#451 [PORTRAIT DE TRIATHLÈTE] Revenir en D1 après 10 ans de pause : le pari audacieux de Théo Péan

🎙️ Dans cet épisode, on part à la rencontre de Théo Péan, un passionné de duathlon qui a fait un retour remarqué sur le circuit élite… après près de 10 ans d’absence ! Ancien coureur en D1, Théo a mis entre parenthèses la compétition pour se consacrer à sa vie pro, avant de revenir à 31 ans avec un niveau proche de ses meilleures années.

💬 Entrepreneur dans le milieu du vélo avec deux boutiques en ligne, Théo jongle aujourd’hui entre business et entraînements exigeants, avec l’ambition de se frotter à nouveau au plus haut niveau. Un pari osé dans un univers qui a beaucoup évolué : entraînements, outils, adversaires …

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🏃🏼‍♀️ Notre invité :

💬 La transcription de l’épisode

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Ermanno : Salut les sportifs, c’est Armano et je suis très heureux de vous recevoir sur le podcast devenir très athlète x OpenTree pour m’accompagner, Charlie est là, salut Charlie !

Theo et Charly : Salut Armano, comment tu vas ?

Ermanno : Ça pourrait aller mieux, tu vois, on doit l’entendre, ceux qui ont l’habitude de nous écouter, j’ai une voix un petit peu nasillarde depuis quelques semaines et ça ne s’améliore pas, mais bon, c’est pas grave, c’est comme dans le sport, il faut attendre que ça passe et puis ça ira mieux demain.

Theo et Charly : Ouais, le Breton va revenir, ça va aller mieux.

Ermanno : C’est ça, c’est ça, à Toulouse c’est pas encore trop la fête, et toi en Bretagne ça va ?

Theo et Charly : Ça va, il fait beau, le ciel est bleu, un peu comme chez notre invité, là ça va.

Ermanno : Bon, écoute, justement, tu parlais de notre invité, je suis très content de tendre le micro à Théo Péan. Salut Théo ! Salut les gars ! Comment tu vas ? Bah écoute, pas mal, les jambes un petit peu dures, j’étais en compète dimanche. Du côté de Will Gothem, qui était la deuxième manche du championnat de France de division 1 de duathlon. Bon écoute, on va en parler, on va revenir avec toi là-dessus sur ton profil. Mais justement, la première question qu’on pose à nos invités, c’est qu’on les laisse se présenter, donc je te laisse peut-être nous en dire plus sur toi. Qui es-tu ? Que fais-tu dans la vie ? Et puis, que ce soit au niveau professionnel et sportif, parce qu’il me semble que tu es un amoureux du vélo et que t’en as même fait une boîte. Ouais, c’est ça. Alors, de base, mon parcours sportif, je viens du vélo. J’ai commencé le vélo, tu vois, dans les années, juste avant minime, je crois, c’est pupille, je crois. Voilà, donc assez jeune, ça doit être 12-13 ans. Et j’en ai fait jusqu’à mes années. J’en ai fait jusqu’à mes années junior, donc j’ai dû faire du vélo de mes 12 ans à mes 18 ans en compétition, donc plutôt cyclisme sur route, avant de basculer plus triathlon, duathlon. Et si tu fais référence à ma boîte, effectivement, aujourd’hui, je suis cofondateur de deux sites, Vélotaffeur.fr et Bikepacker.fr, où on vend des accessoires à la fois vélo urbain et vélo plutôt itinérance, bikepacking, vélo voyage. Bon, écoute, est-ce que ça t’aide de pouvoir… Parce que j’imagine que si tu vends tout ce matériel-là, que ce soit pour du vélo taf ou pour du bikepacking, donc ce qu’on appelle plutôt du cyclisme d’aventure, de découverte, plus ou moins long, est-ce que ça t’aide aussi dans ta pratique sportive de tester le matos, de voir passer le matos, de tenir au courant, de faire de la veille là-dessus ? Ouais, il y a pas mal de veilles. Après, toute la partie vélo urbain, on est quand même assez loin de l’univers cyclisme de compétition. Donc j’ai une très bonne connaissance de cette… de cet univers produit, mais ça ne me sert pas plus que ça pour ma pratique de sport. Après, sur la partie bikepacking, encore une fois, c’est assez… On reste quand même assez loin de l’univers compétitif, quoi.

Theo et Charly : Tu t’es construit une vie sportive et une vie professionnelle autour du cyclisme, autour du triathlon, du duathlon. Ça fait longtemps que tu baignes H24 dans cet univers-là. Qu’est-ce que t’as fait avant dans ta vie ? Tu viens d’où, Théo ?

Ermanno : Bah, ouais, j’ai toujours baigné dans l’univers du sport. J’ai fait un parcours jusqu’en master en études et j’étais en master en management du sport à Poitiers. Un master que j’avais beaucoup aimé. Et ensuite, suite à ce master-là, j’avais bossé pour Lactalis, qui avait une marque de nutrition sportive qui existe toujours, qui s’appelle Apurna. Et suite à mon passage chez Apurna, j’ai travaillé dans un magasin, un running triathlon à Angers, donc running conseil à Angers. Donc j’ai toujours professionnellement baigné dans le sport, la vente, le conseil d’équipement sportif. Et c’est aussi ça qui a driveé aussi la création de mes deux sites, quoi. À quel moment tu switches de ton emploi de salarié à la création d’une boîte ? Est-ce qu’il y avait déjà des petits essais avant ? Est-ce que c’est un besoin que t’as ressenti ? Est-ce que t’es toi-même vélo taffeur ou bikepaker ? Oui. Oui. Est-ce que ça t’a amené à te lancer dans des projets comme ça ? Oui. Alors moi, je viens d’une famille d’entrepreneurs de base. Mon papa, lui, est à la retraite cette année, mais il avait monté sa boîte en 1999. Donc une longue carrière d’entrepreneur, cuisiniste, donc artisan-cuisiniste. Il fabrique, il vend ses salles de bain. Mon frère l’a rejoint dans la boîte familiale, a repris la boîte familiale. Donc entreprendre, être à son compte, des choses qui peuvent faire un petit peu peur.

Ermanno : Moi, familialement, c’est bien accepté. Même valorisé. Ce qui n’est pas le cas partout. En général, quand t’es salarié et que tu annonces que tu veux lancer ta boîte, tes proches cherchent plutôt à te freiner. Parce que c’est un peu précaire comme situation d’entrepreneuriat quand on se lance. Donc voilà. Et effectivement, j’ai une première expérience entrepreneuriale avec des copains. On avait lancé une application mobile de covoiturage pour sportifs, pour se rendre sur les courses de vélo et triathlon, où le concept de la piste est de réserver une place pour son vélo, et soi-même.

