#438 [PORTRAIT DE TRIATHLÈTE] Survivre à l’Enduroman, le triathlon le plus dur du monde (avec Géraldine Le Merrer)

🎙️ Dans cet épisode, on reçoit Géraldine Le Merrer, une triathlète accomplie qui nous emmène dans les coulisses de son incroyable aventure : l’Enduroman (140km de course à pied entre Londres à Douvres, 35km de natation en traversant la Manche et 280km à vélo jusqu’à Paris).

💬 De sa préparation à son exploit, Géraldine nous partage son organisation minutieuse qui lui a permis de rentrer dans la courte liste des athlètes qui ont réussi le défi hors norme de l’Enduroman.

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🏃🏼‍♀️ Notre invitée :

💬 La transcription de l’épisode

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Ermanno : Salut les sportifs, c’est Ermanno et je suis très heureux de vous recevoir pour un nouvel épisode du podcast Devenir Triathlète x OpenTri. Aujourd’hui, on reçoit une triathlète et même pas que triathlète, elle est Enduro Woman. Mais bon, on a commune de dire quand même Enduroman, que ce soit des hommes ou des femmes. Je suis très heureux de tendre le micro à Géraldine Lemerère. Salut Géraldine.

Géraldine : Salut Ermanno, merci de m’accueillir.

Ermanno : Je t’en prie, c’est un plaisir. Comment t’appelles ? Géraldine, Gégé, t’as un petit surnom tiens ?

Géraldine : Ouais, j’ai un surnom et on m’appelle G.

Ermanno : Bon, écoute, G, si ça te va, on va faire le podcast comme ça. Je vois qu’il y a beaucoup de soleil qui passe par la fenêtre derrière toi, mais où es-tu, G ?

Géraldine : Alors, ça fait 10 ans qu’on s’installe avec mon conjoint sur l’île de la Réunion. Ça fera 10 ans en juin.

Ermanno : C’est sympa la Réunion. Les triathlètes connaissent peut-être un peu, notamment la 0-3000, mais c’est surtout les ultra-trailers qui connaissent très, très, très bien la Réunion.

Géraldine : Pour la Diagonale des Fous, en particulier sur le Grand Raid, avec pas mal de courses qui sont emblématiques, ça se passe tous les ans. Oui, c’est en octobre.

Ermanno : Bon, écoute, un jour, peut-être, j’irai. Pour l’instant, je ne suis pas encore à fond dans le trail. J’ai encore quelques trucs à faire sur des grandes lignes droites, mais le trail, peut-être. Toi, tu as fait aussi pas mal de lignes droites. Enfin, en tout cas, tu as passé des lignes. Je le disais en intro, tu es enduro-woman. Avant qu’on rentre sur ce sujet-là, je te laisse peut-être te présenter. Dis-nous tout. Qui est Géraldine ?

Géraldine : Alors, je m’appelle Géraldine. J’ai 41 ans. Comme tu disais tout à l’heure, on s’est installé il y a une dizaine d’années à la Réunion. Je suis originaire de la côte landaise, particulièrement d’Ossegore, mais j’ai pas mal voyagé avant. J’ai vécu neuf ans à l’étranger. Je suis responsable de zone export pour un groupe qui s’appelle Belle, qui commercialise des chouettes marques comme La Vache Kiri, Kiri, Baby Belle, Pop Bot. Et j’ai deux petites filles. Je suis maman de deux petites filles qui vont avoir quatre et huit ans.

Ermanno : Excellent, excellent. Tu étais où à l’étranger quand tu as fait neuf ans à l’étranger ?

Géraldine : Ouf, j’ai fait l’Amérique latine pendant un an et demi. Alors, Cuba et Mexique pour les prix. Et après, j’ai fait du Benelux, la Belgique, le Luxembourg, l’Irlande, l’Écosse, les Pays-Bas. Voilà, à peu près.

Ermanno : Wow. Et le Luxembourg, ça t’a laissé quel goût, quelle impression ?

Géraldine : Un plafond bas, très gris, pas beaucoup de soleil.

Ermanno : On ne se dit pas qu’en hiver, forcément.

Géraldine : Non, des gens très, très sympas, chaleur de vivre, etc. Il faut être intégré. Il faut avoir deux, trois potes luxembourgeois qui aident beaucoup. C’est une destination très sympa.

