ou un selfie avec lui quoi. 

Olivier : Après je pense que ça fait quand même rêvé pas mal de triathlètes de se dire « je vais bosser chez Ironman ». Vous recrutez en ce moment ? Bon alors je sais pas quand sortira l’épisode donc je sais pas si ce sera encore d’actualité mais si c’est le cas c’est peut-être le moment de faire passer le message.

Thibault : Non en ce moment on recrute un stagiaire mais là on vient de recruter de nouvelles personnes sur la partie Marketing donc non, forcément il y a des recrutements ouverts, on vous invite à regarder régulièrement. L’avantage aussi c’est qu’on a des bureaux en France, on a des bureaux partout en Europe on a régulièrement, que ce soit en Espagne, en Allemagne, au Royaume-Uni, des recrutements ouverts donc n’hésitez pas à regarder le site de recrutement Ironman. 

Olivier : Ça marche, le message est passé.

Ermanno : Justement on a mis tout de suite les pieds dans le plat aujourd’hui on a commencé à parler directement d’Ironman et très peu de toi finalement, peut-être nous diriger vers la fin on va peut-être pouvoir revenir à toi. On l’a compris avant l’expérience Ironman tu as eu d’autres expériences notamment avec à A.S.O, et c’était pour reboucler un petit peu avec justement des recrutements qui pourraient être ouverts ou des profils que vous pourriez rechercher, hors des profils support technique je sais pas je parle marketing, finance… c’est sûr que tu vas pas forcément chercher des gens qui ont de l’expérience dans le triathlon ou du moins dans d’autres domaines de sport, mais toi, pour revenir à toi, tu as fait quelle formation et quelle expérience tu as eu pour pouvoir arriver chez Ironman ? 

Thibault : Alors j’ai fait une école de commerce à Angers, c’est pas là que j’ai appris mon métier. J’ai toujours été passionné par le sport, c’est un détail mais j’étais président du Bureau des Sports à l’école, et au final à niveau étudiant universitaire c’est déjà un premier pas dans ce que tu as envie de faire. Et tout de suite j’ai voulu basculé sur sur la partie métier sport donc c’est comme ça que je suis rentré. J’ai fais mon premier stage de fin d’études à la Coupe du monde de rugby et ensuite j’ai trouvé mon premier job chez A.S.O sur une partie sponsoring, commerciale, et c’est comme ça que j’y suis resté, que j’ai grandi au sein de la boîte, et après c’est des opportunités, c’est un état d’esprit. Aujourd’hui quand je recrute c’est pas forcément sur des compétences techniques, aussi beaucoup sur un état d’esprit. C’est-à-dire que typiquement le dernier recrutement qu’on ait fait, on a eu des candidats qui venaient du milieu de la banque, de la tech, etc… Je pense que ce que je disais auparavant c’est que j’ai pas appris mon métier à l’école, je l’ai appris avec le terrain, avec l’expérience, les opportunités, parfois il faut aussi savoir : d’une, être patient, et de deux, aussi bousculer un peu les portes. Du coup aujourd’hui j’ai une équipe qui fonctionne très bien et j’ai envie que ce fonctionnement se maintienne et du coup je préfère avoir une personnalité qui rentre parfaitement dans l’équipe plutôt qu’une compétence spécifique où je pense que si tu es malin et si tu as du bon sens, tu vas l’acquérir assez rapidement, alors que l’état d’esprit c’est plus difficile à acquérir, tu l’as ou tu l’as pas. Donc je me concentre plus sur ça, sur une façon d’être, et un état d’esprit plutôt que des compétences particulières. Évidemment il faut quand même avoir un peu de compétences en lien avec le métier que tu vas exercer, mais à 2 candidats à plus ou moins compétences équivalentes, c’est l’état d’esprit qui fera la différence. C’est hyper important parce que, je l’ai répété plusieurs fois pendant le podcast, on fait un métier où on est sans filet, où il faut se serrer les coudes, où si toi tu es dispo et tu vois ton petit camarade qui est en telle ou telle galère, sur tel ou tel point du parcours ou de la transition, tout de suite tu vas aller filer un coup de main, et ça c’est un état d’esprit à avoir. T’es sûre de l’événementiel, on se serre les coudes et on avance tous ensemble dans la même direction. Si je peux donner un conseil ce serait d’avoir un esprit collectif, d’équipe, une ouverture d’esprit et la volonté d’apprendre et c’est ce qui, pour moi, prime sur beaucoup de choses.