Ermanno : Finalement, on n’a pas réussi à faire décoller cette appli. Et surtout, on l’a lancée en la V2 de l’appli sortie en plein Covid. Donc, faire du covoiturage pour se rendre sur des événements sportifs, quand il n’y a plus d’événements sportifs, ça ne marche pas. Et en fait, vélotafeur, j’étais moi-même vélotafeur pour me rendre dans le magasin dans lequel je travaillais, qui a 10 kilomètres de chez moi. Et j’avais toujours cette idée de lancer un site autour de cette thématique-là. Et en fait, premier confinement, je me suis retrouvé au chômage technique. Et donc, pendant un mois, rien à faire. À l’époque, j’étais blessé en plus. Et donc, j’ai passé un mois à monter notre premier site, vélotafeur.fr. Et on l’a lancé en 2020. Et pour répondre à ta question sur la partie salarié, j’ai été salarié deux ans en parallèle du site. Et maintenant, je suis à temps plein sur l’activité depuis trois ans maintenant. Tu as une équipe avec toi, Théo ?

Ermanno : À date, on est trois associés. Donc, moi et mon frère, c’est Golem, qui est mon associé sur la partie web. Et du coup, on a un alternant. Donc, c’est une petite équipe de quatre personnes. OK. Est-ce que…

Ermanno : Comment dire ? Le fait d’être à ton compte, d’être entrepreneur, te permet aussi de trouver plus facilement des créneaux d’entraînement ? Et là, on va basculer sur ta pratique sportive.

Ermanno : Complètement. Alors, d’un côté, je travaille beaucoup plus que si j’étais salarié, clairement. D’un autre côté, tu vois, hier, j’ai fait 9h-17h. Ensuite, j’ai été nager, j’ai été courir. Et puis, j’ai fait… J’ai repris à bosser 21h-minuit. Donc, ça fait une grosse journée. Mais si tu expliques à ton patron que tu pars à 16h-17h pour aller t’entraîner, ça ne le fait peut-être pas trop. Alors que là, je n’ai pas de contraintes. Et si je veux me remettre à bosser le soir après l’entraînement, je ne peux pas. C’est clair.

Theo et Charly : Vas-y, vas-y, Charlie. Et par rapport à ça, on sait que monter une boîte, deux a fortiori, ça nécessite un coup de l’aventure, du projet. Voire même, on peut faire assez facilement le parallèle avec la compétition au sport. C’est un truc qui t’a toujours animé d’aller chercher de la performance. C’est un truc qui fait partie de toi, d’aller améliorer les choses, d’aller monter des projets, de prendre en main un peu ce que tu fais de ton quotidien.

Ermanno : Alors, l’entreprenariat, je ne suis pas hyper compète dans l’entreprenariat. Tu vois, je ne suis pas allé à me dire, tiens, il faut que j’aille défoncer mes concurrents, il faut qu’on fasse X millions, etc. L’entreprenariat, c’est plus la liberté d’entreprendre, être maître de son emploi du temps, de ses décisions. Même si, en soi, je n’ai pas été choqué par le salariat et je n’ai pas de souci hiérarchique, si tu veux. Mais c’est plutôt être libre de ses décisions et de son emploi du temps, moi, qui m’intéressait dans l’entreprenariat.

Ermanno : OK. Si on revenait justement sur ta pratique sportive, tu as dit qu’à la base, tu viens du vélo. Tu as découvert après le triathlon, le duathlon. Comment s’est faite cette transition ? Est-ce que c’est une rencontre ? D’où ça vient ?

Ermanno : Moi, au lycée, j’étais en sport et études cyclisme à Flair, en Normandie, notamment avec Guillaume Martin, qui était un de mes sparrés d’entraînement, ou plutôt, j’étais le marteau, le clou et lui, le marteau.

Ermanno : Non, en fait, j’avais perdu du plaisir dans la pratique du vélo. Et notamment par le manque de niveau versus mon investissement. Je n’arrivais pas à avoir les résultats que je souhaitais, malgré un gros investissement à l’entraînement. Et en fait, quand je fais du sport, je le vois toujours par le prisme compétitif. Et si je ne suis pas bon dans ce que je fais, j’ai du mal à prendre du plaisir. Par exemple, quand je vais skier, je suis hyper nul en ski. Du coup, je n’aime pas ça. Enfin, j’aime ça, mais très vite, je me lasse parce qu’en fait, je suis hyper nul. Donc, en fait, mon intérêt, c’est d’être bon dans le sport que je fais. Et j’avais toujours remarqué au lycée, tu sais, je faisais les crosses UNSS l’hiver. Et en fait, sans entraînement, j’étais champion départemental. Je jouais les top places en région face à des athlètes qui, eux, s’entraînaient. Et du coup, je m’étais dit, tiens, tu n’es quand même pas dégueu en course à pied.

Ermanno : En vélo, a priori, c’est ton point fort. Et du coup, je m’étais dit pourquoi pas arrêter le vélo pour basculer sur le triathlon. Je m’étais donc à la sortie de mon lycée, mes études supérieures. Je me suis mis un peu à bloc dans la nat en mode je vais devenir un super triathlète et tout. Puis en fait, je ne suis jamais devenu très bon nageur.

Theo et Charly : Tu étais quel genre de nageur quand tu as démarré ? Tu avais déjà des bases ou tu partais vraiment de zéro ?

Ermanno : Non, non, je partais de zéro. Donc, à 18 ans, j’étais au club de Laval Triathlon. Ils me mettaient dans la ligne avec ceux qui nageaient 50 mètres en crawl et qui étaient essoufflés au bout. Vraiment, zéro, zéro, zéro. Mais je pensais que ça allait venir en s’entraînant, en en faisant beaucoup. Et en fait, c’est un sport qui s’acquiert vraiment très jeune, qui nécessite vraiment de la technique. Alors, même si aujourd’hui, après plus de dix ans de natation, je ne suis pas pourri non plus. Mais je n’ai pas le niveau pour aller faire de la D1, de la D2 ou de la D3. En triathlon. Après, sur des courses régionales, sans drafting, je m’en sors. Mais je ne peux pas viser au-delà parce que j’ai trop de lacunes en natation. Et c’est aussi pour ça que je me suis plus spécialisé en duathlon. Parce que je cours bien et que je suis bon cycliste.

Theo et Charly : Pour repréciser, quand tu es Audi, il court bien, il est bon cycliste. Tu nous l’as dit un peu en intro, mais tu participes à des courses de division 1 de duathlon. Pour donner un peu de contexte aux gens qui ne connaîtraient pas ce milieu-là. On parle quand même de top athlètes, des gens qui brillent souvent sur le plan international. On a même la chance d’avoir des Français qui sont sur le championnat de D1, qui ont fait les minima olympiques sur marathon. Je pense notamment à Benjamin Choquer. Donc, on parle vraiment de gens qui ont un niveau extrêmement élevé. Et pour pouvoir concourir comme le fait Théo en D1, il faut être, Théo le dit humblement, un bon cycliste. Un bon coureur. Il faut être un excellent cycliste, un excellent coureur. Parce que le niveau est extrêmement élevé. Peut-être que ça fait longtemps, Théo, que tu as atteint ce niveau-là. Que tu peux courir le D1 et y prendre, participer, avoir un vrai rôle sur la course.

