#449 [PORTRAIT DE TRIATHLÈTE] 5 Ironman en 1 an pour lutter contre Alzheimer : le défi d’Hassan Fadli

🎙️ Dans cet épisode, on vous emmène à la rencontre d’Hassan Fadli, un triathlète amateur au grand cœur avec un projet fou de boucler 5 Ironman en 1 an ! Il s’engage pour sensibiliser à la maladie d’Alzheimer, une cause qui le touche personnellement depuis que son père a été diagnostiqué.

💬 Hassan nous parle de son parcours, de la naissance de ce défi ambitieux, mais aussi de l’impact émotionnel et physique d’un tel engagement. On discute prévention, santé publique, sport comme vecteur d’espoir… Un épisode touchant, sincère et inspirant, où le triathlon devient bien plus qu’un sport : un moteur d’action solidaire.

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🏃🏼‍♀️ Notre invité :

💬 La transcription de l’épisode

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Ermanno : Salut les sportifs, c’est Hermano et je suis très heureux de vous recevoir pour un nouvel épisode du podcast devenir triathlète x OpenTree. Deuxième enregistrement de la journée, cette fois-ci je suis tout seul, tout à l’heure Charlie était avec moi quand on a enregistré avec Rémi Comte, mais aujourd’hui mon invité va passer à la mounette de mes questions juste avec moi. Et je suis très content et puis encore un petit peu sous le choc, sous l’excitation parce qu’on enregistre le 30 avril et il y a deux jours, lundi dernier, j’étais à Marseille et j’ai pu rencontrer Dylan Liabeuf, épisode 434 du podcast si vous ne l’avez pas écouté. Dylan qui est un jeune chercheur post-doc qui habite à Berlin et qui s’est lancé dans le défi de faire un Berlin-Barcelone en vélo, pas uniquement pour le défi sportif mais aussi et surtout pour sensibiliser à plusieurs causes, notamment le don d’organes, notamment des causes médicales et l’invité que je reçois aujourd’hui a eu l’occasion de croiser, rencontrer, échanger, faire des choses avec Dylan quelques jours avant. Quand il est passé à Lausanne, je suis très heureux de tendre le micro à Hassan Fadli. Salut Hassan !

Hassan : Salut Armando !

Ermanno : Hassan, comme je le disais en intro, je suis super content de pouvoir échanger avec toi parce qu’on avait très rapidement échangé par message ces derniers temps. C’est Dylan qui fait un peu le liant entre nous, même si ton projet avait déjà popé dans les oreilles et dans les yeux de l’équipe de Devenir Triathlète. On va revenir là-dessus mais juste avant, je te propose de te présenter, dis-nous tout, qui est Hassan Fadli ?

Hassan : Alors, très ravi d’être ici, Armando, merci pour l’invitation. Hassan Fadli, je suis le fondateur de l’association qui s’appelle 5 Arrondements Beat Alzheimer. C’est une association qui a pour but de sensibiliser le grand public aux maladies neurodégénératives. Et le catalyseur et le vecteur de message qu’on porte dans ce projet, c’est le triathlon. Le triathlon nous permet justement d’aller à la rencontre du grand public européen, français et européen, pour parler de ces sujets qui sont importants. C’est un peu stigmatisant, un peu traumatisant. Et le sport est en plus un moyen de prévenir ces maladies.

Ermanno : Donc, c’est de ça qu’on va parler aujourd’hui, avec grand plaisir. Bon, écoute, d’habitude, je te donne la parole à mes invités pour qu’on revienne un petit peu sur eux, leur passé, etc. On va un petit peu chambouler tout ça. Tu as parlé de l’association 5 Arrondements Beat Alzheimer ou 5 Arrondements Beat Alzheimer.

Ermanno : Allons-y, mettons les pieds dedans. C’est quoi Alzheimer ? Pourquoi cette idée t’est venue ? Plus largement, les maladies neurodégénératives, qu’est-ce que c’est ?

Hassan : Une maladie neurodégénérative, ce sont des maladies qui touchent l’organe, qui est le cerveau. Donc, c’est une maladie chronique du cerveau. Et ces maladies, elles sont dégénératives. C’est un processus qui vient éteindre les neurones les uns après les autres. Et c’est pour ça qu’elles portent ce nom. Et c’est une maladie qui est encore comprise pour une partie, mais pas toute une partie. Donc, il y a encore beaucoup de questions qui sont soulevées. Donc, elle est incurable pour le moment. Et cette maladie touche environ un million de personnes en France. C’est une maladie qui touche aussi les familles, les proches aidants. Et ce qui s’est passé dans mon cas personnel, c’est mon papa qui était touché par cette maladie. Et j’étais donc aidant de mon papa pendant une dizaine d’années. Et il souffrait de la maladie d’Alzheimer.

Ermanno : Quand on est un proche, avant même d’être un aidant, mais quand on est un proche, il y a le malade qui est touché par ça. Et j’imagine, sur le ton de la rigolade, on peut se dire ça doit être marrant. Tu ne te souviens pas des choses. Et puis, chaque jour, tu recommences une nouvelle journée. Ça, c’est pour la blague. Mais en réalité, cette maladie-là, ce n’est pas du tout une blague. Donc, il y a le malade qui, lui, souffre. Mais il y a aussi les proches qui deviennent, par la force des choses, des aidants. Comment ça se concrétise ? Comment est-ce que tu l’as vécu ? Comment est-ce que tu te rends compte que ton papa, pour le coup, tombe malade et qu’en l’occurrence, c’est quelque chose qui semble toucher le cerveau et que potentiellement, c’est une maladie neurodégénérative et en particulier Alzheimer ?

Hassan : La phase avant le diagnostic était une phase un peu difficile parce que mon papa, nous, les proches, on a senti qu’il y avait un déclin cognitif. Donc, les sens qui ont évolué, qui se sont dégradés. Les sens, donc, il y a l’ouïe, il y a l’odorat, il y a tout un tas de sens avant la mémoire. La mémoire, c’est effectivement très impactant au départ parce que c’est l’hippocampe qui est souvent touchée, donc la mémoire récente. Et ensuite, on a voulu tout simplement poser un diagnostic. Donc, j’ai amené mon père chez le médecin pour poser le diagnostic. Et très souvent, dans les deux tiers des cas, la personne vit ce qu’on appelle le déni. Donc, mon papa était un peu dans le déni. Il ne voulait pas voir le médecin. Il savait très bien qu’il avait cette maladie. Mais là, on rentre dans une phase, effectivement, du traumatisme, de la maladie dans les sociétés. Et c’était un peu douloureux pour nous de l’amener chez le médecin pour poser un diagnostic. Sachant que nous, on savait déjà qu’il y avait une dégradation dans ses capacités cognitives et que ça ressemblait à une maladie Alzheimer ou similaire à Alzheimer. Donc, le diagnostic était difficile à poser du fait de ce déni. Et une fois qu’il a été posé, c’était un choc, c’était une douleur. En même temps, c’était une confirmation de ce qu’on avait un petit peu ressenti. Et ensuite, on s’interroge. On s’interroge sur tout un tas. On s’interroge sur tout un tas de choses. On essaie de se documenter. Effectivement, on n’a pas suffisamment d’informations. On n’est pas suffisamment sensibilisés. On ne comprend pas vraiment trop ce qu’on devrait faire et ce qu’on devrait préparer à faire. Et donc, on rentre dans une phase un peu inconnue où on est en fait noyé dans un tas d’informations qui ne sont pas forcément fiables. Et là, on rentre dans une phase qui est un peu difficile. Comment ? Voilà. L’hat mettre dans le sol, on humilie sa visibilité pour des petits wounds.

Hassan : On met les quarts de la vis подобinaux du cerveau, on nage dans un étage, on décide de ne pas levage des pierres. On risque de passer plus de temps aux murs au mental immobilisé. Et on s’intègre dans un certain moment. D’ creations qui, avec les allumages des doigts, on nage et on sandale, crises etople qui sont la cinquième. Donc, à propos de controverses двухièmement reconnues, là, on va commencer.

Ermanno : les choses au départ tu as dit un truc et je vais juste rebondir dessus avant qu’on rentre plus dans le détail mais tu as dit on manquait d’informations on manquait de sensibilisation toi mon métier c’est d’être recruteur pas uniquement podcaster donc forcément je suis passé sur ton profil linkedin on voit que tu as une vie riche tu as travaillé un petit peu partout dans le monde est ce que c’est pareil partout dans le monde sur alzheimer parce que forcément tu parles d’alzheimer je pense que tu fais un micro trottoir tout le monde connaît alors le nom tout le monde sait que c’est une perte de mémoire mais c’est pas que ça alzheimer tu en as parlé et les maladies neurogénératives de manière générale mais est ce que c’est partout pareil dans le monde c’est à dire est ce que on manque d’informations et est ce que c’est justement ce manque d’information ce manque de sensibilisation qui toi tu as poussé à te lancer dans dans ses défis dans la création de

Hassan : cette association pour sensibiliser à ces maladies tout à fait ouais c’est on va dire que le manque d’information le manque de sensibilisation le manque de compréhension en tout cas sur sur cette maladie disons qu’elle est qu’elle est assez qu’elle assez globale quoi sur les différents continents les familles et patients souffrent de cette de cette de ce manque d’information et ce manque d’éducation du grand public sur ces maladies qui touche beaucoup beaucoup de monde on parlait de parler d’un million en france on parle de 50 millions dans certaines dans certaines perspectives sur le niveau au niveau mondial dans

Ermanno : counterparts qu’on parle d’un million en france sur une population de 65 millions je crois maintenant dans sa fait 1 sur 65 on peut se dire ouais 1 sur 65 attention c’est pas une maladie rare il y a plus de gens il ya moins de gens qui sont je désolé ouais enfin pour faire un rapport il y a moins de gens qui sont touchés par le cancer que de gens qui sont touchés par alzheimer enfin deux mois d’enfants il ya deux mille cinq cent quatre vingt diagnostic de nouveaux enfants touchés par le le cancer chaque année, donc 2500 sur une population d’enfants qui ne doit pas être loin de 10 ou 15 millions, ça n’a rien à voir par rapport à Alzheimer. Voilà, je voulais juste redonner un petit peu les proportions et de se dire que pourtant la sensibilisation, elle n’est pas si énorme que ça.

Hassan : Elle n’est pas si énorme que ça, et puis tu as souvent un point qui est important, c’est aussi le côté, le stigma, le trauma dans la société, donc c’est une maladie qui fait peur parce qu’elle est neurodégénérative, elle est incurable, et puis il y a cette association d’aimance avec maladies psychiatriques, santé mentale, cette confusion des maladies qui perdurent dans les différentes régions du monde, dans certaines régions du monde c’est encore très tabou, c’est difficile d’en parler. Moi-même, pour te donner un exemple, il y a 4 ans en arrière, quand j’étais au marché de Lausanne pour distribuer les premiers flyers du projet, quand effectivement certaines personnes ont vu le mot Alzheimer sur le flyer, ont même reculé en disant « je ne vais pas toucher le flyer ». C’est vraiment un moment de risque de choper la maladie, c’est pour te dire à quel point la population a besoin d’information.