Olivier : L’évènementiel c’est quand même un domaine qui est très particulier, avec beaucoup de stress en peu de temps. Tu te vois faire ça toute ta vie ou bien tu dis il y a un moment ou peut-être que je me prendrais un job un peu plus cool ?

Thibault : En fait j’aime tellement ce que je fais que pour l’instant je me vois pas faire autre chose. En plus là on en a parlé mais avec les acquisitions qu’on a fait dernièrement, ça ouvre une multitude de perspective. Et à aucun moment je me dis j’ai fait un peu le tour et je vais m’ennuyer dans les prochaines années, c’est tout le contraire, donc déjà ça ça joue beaucoup. J’ai pris un peu plus de recul sur l’opérationnel et j’en ai fait beaucoup, c’est ça qui est vraiment stressant. Alors je dis pas que quand je vais sur les événements, je prends ça par-dessus la jambe et je me dis que c’est pas mon rôle d’organiser l’épreuve il y a une équipe pour ça. Évidemment que non. Si il y a un problème sur l’épreuve, je suis le premier à prendre et qu’on viendra chercher donc évidemment que ça m’importe. Du coup on va dire que je suis moins les mains dans le cambouis et dans l’opérationnel pure donc j’ai moins ce stresse et aussi peut-être un peu plus de bouteille par rapport à ça et d’expérience et du coup j’arrive à gérer le stress maintenant complètement différemment donc ça m’impacte moins. C’est juste que je suis plus souvent en vadrouille sur les événements de la région, tu vas me faire peut-être une dizaine de weekend dans l’année, c’est ça qui prend du temps, j’ai une femme, des enfants, il faut réussir à jongler avec tout ça quoi. Mais en soi pour mon métier, pour répondre à ta question, non aujourd’hui je ne me vois pas faire autre chose que ça parce que je prends un tel pied, et on est sur une marque, sur des événements qui sont qui sont fascinants et je pense qu’il y a encore beaucoup de choses à faire dans les années à venir et notamment en Belgique haha. 

Ermanno : En tout cas, il y en a un qu’on avait croisé et qui a l’air de bien gérer la pression notamment sur l’organisation des courses. Tu parlais tout à l’heure que justement en Belgique il y avait 2 champions du monde qui venaient de Belgique, c’était Frederik Van Lierde qu’on avait reçu à propos de l’un des triathlons qu’il organise, dis c’est vrai qu’il a l’air de bien savoir gérer la pression. Donc on serait impatient de voir comment toi tu gères sur une course. Donc on viendra peut-être faire un petit tour un de ces quatre.

Thibault : N’hésitez pas, vous êtes les bienvenus.

Olivier : Et sinon quels sont tes objectifs prochainement, tu as des triathlons à venir dans les mois ?

Thibault : Alors c’est compliqué, j’aimerais bien peut-être faire Vichy, en tout cas 70.3 ça me permet de voir un peu de l’intérieur et sinon peut-être Tanger, fin octobre au Maroc, première édition. Je suis allé voir le site de course qui est génial, c’est pas loin, c’est facile d’accès et c’est un spot vraiment cool et fin octobre c’est fin de saison, tu y vas avec femme et enfants, ça permet de passer un peu de temps au soleil quand généralement en France il fait moins beau et moins chaud, donc c’est une bonne destination. 

Olivier : C’est le 2ème au Maroc c’est ça ? Il y avait déjà Marrakech.

Thibault : Il y a eu Marrakech et on a décidé de déménager parce que Marrakech a été annulé en 2020-2021 et du coup on a décidé de relancer la marque Ironman plutôt à Tanger pour de multiples raisons et notamment logistiques parce que le site de courses encore une fois c’est assez extraordinaire parce que tu nages dans la Méditerranée et tu roules le long de l’Atlantique, tu sais il y a peu de villes et d’endroits dans le monde ou je peux faire ça et du coup tu vois vraiment la différence et les routes sont incroyables contrairement à ce qu’on pourrait penser. 