Ermanno : En fait, moi j’ai eu une très longue pause. J’ai fait de la D1 en 2015 et 2016. En 2015, j’étais à Angers Triathlon. Et j’étais champion de France U23. J’ai fait des top 10, des top 5. Et j’ai même fait deuxième du D1 en 2016. Derrière Benoît Nicolas, qui était champion du monde de duathlon à l’époque. Et suite à cette saison 2016, où en gros, j’étais, on va dire, dans les meilleurs espoirs français. Et moi, l’idée, c’était vraiment de continuer et de passer au niveau, pourquoi pas viser l’équipe de France Chez les Seigneurs, etc. Je me suis blessé. Et là, il y a eu plus qu’une traversée du désert. Parce qu’en fait, je n’ai pas recouru en D1 entre 2016 et 2025. Pendant 9 ans. Et donc, j’ai repris la D1 cette année avec le club de Noyon Triathlon. J’ai fait la première manche à Saint-Cyr. C’était fin mars. J’ai pris une 31e place. Ensuite, j’ai fait les championnats de France de duathlon à Macron, mi-avril. Et j’ai fait 24e. Et là, à Wilgotem, la deuxième manche de D1, j’ai fait 23e. Et c’est difficile parce qu’il y a 10 ans, en fait, je jouais le top 5, voir le podium. Et là, tu te bats pour rentrer dans le top 20. Et tu te dis, pfff, le niveau a augmenté. Moi, j’estime ne pas être revenu à mon meilleur niveau non plus. Mais vraiment, le niveau est, comme tu l’as dit, il est stratosphérique. Des Benjamin Choquer, pour vous rendre compte. Donc là, une manche de D1, ça se court sur un format 5, 5 de course à pied, 20 à vélo, 2,5 de course à pied. La première à pied, pour faire le premier pack, il faut courir sur une base de 57, de 58 au kilomètre. Ensuite, à vélo, ça roule en fonction du dénivelé. Sur un parcours de place, ça va rouler quasiment à 45 de moyenne. Et les tout meilleurs qui vont gagner la course vont enchaîner un 2,5 en course à pied, base 2,45 de moyenne.

Ermanno : Moi, c’est ma VMA, tu vois, 2,45.

Ermanno : Donc, ouais, pour le moment, je me sens loin de ces gars-là. D’un autre côté, je progresse sur chaque course et j’ai l’impression de me rapprocher. Donc, c’est encourageant. Qu’est-ce qui te manque pour progresser ? Justement, déjà, tu dis que tu n’as pas l’impression d’avoir atteint ton meilleur niveau. Mais qu’est-ce que tu changes, qu’est-ce que tu mets, qu’est-ce que tu fais au quotidien ou de façon hebdo dans tes entraînements, pour pouvoir encore progresser et pour pouvoir gratter quelques places et rentrer dans le top 20 ? En fait, le début de saison, ce qui est apparu, c’est que je manquais de niveau à vélo, clairement. Après, de mon emploi du temps, ce n’était pas quelque chose que je priorisais. Donc, ces dernières semaines, j’ai plus accès sur le vélo. Je suis parti notamment dans les Pyrénées. J’ai fait un gros stage, 9 jours, quasiment 600 bornes, 10 000 de D+. Donc, ça, ça m’a permis de repasser un petit gap à vélo. Maintenant, ce qui me manque vraiment pour jouer un petit peu plus devant, et je pense que je suis capable de le faire pour aller chercher un top 15, voire je l’espère mieux, c’est du niveau à pied. En fait, à l’issue de la première course à pied, j’arrive à faire le pack 1. Donc, le pack 1, c’est entre 15 et 20 athlètes qui vont monter ensemble à l’issue de la première course à pied et former un premier groupe. Derrière, il y a un pack 2 qui va être 10, 15, 20 ou 30 secondes derrière. L’idée, c’est que ce pack 1, être dans ce pack 1 et ne pas se faire rejoindre. Sauf que moi, j’arrive à faire un pack 1 en courant une première course à pied en 14,50. Sauf que je suis au taquet du taquet du taquet, quoi. C’est-à-dire que moi, peut-être, je vais avoir une perf à sec sur 5 bornes en 14,35, 14,40. Donc, je cours 14,50, j’ai zéro marge. Là où les mecs qui font le pack 1 avec moi, eux, sont relativement faciles, quoi. Et en fait, ça, ça anéantit tout espoir de résultat. Parce que quand tu passes le premier quart d’heure de ta course dans un état complètement à bloc, eh bien, derrière, à vélo, je n’arrive pas à pousser les watts. Et la deuxième à pied, je me fais détruire par les gars parce que j’ai trop consommé d’énergie sur la première à pied. Donc, l’idée, c’est aller chercher un petit peu plus de niveau à pied pour pouvoir être plus à l’aise sur la première à pied dans le pack 1. Et ensuite, moins subir la course. Après, pour vous rendre compte un petit peu de mon niveau, je dois valoir entre 30,0 et 30,15 sur 10 km. Mais en fait, les mecs qui font le pack 1 valent plutôt entre 29,0 et 29,30, voire 28,20 pour des Benjamin Choquer, Arnaud Delis, etc., quoi.

Theo et Charly : Ouais, ce qui est stratosphérique, d’autant que toi, tu n’as pas l’air d’avoir une grosse déperdition entre ton 5 et ton 10. Donc, tu tiens quand même bien la route. Mais derrière, ouais, c’est sûr que les mecs qui vont aller chercher du podium, bien souvent, ils ont des références en sub 29 sur 10. J’imagine que ces secondes-là comptent dans ce genre de configuration de course où eux ont un peu plus de marge, effectivement, pour pouvoir faire une belle deuxième cape par rapport à toi, comme tu le dis, un peu plus à la limite.

Ermanno : Ouais, en fait, il faut voir que quand on court une première course à pied de 57, de 58 km, eux, ce n’est même pas leur allure 10 bornes à bloc, alors que moi, c’est quasiment mon allure 5 bornes à bloc. Et donc, effectivement, il y a un différentiel d’aisance sur cette première course à pied qui fait que je grille une énorme cartouche, quoi. Après, je pourrais faire la stratégie de dire, écoute, je cours moins fort la première, tant pis, je suis dans le pack 2, mais moi, en fait, j’ai envie que ça passe, quoi. Donc, j’ai envie que ça passe. Et je me dis… Je me dis que le jour où on prend le vélo à 20 et que derrière, le pack 2 ne revient pas, déjà, tu assures un top 20. Et puis en plus, si tu fais une bonne transition, etc., potentiellement, tu peux aller chercher un top 15, quoi.

Theo et Charly : Et tu disais, donc, toi, tu avais eu une pause de presque 10 ans entre tes deux expériences en D1. Tu nous disais, le niveau a été bien augmenté. Est-ce que tu serais identifié ? Les deux, trois trucs qui font que ça change autant ? Alors, tu nous parlais du niveau à pied qui est stratosphérique. Il y a d’autres trucs que tu identifies qui ont changé à ce point en 10 ans ?