Ermanno : Pourtant ce n’est pas contagieux, quand on a Alzheimer, on ne le donne pas aux autres. Oui, absolument. D’ailleurs c’est un sujet, peut-être que tu ne sais pas, mais est-ce qu’il y a des maladies contagieuses qui peuvent générer une maladie de neurodégénérescence ? Typiquement, pendant toute cette phase du Covid dont on a beaucoup parlé, on a dit que ça pouvait avoir des impacts neurologiques. Est-ce que certaines maladies qui ont des impacts neurologiques, on peut penser par exemple aussi à la varicelle, quand on est petit, que c’est mal soigné, ça peut avoir des impacts neurologiques, est-ce que tout ça peut générer plus tard des dégénérescences neurologiques ? Donc potentiellement Alzheimer.

Hassan : Dans le tournage du documentaire, on a rencontré des médecins-chercheurs qui nous ont éclairés sur les risques multifactoriels de la maladie d’Alzheimer. Un des facteurs ?. Oui. Un des facteurs qui revient parfois, c’est ces virus qui arrivent à monter au cerveau et qui peuvent être un des coupables, un des suspects parmi bien d’autres qui contribuent à déstabiliser le fonctionnement normal du cerveau, donc il y a certains virus comme par exemple l’herpès, comme par exemple d’autres virus qui arrivent à monter jusqu’au cerveau, mais aujourd’hui non, il n’y a pas encore de réponse claire là-dessus, il y a plein de suspects. Et le but aujourd’hui ?. Le but aujourd’hui, c’est de comprendre l’impact de chacun des suspects dans le déclenchement de la maladie et aujourd’hui, il n’y a toujours pas de réponse à cette question.

Ermanno : OK. Bon, on a un petit décalage aussi au niveau du réseau, mais t’inquiète, ça devrait être assez. Il s’est passé quelques secondes, ça devrait être… Je te vois encore bouger les lèvres alors qu’on ne parle plus.

Hassan : Ça va, tu me vois bien ? Oui, je te vois très bien, oui. Pour moi, c’est assez synchronisé. Nickel.

Ermanno : Bon, ça va. Écoute, ça va se recaler. Ça va se recaler. Donc là, on a parlé un petit peu de toi, on a parlé un petit peu d’Alzheimer et des maladies neurodégénératives. Qu’est-ce qui t’a donné l’envie, toi, de créer cette association ? Et puis après, on reviendra justement sur ce que ça a généré chez toi, enfin notamment au niveau sportif, mais qu’est-ce qui t’a donné envie de créer cette association ? C’est ce manque d’information, de sensibilisation, de cette recherche de sens ?

Hassan : Oui, oui, oui, oui. Alors, je m’occupais de mon papa. Cette semaine-là, quand mon papa m’a posé une question, je m’occupais de mon papa en tant qu’aidant. Et puis, on rentrait de notre petit village en Normandie, et puis je le sentais troublé, je le sentais touché par un certain nombre de choses qui l’ont marqué cette journée-là. Et au fond du jardin, il m’a posé une question, il m’a dit « Mais pourquoi tu ne ferais pas quelque chose pour la communauté ? Pourquoi tu ne ferais pas une action pour soutenir la cause ? ». Et quand je lui ai posé la question « Qu’est-ce que je pourrais faire ? », il m’a dit « OK, il n’y a pas de solution, c’est incurable, mais peut-être qu’on pourrait faire quelque chose ». Et je lui ai reposé la question sur ce que je pourrais faire, et puis là, il n’était pas capable de me répondre parce que la maladie a repris le dessus. Et là, ça m’a travaillé toute la nuit, tout le lendemain, je suis parti courir naturellement pour trouver une réponse, pour tenter de trouver une réponse à la question, parce que courir, c’est source d’inspiration. Et je suis rentré ce jour-là, et je me suis dit « Je vais courir 5 Ironman dans une année pour sensibiliser le grand public à la cause d’Alzheimer ».

Ermanno : Ah ouais, comme ça, toi, tu es comme ça, tu te dis « Allez, tiens, on va sensibiliser, autour de ça, on va faire du sport. Bon, allez, bim, 5 Ironman dans l’année ». C’est beau comme projet !

Hassan : Alors, maintenant, avec du recul, j’arrive à identifier peut-être les différentes raisons pour lesquelles ces 5 Ironman sont presque tombés comme une évidence, même si ça paraît énorme. J’ai toujours pratiqué le triathlon, j’ai toujours fait du triathlon, par moment, par phase. Donc, quand j’étais jeune, ado, j’ai beaucoup nagé dans ma vie, j’ai eu plaisir à faire pas mal de triathlons, des S, des M, des L, un peu partout en France, en Europe, et puis après, j’ai levé le pied, parce que j’ai eu la carrière d’ingénieur où j’ai beaucoup voyagé dans le monde, et puis je crois que pour tenter de répondre à la question de mon papa, c’était « Quel est mon moyen à moi d’aller vers le grand public ? Quel est mon moyen à moi pour sensibiliser le grand public ? Je ne suis pas musicien, mon métier d’ingénieur ne va pas être le moyen pour, on va dire, toucher, ou en tout cas, permettre d’échanger avec le grand public, mais le sport, c’est un catalyseur social puissant, c’est un vecteur de messages fort, et c’est mon moyen à moi, parce que je me sens très à l’aise avec la pratique sportive, endurante, et je crois qu’au fond de ma tête, je voulais faire un Ironman dans ma vie. C’était dans un petit coin de ma tête, ici, au fond. Et je me suis rendu compte qu’en fait, je n’étais pas un Ironman. Et ce moment-là, ce jour-là, j’ai décidé d’en faire cinq, en une année, pour, il fallait quelque chose de grand, à la hauteur de la mission, à la hauteur de l’enjeu et du challenge de cette maladie, et je pense que c’était les ingrédients qui sont venus nourrir, finalement, cette réflexion, pour me dire, eh bien, qu’est-ce qu’on pourrait faire pour aller vraiment chercher le grand public ? Et ce cinq Ironman est venu très rapidement, parce que c’est un chiffre rond, c’est un chiffre qui permettait aussi d’aller dans d’autres pays, d’autres cultures, comprendre des pratiques d’autres régions, pour enquêter un petit peu sur la maladie, et puis pour partager aussi avec le plus grand monde possible. Et puis, c’est vrai que la pratique du sport endurant et le triathlon en particulier, c’est quelque chose qui me tient à cœur, je suis grand fan, je suis passionné, et voilà. Donc, le point de départ de ce projet associatif, c’était la question de mon papa.

Ermanno : Et pourquoi cinq ? Pourquoi pas dix ? Pourquoi pas quinze ? Ça aussi, c’est des chiffres rond. Pourquoi pas, je ne sais pas moi, pourquoi pas vingt-six ? Parce que comme ça, tu aurais été à la moitié de cinquante-deux, tu en aurais fait un tous les quinze jours, enfin, pourquoi cinq ?

Hassan : Alors, cinq, ça me semblait suffisamment grand pour pouvoir échanger, interagir, et puis partager, partager notre expérience d’aidant, notre histoire d’aidant, parce qu’il y a une histoire à raconter autour de ce message. Et puis, cinq, ça me paraissait déjà énorme d’en faire cinq dans une année, sachant que le calendrier des courses, eh bien, on le connaît, c’est printemps, été, automne, après il y a la trêve d’hiver si on veut trouver cinq courses en Europe, et donc ça faisait deux plus trois ou trois plus deux, donc ça me semblait un chiffre, en tout cas, il est venu naturellement, et avec du recul aujourd’hui, je pense que j’ai une réponse différente à donner, c’est qu’il y a cinq facteurs de risque qui permettent de réduire les… l’exposition à la maladie d’Alzheimer, on va peut-être en parler après sur les moyens de prévention, et peut-être qu’il y a un lien avec la méthode FINGER, qui est vraiment une méthode basée sur les cinq doigts de la main, qui permet justement, avec une approche mnémotechnique, de réduire les risques d’Alzheimer, je pense qu’on va en parler juste après, mais il y a donc peut-être une connexion avec déjà la prévention que je ne connaissais pas, parce que quand j’étais dix ans aidant, eh bien, je ne connaissais pas les moyens de prévenir, d’atténuer, d’aider, d’aider à la prévention, d’atténuer les risques d’exposition à ces maladies que j’ai, que j’ai, à la suite du documentaire, appris tout au long du chemin de ces cinq courses.

Ermanno : Je crois que c’est ce qu’on appelle… c’est ce qu’on appelle boucler la boucle, tu sais, c’est… tu ne le savais pas, mais finalement, ça s’intègre bien dans le projet et dans, eh bien, tu l’as dit, les moyens de prévention. On y reviendra. On a commencé à parler un petit peu de toi, justement, sur cette histoire des cinq Ironman, pourquoi, comment, je te propose maintenant de refaire un focus sur toi, tu as dit que tu faisais déjà du triathlon. Toi, ta vie avec le sport, elle commence quand ? Comment est-ce que tu découvres le sport ? Comment est-ce que tu découvres le triathlon ? Jusqu’où tu vas ? Enfin, voilà. Tu as le micro, tu as deux heures, ciao.

Hassan : Ma relation avec le sport, elle a commencé très, très tôt. J’étais tout de suite à l’aise avec la pratique du sport. Je crois que j’ai commencé avec le foot dans mon petit village en Normandie et rapidement, j’ai eu des problèmes de dos.

Ermanno : Non, ça, foot, tu n’as pas le droit. Foot, sur le podcast, on a dit, on ne prononce pas ce mot-là, il n’y a que moi qui ai le droit. Non, je déconne, je déconne, c’est une blague, évidemment.

Hassan : C’est une parenthèse qui a duré, je crois, quelques semaines, alors c’est pour te dire. Bon, ça va, ça va t’autoriser. Rapidement, je crois, j’avais 5 ou 6 ans, j’ai dû faire quelques jours, quelques semaines et ce n’était pas mon truc, vraiment pas mon truc. Et puis, on m’a diagnostiqué avec un problème de dos, un problème de scoliose assez prononcé avec un décalage du bassin et le médecin a proposé tout simplement à mon papa et puis à moi de pratiquer la natation qui est très, qui est recommandée pour ces problèmes typiques. Et donc, j’ai commencé la natation très tôt, vers 7 ans, 8 ans, j’ai commencé à nager, j’ai fait un an de club, j’étais tellement bien que j’ai fait du coup 7 ou 8 ans de club. Donc, j’ai fait, j’ai passé ma jeunesse dans les bassins, j’ai passé ma jeunesse à nager. Donc, j’ai commencé par la natation pendant très longtemps et puis après, à 16, 17 ans, j’aimais beaucoup courir et j’ai découvert le vélo, enfin le vrai vélo, rouler longtemps. Et le triathlon, c’est prêt. J’ai présenté quasi naturellement à 16, 17 ans, c’est là où j’ai fait mes premiers triathlons. Donc, ouais, dans les années, dans les années 95 quoi, ouais, ouais, c’était en 95, 94, 95. Mes premiers S, mes premiers S en Normandie avec des triathlons en lac, lac de Pauze, lac d’Evreux. C’était des beaux, des belles, des belles courses. Ouais, ouais. Et tout de suite, j’ai accroché le triathlon. C’était, c’était, voilà, c’était un peu, mon ADN a très bien fité, a très bien matché avec, avec cette pratique pluridisciplinaire qui, qui, qui sollicite trois sports et qui sollicite vraiment une belle préparation. Et le, et le, je me souviens, le premier jour, j’ai fait mon triathlon, le premier triathlon de ma vie. J’avais 15, 16 ans. Je suis rentré ce soir. J’étais épuisé. J’avais un épuisement complet, harmonisé, on va dire uniformisé sur tout le corps. Et j’ai eu, j’ai eu un plaisir d’avoir cette sensation et cette sensation-là, après toutes ces années, je la, je la, je la ressens comme si c’était, c’était hier. C’est dingue. C’est, ces premiers, ces, ces premières courses, le triathlon, chose que je n’ai pas sentie, mes premières compètes en natation, mes premières compètes en, en running. Mais en triathlon, il y a eu ce, ce, ce truc qui s’est passé, qui fait que, bah, c’est, c’est, c’est dans mon quotidien aujourd’hui et puis c’est un, c’est un, c’est un, ouais, c’est une sensation assez, assez dingue quoi, je dois, je dois reconnaître, ouais, ouais.