Ermanno : Oui, c’est sympa. C’est vrai que le plafond bas est gris, c’est juste pendant l’hiver. Donc, en gros, pendant onze mois au Luxembourg. J’y ai passé 16 ans, donc je connais bien et j’ai quelques regrets d’avoir quitté.

Ermanno : Écoute, on n’est pas forcément là pour parler de nos tribulations à travers le monde, même si ça fait partie de la présentation de notre invité. Je le disais, tu es enduro woman. Qu’est-ce qui t’est passé par la tête pour aller te frotter à cette expérience ?

Géraldine : Alors, déjà, on ne dit pas. Ce n’est pas enduro woman, c’est vraiment enduro man. Fais attention à ce que tu dis, nous, les filles, on est un peu… Je sais, j’ai vu, j’ai vu, j’ai vu. L’idée m’est passée par la tête par une personne que tu connais bien, qui est Marine Leleu. Et c’est vraiment en découvrant sa vidéo à la sortie de la Manche. Je suis sûre que vous voyez très bien la vidéo dont je parle. Elle est emblématique, cette vidéo-là, où je me suis dit, j’ai envie de faire ça.

Ermanno : Je connais très bien Marine. Je la connais un peu. Épisode 303 qu’on a enregistré sur le podcast « Devenir très athlète ». Mais c’est vrai que c’est un personnage. C’est un personnage assez sympa.

Ermanno : Entre voir une vidéo et puis avoir envie et surtout se lancer, il y a quand même un monde. Qu’est-ce qui s’est passé vraiment par la tête pour aller jusque-là ?

Géraldine : Alors, moi, je n’ai pas fait beaucoup de sport. Ça choque un peu tout le monde. J’ai fait deux ans de golf quand j’étais plus jeune. Et puis, j’ai eu une longue période d’arrêt pendant mes études où j’ai pas mal bourlingué à droite à gauche. Et j’ai voyagé et je n’ai pas du tout vu tous ces sports. Et puis, Paris, une vie sédentaire, 2014. Je me retrouve sur un plateau. Une grosse boîte qui, à l’époque, s’appelait PepsiCo. Avec une de mes collègues, on avait pris pas mal de poids. Une bonne dizaine de kilos. Et on s’est dit, non, mais ça ne peut pas continuer comme ça. Imagine, dans 10 ans, c’est bon, c’est fini. On est sédentaire. On n’aura même pas 40 piges. Ça ne peut pas continuer comme ça. Et en fait, on s’est mis à courir entre 1 et 2. Et la première fois que je saute les baskets, je fais 20 minutes. Et elle me dit, elle se retourne à un moment donné. Elle me dit, mais Géraldine, on va appeler les pompiers. Mais tu vas crever. Mais ce n’est pas possible. Et puis, du jour au lendemain, un dossard, le semi de Boulogne, en amenant un autre. Je suis tombée dans l’histoire des Ironman, un peu par la course à pied. Et notamment, juste avec une envie qui était de perdre du poids.

Ermanno : C’est une bonne excuse. Je ne sais pas si, quand on fait de l’endurance, on va vraiment perdre du poids. Alors oui, on s’assèche. Mais surtout, on gagne en muscles. Après, ça dépend aussi de la qualité de l’entraînement. Ça a duré combien de temps, justement, cette découverte du sport ? Tes premiers triages ? Tes premiers matelons ? Tes premiers Ironman ? Et puis, après, le moment où tu passes le pied vers l’idée d’aller sur l’enduro ?