Ermanno : Ouais, ben, il y a les chaussures carbone. Ça a tout changé. Les chaussures carbone, c’est… Je pense, je crois que ça doit être 2020, 2021, la bascule. En fait, ça court beaucoup plus vite. Mais les chaussures carbone permettent aussi de t’entraîner beaucoup plus. Moi, je me souviens, il y a 10 ans, quand je faisais une D1, le lundi, le mardi, j’avais les mollets, mais explosés, quoi. Genre, limite à boiter. Là, on est deux jours après la course. J’ai zéro douleur de mollet. Alors, j’ai très mal aux cuisses, mais c’est parce que le parcours vélo était particulièrement dur. Mais en fait, tu récupères très bien. Donc, tu récupères très bien. Donc, tu peux plus t’entraîner. Et donc, ça, ça augmente le niveau. Après, je pense que le duathlon est aussi un petit peu plus populaire et il y a beaucoup plus de bons coureurs à pied qui s’y sont mis. Donc, ça, ça a vachement densifié le niveau. Et puis, à vélo, il y a 10 ans, honnêtement, le niveau, je ne le trouvais pas énorme. C’est-à-dire que moi, je ne me considérais pas comme un super cycliste, alors que je faisais partie des bons cyclistes de la D1. Et par rapport au niveau que j’avais en vélo, honnêtement, ce qui n’était pas un niveau fou, ce n’était pas normal. Alors qu’aujourd’hui, à vélo, ça a vachement progressé. Ça, ça vient aussi, tu vois, tout ce qui est capteur de puissance. Les entraînements sont beaucoup plus ciblés et les mecs s’entraînent aussi beaucoup plus à vélo. Bon, du coup, on commence à avoir un peu la recette. Travailler plus la course à pied, s’entraîner encore plus en vélo. Bon, heureusement qu’on parle de duathlon et pas de triathlon. Tu fais toujours du tri ? Tu nages toujours ? Je nage très peu. J’essaye de nager deux fois par semaine. Je suis inscrit à, pour le moment, un triathlon cette année, qui est le triathlon de Noître fin juin. Je ne sais pas si vous le connaissez, mais le triathlon de Noître, c’est un triathlon qui est un petit peu historique. Je crois qu’ils font leur 30e ou 40e année cette année, tout en sachant qu’il faut savoir que le triathlon est né en France en 1985. Donc, quand il y a un triathlon en France qui a 40 ans, ça fait partie des triathlons qui sont pionniers. Donc, en général, une grosse start list, un gros prize money. Et voilà, donc c’est une course qui n’est pas loin de chez moi. Ça m’intéresse de la faire. Pareil, je l’ai faite il y a 10 ans. Donc, on verra comment ça évolue.

Theo et Charly : Et par rapport à ce niveau que tu nous exposais, qu’est-ce que ça représente pour toi une semaine d’entraînement ? Comment est-ce que tu l’organises entre les différentes disciplines ? Quel investissement ça nécessite pour donner un peu une idée aux gens qui nous écoutent ?

Ermanno : Alors, moi, j’estime qu’à date, je ne m’entraîne pas assez.

Ermanno : Le souci étant que, étant donné que je gère ma boîte, je travaille à peu près entre 40 et 45 heures par semaine. Avant, je travaillais plus, mais j’ai réduit un petit peu la voilure pour pouvoir plus m’entraîner. Et je m’entraîne, on va dire, 15 heures par semaine. Là où mes concurrents, en tout cas les top athlètes, vont plutôt s’entraîner 20 heures, 25 heures, voire certains 30 heures. Et sur les 15 heures d’entraînement, globalement, je vais courir 6 fois, je vais rouler 3 fois, je vais nager 2 fois. Il va y avoir, on va dire, 7-8 heures de vélo sur la semaine, 5 heures de course à pied et 2 heures de nattes. Voilà un petit peu la répartition d’entraînement. Donc ça représente quand même au total 12 entraînements en 7 jours. Plus le boulot. Donc ouais, c’est chargé quoi. Et la partie récup parce qu’on n’y pense pas toujours, notamment sur les sportifs de haut niveau. On dit ça va, c’est tranquille, ils n’ont que ça à faire. Ouais, bon alors il y a aussi d’autres choses, notamment la recherche de partenaires, la recherche de sponsors, financer sa carrière, éventuellement avoir un job à côté. Mais il y a aussi toute la partie de l’entraînement invisible, la récupération, le sommeil, l’alimentation. Comment tu gères tout ça ?

Ermanno : C’est un peu le truc. Évidemment, je n’ai pas assez de temps pour récupérer. Évidemment, je suis assez fatigué, mais il faut le monitorer, il faut faire attention. Et c’est pour ça que je dis que je ne m’entraîne pas assez. Mais aujourd’hui, je me suis fixé 15 heures et pas plus. C’est-à-dire qu’au-delà de ces 15 heures-là, par rapport à mon rythme de vie actuel, clairement, je me blesse tout le temps.

Ermanno : Et essayer d’aller chercher le 17 heures, le 18 heures, le 20 heures. Et en fait, ça ne passe pas. Donc aujourd’hui, j’ai décidé de ne m’entraîner que 15 heures, de ne pas faire plus. Et justement, pour faire plus attention en termes de récup. Je fais beaucoup plus attention à mon sommeil qu’avant. Franchement, je dors 8 heures par nuit et ça change tout. Avant, je dormais plutôt 7 heures, voire un petit peu moins. Et en termes d’alimentation, ce que je fais énormément attention, c’est mon grammage de protéines journalier. Les sportifs, on se concentre beaucoup sur son apport glucidique. Parce que c’est de l’énergie, le glucide. Sauf qu’en fait, il y a énormément de sportifs qui sont sous-nutris en protéines. Et notamment, Léo Berger en parlait dans une de ses dernières vidéos. Et lui, il perdait 3-4 kilos dans la saison. Et il est apparu qu’il ne consommait pas assez de protéines. Et depuis que je fais mes 8 heures de sommeil et que j’essaye d’atteindre mes 100 grammes de protéines par jour, honnêtement, j’encaisse beaucoup, beaucoup mieux mon entraînement.

Theo et Charly : Pour ça, tu es suivi par quelqu’un ou c’est toi qui te documentes là-dessus, qui prends les sujets et qui vas creuser ?