Ermanno : Bon, là, maintenant, t’es en Suisse, t’as vadrouillé un petit peu partout dans le monde.

Hassan : T’étais où en Normandie ? En Normandie, dans la Vallée de l’Heure, entre Évreux et Rouen. C’est un petit village qui s’appelle le Val-de-Reuil, tout près de Louviers. Voilà.

Ermanno : Écoute, on s’est peut-être déjà croisés parce que moi, je suis Rouenais et mes premiers triathlons, notamment, au-delà d’être à Rouen, c’était aussi à Val-de-Reuil. Ah, bah voilà. Ce fameux triathlon de Val-de-Reuil. Exactement. Si tu cherches bien sur mon profil Facebook, qui est un petit peu en friche depuis quelques années, tu devrais trouver la photo de quand j’avais 18 ans en triathlon de Val-de-Reuil, je me souviens très bien. J’étais, alors à l’époque, j’étais en maillot de bain et en cinglé parce que les trifonctions n’existaient pas encore et on s’était tapé la grêle et du coup, je me souviens très bien à quel point j’ai souffert sur la course à pied, je suis parti, j’avais les pieds gelés. Donc, voilà, Val-de-Reuil, ça me rappelle de très très bons souvenirs avec la nage dans le lac de l’Éripos. Éripos, ouais, Capoulane.

Hassan : Ouais, bah, c’est là où j’ai fait mon premier triathlon, j’en parlais justement tout à l’heure. C’était exactement là.

Ermanno : On aurait pu se croiser.

Hassan : On aurait pu se croiser, Erbano.

Ermanno : Ouais, certainement qu’on s’est croisés. C’était quelle année, toi, ton premier ? Je crois que c’était en 94 ou 93, entre 93 et 94, ouais, ouais, ouais. T’étais vraiment un vieux de la vieille. Moi, j’ai commencé en 96 le triathlon, donc on s’est peut-être croisés sur une ou deux compètes, sans le savoir, sans le savoir.

Ermanno : Donc, toi, à partir de 93, 94, t’as switché, t’as pratiqué que le triathlon ou t’as continué à pratiquer d’autres sports et notamment les trois sports du tri ?

Hassan : Ouais, les trois sports du tri, principalement le running et puis le natation. Le natation et le running sont restés vraiment, vraiment en continu pendant toutes mes études universitaires. Ensuite, j’ai vraiment pratiqué beaucoup, beaucoup le running, disons, parce que c’est accessible, c’est simple, c’est facile. Et puis, courir 30 minutes, on peut le caser n’importe quand, n’importe où dans sa journée. Natation, c’est un peu plus logistique. Et puis, le vélo, un peu plus logistique. Donc, j’ai vraiment continué à courir. C’était vraiment mon médicament, ça me posait, ça me calait. Le running, c’est un peu mon quotidien. Et pendant toutes ces études… Ouais. Et ensuite, quand j’ai commencé mon job d’ingénieur, j’ai levé le pied sur le triathlon. J’ai réussi à nager de temps en temps et courir quasiment tous les jours. Mais c’est à ce moment-là, quand j’ai fini mes études et j’ai commencé à voyager en Angleterre, aux US, en Asie, dans mon travail de recherche ingénieur, j’ai un peu levé le pied sur la pratique du triathlon que j’ai repris plus tard quand je suis revenu en Suisse en 2010. Là, j’ai repris la pratique du triathlon à ce moment-là. Ouais.

Ermanno : Excellent. Tu sais que j’ai produit un podcast avec Greg Chanez de nakan.ch qui est à Lausanne. Ouais.

Hassan : Ouais, ouais, ouais. Très, très beau podcast. Je l’ai écouté. Je l’ai vu. Ouais, ouais, ouais.

Ermanno : Ça, c’est l’épisode qui est sorti la semaine dernière, mais pendant trois ans, on a produit un podcast ensemble. Ah ouais ? Le podcast de Nakan. Ouais.

Ermanno : Ouais.

Ermanno : Et du coup, tu reviens en 2010 en Europe, enfin sur le continent européen parce que la Suisse ne fait pas partie de l’Europe. Ouais. Ouais. Et tu redécouvres, repratiques le triathlon. Qu’est-ce qui a changé pour toi pendant ces 10 ans entre les années 2000 quand tu as levé le pied par rapport à tes études et ta première expérience professionnelle et 2010 quand tu reviens en Suisse ? Est-ce que le triathlon a changé ?

Hassan : Oui, le triathlon, il a vachement progressé. Les technos ont changé, les programmes d’entraînement ont changé, la connaissance des zones ont vachement évolué. Moi, je suis arrivé en 2010. J’ai découvert tout ça que je ne maîtrisais pas du tout, les zones d’endurance, les zones de travail, les zones d’entraînement et puis l’évolution de tout le matos. Il y a eu un bond de dingue, je dois reconnaître. Quand tu parlais de ton premier triathlon avec la tenue au lac de l’Éripos, moi, je me voyais encore avec mon petit maillot à nager comme ça. Et puis, belle découverte en 2010, belle découverte. Et la techno, c’est un peu mon quotidien. Donc, je me suis accroché à ça. Je me suis accroché à ces évolutions. Et puis, j’ai redoublé d’envie de pratiquer à nouveau le triathlon. Donc, j’ai commencé avec des courses L. J’ai eu beaucoup de plaisir à courir sur le Léman, en France, à Zurich, un peu partout. J’ai fait plusieurs distances L. Je prends vraiment un grand plaisir à courir. Et puis, c’est devenu une routine, une belle routine de pratique, vélo, course à pied et natation. Depuis ce redémarrage avec le triathlon en 2010.

Ermanno : Et du coup, ton papa est atteint de cette maladie neurodégénérative. C’était à quelle période que… Alors, tu nous as expliqué que c’était difficile de poser le diagnostic, mais à quelle période vraiment la maladie s’est installée ? Et quand est-ce que ton père t’a dit, il faut que tu fasses quelque chose à ça ?

Hassan : On l’a senti en 2016-2017. Nous, on l’a très bien senti parce qu’on connaît notre père à par cœur, les voisins, par exemple, qui connaissent aussi bien mon père, ne l’ont pas senti. Mais nous, on l’a senti autour de 2016-2017 qu’il y avait vraiment un espèce de déclin sur tout un tas de choses. Mon père était très rigoureux, très ordonné, très structuré.

Ermanno : Tiens, c’est bizarre, il a fait un fils ingénieur. C’est étonnant.

Hassan : Voilà, c’est très similaire. Alors, je pense qu’il y a un chemin un peu identique sur ces aspects-là. Et tout de suite, on a senti qu’il y avait vraiment… un changement, un changement, un changement de comportement, d’attitude, un changement sur son mode de fonctionnement au quotidien. Et puis, le diagnostic, on l’a posé difficilement quelques temps après. Ça a dû prendre quand même un an et demi, deux ans, parce que les méthodes de diagnostic étaient vraiment difficiles il y a quelques temps en arrière. Aujourd’hui, elles ont beaucoup évolué. On va en parler peut-être après. Et puis, c’était en 2018 que le diagnostic était posé. Et en 2021, donc 21-22, après le Covid, le Covid qui a vraiment accéléré les symptômes, le déclin cognitif qui s’est accéléré. Donc, on ne pouvait pas retrouver… Le lien social est important dans cette maladie. La connexion avec ses proches est importante. Et puis, le Covid a, comme bien d’autres pathologies de maladies, ont accéléré la maladie. Et en 2021-2022, c’est là où mon papa m’a suggéré de faire quelque chose pour la cause d’Alzheimer.

Ermanno : Et tiens, d’ailleurs, parce qu’on comprend que toi, tu es à Lausanne. Ton papa, il est en Normandie. Comment on vit ça à distance ? Comment on est aidant à distance ? Tu t’es déplacé ? Tu es venu vivre avec lui ou tu l’as fait venir vivre avec toi ? Comment tu as organisé ça ?

Hassan : C’est une très bonne question parce qu’on est aidant de son papa malade. Et puis, on est aidant de la proche aidante, de la première aidante qui était ma maman. Donc, on doit soutenir les deux différemment. Et très rapidement, j’ai pris un rythme de venir accompagner mon père et ma mère une semaine par mois en Normandie. Donc, je m’installais une semaine tous les mois. Comme ça, ma mère pouvait se reposer. Elle pouvait souffler, se reposer pendant cette semaine-là où moi, je m’occupais de mon papa. Et j’ai pris effectivement avec mon job professionnel, j’ai pu m’organiser pour m’occuper de mon papa une semaine par mois, travailler un petit peu à distance pendant la semaine où j’étais en Normandie. Donc, m’occuper de mon père et reposer ma mère qui partait parfois souffler chez mes soeurs et revenir un petit peu d’attaque. Donc, on s’organise tous ensemble en tant qu’aidant pour éviter qu’un aidant soit vraiment en première ligne et paye une fatigue psychologique et physique qui est très courante dans ces maladies-là. Et avec mes soeurs et puis ma maman, on a essayé de jongler pour soutenir au mieux cet accompagnement de mon papa dans cette maladie.

Ermanno : Tu as parlé du Covid tout à l’heure. Du coup, pendant le Covid, nous, on produisait le Covid. On a fait le podcast de Nakane avec Greg qui, lui, est à Lausanne. Donc, j’avais un petit peu les deux visions. Moi, j’étais au Luxembourg, mais j’avais de la famille en France. Donc, j’avais un peu les trois visions de comment on a géré le Covid dans les différents pays. Au Luxembourg, on n’avait pas de confinement strict. En Suisse, vous n’en aviez pas du tout. En France, on ne pouvait pas sortir de chez soi. Il fallait faire une attestation pour aller pisser. J’exagère, mais on n’en était pas loin. Comment tu gères le Covid quand tu as justement un proche qui est atteint d’une maladie neurodégénérative, voire de démence, comme plein d’autres pathologies, mais en l’occurrence, on parle de celle-ci. J’imagine que c’était difficile pour toi de te déplacer pour aller jusqu’en Normandie. Comment vous faisiez ?