Géraldine : Alors, je ne suis pas un très bon exemple. Je n’ai pas fait les choses tout à fait dans l’ordre. J’ai fait un premier semi en 2014. Puis plus rien jusqu’en 2018. J’ai eu ma première fille en 2017. Et 2017, j’accouche en avril, mon petite Louise. Et j’avais un boulot responsabilité dans une PME locale, mon directrice commerciale. Et je me levais le matin. Et j’avais un espèce de tunnel. Et pourtant, j’étais à La Réunion. Donc, tunnel sympa, tu vois, avec la mer à gauche et les montagnes à droite. Où, globalement, j’arrivais sur mon lieu de travail dans une usine. À 6h30, 7h le matin, j’avais déjà déposé ma fille à la crèche. Je bossais 12h. Je la récupérais et je me couchais. Et un matin, je me suis dit, non, en fait, ce n’est pas ça, la vie. Ce n’est pas possible. Voilà. Donc, je me suis inscrite un peu par défi. Alors que j’étais complètement hors de forme à mon premier Alpha Ironman à Aix. Et puis, j’ai rencontré une première personne. Évidemment. Ça me paraissait évident. Non, mais à cette époque-là, il faut savoir que le triathlon à La Réunion, c’était un peu compliqué parce qu’on a quand même la crise requin. Donc, il y a très longtemps, les vrais triathlètes de chez nous nageaient en pleine mer. Et c’est une période qui te raconte, ils ont des étoiles dans les yeux et tout. C’était assez emblématique. Mais il y a eu un espèce de vide où il n’y avait quasiment plus rien. Il y avait beaucoup de trails, beaucoup de courses. Mais en termes de triathlon, parce que l’accès à la mer était plus compliqué. Là, tu n’avais plus grand-chose sur le papier. Donc, tu avais deux M qui se baladaient à droite, à gauche en mai-juin. Mais tu n’avais pas la 0-3000. Tu n’avais pas le tri-runman qui est maintenant en juin. Tu n’avais pas les courses intermédiaires. Donc, si tu voulais faire un truc un peu sympa, il fallait sortir. Donc, je me suis levée un matin, je me suis inscrite. Je me suis dit, ce serait quand même pas mal que tu te mettes à faire deux, trois trucs à côté. C’est idéal. Voilà. Accessoirement. Et à 100 mètres de mon travail, il y avait une salle de crossfit. J’ai rencontré un monsieur, un coach qui s’appelle Pierre. Pierre Marmin, le pied à l’étrier. Je me suis entraînée avec des… Des gars à l’époque, parce qu’il n’y avait que ça dans la salle. Voilà, une dizaine de mecs. Et trois mois après, je fais mon premier half. C’est un half un peu emblématique, puisqu’il y a 500 abandons. Je ne sais pas si tu… Voilà, mes ex en 2018, il faisait très, très froid. On avait de la grêle, etc. C’était assez compliqué et très, très dangereux à vélo. Je passe cette ligne d’arrivée. Je me dis, OK, je ne m’arrête pas là. Mon conjoint me voit rentrer et me dit, putain, je sais qu’on a foutu les deux doigts dans un truc là. On ne était pas prêtes de tarder. On s’est arrêtés et c’était parti. Donc, de là, premier Ironman en 2019, deuxième en 2019. Covid, je change de mode d’entraînement. Je me trouve un entraîneur pour le coup, parce que je m’entraînais solo. Et puis, je me suis inscrite direct. Deux mois après, il m’a donné son accord et on a fait le nécessaire pour faire des formalités, pour s’inscrire à l’enduro. Et c’était parti.

Ermanno : Qu’est-ce qui t’a accompagnée dans cet entraînement ? C’est une question didactique et pas rhétorique, parce que je connais déjà la réponse, évidemment.

Géraldine : Alors, il s’appelle Joël Hauss. C’est le papa de David Hauss, qui est un trailer un tout petit peu connu. Et puis, un Olympien de Londres en 2012, qui a accepté le défi de me suivre. Alors, il ne le savait pas au début. Au début, je lui ai dit, est-ce que tu peux m’entraîner, s’il te plaît, pour un 100 kilomètres dans le désert ? Il m’a regardé, il m’a regardé courir et il m’a fait, ouais, ça va être sympa. Et puis, trois mois après, j’ai été inscrite en enduro. Et c’est lui qui m’a suivi vraiment de juin 2020 à la fin de l’enduro.

Ermanno : Comment s’est passée la prépa ?

Géraldine : Elle est dure, cette question. Qu’est-ce que tu entends par comment s’est passée la prépa ?

Ermanno : C’est vrai que là, on n’a pas donné de date. Mais déjà, ton enduroman, quand est-ce que tu prends le départ officiel ? Et puis, entre les deux, qu’est-ce qui se passe ? Combien de temps ? Par quelle phase tu passes ? Que ce soit en termes d’entraînement, mais aussi psychologiquement. Et tout ça, depuis la Réunion, évidemment. Là où il fait la même température que dans la Manche.