Ermanno : Non, je ne suis pas suivi. Mais effectivement, moi, j’écoute énormément. Je consomme énormément de contenus, podcasts, YouTube, etc. Aujourd’hui, on a quand même la chance. Et tu vois, si on compare par rapport à il y a 10 ans, quand je me suis mis au triathlon, j’avais 18 ans, j’avais acheté un livre, Armando, tu connais peut-être, de Didier Le Henaf. Ça te parle ou pas ? Oui. Il avait fait un livre, je ne sais plus c’était quoi, qui a été écrit en 1995. Donc, je trouve que c’est un vieux livre, mais qui était génial. Le gars avait été voir tous les champions des années 90, leur demander toutes leurs méthodes d’entraînement. Il avait compilé ça dans un livre. Mais tu vois, c’était quand même hyper archaïque. Il fallait se taper un livre de 300 pages pour savoir ce que les champions faisaient. Alors qu’aujourd’hui, tout le monde crée du contenu. Tu as du contenu hyper facilement accessible pour te former. Donc, c’est plutôt ma façon de me former. Il a écrit un bouquin. Attention, c’est très compliqué. Le titre s’appelle « Le triathlon ». Donc, effectivement, il fallait réussir à le trouver, celui-là. Oui, mais en vrai, je vous le conseille. Vraiment, il était génial, ce livre. En gros, le concept du livre, c’était genre, tu dis, le triathlon, tout simple. La nutrition. Il allait voir les champions, championnes, courte distance, longue distance, comment vous faites. Et tu vois, à l’époque, ça parlait déjà de régime dissocié scandinave, ce genre de choses, tu vois. Et j’avais trouvé ça génial. C’est un peu la démarche qu’on a eue quand on a écrit le livre « Devenir triathlète ». Alors nous, on n’a pas été voir des championnes et des champions. On a plutôt été voir des experts dans leur domaine. C’est pour ça qu’on a écrit ce bouquin à 7. Mais effectivement, il y a la partie matérielle, il y a la partie alimentation, il y a la partie sommeil, il y a la partie prévention des blessures avec un ostéo, il y a la partie entraînement avec des plans d’entraînement. Et puis, gestion du temps aussi, parce que tu le disais, que tu sois entrepreneur ou salarié, ça fait des semaines entre 35 et 50, 60, 70 heures, plus l’entraînement. Là-dedans, tu essaies de caser aux chausses-pieds la récupération. Donc, ce n’est pas toujours facile. Mais merci d’avoir tendu la perche. L’occasion de reparler du bouquin.

Ermanno : Et dans tout ça, comment est-ce que tu te vois évoluer d’ici un an, deux ans, trois ans, cinq ans ? On va plutôt compter en termes de saison plutôt qu’en termes d’année. Mais quel est ton objectif ? Top 20, top 15, top 10, podium ?

Ermanno : Annoncer podium, ce serait vraiment prétentieux à date. Mais effectivement, si je me projette en termes de saison, je me dis qu’au final, je n’ai fait que deux saisons de D1 en 2015 et 2016. Là, j’ai certes 31 ans, mais je me vois un petit peu comme un cadet qui revient. Et honnêtement, je pense que ce n’est pas dégueu de réussir à faire top 25 après un si long arrêt. Donc, ce que je veux, c’est que je me laisse encore. J’ai 31 ans. Benjamin Choquer, il a 37 ans. Donc, ça laisse quelques belles saisons. Mais je me vois bien faire ça encore trois, quatre saisons et essayer de progresser dans la hiérarchie. Je suis persuadé, mais vraiment sûr, et certain que le top 15 est atteignable, et pourquoi pas dès cette année. C’est vraiment des petits réglages. Ce sont des formats qui jouent à la seconde. Tu es 25e, tu n’es qu’à 30 secondes de la gagne, entre guillemets 30 secondes. Mais potentiellement, les cinq devant toi, ils ne sont qu’à cinq secondes. Je suis sûr de pouvoir me hisser dans le top 15. Après, top 10, c’est quand même un autre niveau. Comme tu l’as dit, c’est que des internationaux devant. C’est beaucoup de mecs qui ne font que ça aussi. Donc là, pour aller chercher un jackpot comme ça, il faut aussi, pourquoi pas, faire une échappée à vélo ou ce genre de choses. Après, moi, du côté de Vélotaffeur, nous, on a aussi l’ambition de vendre notre entreprise d’ici deux à trois ans.

Ermanno : Et si on fait l’exit qu’on veut en terme entrepreneurial, ça me met aussi un petit peu secure au niveau financier pendant quelques années. Donc, pourquoi pas consacrer, suite à la vente de la boîte, un, deux, trois ans, 100 % triathlon. Et là, on pourra parler top 10, top 5, pourquoi pas, mais pas avant. Et tu as l’intention de toujours rester sur du court, entre guillemets, avec de la division 1 ou est-ce que c’est souvent ce vers quoi tendent les triathlètes ? C’est rallonger les distances et puis après, aller chatouiller l’Ironman, les distances Ironman, les championnats du monde, ce genre de choses. Alors, je ne te pose pas la question du swimrun, par exemple, parce que j’ai compris que le swim, ce n’était pas trop ton truc, mais en duathlon, voire en triathlon ou sur Ironman, la partie natatoire, elle est quand même, d’un point de vue pourcentage, elle est moins importante.