Hassan : Justement, j’avais beaucoup de peine à me déplacer, comme tu viens de le dire, pour les raisons qui sont liées aux dispositifs qui étaient différents entre ces deux régions. Donc, on n’avait pas du tout de confinement en Suisse. Donc, on pouvait vraiment aller voir ses proches, aller faire les courses pour ses voisins, dépanner ceux qui étaient vraiment dans le besoin pendant cette période-là. Mais en France, moi, j’avais de la peine à accéder à mes parents. Donc, on a fait par écran interposé. On a fait au mieux, quand il y avait une fenêtre qui se présentait, de venir et de rester un petit moment. Mais le Covid, clairement, a créé cette distance et puis a créé vraiment cette accélération de la maladie du fait de la déconnexion du lien social et de l’accompagnement que nous, on pouvait offrir, qu’on était à disposition d’offrir, mais qu’on ne pouvait pas à cause du Covid et des restrictions côté France. Donc, c’était très difficile.

Ermanno : Oui, c’était une question que j’allais te poser. Est-ce que ça a accéléré la maladie ? Oui. Et même pour ta maman, qui était l’aidante la plus proche, est-ce qu’elle aussi, ça a eu un impact chez elle ?

Hassan : Oui, oui.

Ermanno : Oui, oui.

Hassan : Oui, oui. Un impact fort. Ma maman, en tant que proche aidante en première ligne, c’est celle qui était 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 à assister et accompagner mon papa. Donc, ma maman a subi une fatigue émotionnelle, physique et psychologique qui était lourde, qui était pesante pour elle. On l’a sentie. On l’a sentie très fatiguée. Donc, après le Covid, on a dû prendre des mesures pour que ma mère puisse se reposer, retrouver de l’énergie et se retrouver elle-même. Et puis, on a pu nous s’occuper de notre papa. Donc, une période très difficile pour tous.

Ermanno : Tu l’as dit, c’est une maladie incurable. Donc, ça veut dire qu’on ne peut pas en guérir. Est-ce que malgré tout, il y a des milestones, il y a des steps, des passages obligatoires ou en tout cas recommandés à l’hôpital, chez un médecin ? Est-ce qu’il y a des tests à faire ? Est-ce qu’il y a un suivi ? Est-ce qu’il y a quand même un traitement à prendre ? Et quel a été l’impact pendant le Covid ?

Hassan : Pendant le Covid, le traitement, pour répondre à la question, il n’y a pas de traitement. Donc, il n’y a pas de passage régulier chez le médecin. Une fois que le diagnostic est posé, il n’y a pas de traitement. Il n’y a pas de suivi auprès du médecin. Il y a peut-être un rendez-vous chez le médecin généraliste ou le gériatre une fois par an. Mais on va dire que c’est une visite médicale. Et pendant le Covid, non, il n’y avait aucun traitement. S’il y avait d’autres pathologies ou d’autres maladies, oui, il y avait peut-être un suivi. En tout cas, pour mon papa, il n’y avait aucun suivi médical. Donc, la maladie est incurable. Les différents jalons de cette maladie, c’est un diagnostic précoce. Donc, nous, on recommande vraiment, quand on a mal au genou, avoir un médecin quand on a des troubles de sensation, des troubles cognitifs, des troubles répétitifs de la mémoire. Donc, pas un jour ou pas plusieurs jours, mais vraiment que ce soit un peu continu sur une période de temps. Donc là, il faut aller voir un neurologue, en tout cas un centre de la mémoire. Il y en a partout en France, dans tous les CHU en France, des centres de la mémoire qui permettent de diagnostiquer. Plus tôt on diagnostique la maladie, mieux on pourra gérer la maladie et réduire le déclin cognitif. Donc, la suggestion, la première recommandation, c’est le diagnostic précoce, qui va permettre de poser un diagnostic, même si c’est douloureux, c’est délicat, de poser un diagnostic pour une maladie qu’on ne peut pas traiter, qu’on ne peut pas traiter de manière médicamenteuse, mais on peut la traiter de manière non médicamenteuse. C’est là-dessus qu’on va pouvoir, nous, en tout cas, travailler sur le film documentaire, c’est les approches non médicamenteuses, le lien social, l’activité physique, la nutrition, la stimulation cognitive. Donc, toutes ces approches permettent de réduire justement le déclin cognitif. Donc, le Covid, du coup, avec cette distance, eh bien, était extrêmement difficile pour tous ces malades qui ont besoin de ce lien social. Et ce lien social, et ce lien social avec tout ce que ça apporte, eh bien, permet de réduire le déclin cognitif. C’est pour ça que pendant cette période, effectivement, pour les malades d’Alzheimer en particulier, c’était très difficile.

Ermanno : Tu n’es pas obligé de répondre, si tu ne veux pas, mais comment ça se termine, Alzheimer ?

Hassan : Alzheimer, alors, c’est une maladie neurodégénérative, c’est une maladie neurodégénérative. Donc, il y a des plaques améloïdes qui viennent détruire un peu les neurones. Donc, il y a la protéine Tau, on parle de la protéine améloïde. Et il y a un processus qui vient, en fait, éteindre les neurones les uns après les autres. Donc, on se retrouve avec une capacité cérébrale qui est impactée par cette inflammation. C’est une inflammation du cerveau. Et donc, selon les zones du cerveau, eh bien, ces neurones qui gèrent, par exemple, des fonctions vitales autonomes, autonomes du fonctionnement du corps, eh bien, la maladie peut toucher ces zones-là. Et finalement, on peut tout simplement s’éteindre parce que la respiration ne fonctionne plus. Le taux d’oxygénation dans le sang, donc la quantité d’oxygène que les poumons transmettent au flux sanguin n’est plus le bon. Donc, on peut mourir de différentes façons des suites, des conséquences de la maladie d’Alzheimer, en particulier, par exemple, les fonctions autonomes qui permettent de régulier tout le fonctionnement du métabolisme très complexe. Donc, on décède souvent des conséquences, des conséquences qui sont liées au fonctionnement du métabolisme.

Ermanno : Oui, parce qu’on le rappelle, je pense que l’audience en est tout à fait consciente, mais quand on parle des fonctions autonomes, eh bien, ce n’est pas le corps qui tourne tout seul et puis qui se régule tout seul. Il y a quand même un truc qui dirige tout ça, ça s’appelle le cerveau. Et c’est le cerveau qui dirige la respiration, les battements de cœur, les mouvements qu’on fait, la parole, etc. Et donc, forcément, quand les neurones s’éteignent les uns après les autres, eh bien, ça peut impacter les fonctions vitales pour le corps.

Ermanno : Et comment ça se termine pour les proches, pour les aidants ? Parce que perdre quelqu’un, c’est toujours difficile, mais perdre quelqu’un qui était malade et qu’on a accompagné pendant… Là, tu l’as dit, ton papa, il a été diagnostiqué en 2016, 2017. Donc, pendant toutes ces années, comment ça se termine pour les proches ? C’est peut-être un peu dur comme réponse, mais est-ce que ça peut aussi être un soulagement, quelque part, de savoir que la personne ne souffre plus ? D’être, entre guillemets, « libérée » de ça ? Parce que ça génère beaucoup de charge mentale, ça génère beaucoup d’implications physiques. Ouais. Si tu veux y répondre, encore une fois. Oui, oui.

Hassan : Pour les proches aidants, notre rôle au quotidien, c’est de rendre une journée meilleure que la veille. On traverse des moments très difficiles, mais aussi des très, très beaux moments. Des fois, il y a peu d’échanges, il y a peu de narratifs, mais il y a beaucoup d’émotions, il y a un lien fort. Moins on s’exprime, plus les émotions prennent de la place dans le lien qu’on a avec un proche qui vit la maladie d’Alzheimer. Et puis nous, en tant qu’aidants, on est pris dans le quotidien. On est 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, donc on aide son proche à traverser la maladie. Par moment, on ne se pose pas trop la question du court ou long terme, du moyen ou long terme, parce qu’on est dans le court terme en permanence. On a la tête dans le guidon en permanence dans cette maladie. Et puis, on se rend compte aussi que la personne est de plus en plus dépendante, parce que c’est une maladie handicapante. Moi, mon papa, les six derniers mois, il était dépendant à 90%. Donc, il avait besoin d’assistance en permanence. Forcément, quand les fonctions vitales commencent à nécessiter une proximité, une assistance au quotidien, on sait que la période est difficile. On arrive dans une période forcément difficile. Et mon papa, il est parti, il avait 86 ans. Il est parti avec beaucoup de sourire parce qu’il avait vu la première course Ironman. On va peut-être revenir après sur le calendrier. Mais je sais qu’il est parti avec un grand sourire. Et puis, il est arrivé au bout de cette grande dépendance dans laquelle… Et puis, c’est vrai qu’il a bien vécu ses 86 ans. Donc, il avait fait sa grande vie. Je crois qu’il était entouré par nous et par ces belles images du premier jalon qu’on avait réalisé, parce que c’est l’initiateur du projet. Donc, il y a une partie… Est-ce qu’on a bien accompagné notre proche dans cette maladie ? Oui, on a tout donné. Est-ce que c’est le moment pour lui de partir ? Oui, c’était aussi le moment pour lui de partir. Et donc, un soulagement, comme tu viens de le dire, qu’on a tous ressenti dans la douleur. Mais il y a une partie, effectivement, soulagement, qu’il soit parti dans les meilleures conditions, l’ayant aidé le mieux possible pendant ces périodes.

Ermanno : OK.

Ermanno : Donc, ce jour où tu vas courir, tu te dis, tiens, ça y est, j’ai l’idée. Merci papa, tu me l’as soufflé. Je sais ce que je vais faire. Je vais faire cinq Ironman dans une année pour en parler, pour sensibiliser. Comment ça se met en place tout ça ? Déjà, combien de temps tu te donnes pour le premier Ironman ? Et comment tu mets tout ça en place ?