Géraldine : Donc, je m’inscris en juin 2020. J’ai un dossard assez rapidement avec l’organisatrice qui s’appelle Claire pour 2023. Et petit contre-temps, je tombe enceinte de ma deuxième fille. Voilà, léger contre-temps qui arrive en mai 2021. Donc, globalement, la prépa, on l’a vraiment commencé, j’ai envie de te dire, juin 2021. On aura mis trois ans. C’était voulu. Pour plusieurs raisons. Un, monter en capacité au fur et à mesure parce que je partais quand même de très, très loin. Et puis, deuxième chose, pour s’entourer tout simplement parce que l’Enduroman, ce n’est pas une course solitaire du tout. C’est une course avec son staff et qu’on sait très bien, et il le partage vraiment aisément, Edgar et Claire, si tu n’as pas le bon staff, tu rates.

Ermanno : Oui, ce n’est pas une course solo.

Géraldine : Non, c’est une course en staff. C’est staffé, c’est une course en équipe quasiment.

Ermanno : Je ne dirais pas le contraire. C’est vrai que sur ma traversée de la France en courant et en nageant un peu, j’étais seul sur la route. Mais en réalité, j’avais mon entraîneur qui faisait des petits sauts de puces de 10, 15 kilomètres pour me ravitailler. Le soir, qui s’occupait un petit peu de moi, qui préparait les affaires, etc. Donc, c’est sûr que ce genre d’aventure, oui, tu es le seul sur la route, dans l’eau, sur le vélo. Mais en réalité, tu n’es jamais vraiment seul. Et même dans la prépa, il n’y a pas qu’une seule personne qui est là pour te préparer. Justement, tu parles du staff. On fait un petit arrêt là-dessus, à l’instant, qui ils sont, qu’est-ce qu’ils ont fait, qu’est-ce qu’ils t’ont apporté. Et puis, pendant l’Enduroman, quel était leur apport ?

Géraldine : Alors, moi, j’ai choisi volontairement un staff un peu large, parce que comme tu l’as très bien dit, on vient de La Réunion. Et je savais que j’avais deux ou trois difficultés supplémentaires, notamment logistique, que des métros, par exemple, n’ont pas forcément. Donc, Joël est là depuis le tout début. Ça a été vraiment l’angle et la pierre angulaire de tout. Et après, au fur et à mesure, on a constitué un staff puisque, on va dire, la première année, il faisait absolument tout. Et un jour, il s’est réveillé et il a dit stop. Ce n’était pas possible pour lui d’avoir le rôle. De préparateur mental, préparateur physique, clinique, qui réagisse les bobos, nutritionniste, parce que c’est hyper important et on va en parler. Mais tu as besoin de prendre de la masse de manière assez drastique pour la manche. Voilà, donc on s’est organisé un staff et puis j’ai fait des rencontres au fil de l’eau. Tu sais comment ça se passe, des courses, des rencontres un peu d’opportunisme qui font que mon staff était composé de cinq personnes et de deux qui sont restées à La Réunion. Donc, j’ai été suivie par une personne en nutrition. Qui s’appelle Thibaut, qui est kiné métier et qui s’est passionnée pour la nutrition et tout ce qui va avec, donc c’est lui qui s’occupait de ça. J’avais un préparateur mental qui s’appelait Sébastien Coupy, qui lui est champion de La Réunion en parapente, qui a traversé, qui a fait Maurice à La Réunion en kitesurf. C’était le premier à le faire. Du coup, qui avait l’habitude de ce genre de défi-là, et en termes logistiques aussi, nous a énormément apporté mon conjoint parce que c’était une évidence qu’il allait faire partie du staff. Et qui serait présent pendant l’épreuve, qui m’avait mis un stop en me disant, c’est OK, parce que lui, je pense qu’il se rendait vachement plus compte que moi de certains aléas pendant le défi, petits aléas, on en parlera tout à l’heure. Je veux qu’il y ait un médecin sur la course parce que le seul frein que tu auras, c’est ta santé. Et à partir du moment où ça deviendra compliqué, on arrêtera tout. Et je sais que tu ne t’arrêteras pas seule. C’est un gros point. Donc, on a inclus Audrey Larivière. Qui est mon médecin et qui est mon amie, qui est triathlète, qui est maman de deux athlètes de haut niveau aussi en natation synchronisée et en triathlon. Maman de Mylène Larivière, qui fait sa carrière à Poissy en ce moment en junior. Et mon préparateur physique et mon kiné qui s’appelle William. Donc, un staff extrêmement complet qui ne s’est pas créé du jour au lendemain puisqu’ils sont venus au fur et à mesure s’ajouter à l’aventure. Mais volontairement, c’est un staff assez large.