Ermanno : Oui, c’est une option. Après, je pense que c’était faisable il y a quelques années, mais aujourd’hui, le niveau sur le long est stratosphérique et je pense que je n’ai pas le niveau à vélo pour aller jouer quelque chose. Alors, encore une fois, faire des podiums ou gagner des courses à des niveaux régionales, c’est des choses que je sais faire, mais aller courir en pro sur la belle Ironman 73, enfin, vraiment, le niveau est stratosphérique. Éventuellement, sur des parcours, pourquoi pas, plus difficiles à vélo, avec des dénivelés, parce que je suis un petit gabarit. Aujourd’hui, les mecs, c’est des golgothes, ils roulent à 45, 46 de moyenne, mais je me sens un petit peu limité, et surtout, j’ai vraiment la particularité, entre guillemets, mon point fort en sport, c’est de pouvoir réussir à tenir un très haut niveau d’intensité pendant une heure. Je peux tenir, pour se rendre compte, je peux tenir 97, 98% de ma FCM, c’est vraiment très très longtemps, mais je ne suis pas forcément très costaud musculairement, et donc, en fait, sur un effort un peu plus faible, et qui va demander d’être très fort musculairement, je pense que je craquerais. Alors, même si ça bosse, je pense que je craquerais. J’ai deux expériences sur le long, tu parlais de swimrun, il y a un swimrun un petit peu long qui faisait 3h30, franchement, au bout de 2h30, j’étais vraiment mis en croix, et j’ai fait un longue distance il y a deux ans, et j’ai sauté au bout de 60 bornes à vélo. je pense que je pourrais pas trop mal sur long, mais pas de là à jouer des trucs en pro, alors qu’en fait, moi, ce qui m’intéresse, c’est jouer le plus haut niveau que je peux, et je pense que le plus haut niveau que je peux jouer dans un sport, c’est en duathlon. Bon, comme tu disais, ça se travaille, donc peut-être qu’on en reparlera dans 5-10 ans. J’étais un peu du même avec toi, puis finalement, j’ai fait du long, voire du très long, mais bon, je suis un peu plus âgé aussi. Il y avait une question tout à l’heure que Charlie t’a posée sur l’accompagnement, notamment sur l’entraînement invisible, sur l’entraînement tout court, est-ce que tu t’entraînes tout seul, est-ce que tu gères tout seul, ou est-ce que t’es accompagné par un coach ? Non, j’ai un coach, j’ai un super coach d’ailleurs, et j’ai surtout un super groupe d’entraînement. Tu peux balancer des noms, vas-y, on n’est pas à la radio, au contraire. Hein, t’as dit quoi ? J’ai dit tu peux balancer des noms, n’hésite pas, au contraire. Ouais, c’est Stéphane Launay, et le groupe d’entraînement, c’est ATP, donc ATP, ça veut dire Anjou Triathlon Passion, donc on est un groupe d’entraînement qui est affilié à aucun club sur Angers. On est une quinzaine d’athlètes. Dans le groupe, il y a Nathan Texereau, qui a fait l’an dernier 5e au championnat de France de triathlon junior, Simon Lebois, qui ce week-end sera en Coupe d’Europe junior, Arnaud Teznas, qui est dans le top 5 cadets, pareil, triathlon, et on a aussi des groupes d’âge qui prennent des qualifs, tu vois, sur full, sur 73, etc. Donc on a un groupe très compétitif, avec des jeunes qui sont plutôt sur la partie Grand Prix, et des moins jeunes qui sont plutôt sur la partie long. Et Stéphane Launay, notre coach, gère tout ça. On a deux séances communes ensemble, le mardi soir en course à pied et le dimanche matin à vélo. Et puis après, moi ma façon de fonctionner, elle est un petit peu différente de certains, c’est-à-dire que moi je mets à Stéph tous les jours la dispo que j’ai pour faire du sport. Je vais sur Nolio, et je lui dis, bah le lundi j’ai une dispo, je sais pas, pour faire une heure de natation, le mardi j’ai une dispo pour faire une heure et quart de course à pied, et je mets toutes mes dispos comme ça. Donc lui, il remplit le contenu. Et en fait, le souci qu’on a beaucoup, c’est que des fois le coach y pond un plan, pas forcément en fonction de tes impondérables, etc. Et puis après en fait, tu galères à suivre ton plan. Donc moi je lui indique le sport que je peux faire, et le temps que j’ai pour le faire, tous les jours. Et après lui, il travaille le contenu. C’est intéressant ça. Tu fais comment dans Nolio ? Est-ce que c’est juste que tu partages ton créneau à ton coach dans un message, ou est-ce que vraiment tu bloques des créneaux dans Nolio, et lui il remplit par rapport à ça ? Dans Nolio, tu sais, tu as prévu ou réalisé dans la vue calendrier. Et bah dans prévu, sur le jour, tu peux faire ajouter une disponibilité. Tu peux faire ajouter un entraînement, ajouter une compétition, bah y a un truc, ajouter une disponibilité. Donc moi, je crée la disponibilité, je mets dans la disponibilité que le sport c’est course à pied. Et là, en gros, bah lui, il se connecte. Il dit ok, bon Théo, globalement je fais toujours les mêmes semaines, donc maintenant ça se passe bien. Mais au début, ça ne marchait pas, parce que d’un coup, il allait me dire, bah tiens, jeudi, il va faire 3h30 de vélo. Bah ouais, mais en fait, moi le jeudi, je n’ai pas la place pour faire 3h30 de vélo, tu vois. Et depuis qu’on fonctionne comme ça, ça marche très bien.

Theo et Charly : Ce qui répond à une logique presque de bon sens, c’est-à-dire l’athlète donne ses dispos, à partir du moment où il en a assez, en fait, c’est au coach de venir s’impliquer dans ce modèle-là, dans ce canevas-là, plus que le contraire, de devoir recevoir les ordres du coach, de devoir trouver pour l’athlète, qui a déjà pas mal d’autres choses à faire, comment les caler dans une petite famille, dans une vie pro.

Ermanno : Bien sûr. Mais tu vois, moi, je reste persuadé qu’aujourd’hui, je trouve que les relations coach-entraînés sont beaucoup trop verticales. C’est-à-dire, le coach, il dit tu fais ça, et ensuite tu le fais.

Ermanno : Moi, parfois, je dis au coach, bah écoute, là, j’estime que c’est pas assez dur, ou là, tu peux peut-être rajouter une séance de PMA, parce que je me sens bien, et il va le rajouter, ou au contraire, bah là, Steph, je suis détruit, je me sens pas capable d’ajouter la séance demain. Et après, j’ai 31 ans, et je fais ça, alors même si j’ai une coupure, je me connais assez bien,

Ermanno : mais je trouve que ça permet d’évitement d’éviter le surentraînement ou le sous-entraînement. Mais c’est vraiment, pour moi, c’est un échange, ça doit être horizontal, et il faut comprendre que votre coach, il a pas la science infuse, et votre coach, il est pas dans votre corps. C’est-à-dire que vous êtes beaucoup plus à même que votre coach de savoir comment vous êtes physiquement, et ensuite d’adapter ou pas les séances.

Theo et Charly : Ça me fait à tel point plaisir que tu racontes ça et que tu remettes ça en perspective. C’est que tu as raison. Nous, chez OpenTree, c’est l’angle qu’on essaye d’avoir aussi, avec les conseils et tout ce qu’on peut apporter à nos coachés, c’est que c’est fini le temps où il y avait une relation verticale, où il y avait un sachant et un exécutant, où le coach avait bardé de diplômes, voire même bardé de médailles, et il avait du coup juste une relation descendante, verticale, parfois même un peu autoritaire avec l’athlète. Maintenant, c’est plus possible. Pour la performance, mais aussi pour l’engagement de l’athlète, le plaisir qu’il y prend, parce qu’en l’occurrence, toi, Théo, tu as un niveau extrêmement avancé, mais on parle aussi de gens qui pratiquent au quotidien avec un niveau amateur. Ils ne sont pas là pour être alarmés. Ils sont là pour être impliqués dans leur pratique, avoir envie de s’entraîner, comprendre ce qu’ils font. Et effectivement, j’imagine qu’à tous les niveaux, on vit bien mieux sa pratique quand elle est pensée comme ça.