Hassan : Excusez-moi. Ce qui s’est passé entre cette réflexion, ce projet cinq Ironman dans une année et lancer un petit peu les différents jalons et nous mettre sur les rails de ces premières courses, eh bien, j’ai quand même parlé avec mon beau-frère qui s’appelle Adrien Rivolié entre-temps. Donc, je l’ai eu au téléphone et puis je lui ai soufflé l’idée qui m’est venue pour répondre à la question de notre père, parce que c’est son beau-père. Et mon beau-frère, il est réalisateur de films documentaires. Donc, c’est son métier de faire des films. Et tout de suite, il m’a dit, eh bien, si tu veux sensibiliser le grand public, le meilleur moyen, oui, le sport, c’est un vecteur de message. Et le meilleur moyen pour appuyer ce vecteur de message, eh bien, ce sont les images. Et puis, il m’a proposé aussitôt de prendre quelques images et de tourner un film documentaire. Donc, l’idée du projet s’est construite sur cette base, cette base de courir cinq Ironman dans cinq pays et d’aller à la rencontre des acteurs locaux, des différentes pratiques, entre l’Europe du Nord, l’Europe centrale, l’Europe du Sud, et rencontrer les patients, les malades, les proches, les familles, les neurologues, les systèmes de santé, les systèmes de santé publique et la tech également, tout le tissu, tous les acteurs qui contribuent, les accueils de jour, la Zumba, la Katsumba, les border collie, l’activité physique. On a filmé tous ces sujets qui contribuent justement à soutenir les malades et les proches. Et l’idée du film documentaire s’est posée très rapidement. Après cette idée de cinq Ironman. Et là, j’ai pris six mois pour poser un peu les choses parce que c’est très ambitieux. Cinq Ironman en une année, c’est grand. Oui, c’est très ambitieux. Donc, je me suis posé six mois pour mûrir, pour réfléchir. Bien sûr, faire un check-up médical, c’est comme la première chose à faire. Est-ce que je suis compatible avec un tel challenge ? Et à l’issue de ce check-up médical qui était un prérequis, comme d’autres prérequis, j’avais un prérequis aussi de trouver un coach, d’être accompagné, d’avoir une équipe. Je ne vais pas aller moi-même faire mon ingénieur tuto, aller chercher des plans d’entraînement, nutrition, équipement. Donc, un des prérequis était aussi de s’entourer d’une équipe de pros pour accompagner ce projet, volontaire, bénévole. Et une fois que tous ces prérequis étaient au rendez-vous, très rapidement, six mois après ces premières réflexions, on a lancé le programme d’entraînement. On a commencé à poser le planning des cours. On a commencé à se connecter avec les neurologues des différents pays où on allait courir, les systèmes de santé, les accueils de jour, les associations. Donc, on a commencé à fédérer avec un consortium d’une soixantaine d’organisations pour tourner. Parce que l’idée, c’est de tourner pendant une semaine à dix jours avant la course. Ensuite, on court. Et donc, on crée cet événement, tournage du documentaire, comprendre les pratiques locales, courir pour la cause. Et aussi, rencontrer le public, les jeunes, les clubs, les institutions privées et publiques pour partager notre histoire pendant ces jalons de course.

Ermanno : Excellent. Et du coup, c’est quelque chose que tu fais à temps plein ? Tu as lâché ton job pour te lancer là-dedans ?

Hassan : Ouais. Donc, après les six mois avec tous ces prérequis, c’est à ce moment-là que je me suis dit, eh bien, go, je lève le pied sur mon activité professionnelle parce que ce projet est tellement ambitieux. Et puis, ça nécessite beaucoup de temps, temps d’entraînement, temps de récup. Aussi, gestion de projet, gestion de projet, gérer, justement, écrire le film documentaire, écrire tous ces sujets qu’on allait filmer, préparer les tournages, être chargé de projet, chargé de tournage aux côtés du réalisateur qui, lui, s’occupait vraiment du film. Donc, moi, je m’occupais de tout le reste. Donc, forcément, ça demandait bien plus que 40 heures par semaine. Et naturellement, l’espace pour maintenir mon job professionnel, même à, on va dire, à 30 %, n’avait pas de place. Donc, là, j’ai levé le pied. Donc, j’ai quitté mon job pour me consacrer à la tâche. Au moins, je me suis dit à ce moment-là, pendant pratiquement deux ans, je me consacre pleinement à la tâche pour arriver au mieux sur la ligne d’arrivée de la cinquième course et puis le tournage de toutes ces rencontres tout au long de ce périple. Donc, je me suis mis à 100 % sur ce projet associatif.

Ermanno : Comment on en vit, du coup ? Tu vis avec tes économies ou tu as trouvé des partenaires, des sponsors qui t’accompagnent dans la création de ce projet ? Alors, pour ceux qui ne savent pas, mais créer un film, au-delà de l’écrire, etc., toutes les équipes, le tournage, etc., ça coûte extrêmement cher. Moi, je m’étais renseigné pour mon défi Agrippa et un pote me faisait un prix d’ami, c’est 1 000 € la minute. Donc, si tu veux faire un documentaire de 30 minutes, c’est 30 000 balles. Et ça, c’était un prix d’ami. Et en plus, c’était juste sur moi et autour de moi. Ce n’était pas partir aux cinq coins du monde et filmer des gens, etc. Et après, il faut analyser les rushs et il faut réécrire l’histoire. Et il faut mettre du lien dans tout ça. Donc, tout ça, c’est un travail de dingue. Comment tu vis pendant ce temps-là ? Parce que l’amour et l’eau fraîche, c’est bien, mais ça ne paie pas les factures, surtout en Suisse.

Hassan : Non, ça ne paie pas les factures. Et à ce moment-là, je me suis posé la question, effectivement, avec tous ces prérequis. Je me suis dit, je suis dans le moment. Et il y a un coup à jouer. Et j’étais tellement pris par cette mission que m’a transmis mon papa que je voulais absolument me lancer maintenant. On s’est posé la question avec Adrien, est-ce qu’on fait les choses correctement ? En film documentaire, on écrit le film, on pose le film, on pose les objectifs, on rencontre des producteurs, on élabore et on fédère avec une équipe avant de commencer le tournage. Nous, on a tout fait à l’envers parce qu’on voulait se lancer maintenant. Donc, on n’avait aucun budget à part nos économies. Et puis moi, j’ai quitté mon job. Donc, j’avais quelques économies que j’ai consacrées tout simplement à ce projet associatif, clairement. Soit on s’engage et puis on se lance. Et puis, on se donne toutes les chances d’y arriver. Et si je me mettais un an ou deux ans pour trouver des sponsors, des partenaires, question qu’on s’était posée, eh bien, je pense que le momentum aurait été différent. Là, j’étais vraiment, on va dire, chaud pour me lancer dans le programme d’entraînement et puis pour vraiment déployer l’idée de l’initiateur qui est mon papa. Et là, je me suis dit, au fil du projet, on va pouvoir fédérer, on va pouvoir fédérer des partenaires, on va pouvoir fédérer des sponsors. Ce projet, il a du sens. Il a du sens. C’est un projet de santé publique. On vient aussi soutenir les assos et les systèmes de santé des différentes régions qu’on allait visiter. Donc, on s’était dit qu’on allait pouvoir fédérer tout au long du projet. Donc, on a misé là-dessus. Et finalement, ça a été porteur. Donc, on est plutôt content d’avoir fait ce choix de se lancer. Dans le premier tournage, on n’avait rien écrit sur le film documentaire. On voulait tourner, rencontrer du monde. Les neurologues, les assos, les accueils de jour, tous ceux qui participent à soutenir les malades et les proches. Donc, on a commencé à filmer le plus possible. Et puis, au fil du temps, effectivement, on a réussi à fédérer. Ça ne veut pas dire qu’on a financé encore le film documentaire. On est toujours en recherche de sponsors et de partenaires. Parce qu’un film documentaire, prix d’ami, tu l’as bien cité, l’ordre de grandeur. Mais là, vraiment, film documentaire, on vise un 90 minutes. Donc là, on est parti pour un 90 minutes. Donc là, c’est vraiment assez gros budget. Parce que 40 jours de tournage. T’imagines 40 jours de tournage dans 5 pays différents. Eh bien, c’est un gros projet. Mais on est convaincus de pouvoir fédérer davantage pour accompagner la fin de tournage. Parce qu’on est toujours en train de tourner. Il nous reste encore quelques jours de tournage pour amener le film en fin d’année ou en début 2026. Donc, dur au départ. Volontaires, bénévoles. Toute l’équipe était volontaire, bénévole. On était tous animés par cette cause, cette cause commune. Qui avait du sens. Et on s’est relevé les manches. Et puis, on a dit go.

Ermanno : Revenons un petit peu au sport. Parce que quand même, on est là pour parler d’Alzheimer aussi, pour sensibiliser. Mais aussi pour parler de toi et de sport. Tu as dit que tu avais quelques prérequis à valider. Trouver un coach, faire un check-up médical. Donc, ça doit passer par test d’effort et autres, j’imagine. Une fois que tu as validé ça, à quoi ressemble ta prépa ?

Hassan : La prépa, c’est… La prépa avec le coach. J’ai découvert ce que c’était qu’une prépa Ironman. Parce que je n’avais jamais couru d’Ironman. Donc, ma distance, la distance que j’avais faite avant l’Ironman. La première course, c’était une distance olympique. Je n’ai fait que du L, distance olympique. Donc là, j’ai découvert la prépa. J’ai découvert la structure, le programme d’entraînement. Et c’était l’hiver. Donc, je me suis équipé d’un entraîneur aussi. Et j’ai commencé donc à monter progressivement. Donc, je suis passé à 5 heures, 10 heures, 10 heures, 15 heures. Et là, j’ai commencé à trouver le rythme. Et puis, avoir la capacité de lire son ressenti. Des jours d’entraînement, on n’est pas dans le coup. Donc, on lève le pied sur l’entraînement d’intensité. Et puis, on va faire de l’endurance fondamentale. Donc, essayer de trouver mes marques. Et puis, essayer de me connecter avec mon ressenti pour optimiser le programme d’entraînement. Qui est rapidement passé à… 10, 15 heures par semaine. Le plaisir était là. Le ressenti avec des super sensations était au rendez-vous. Donc, en fait, le démarrage du programme d’entraînement s’est hyper bien déroulé. Bien entouré avec un coach. Donc, c’est ce que je conseille vraiment. D’être entouré par ceux qui maîtrisent le sujet. Moi, c’était impossible de ne pas m’entourer de coach pour un projet de cette nature. Donc, Mathieu, qui était mon coach, m’a hyper bien accompagné sur cet aspect-là.

Ermanno : Bon, j’allais te dire. N’hésite pas à balancer le nom de ton coach. Donc, Mathieu et son famille.

Hassan : Mathieu Carthoser. C’est Mathieu Carthoser. C’est mon coach de triathlon. Basé en Belgique. Donc, il a répondu. Il a répondu. Je crois que c’est le jour où je l’ai contacté. Il m’a répondu le jour même. On a passé une heure. On s’est fait un call d’une heure. Et puis, il m’a dit. Moi, je vais t’accompagner pour ce projet parce qu’on est concerné par ces maladies. Et si je peux apporter mon soutien et mes conseils, eh bien, go quoi. Donc, il est devenu mon coach le jour même. Et puis, on a commencé, je crois, le programme d’entraînement la semaine après, quoi. Ouais. OK.

Ermanno : Combien de temps avant ton premier Ironman ?

Hassan : On va dire que c’était un an. Un an. C’était… J’ai commencé l’été 2022. Et la première course, c’était l’été 2023. Ouais. OK.

Ermanno : Et du coup, la question qui en découle, quelles ont été les cinq courses sur lesquelles tu as jeté ton dévolu ?

Hassan : Alors, on avait deux plannings. Il y a un planning qui était le planning de départ qui a évolué. On a dû rechanger les courses parce qu’entre temps, mon papa est décédé après la première course. Et puis, il est décédé la veille, quasiment la veille de la deuxième course. Donc, on a dû annuler la deuxième course. C’est pour ça qu’il y a eu un changement de planning. Et c’est pour ça qu’on n’a pas pu viser les 12 mois. Mais on a débordé sur 14 mois parce qu’on a dû annuler la deuxième course. Donc, la première course, de toute façon, elle était inchangée. C’était celle qu’on a visée en premier. C’est la course de Thun. Donc, l’Ironman de Thun, Interlaken en Suisse.