Ermanno : Comment tu les as embarqués dans l’aventure ?

Géraldine : C’est drôle, on me la pose souvent cette question. Je crois que je n’ai rien fait de particulier. On me décrit de manière assez passionnée. C’est-à-dire que je parlais du truc. Et moi, je vivais enduro un peu comme je pense tous les athlètes. Et je pense qu’il n’y en a pas un seul. Même ma meilleure amie qui est venue s’ajouter au cours de l’épreuve et qui en rêvait. Ils ont tous mis moins de 10 secondes à me dire oui. Le jour où je leur ai posé la question. Parce que c’était un peu formel en plus. Mais tu voyais la lumière et les étoiles briller dans les yeux. Tu avais l’impression de leur offrir un truc de fou. Alors que moi, j’étais juste en train de me dire je vais constituer mon staff. Il faut que ça soit efficace. Les gens se sont embarqués tout seuls dans l’aventure.

Ermanno : Comment est-ce qu’on coordonne tout ça ? L’idée derrière ces questions-là, c’est aussi si on a des auditrices, des auditeurs qui veulent se lancer un challenge. Et sur un challenge, on ne parle pas forcément de l’enduroman. On ne parle pas forcément de faire le tour du monde en courant. Ou en vélo. Déjà, juste peut-être aller sur un premier triathlon, c’est un challenge. Et quel que soit le niveau de l’épreuve ou du défi, il faut quand même être accompagné. Du coup, comment tu arrives à engager et à mettre en lumière toute cette équipe-là ? Est-ce que ton PrEP mental parle avec ton PrEP physique ? Est-ce que ton PrEP physique et ton PrEP mental parlent avec le médecin ? Comment est-ce que tu mets tout ça en lumière ?

Géraldine : Alors, c’était le plus compliqué. C’était la communication avec tout le monde sur le même fil rouge. Au même moment. En fait, il y a des différentes énergies dans un groupe qui sont flagrants. Notamment parce qu’on n’a pas les mêmes vies au même moment. Donc, il y en a qui peuvent avoir un petit coup dur quand d’autres sont hyper high. Et l’inverse. Donc, il fallait niveler. Donc, ça, c’était la première chose. La deuxième, c’est qu’on a organisé des réunions qui étaient assez régulières. Deux, trois mois, je ne sais plus comment on opérait. Mais pour faire en sorte de garder tout le monde à bord tout le temps. Il y avait systématiquement une piqûre de rappel et on a inclus les gens. Donc, ils avaient tous leur rôle en fonction de leurs compétences. C’était hyper important. Et au-delà de ça, il y avait des groupes WhatsApp. Parce que WhatsApp est un outil incroyable sur lequel on communique de manière efficace tous les jours au quotidien et sans aucun frais au coût. Ça ne coûte pas. Et où les gens, du coup, continuaient à alimenter cette envie d’eux. Et du coup, ça te forge une équipe en fait de faire ça. Après, on a organisé des team building sur des choses qu’on n’avait jamais fait en groupe. Sur des trucs un peu spécifiques pour permettre de renforcer les liens également. Et après, il y avait surtout une communication entre mon PrEP physique et moi. Mon PrEP mental et Joël. Pour faire en sorte que je sois au bon endroit au bon moment. Et quand il y avait un petit coup dur, il y en avait un des trois qui était là pour me récupérer par la culotte. C’est pas maintenant qu’il faut la perdre.

Ermanno : Bon, maintenant qu’on a posé le décor un petit peu, qu’on voit comment tu as articulé tout ça. Comment tu découpes le projet avec Joël Hauss pour pouvoir arriver au bout ? Au début, j’imagine que tu ne cours pas encore 180 bornes non-stop. J’imagine que tu nages pas encore 30 km dans la Manche toute seule. D’autant plus qu’à La Réunion, il y a quelques requins, on l’aura compris. Donc, tu ne dois pas faire beaucoup de sorties seule. Et puis, nager avec un Néo, ce n’est pas la même chose que nager en maillot de bain dans les eaux tropicales. Et puis, comment vous construisez le planning d’entraînement ?