Ermanno : Oui, bien sûr. Après, tu vois, sur un débutant qui ne va pas forcément connaître ses allures, ses seuils, etc., il y a aussi vachement d’aspects. Il y a beaucoup d’accompagnement et il faut aussi comprendre son athlète. Mais en tout cas, moi, comme tu dis, qu’à un niveau avancé où je me connais extrêmement bien, je peux me permettre d’eux. Mais quoi qu’il arrive, le ressenti de l’athlète, il est hyper important. Et il n’y a pas longtemps, j’ai écouté un podcast sur un entraîneur qui était bardé de diplômes, doctorat, sciences de l’entraînement, data à mort. Et le gars, il disait que la meilleure data, c’est le ressenti de l’athlète. Donc, même un mec qui était hyper science, il dit qu’à la fin, il faut écouter le ressenti aussi. C’est tellement vrai. Et d’ailleurs, merci Nolio, parce qu’ils font partie de ceux qui ont quand même pas mal popularisé le RPE, ce fameux ressenti d’entraînement, que ce soit en termes de charge, de difficulté, d’intensité. Mais aussi de ressenti de l’athlète sur la réalisation de l’entraînement. Je suis hyper fan de l’outil. En vrai, je l’ai découvert il y a deux ans parce que mon coach l’utilisait. Je ne savais même pas que c’était français et tout. Je me suis dit, il est génial cet outil. Et puis après, j’ai vu qu’effectivement, c’était français, que c’est une petite boîte. Mais l’outil est hyper, hyper poussé. Donc, je recommande. Il faut écouter le podcast de Viens Traîner Depuis Souvent. Ça fait quelques années qu’on en parle. On les a déjà même reçus, les fondateurs. Oui, j’écouterai. Il n’y a pas longtemps, depuis très peu de temps, je suis connecté sur LinkedIn avec le fondateur. Et effectivement, je pense écouter un petit peu de contenu. Donc, si vous l’avez reçu, j’écouterai avec plaisir le podcast. Je t’enverrai ça.

Theo et Charly : En ce moment, on les entend dans presque tous les épisodes. Alexandre, François, s’il y a des choses à faire ensemble, n’hésitez pas à nous mettre un petit message si vous nous entendez. Mais en tout cas, ça plaît et c’est chouette d’avoir une réussite française comme celle-ci.

Ermanno : Oui. Oui, carrément. Et depuis peu, tu parlais du RPE. Donc, effectivement, Nolio te demande deux choses à l’issue de ta séance. C’est comment as-tu trouvé la dureté de la séance sur une échelle de 1 à 10 ? 1 étant très faible et 10 étant l’effort maximal. Donc, tu réponds, mais surtout, comment tu t’es senti ? Parce que si tu as fait un effort maximal, on s’entend très bien. Ça veut dire que globalement, tu es très fort. Et aujourd’hui, moi, Garmin me le demande directement sur ma montre. Je ne sais pas si vous avez su sur cette mise à jour-là aussi. Donc, je le renseigne sur ma montre à l’issue de la séance et ça se transfère direct sur Nolio. Alors qu’avant, j’avais un peu la flemme de le faire sur Nolio et maintenant, c’est direct sur la montre. Donc, c’est parfait.

Ermanno : Oui, ils ont interfacé ça. Ça fait quelques temps aussi, mais effectivement, Garmin le proposait. Alors, ça dépend aussi du setup du sport que tu as choisi. Je ne sais pas si ça y est par défaut. Et Nolio récupère l’info. Alors, il n’y a pas que Nolio, mais vu qu’on parle des petits Frenchies et puis Nolio, ça marche quand même super bien. Ils l’ont interfacé et du coup, ça remonte aussi en automatique dans les comptes rendus d’entraînement. Et du coup, pour le coach, c’est une super data.

Ermanno : Encore faut-il savoir bien l’utiliser. Comme tu l’as dit, il y a deux éléments à renseigner. Un, ton ressenti par rapport à l’intensité de la séance. Donc, est-ce que tu as eu l’impression de forcer ou pas avec une note de 1 à 10 ? Et puis, comment est-ce que tu as senti la séance au-delà de ça ? Comment tu t’es senti ? Parce que tu peux faire une séance super dure, mais justement, t’éclater et puis là, mettre le smiley qui rigole. Ou au contraire, tu peux avoir une séance super facile et puis avoir eu du mal à la passer ou t’être ennuyé et là, pas te sentir bien. Donc, c’est vraiment ces deux notations-là qui vont jouer aussi dans l’appréciation. Oui, carrément. En fait, si le coach propose une séance facile et que toi, tu as trouvé ça difficile, c’est là qu’il y a un problème. Et là, on va pouvoir retravailler sur le surentraînement ou le sous-entraînement dont tu as parlé tout à l’heure, etc. Exactement. Ok.

Ermanno : Théo, est-ce qu’il y a des éléments qu’on n’a pas abordés dont tu aurais bien voulu qu’on parle ?

Ermanno : Non, je pense qu’on a fait un petit tour sur qu’est-ce que ma pratique du sport au quotidien, qu’est-ce que le fait d’avoir une boîte à côté. Après, je précise aussi et c’est hyper important. Moi, je suis hyper impliqué dans ma pratique du sport. Je n’ai pas d’enfant et j’ai une super chérie qui est hyper conciliante avec ma pratique du sport. En gros, j’ai très peu de contraintes perso qui me permettent d’être à la fois impliqué dans ma boîte et à la fois impliqué dans mon sport. Honnêtement, ce ne serait pas possible si j’avais des enfants et ce ne serait pas possible si je n’avais pas une copine aussi conciliante. Donc, je sais que les contraintes des gens qui ont une famille sont autres que les miennes et que ce n’est pas forcément possible de travailler autant et de s’entraîner autant. Je l’ai remarqué et c’est aussi le défaut. J’ai envoyé un petit tacle aux hommes et notamment les mecs qui peuvent faire du long, etc. te rends quand même vachement compte que la charge de famille repose beaucoup sur la femme pendant que Monsieur s’entraîne. Du coup, je trouve que ce n’est pas normal. Je suis bien d’accord avec toi. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que le triathlon ou en tout cas le triathlon longue distance est souvent la cause de quelques différends voire de divorces dans les couples. C’est fou. Les femmes ne sont pas en reste de problème. On avait eu sur le podcast aussi quelques femmes qui n’avaient aucun problème à sourire sur le fait que pratiquer le triathlon et surtout le triathlon longue distance les avait aussi enfermées dans une sorte de difficulté en termes d’alimentation. Et puis de ces fameux troubles alimentaires. Et ça, ça arrive plutôt chez les femmes. Donc, il faudrait qu’on arrive à trouver l’équilibre et puis surtout en parler aussi pour sensibiliser sur le sujet. Oui, clairement. Le sujet de l’alimentation dans le sport d’endurance chez les femmes, et plus tu vas au niveau, vraiment plus tu as de troubles alimentaires. Moi, si on en parle, j’en ai eu plus jeune. Mais je crois que chez les filles, je ne vais pas dire que c’est généralisé, mais presque. Franchement, les cas sont hyper courants. Et comme tu le disais, Charlie, tu vois, le coach un peu autoritaire qui va te faire une vanne sur ton poids ou sur le fait que tu n’es pas affûté. Des fois, sur des jeunes athlètes, homme ou femme, c’est vachement destructeur. Et là, on rebondit sur l’entraînement invisible, sur l’accompagnement éventuellement, si on ne sait pas gérer ou si on sent qu’on a des soucis. Et puis, rappelons-le, il y a un marqueur chez les femmes qui est super important, c’est l’aménorrhée, c’est-à-dire c’est la perte de règles. Quand vous commencez à avoir des troubles sur l’apparition de vos règles, voire les perdre, il faut consulter. Et pas forcément qu’un médecin, mais voir un médecin du sport, voir un nutritionniste, un diététicien, bref. C’est les petits rappels, mais je pense qu’ils sont bons à faire.