Ermanno : À la maison, quoi.

Hassan : À la maison. Donc, c’était la première course qu’on a effectivement visée. La deuxième, c’était Copenhague au Danemark le 17 août 2023 qu’on a annulée parce que mon papa est décédé le 15 août. Et donc, on a la course de remplacement et le Portugal, donc Qashqaiq, qui nous a invités fin octobre. Donc, pour la deuxième course. La troisième, France. Nice. Donc, très, très belle course, très, très belle course, très éprouvante, mais très, très belle course. Quatrième course, un mois après, donc, c’était la Suède, Kalmar. Et la cinquième course, encore un mois après, c’était Barcelone, Caléa, le 6 octobre 2024. Ouais.

Ermanno : Wow. Et dans tout ça, est-ce que tu as réussi à te qualifier pour les championnats du monde?

Hassan : Non, je n’ai pas réussi à me qualifier. Ce n’était pas non plus l’objectif de me qualifier. Donc, l’objectif, c’était de finir avec le sourire, finir et passer le plus de temps à transmettre pendant cette course parce qu’on tourne également. On tourne et puis il y a toute l’équipe qui est au bord de la course et souvent, les jours précédents, on a donné des conférences dans les théâtres des communes qui nous ont accueillis, avec les CHU qui nous ont accueillis ou les écoles, les établissements scolaires. Donc, on essaie de créer un évènement pendant le jour de course. Donc, je me suis dit. Si je prends 15 heures pour faire la course, pendant 15 heures, on peut vraiment sensibiliser le grand public. Donc, autant faire plus long que plus court. Mais j’ai pris le but du jeu, c’était de prendre plaisir, vraiment vivre des belles sensations. Et je dois dire, sur les cinq courses, il y a eu des moments très, très durs. Je dois le reconnaître. Mais on va dire, les trois quarts du temps, j’ai vraiment pris grand plaisir à courir avec le sourire, en famille, avec l’équipe du projet. Et ça, c’était. C’était. Ouais. C’était une sensation que jamais je n’aurais pu penser vivre un jour quoi, des très, très grands moments.

Ermanno : Tu disais que même pendant la course, tu sensibilises. Donc, j’imagine que tu as un maillot, une trifonction aux couleurs de l’association. Est-ce que, alors en natation, ça paraît difficile, mais est-ce que sur le vélo, sur la course à pied avec les autres concurrentes, les autres concurrents, tu engages le discours et tu leur parles justement du projet dans lequel tu es lancé ? Oui.

Hassan : Oui, oui. Alors, souvent pendant le vélo. Souvent pendant le vélo. Alors, pas au début. Parce que je crois que tout le monde est à la tête dans le guidon. Et puis, on sort de. On sort de la partie nat, donc on est encore concentré. Mais quand on approche les 130, 140, 120 kilomètres, bon, après, on croise un peu les mêmes. Quand on arrive en fin de parcours, on retrouve un peu des copains qu’on a vus peut-être au début de parcours. Et puis là, la discussion, elle part sur le fait, effectivement, sur ma trifonction, j’ai les couleurs de l’association et souvent, souvent, à vélo, on a pu échanger avec des coureurs. Puis ça, c’est super quoi. Donc, ça commence à vélo. Et ensuite, plus. Pendant la partie running. Et parce que ça doit rester quand même un moment de partage, un moment d’échange. Et puis, j’ai pu partager pendant ces cinq courses, pendant le vélo, la course à pied, un petit peu le projet, la mission et puis profiter avec les coureurs sur l’esprit du moment et puis sur cette belle course. On a pu courir des très, très belles courses. Je dois reconnaître que les cinq courses, au niveau paysage, au niveau, on a eu du bol avec le climat. On a eu vraiment beaucoup de bol avec la météo. Donc, c’était vraiment favorable pour diffuser, partager et vivre quelque chose de fort avec les coureurs et avec le public aussi quoi.

Ermanno : Tu disais, Cashkaïs vous a invité. Je ne sais pas si les autres épreuves du label Ironman vous ont invité aussi. Mais au-delà de ça, est-ce que Ironman t’a donné la parole aussi pendant les événements ? On le sait, lors des compétitions Ironman, c’est une grande fête. C’est super bien fait. C’est super bien rodé. Moi, je ne suis jamais monté sur la distance Ironman à cause de problèmes de santé, mais c’était mon rêve. Mais j’ai accompagné plusieurs copains sur des compétitions. Et clairement, on vit une expérience mémorable, même pour les spectateurs. Et il y a toujours plein d’événements, plein d’animations à partir de J-3, jusqu’à minuit du jour de la compétition. Il y a toujours un speaker qui parle au micro. Il y a toujours des événements. Est-ce qu’ils t’ont invité à prendre la parole pour justement encore plus sensibiliser sur cette maladie ?

Hassan : Oui, Ironman nous a soutenus. Ironman nous a soutenus pour toutes les raisons. Toutes les courses. Donc, ils nous ont accompagnés. Ils nous ont invités sur toutes les courses. J’ai contacté le directeur d’Ironman Suisse. Je crois que c’était un lundi à 9 heures. Je lui ai pitché un peu le projet. Le lundi à 11 heures, il m’a appelé. Il m’a dit, bingo, Thun, moi, je t’invite. Vous êtes la bienvenue. Vous défendez une belle cause. Vous courez pour une cause commune. Donc, vous êtes invité à Thun. Et toutes les quatre courses qui ont suivi. Et Ironman Group nous a soutenus. Au-delà de nous offrir un dossard, c’est aussi l’accès aux médias. Donc, le réalisateur Adrien a pu filmer pendant la course. Et au-delà de tourner aussi le documentaire. Parce que le documentaire va aussi retracer ces événements de course, de préparation de course. Parce que ça reste quand même le fil conducteur, la colonne vertébrale du documentaire. Les cinq courses. Donc, on a pu accéder. On a pu accéder. Adrien a pu avoir un accès aux médias. Et pendant les trois, quatre jours d’avant-course, effectivement, on a pu raconter notre histoire avec des interviews récentes. Des radios, des interviews filmées avec Ironman. Donc, Ironman nous a soutenus, on va dire, sur tout l’esprit du projet. Et merci à eux. Parce que c’est un beau soutien. Il y a quelques vidéos qu’Ironman va poster encore prochainement. Sur des interviews qu’on a pu donner. Notamment à Qashqaij. Notamment à Kalmar. Et peut-être que je vais participer à quelques courses cette année. En tout cas, pour raconter l’histoire. Comme tu viens de le dire. Et ça, c’est quelque chose de fort. Donc, les dix. Les cinq directeurs de courses. On a pu les rencontrer. On a pu même donner des conférences à Nice. On a pu donner une conférence avec le directeur d’Ironman France. Il est venu le soir au théâtre Garibaldi. Garibaldi à Nice. Et on a pu donner une conférence. Il a ouvert la conférence notamment sur cette soirée-là. Donc, Ironman nous a soutenus. Et continue à nous soutenir. Et puis, c’est cool de pouvoir participer à ces prochaines courses. Et raconter un peu notre histoire les veilles de course.

Ermanno : En même temps, le directeur de l’Ironman de France, il n’est pas très connu. C’est un truc d’athlète amateur. Salut Yves, qui est passé dans le podcast aussi. Et c’est vrai que quand j’ai fait mon défi et que je suis passé à Nice, il m’a bien filé un coup de main aussi pour rentrer en contact avec les politiques et les organisations locales. Et j’ai eu le droit à une superbe arrivée à Nice.

Ermanno : Donc, merci Ironman. D’ailleurs, si vous voulez nous soutenir, si vous voulez soutenir le podcast, c’est avec grand plaisir aussi. J’en profite, tu vois, pour faire un peu de fun. Qu’est-ce qui se passe après ? Parce que là, tes cinq Ironman sont faits. Malgré tout, tu l’as dit, tu es encore à 100% sur l’association. Il y a encore plein de choses à faire. Le documentaire n’est pas encore sorti. Le film documentaire n’est pas encore sorti. Donc, une fois que tu passes la ligne de la cinquième course, qu’est-ce qui se passe ? Le travail n’est jamais fini ?

Hassan : Le travail commence en fait. Le travail commence et j’ai envie de dire qu’on est tout au début de l’histoire. Mission accomplie. On a pu atteindre ce jalon. Ce jalon de courir cinq Ironman. Pour la cause de ces maladies, la cause commune. Donc, mission accomplie en tout cas pour l’aspect sportif. Et puis l’aspect, voilà, aller chercher le grand public. Et puis, la mission actuellement, c’est de terminer le tournage du documentaire. On est encore en tournage auprès des institutions médicales, sportives et aussi de santé publique. On rencontre vraiment dans ce documentaire, ça va être le premier documentaire Alzheimer qui donne un aperçu complet. Sur tous les jalons de cette maladie. Avant le diagnostic, le rapport social, le rapport traumatisant, stigmatisant de la maladie. On va tenter de comprendre, d’expliquer avec les experts pourquoi il y a ce regard encore difficile au sujet de cette maladie. Et ensuite l’aspect diagnostique. On a abordé le sujet tout à l’heure. Post-diagnostic, traitement, les différents traitements pharmacologiques à venir peut-être. Et puis non pharmacologiques. On parlait de la méthode Finger. On va peut-être revenir dessus après. Donc tout ça, c’est un documentaire. On a tourné aujourd’hui pratiquement 40 jours. Il nous reste environ une semaine à tourner. On va retourner en Suède tourner 2-3 sujets spécifiques. On a eu la chance de rencontrer la reine Sylvia de Suède qui nous a accueillis un jour. Parce qu’elle est touchée par la maladie. Elle était proche aidante de la reine mère de Suède. Donc là, c’est un témoignage fort sur l’éducation. Donc elle a lancé les universités Sylvia. Elle a lancé en Suède des initiatives qui viennent former des thérapeutes spécialisés sur ces maladies. Donc elle nous a transmis un message fort autour de l’éducation. On a rencontré aussi la ministre de la Santé en Suède qui nous a donné un message fort aussi sur la prévention dans les communes. On a rencontré également en Suisse des témoignages très forts de malades jeunes. Des malades jeunes qui ont 45 ans. Ils ont des jeunes enfants ou des ados à la maison. On a 45 ans. Souvent, les malades jeunes ont un déclin cognitif accéléré. Ils vivent la maladie. Ils vivent la maladie de manière plus brutale que ceux qui ne vivent pas le contexte de la maladie jeune. Malade jeune, c’est moins de 60 ans. Et on a rencontré des témoignages forts. Donc on va retourner rencontrer certaines personnes qu’on a pu rencontrer pendant ces 40 jours et délivrer ce documentaire en fin d’année. Donc le prochain jalon maintenant, c’est l’avant-première du documentaire. Et l’avant-première du documentaire, l’idée qu’on a aujourd’hui en tête, c’est de restituer ce documentaire auprès des institutions publiques, auprès du grand public. Donc on a prévu, alors je peux le partager ici, on a comme idée de le projeter dans les six parlements des cinq pays concernés. Donc France, Suisse, Espagne, Portugal, Suède. Donc les cinq parlements nous ont donné le feu vert pour diffuser un documentaire de société dans l’institution publique et le parlement européen à Bruxelles qui nous l’a proposé en premier vu le besoin et le potentiel impactant que peut amener ce documentaire. Et ensuite, il sera diffusé en télé, j’espère en 2026, 2027. Mais entre-temps, on va le diffuser le plus largement possible dans les écoles, dans les clubs, dans les institutions publiques, privées. On est sollicités par beaucoup d’établissements scolaires. C’est une des surprises du projet, justement les conseils qu’on a pu recevoir lors de nos tournages, d’aller à la rencontre des jeunes. Et c’est vrai que la rencontre des jeunes, il s’est passé quelque chose de fort, quelque chose de grand. Et la première fois, c’était au lycée français international de Cache-Caiche. À Lisbonne, je me suis retrouvé avec mon laptop à présenter quelques images de tournage et puis raconter mon histoire. Et il y a beaucoup d’enthousiasme chez les 10-16 ans, donc il y avait collège, lycée. Et là, on a eu un écho tellement positif que le bouche à oreille a fonctionné. Et aujourd’hui, on essaie de faire un établissement scolaire par semaine pour sensibiliser et puis engager, promouvoir l’activité physique auprès des jeunes pour la santé cérébrale qui touche aussi la santé mentale des jeunes. Donc, important message. Merci. C’est important. Jalon, on est très heureux de rencontrer ces jeunes toutes les semaines.