Géraldine : Alors, je ne sais pas exactement comment il l’a construit. Je pense que je ne le saurais jamais parce qu’il avait un fil rouge. Et au fur et à mesure de l’évolution, il me disait toujours. On voit la semaine, limite à la séance et on avise. Donc, moi qui voulais un planning pendant un an en me disant le samedi 11 novembre 2048, je veux savoir ce que je fais. On n’a pas du tout fonctionné comme ça. Il m’a juste demandé deux trucs. Un, de lui faire confiance et deux, de mettre de l’intention dans chaque séance qu’il me demandait de faire. Ça a vraiment été le fil rouge. Après, là où j’ai trouvé ça très sympa, c’est que chaque année, je lui proposais un certain nombre de courses où il disait oui ou non. Alors, je me suis pris autant de non que de oui. J’ai souvent quelques idées un peu farfelues. Mais globalement, en 2023, on savait qu’on devait valider absolument un swimrun très long, plutôt froid. Et que derrière, j’allais faire une course 100% autonomie sur du très très très long sans aucun staff pour me mettre en difficulté. Donc ça, au fur et à mesure, il me disait oui, là on y va. Là, on n’y va pas. Voilà pourquoi. Là, tu devrais en être là. Voilà. Et puis, la dernière chose qui est très importante à comprendre, c’est que le point de validation est là où on a… Entrevu que c’était possible, c’était le stage à Lanzarote. Je ne sais pas si tu le sais, mais en fait, il y a un stage obligatoire à Lanzarote. Donc, tu valides 6 heures en eau froide. Froide entre guillemets, parce que Lanzarote, ce n’est pas du tout froid. Mais qui donne quand même une bonne intention de savoir si tu es dans la plaque ou pas. Et Claire et Edgar, qui sont les organisateurs, sont des gens extrêmement directs, voire un peu froids. Donc, tu vois direct si ça passe ou ça casse. Tu sens si tu es à ta place ou pas du tout. Voilà.

Ermanno : C’est vrai qu’on a un peu parlé d’Enduroman déjà sur le podcast. Il y a eu Marie Nuneu, il y a eu Thomas Austré, il y a eu Cyril Blanchard. Donc, on commence et j’en oublie certainement. Il faudrait que je fasse mes devoirs. Je repasse en revue les 400 invités du podcast de temps en temps pour me rappeler chacune et chacun. Mais oui, on en a un petit peu parlé. Mais justement, l’objectif aujourd’hui, c’est de revenir avec toi là-dessus. Ce stage, on l’aura bien compris, qui est organisé par l’équipe d’organisation de l’Enduroman pour pouvoir valider tes compétences, ton expérience. Avant d’arriver sur tout ça, comment t’avances dans ton entraînement ? Ça a duré plusieurs années. Vous avez fixé des objectifs intermédiaires. J’imagine qu’il y avait des objectifs plaisir aussi dans les compétitions que tu fixais, que tu validais ou pas avec ton coach. Comment tu t’es vu progresser pendant toutes ces années, surtout en sortie de grossesse ? Parce que ça aussi, c’est un sujet qu’on pourrait aborder. La grossesse chez la femme a des impacts aussi bien bénéfiques que difficiles à accepter. Mais ça booste quand même aussi pas mal le corps humain.

Géraldine : La grossesse, ce n’est pas une période facile. Surtout quand tu aimes être mobile. Forcément, il faut faire plus attention. Ce n’est pas une maladie. Je le répète souvent autour de moi.

Ermanno : C’est ce que ma femme m’a souvent dit. Je ne suis pas malade. Quatre grossesses.

Géraldine : Quatre. Vous avez poussé le curseur loin.

Géraldine : Au-delà de la blague, tu vois, il y a des gens. Je crois que la veille, je faisais de la sauvegarde. Avec Joël. Et Joël avait systématiquement ma montre dans la main. Et j’avais un capteur de fréquence cardiaque. Et mon médecin de l’époque, parce que j’étais suivi de mon gynéco, m’avait dit. Il me connaît très bien. La seule limite que je te donne, c’est une pulse. Tu fais ce que tu veux dans ta pulse. Tu ne dépasses pas cette pulse-là. Parce que sinon, on va être fâchés tous les deux. Et donc, jusqu’à la veille de mon accouchement, si tu veux. Et puis, j’avais un gros bébé. Mes deux filles sont à plus de 4 kilos. Donc, plutôt des gros gabarits. Oui. Elles sont nées en pleine forme. Elles ont beaucoup d’énergie à l’heure actuelle aussi. On se demande d’où ça vient. Mais je suis restée extrêmement mobile. Et Joël a systématiquement veillé à ce que je ne perde pas trop, entre guillemets. Donc, une semaine après, j’étais capable de marcher 5, 10 kilomètres à une allure qui était très correcte. Ce qui m’a permis aussi de revenir facilement à l’entraînement. Mais en étant sportive, normalement, une grossesse, globalement, ça se passe bien.