Ermanno : Théo, on finit toujours le podcast en posant une question. Le podcast s’appelle « Devenir triathlète ». Toi, à ton avis, quel est ton meilleur conseil ? Quel est le conseil que tu pourrais donner au Théo jeune qui passe du vélo au triathlon pour devenir triathlète ? Il y a un conseil que je vois chez tous les débutants, c’est entraînez-vous lentement. Franchement, je suis toujours halluciné des allures d’entraînement, des footings, des gens qui débutent, des gens qui y valent 50 minutes au 10 bornes et ils courent leur footing en 55 minutes. Et ils disent « Ben ouais, mais moi, je n’aime pas courir à 6 au kill ou 5 au kill. » Et je dis « S’il y a un athlète qui vaut 30-0, faire un footing à 5 au kill, je ne vois pas pourquoi toi, tu ne pourrais pas le faire. » Vraiment, c’est un axe de progression énorme chez les débutants. C’est faire toutes les séances qui sont censées être faciles, vraiment les faire très faciles. Je rappelle sur le podcast de Nakane que je produisais avec Grégory Chennaise. On avait reçu Pierre Morat, qui est quand même quelqu’un qui connaît bien le sport. Et il nous partageait le fait que… ça y est, son nom m’échappe. Que les meilleurs mondiaux, notamment ceux qui titillent avec le record des deux heures en marathon, faisaient quand même des courses de récup à 4,5 voire 5 minutes au kilo. Donc comme tu le dis, quand tu vaux 50 au 10, ne va pas faire un footing à l’heure 55, enfin à 6 minutes au kilo. À la limite, tu as 6,30, 7 voire 8. Alors oui, tu as la limite de la marche, mais l’objectif, c’est justement de progresser. C’est en courant longtemps et lentement qu’on va ajuster nos seuils. Mais ça, c’est encore une autre discussion. Et puis, ça vaut dans tous les sports. Ça ne vaut pas que pour la course à pied. Si tu as une vitesse moyenne de 25 km heure sur le vélo sur une sortie de 100 bornes, n’essaye pas d’aller faire des entraînements à cette allure-là. Ralentis l’allure et puis après, ça va venir. En général, ces gens-là se blessent. Après, c’est loin de la pratique du sport, donc c’est dommage.

Theo et Charly : On l’a compris, respectez les allures et trust the process. La progression se fait à long terme. Ça viendra un jour et ça perd un jour.

Ermanno : Exactement. Théo, où est-ce qu’on te suit ? Où est-ce qu’on t’encourage ? Où est-ce qu’on va te voir sur les prochaines compétitions ? Donc en physique et en digital, on va dire les deux.

Ermanno : En physique, rendez-vous à Saint-Grégoire le 25 mai pour la troisième manche de D&D duathlon. Saint-Grégoire, c’est la banlieue de Rennes. C’est juste à côté. Moi, c’est qu’à une heure et demie de route de chez moi. Rendez-vous pour le top 20, je l’espère. Voilà, donc ça va vraiment être le fil rouge. Ça va être le 25 mai, troisième manche D1. 15 juin, quatrième manche D1. Et puis après, le 22 juin, le triathlon de notre. Voilà pour les objectifs. Et puis en digital, comme tout entrepreneur qui se respecte, je publie des choses sur LinkedIn. Je rigole, mais voilà, sur LinkedIn. Et sinon, je publie pas mal de choses sur Strava. Moi, je publie toutes mes données, toutes mes séances, tous mes intervalles. Et j’aimerais que les gens le fassent plus. Parce que voir un course à pied le midi, 10 bornes, 4,30 au kill, où tu sais pas ce que le gars a fait, je vois pas l’intérêt de suivre quelqu’un qui fait ça. Par contre, partager tous ses laps, ce que t’as fait, ton ressenti. Voilà, donc moi, c’est ce que j’essaye de faire sur Strava. Ok, ça marche, on est de la même veine.

Ermanno : Génial. De toute façon, on mettra le lien de ton profil Strava. Comme ça, ceux qui veulent s’en inspirer, allez voir, n’hésitez pas. Puis n’hésitez pas aussi à revenir une fois que vous publiez vos séances, alors que ce soit en automatique ou à la main, à mettre un petit mot d’explication aussi. C’est sympa, comme tu le dis, run du midi, run du matin, run du soir, séance de natation ou séance de vélo. Bon, ok, mais expliquez un petit peu. Voilà, ça peut être sympa. Grave. Et puis maintenant, en plus, sur Strava, on peut publier. Enfin, on pouvait déjà, mais on peut aussi intégrer des liens. Donc, jouons aussi avec le côté réseau social de Strava. Tant qu’à faire. Ouais, carrément. C’est un super réseau. Je suis, même je vais gratter de l’info chez les concurrents, je vais voir leur fréquence cardiaque. Ça peut être aussi un bon outil de temps en temps pour aller trouver des copains ou des copines d’entraînement. Quand on se déplace, c’est sympa aussi. Aller regarder des séances dans des coins et puis regarder qu’est-ce qui tourne autour. Et puis, prenez contact, ça peut être sympa. Ouais, carrément. Super. Écoute, Théo, merci beaucoup pour tous ces échanges, pour toutes ces infos qui vont pouvoir servir aussi bien à nos auditrices et auditeurs amateurs que ceux qui tournent avec toi. En même temps, ceux qui tournent sur le Grand Prix de D1, je pense que vous connaissez tous. Vous échangez au quotidien. Enfin, au quotidien. En tout cas, sur les courses.

Theo et Charly : Ouais, c’est un petit monde. Merci Théo d’être venu et d’avoir partagé tout ça. C’était hyper transparent et puis j’espère inspirant.

Ermanno : C’était Devenir Triathlète X OpenTree. Merci d’avoir écouté cet épisode jusqu’au bout. Nous, on a pris beaucoup de plaisir à l’enregistrer. Alors, si ça vous a plu, vous pouvez nous suivre sur nos réseaux sociaux Instagram, LinkedIn et Facebook. On se rejoint maintenant sur devenir-triathlète.com. Vous allez retrouver l’ensemble des épisodes, mais aussi des outils, des ressources et des conseils gratuits pour débuter, progresser ou performer en triathlon. On ajoute toutes les semaines de nouvelles ressources. Si vous avez une idée d’invité, n’hésitez pas à nous envoyer un petit message. Et si vous voulez être accompagné sur vos prochains objectifs sportifs, connectez-vous sur OpenTree.fr et on se fera un plaisir de vous aider. Alors, n’hésitez pas. On se retrouve tout de suite sur devenir-triathlète.com et OpenTree.fr. Salut les sportifs !

PS : nous sommes maintenant sur Strava ! https://www.strava.com/clubs/DTxOT !

PPS : et pour découvrir le nouveau podcast éphémère d’Ermanno, ça se passe sur https://road-to-otillo.fr !

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