Ermanno : ‘est beau. C’est beau. Si tu as besoin, moi, j’ai passé 16 ans à Luxembourg et j’ai des connexions avec le lycée français à Luxembourg. Le lycée qui est en fait l’école française de Luxembourg qui commence à la maternelle et qui finit en terminale au lycée. Donc, voilà. Si tu veux diffuser là-bas aussi, n’hésite pas et je te mettrai en relation avec mes contacts. Et puis, si tu veux passer à Toulouse ou peut-être que c’est ce que pourraient faire nos auditrices et nos auditeurs s’ils veulent filer un coup de main, peut-être aller à la rencontre des établissements scolaires. Que fréquentent leurs enfants ou même si vous êtes des profs, des instituteurs, des enseignants, levez la main et proposez un coup de main pour être des relais parce que j’imagine que tu ne peux pas être partout dans le monde, ne serait-ce qu’en France. Je ne sais pas combien il y a de milliers d’écoles, de collèges, de lycées, d’enseignements secondaires et supérieurs. Peut-être que chacun peut être le relais pour toi et pour diffuser la bonne parole.

Hassan : Oui. Alors, merci pour le message, Hermano. Merci pour le message. On a des ambassadeurs sur les 5 pays. Donc, on est ouvert. On est ouvert à fédérer avec plus d’ambassadeurs. Et puis, on a des capsules vidéo. On a aussi une conférence adaptée aux 10-16 ans avec un narratif, avec des petites vidéos très instructives sur la maladie et sur l’engagement, encourager aussi l’engagement solidaire, l’engagement social, l’engagement associatif et une partie qui vient aussi faire la promotion de l’activité physique, notamment chez les ados. On voit que les ados, les 10, 12, 13 ans, ils sont plus souvent à fond dans le sport. Et puis, quand vient l’adolescence, ils lèvent un peu le pied sur la pratique du sport. Donc là, on est en train de mettre en place un programme, un module, une espèce d’atelier qui vient soutenir par la pratique aussi des sports qui sont liés au triathlon, à engager et puis à stimuler la pratique sportive chez les ados. Donc, n’hésitez pas à nous contacter. On serait très heureux de fédérer, participer et puis nous joindre à l’équipe. C’est l’action locale dans les différents établissements scolaires.

Ermanno : Il y a un autre point sur lequel je voulais rebondir. Je ne sais pas si tu as déjà pris rendez-vous pour aller en Suède, mais moi, j’y serai le lundi 1er septembre. Il y a une petite course de swimrun qui s’appelle Otilo, je crois, championnat du monde, un truc comme ça. Si tu y vas en septembre, ce serait bien qu’on se retrouve là-bas.

Hassan : Génial, avec plaisir. On y sera en septembre, octobre. On n’a pas encore fixé la date, mais je note sur le calendrier le 1er septembre en tout cas.

Ermanno : Super. On passera par Stockholm pour y arriver. Nous, avec mon binôme, en plus, on essaye de mettre en avant notre engagement écologique, donc on y va en train. Moi, je suis à Toulouse, lui, à la Paris. Déjà, rien que de Paris, c’est 24 heures de train pour aller jusqu’au lieu de départ d’Otilo. Moi, tu rajoutes 4 heures en partant de Toulouse, donc ça va être sympa comme périple. 24 heures aller, 24 heures retour, ça va être chouette. Génial, bravo.

Hassan : Le train, il y a un super train qui monte jusqu’à Stockholm. On l’a pris pour monter.

Hassan : De Copenhague, tu passes dans cette espèce de tunnel qui monte jusqu’à Stockholm ensuite. C’est super beau. Un beau parcours en train.

Ermanno : Bravo à vous et bonne préparation surtout. Merci. Tu vois, ça fait un mois que je ne fais rien, donc la prépa, elle n’a pas encore commencé. Je viens de bien refuter, mais bon, ça va venir.

Ermanno : Tu as parlé de la méthode Finger tout à l’heure. Je te propose justement qu’on clôture doucement en passant par la phase de prévention.

Hassan : La prévention de l’Alzheimer, comment est-ce qu’on peut se prémunir de cette maladie neurodégénérative ou de toutes les maladies neurodégénératives de manière générale, au-delà des questions de santé publique C’est le message fort qu’on peut retenir sur cette maladie. Il y a deux messages forts. Le premier, c’est la prévention, comme tu viens de le dire. C’est une maladie qui est accessible à la prévention. Donc ça, c’est des choses qui ont été publiées déjà depuis une quinzaine d’années. Mais il y a une nouvelle récente publication au lan de cette journal en juillet 2024 qui est venue encore appuyer le fait qu’on pouvait réduire les risques de 45%. 45%, c’est énorme. En adoptant un mode de vie sain, on pouvait réduire les risques d’exposition à la maladie pour la partie non génétique.

Ermanno : Alors 45%, ça veut dire quand même une chance sur deux. Il y a une chance sur deux de ne pas tomber malade si on adopte ces cinq méthodes de prévention.

Hassan : Alors les 45%, c’est… Ils ont… Ils ont… Ils ont mentionné 14 facteurs de risque. Les cinq moyens de prévention, c’est 35%. Donc c’est une étude qui est… Une chance sur trois, quoi. Mais bon, c’est quand même… C’est déjà… C’est déjà important. Et c’est vrai que dans les établissements scolaires, nous, on parle beaucoup de la méthode Finger parce qu’elle est facile à mémoriser. Puis elle est… Elle est applicable le jour même, quoi. Donc dans ces cinq moyens de prévention… C’est quand même…

Ermanno : C’est quand même un peu cochon de parler de méthode facile à mémoriser quand on parle d’une maladie qui, justement, attaque la mémoire. Tu noteras pour les prochaines interventions.

Hassan : C’est vrai. Il y a cinq moyens de prévention. C’est un mode de vie qui permet de réduire les risques de 30 à 40%. Donc avec cette méthode Finger qui a été développée par professeur Miyake Iwipelto de l’Université Karolinska, qui fait partie du film documentaire. On va d’ailleurs partager la capsule de cette interview dans quelques semaines à venir. Donc les cinq moyens sont le premier, qui est le levier le plus fort, c’est l’activité physique. Donc l’activité physique, on peut citer peut-être… La recommandation de l’OMS, donc 30 minutes par jour, 5 jours par semaine, donc 150 minutes dans la semaine. Une activité physique de faible intensité, donc marcher vite pour aller chercher sa baguette, faire un détour pour aller au travail, s’arrêter une station de métro avant d’aller récupérer ses enfants à l’école. Par exemple, c’est 5 minutes, 10 minutes, 15 minutes…

Ermanno : Monter les escaliers, éviter l’ascenseur ou l’escalator. Si vous prenez l’escalator, marchez dans l’escalator. Ne vous contentez pas de rester assis sur la marche qui monte toute seule.

Hassan : C’est ça. Tous ces petits bouts. Tous ces petits bouts ont un impact considérable, considérable sur ce levier fort qu’est l’activité physique. Le deuxième, c’est la stimulation cognitive. Donc continuer à apprendre, continuer à découvrir la lecture, les jeux, apprendre le piano, apprendre une danse, une pratique sportive. Donc tout ce qui est stimulation cognitive et nature à limiter les risques d’exposition à la maladie. Lisez une carte. Lisez une carte. Lâchez Google Maps. Lâchez Waze. Lisez une carte. C’est une stimulation cognitive. Absolument, absolument, absolument. Être le moins dépendant de tous ces outils qui peuvent nous aider, mais revenir un petit peu à la base, quoi. Le troisième, c’est un levier qui est aussi très important, c’est l’activité sociale. Donc c’est comme l’activité physique, on est fait pour bouger. Quand on ne bouge plus, eh bien on s’use. Eh bien le social, c’est pareil, on est fait pour… L’humain est fait pour avoir des relations sociales. Donc quand on ne les a plus, eh bien ça impacte forcément notre fonctionnement. Ensuite, le 4ème, c’est la nutrition. On retrouve les mêmes éléments, moins sucré, moins salé, moins produit transformé, le plus naturel possible. Et le cinquième, c’est la santé cardiovasculaire, parce que ce qui est bon pour le cœur est bon pour le cerveau. Donc ces cinq moyens de prévention permettent de réduire les risques de 30 à 40% des maladies type Alzheimer.

Ermanno : Une chance sur trois de potentiellement ne pas tomber malade alors qu’on pouvait y être prédestiné. Prédestiné, je parle bien de prédestination, je ne parle pas de destination justement, parce que cette maladie-là, si je ne m’abuse, elle a aussi une part génétique, de transmission génétique. Donc potentiellement, quand c’est inscrit dans notre patrimoine génétique, il y a quand même plus de chances qu’on tombe malade.