Ermanno : Oui. Il y en a… Je ne sais plus avec qui je parlais encore ce week-end. Mais… Il y en a jusqu’à la veille de l’accouchement qui sont encore en train de courir à 10 kilomètres. Et ce n’est pas forcément mauvais pour le bébé ni pour la maman. Tant que tout est sous contrôle et qu’il n’y a pas d’alerte particulière. Et que c’est une habitude.

Géraldine : C’est-à-dire que si tu n’as jamais couru 10 kilomètres de ta vie, je te déconseille d’aller courir 10 kilomètres avec ton ballon de 9 mois. Voilà. Forcément.

Ermanno : Forcément. Mais du coup, sortie de grossesse, comment est-ce que tu te vois progresser ? Dans ta préparation.

Géraldine : On avait tout adapté. Mais il y a une période quand même relativement compliquée. Parce qu’il y a eu césarienne sur ma deuxième petite fille qui n’était pas forcément prévue. Et ça laisse des séquelles. Parce que c’est une opération en plus d’une grossesse. J’ai repris sur tapis. Ma fille était dans son couffin. Et au début, j’ai marché. Mais pendant des semaines et des semaines et des semaines. Et avec la validation au kiné. Parce qu’on a retravaillé aussi les abdos. On a fait de la réduction, etc. Et j’ai commencé par marcher. Après, j’ai marché en position inclinée. Puisque les tapis, maintenant, font des inclinaisons. Puis, j’ai couru par bloc de 30 secondes. Donc, je repartais vraiment de rien. Et la première fois, je me rappellerai toute ma vie que je sors et que j’avais 7 kilomètres à faire. Donc, qui pour moi était le bout du monde. Vraiment. Je croise un monsieur en 4×4. Il doit me voir dans la pelle. Il va dire, mais cette dame, qu’est-ce qu’elle fait ? Limite pitié, quoi. Il s’arrête. Il me dit, madame, vous savez, je tenais à vous dire, c’est vraiment bien ce que vous faites. Et il m’a parlé pendant 5 minutes. Et je me suis dit, mais c’est une bénédiction. Ce monsieur, je ne sais pas d’où il sort. Il est juste en train de me dire qu’il faut que je continue. Et je pense qu’à ce moment-là, tu vois, il avait pitié de moi. Donc, oui, je suis repartie de zéro. Après, ça revient relativement vite. Et à partir du moment où tu n’as pas engagé trop de poids. Et c’est la notion de poids qui est compliquée post-grossesse. Voilà, le corps est bien fait. Et le corps a une mémoire de ce que tu sais faire. Et normalement, globalement, ça revient assez vite.

Ermanno : Oui, après quelques semaines, ça revient. Hormis la césarienne, c’est vrai que c’est un élément en plus, comme tu l’as dit, à gérer et dont il faut se remettre. Le corps a quand même des bons souvenirs, même si c’est dur. Les trois premières semaines, le premier mois, tu as fait une grosse pause. C’est dur. Et au niveau de l’entraînement, justement, restons un petit peu là-dessus. Tu l’as dit, ta première sortie en extérieur post-grossesse, c’était 7 km. Comment tu te vois évoluer ? Vraiment, toi, en termes de sportive, en termes de pratiquante, on l’a compris, tu as un staff qui t’accompagne. Tu as un entraîneur qui chapeaute tout ça. Donc, il t’envoie à tes séances. Toi, tu as juste à dérouler les séances et à être engagé dans tes entraînements. Mais est-ce qu’à un moment, tu te retournes et tu te dis, « Il y a trois mois, je faisais 7 km. J’étais au bout de ma vie. Je me faisais arrêter par un mec en 4×4 qui me félicitait. Aujourd’hui, j’en suis à 100, 150, 200 km par semaine. »