Olivier : Et bah écoute bon à savoir, on le note.

Thibault : Pour le coup je pense qu’il y a peut-être moyen de se qualifier plus facilement par rapport au nombre d’athlètes et de slots disponibles. 

Olivier : Bon bah ce sera pas tombé dans l’oreille d’un sourd. 

Ermanno : Thibault on a une autre tradition dans ce podcast qui s’appelle « devenir triathlète », un peu la question de clôture : à ton avis quel est le meilleur moyen pour devenir triathlète ?

Thibault : Être pote avec des triathlète. Déjà parce que tu vas te faire Brainwasher parce qu’ils vont te dire aller viens essayer. Ensuite le triathlon, même si c’est un sport qui se pratiquent individuellement, je pense qu’il y a quand même un esprit de groupe à avoir. En tout cas je vais faire de la piste avec le club, des sorties vélo… C’est important d’être entouré notamment quand tu commences le sport, parce que comme je le disais ça fait peur, tu sais pas trop comment tu gères tel enchaînement etc… donc d’être entouré d’amis triathlètes qui peuvent te guider je pense que c’est essentiel. Donc c’est bateau mais le conseil que je donnerai c’est d’être entouré d’amis qui ont soit déjà goûté au triathlon soit qui en font actuellement ce sera la meilleure façon d’être guidé, être mis sur les bons rails pour te lancer sur ce sport absolument génial.

Olivier : Alors pour le coup je trouve que c’est une bonne idée parce que c’est vrai que souvent quand tu as une soirée ou quoi avec des triathlètes et non triathlètes, quoi qu’il arrive les triathlètes vont parler triathlon toute la soirée. Donc effectivement si tu te retrouves en minorité, à ce moment-là ça peut donner envie ou alors au contraire.

Ermanno : C’est marrant parce que t’es la deuxième personne à nous dire ça, Hélène Guillaume nous a dit à peu près la même chose, c’est de s’entourer de triathlètes pour pouvoir te donner envie d’y aller.

Thibault :  Mais pas que, il faut sortir un peu aussi du triathlon.

Ermanno : Et puis, la dernière question vraiment de clôture c’est : si on veut te suivre toi, si on veut continuer la discussion ou si on veut en savoir plus sur les différentes épreuves Ironman un petit peu partout dans le monde, quel est le meilleur moyen de le faire ?

Thibault : Probablement sur LinkedIn, je post quelques actus sur ma région, au niveau du développement qui peut y avoir.

Olivier : Ok super ça marche. Et puis Ironman.com

Thibault : Oui c’est une plate-forme qui est plutôt bien faite encore une fois tu peux chercher selon la course que tu as envie de faire, dénivelé, nager dans un lac, tu peux chercher par pays, etc… Donc ça recense toutes nos épreuves à l’année, je pense que dans le catalogue de courses chacun peut y trouver son choix qui matchera avec ses disponibilités. 

Ermanno : Finalement la seule info que vous mettez pas, c’est le nombre de slots ouverts.

Thibault : Ah si si je crois que tu peux trouver en cherchant sur l’épreuve. Tu ne vois pas en live le nombre de concurrents inscrits mais pareil on met régulièrement les listes d’inscrits à jour. 

Ermanno : Thibault, merci beaucoup pour le temps que tu nous as accordé, merci pour cet échange super sympa, super intéressant. Et puis bah qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ? Que les prochaines cours se passent bien et puis qu’on se retrouve peut-être à Nice, à Vichy, ou aux Sables un de ces quatre ?

Thibault : Exactement, et ben merci aussi à vous deux les gars. Et oui, nous souhaiter une bonne saison 2022, un retour à la normal et plein de sourires sur les lignes d’arrivées avec des « You are an Ironman » en veux tu en voilà.

Olivier : Ah oui on espère que la saison 2022 sera On Fire.


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co-fondateur du podcast et co-auteur du livre DEVENIR TRIATHLÈTE
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