Hassan : Oui, il y a une partie génétique. Pour schématiser, on a eu la chance de rencontrer la référence française sur génétique Alzheimer. C’est le professeur David Vallon à Rouen, au CHU de Rouen. Le professeur David Vallon nous a éclairé sur tous les enjeux autour de la génétique. Donc il y a deux formes génétiques. La première, c’est une forme héréditaire. C’est une faute d’orthographe sur trois gènes qui contribue à développer la maladie d’Alzheimer jeune. Donc quand on dit jeune, c’est autour de 40-50 ans. Donc les malades jeunes ont en général cette forme génétique héréditaire qui est très rare. Donc c’est 1% des malades environ, c’est 1% des malades qui ont cette forme génétique héréditaire. Donc une des trois fautes sur trois gènes. Et ensuite, il y a l’autre partie génétique qui, elle, est plus aléatoire. C’est une prédisposition génétique. Je ne me souviens plus des termes exacts. Je devrais vérifier l’interview qu’on a menée avec David Vallon. Il y a des gènes qui augmentent le risque d’exposition à la maladie d’Alzheimer. C’est le gène APOE4. Donc quand on a un de ces gènes, on a 30% de risque en plus. Quand on a deux gènes APOE4, donc la paire homozygote, on a 60% de chance. De risque d’exposition à la maladie. Ça, c’est des études qui ont été menées sur 15 000 patients. Donc c’est un cohorte qui est assez grand, qui ont montré qu’il y avait une petite prédisposition génétique. Mais là où la science est en train de faire avancer les choses, c’est que justement pour cette deuxième partie, cette prédisposition génétique, donc des personnes à risque d’Alzheimer, eh bien la pratique justement de l’activité physique, maintenir un lien social, la stimulation cognitive, permet de réduire ces risques pour cette personne à risque d’Alzheimer. C’est la partie où on a une prédisposition génétique. Donc les moyens de prévention sont aussi efficaces pour cette partie-là. Pour la partie héréditaire, malheureusement non, parce que c’est vraiment codé, c’est vraiment inscrit. Il y a encore beaucoup d’études là-dessus, mais à priori, ce que le professeur Valland nous a expliqué, c’est que cette partie héréditaire qui est vraiment à 100% sûre que la maladie va se déclencher, eh bien ces moyens de prévention n’ont pas encore démontré leur efficacité. Donc encore beaucoup de choses à découvrir.

Ermanno : Et la question qui est la suivante. La question qui tue, pour ainsi dire. Est-ce que toi, tu es une personne à risque ?

Hassan : Moi, je suis une personne à risque. Moi, je suis une personne à risque. Dans notre projet associatif, on sensibilise avec le film, on fait de la prévention auprès des jeunes avec cette campagne, ce qu’on appelait la campagne. Et puis il y a une troisième mission, c’est une étude médicale. Donc moi, je suis dans une étude médicale maintenant depuis quasiment deux ans avec mon copain Thomas Rousse. On est tous les deux des personnes à risque sur cette partie génétique APOE4 parce qu’on a des antécédents familiaux qui font qu’on est à risque. Et on mène avec le CHU de Lausanne et puis une pépinière de start-up Medtech, Biotech, on mène une étude approfondie en prélevant tout un tas d’échantillons, microbiote, salive, ADN, épigénétique. On a fait des tests physiologiques, tous les tests de sport possibles, les tests cognitifs. Donc on a démarré une étude sur nous-mêmes. Donc on est les deux premiers à être suivis maintenant depuis pratiquement deux ans. Et on va prolonger cette étude médicale avec d’autres personnes qui sont aussi à risque. Et l’idée, c’est de mesurer les bienfaits d’une activité physique de faible intensité sur les maladies neurodégénératives. Comment finalement une pratique, on va dire constante d’une activité physique, d’une activité physique de faible intensité, donc on reprend les références par exemple de l’OMS qui sont 30 minutes par jour, 5 jours par semaine, plus ou moins. Dès lors que c’est monitoré, on va investiguer et puis on va mesurer les bienfaits sur l’arrivée ou en tout cas sur la santé cérébrale plus généralement. Donc oui, on est cobaye, on va dire. Si on peut faire avancer la science, eh bien c’est encore mieux. Et depuis qu’on a lancé cette étude, en tout cas moi, en tout cas sur mon profil de santé, parce que je suis suivi depuis maintenant une quinzaine d’années dans ce CHU, je n’ai jamais été en meilleure santé aujourd’hui par la pratique régulière d’une activité physique de faible intensité. Alors moi, j’ai fait très peu de cardio d’intensité, j’en fais très très peu, très très peu. J’ai suivi les conseils des coachs pour s’entraider tous les jours. Faible intensité, on atténue la fatigue. On atténue aussi les risques de blessures. Donc j’ai eu de la chance pendant mes 30 000 kilomètres d’entraînement. J’ai fait 30 000 kilomètres d’entraînement depuis 2022. Je ne me suis pas blessé. Je n’ai eu aucune blessure pendant ces 30 000 kilomètres parce que j’ai fait principalement, je crois sur les 90 %, j’ai fait de la faible intensité. Et les derniers résultats en tout cas de cette étude ont montré que je n’ai jamais été en meilleure santé aujourd’hui, alors que j’ai pris 10 ans, 15 ans depuis les premiers tests dans ce centre hospitalier. Donc encore une fois, ça remet une pièce dans le jukebox de la pratique d’une activité physique comme étant un médicament hyper efficace.

Ermanno : Ce n’est pas moi qui dirais le contraire. On est bien d’accord. Hassan, je termine normalement l’épisode en posant une question de comment selon toi devenir triathlète. Je ne sais pas si elle est très adaptée pour toi. En revanche, je voudrais le terminer en remettant une couche sur ces méthodes de prévention. Au-delà de pratiquer une activité physique, de pratiquer une activité, de solliciter un petit peu son cerveau, au-delà de faire attention à ce qu’on mange, au-delà de faire attention à comment on dort, au-delà d’entretenir le lien social, etc. Comment est-ce qu’on pourrait finir, résumer sur les méthodes de prévention ou peut-être les méthodes d’attention que peuvent avoir les proches sur des personnes qui potentiellement sont triathlètes ? Tu l’as touché, toi tu l’as dit, tes sœurs et toi vous vous en êtes rendu compte extrêmement vite, plus vite que les gens qui vivaient à côté de ton père parce que vous le connaissez bien. Comment est-ce qu’on peut être alerte et surtout comment est-ce qu’on peut inciter les personnes malades ou qu’on suspecte d’être malades de se faire soigner ? Tu as parlé de la phase de déni. Comment est-ce qu’on peut prendre tout ça en charge pour améliorer ? Parce qu’on le sait, une prise en charge le plus tôt, même sur une maladie incurable, permet d’avoir une fin de vie beaucoup plus rapide. Sereine peut-être.

Hassan : On a choisi le sport comme vecteur de message et comme catalyseur de lien social pour partager justement toutes ces informations que nous n’avons pas. Et on voit que le sport est un catalyseur social puissant parce qu’on arrive maintenant à partager ce message. Donc oui, le diagnostic précoce, c’est le premier message fort qu’on souhaite partager. Vous avez un problème au genou, vous allez voir un médecin. Vous avez un problème de troubles cognitifs, ou de déclin cognitif, c’est souvent les sens ou la mémoire récente qui est touchée. Allez au premier centre de la mémoire proche de chez vous pour rencontrer un neurologue et diagnostiquer si c’est cette maladie ou pas. Plus tôt on la diagnostique, plus tôt on peut prendre des mesures sur ce qu’on a cité tout à l’heure, par exemple les moyens de prévention, pour réduire, atténuer les risques et l’arrivée de la maladie. Quoi ?

Ermanno : Et puis pour terminer, où est-ce qu’on te suit ? Où est-ce qu’on t’encourage ? Où est-ce qu’on soutient 500 Men’s Beat Alzheimer ?

Hassan : Alors on a un site qui porte le nom 500 Men’s Beat Alzheimer. Je n’ai pas mis mon polo aujourd’hui parce que je l’ai oublié. Et la bonne nouvelle, c’est que vous pouvez contribuer, vous pouvez nous soutenir. On va mettre en ligne ces prochains jours des t-shirts et des polos avec le logo 500 Men’s Beat Alzheimer pour venir nous soutenir dans notre tournée, notre campagne, nos campagnes dans les différents pays pour aller à la rencontre des jeunes et des moins jeunes et du grand public pour partager cette histoire qu’on a vécue à travers ces 5 courses. Donc 500menbeatalzheimer.com

Ermanno : Super. Eh bien écoute, merci beaucoup Hassan. Je pense qu’on a fait un bon tour. Est-ce qu’il y avait des choses qu’on n’a pas abordées, sur lesquelles tu aurais voulu clôturer ?

Hassan : Il y avait peut-être les biomarqueurs sanguins, qui est un peu la révolution Alzheimer pour donner un peu plus d’espoir auprès des… auprès du public. C’est un peu la révolution de ces derniers temps. On a passé beaucoup de temps à… Alors les biomarqueurs sanguins, c’est… Peut-être en une parenthèse, le diagnostic… Aujourd’hui, pour poser un diagnostic Alzheimer, on fait une IRM et souvent on fait une ponction lombaire. Donc on va aller voir le liquide facile urachidien, s’il y a ces protéines, ce mécanisme qui a démarré et c’est très invasif, une IRM ou une ponction lombaire. Et aujourd’hui, les chercheurs ont identifié dans le sang, des indicateurs qui indiquent la présence de la maladie avant même les premiers symptômes. Donc ça, c’est quelque chose qui est une révolution entre guillemets dans la maladie d’Alzheimer. C’est qu’on pourra la diagnostiquer de manière très simple, avec une prise de sang, et pouvoir déjà déceler peut-être des risques d’exposition à ces maladies. Et c’est toujours à l’état de recherche. Les premiers pays qui vont développer cet outil comme étant un outil de diagnostic vont le faire, je pense, dans les deux prochaines années. Donc ça, ça va être aussi un message d’espoir. Avec une prise de sang, on va pouvoir mesurer aussi le risque et prendre justement les mesures pour limiter et réduire le déclin cognitif. Donc biomarqueur sanguin, grande révolution d’Alzheimer du moment.

Ermanno : Super, écoute Hassan, merci encore. Bonne continuation, bonne fin de réalisation de ce documentaire, bonne prochaine course. Je crois que tu en as une qui est sympa du côté du Mont-Blanc dans quelques mois. Moi je serai en Suède, toi tu seras en train de faire un petit tour autour du Mont-Blanc. Et puis écoute, au plaisir de se rencontrer et j’espère qu’on aura plein d’auditrices et d’auditeurs qui prendront contact avec toi pour en savoir plus, pour te soutenir, pour être des ambassadeurs peut-être locaux, pour diffuser la bonne parole auprès des écoles et autres.

Hassan : Merci Armando, à très vite.

Ermanno : Ciao. Ciao. Super.

Hassan : Ouais, bravo, bravo, bravo. Ouais, super. Bah écoute, t’es calé sur les… Ouais, ouais, c’est super. C’est top, c’est top. Enfin, c’est à moi de te poser la question si… si… si on pouvait engager plus d’auditeurs à être… à confirmer leur pratique du sport avec la passion, avec le plaisir et en plus double clic avec un bénéfice santé qui est considérable, bah tant mieux quoi, c’est super.

Ermanno : C’était Devenir Triathlète X OpenTree. Merci d’avoir écouté cet épisode jusqu’au bout. Nous, on a pris beaucoup de plaisir à l’enregistrer. Alors si ça vous a plu, vous pouvez nous suivre sur nos réseaux sociaux Instagram, LinkedIn et Facebook. On se rejoint maintenant sur devenir-triathlète.com. Vous allez retrouver l’ensemble des épisodes mais aussi des outils, des ressources et des conseils gratuits pour débuter, progresser ou performer en triathlon. On ajoute toutes les semaines de nouvelles ressources. Si vous avez une idée d’invité, n’hésitez pas à nous envoyer un petit message et si vous voulez être accompagné sur vos prochains objectifs sportifs, connectez-vous sur OpenTree.fr et on se fera un plaisir de vous aider. Alors n’hésitez pas, on se retrouve tout de suite sur devenir-triathlète.com et OpenTree.fr. Salut les sportifs !

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