Géraldine : Oui, c’est progressif. Et après, c’est un truc qu’on décrit vachement bien. Moi, je pense que je suis plus amoureuse, Hermano, du process et de la finalité. Tu vois, quand tout le monde me dit, « Non, mais comment tu fais ? C’est dur. Tu as un boulot à plein temps. Tu bosses une cinquantaine d’heures par semaine. Tu as deux enfants. Tu as un truc à côté. Tu as un business à côté. » En fait, moi, ça ne me pèse pas parce que c’est devenu un leitmotiv et un fil rouge dans ma vie où je ne subis pas. Et le matin, quand je me lève, oui, je connecte, comme la plupart des sportifs, leur bolio. Donc, je regarde et je leur dis, « Ah, très bien. J’ai cette séance à faire. » Et je sais que quoi qu’il arrive, à part gros couac, ma séance, je vais la passer parce que j’ai envie et parce que je sais d’où je viens. Et je sais surtout d’où je veux aller et que j’en ai encore sous le pied. Et je pense qu’une fois que tu as la motivation, il faut juste s’astreindre les jours où c’est plus compliqué à avoir de la discipline. Et le cumul des deux fait que tu peux soulever des montagnes.

Ermanno : On reviendra justement tout à l’heure à la fin du podcast, si je n’oublie pas, sur le chemin, sur le process versus véritablement le défi en lui-même. Donc, toi, tu avances sur ta préparation. Comment se passe… Alors, on ne va pas refaire tes podcasts, évidemment, parce qu’il y a beaucoup de choses à faire. Parce qu’on ne l’a pas dit, mais tu as été l’hôte, l’animatrice d’un podcast pour raconter toute cette aventure à l’Endurman. Mais comment est-ce que tu arrives ? Combien de temps avant ? Et ta préparation finale, à quoi elle ressemble ?

Géraldine : Alors, la préparation finale sur les six derniers mois, c’est une préparation qui est assez dure à encaisser et par la volumétrie et par la contrainte neuro qu’on y met parce que ça demande énormément de nerveux d’être au taquet sur tous les sujets. Donc, il y a des aspects en même temps. Ne serait-ce que le stage à Lanzarote, tu vois, on n’en parle pas suffisamment. Et Lanzarote, c’est 35 heures de sport en cinq jours pour des amateurs, parce que moi, je reste amateur, dont, je ne sais plus, mais je vais te dire une connerie, 60 kilomètres de nage dans une eau froide. Comme moi, la veille, j’étais à 40 degrés dans le lagon en train de me baigner gentiment, tu vois. Donc, les six derniers mois, c’est la prépa la plus complexe que j’ai connue et à la fois celle qui m’a le plus appris, parce que si j’avais regardé ça à un instant T en me disant waouh, je me serais dit, je ne vais jamais y arriver. Et au final, la manière dont Joëlle a opéré, à savoir d’une semaine par une semaine, séance après séance, à un moment donné, tu te lèves le matin et c’est devenu quasi automatique. Tu fais ce que tu as à faire. Ça peut être 5 heures, 6 heures de vélo. On est monté jusqu’à 12. J’ai fait des runs avec des copains en pleine nuit. Donc, tu mets ton réveil, il est 11h45 du soir. Tu te dis, mais qu’est-ce que je vais foutre ? Je bosse demain à 9 heures. Je vais courir 6 heures, mais tout va bien. Mais je suis pas là. Je suis pas tarée. Je vous assure, tout va bien. Et au final, en fait, tu te prends au jeu parce qu’en plus, moi, je nage dans un club qui est le club des aquanautes et hermitages. Et j’ai absolument la totalité des adhérents qui étaient derrière moi et qui voulaient savoir où on en était. Donc, en fait, tu crées une espèce d’énergie positive où le matin, tu arrives au club de vêtements. Mais qu’est-ce que tu as fait hier ? Comment ça s’est passé ? Et machin, qu’est-ce que tu ressens ? Et voilà, je pense qu’on s’est… Sur la fin, je me prenais vraiment au jeu. J’étais tellement bien entourée que j’étais bien, quoi.

Ermanno : Ça me renvoie quelques années en arrière. Et waouh, ça fait du bien. J’imagine. Il y a un petit peu la petite larme qui va commencer à couler. Mais bon, bref, on est là pour parler de toi. Ce stage, tiens, tu as raison. On n’en parle pas assez. Parlons-en. Restons-y. Si tu as le droit d’en parler. Je ne sais pas s’il y a un NDA qui est signé avec l’organe d’Enduroman. Mais il a lieu à quel moment ? À quel moment on valide ? On te donne le feu vert, en fait, pour te dire bon, allez, c’est bon. Tu pourras monter sur le bateau et puis… Surtout, tu pourras prendre le départ à Londres, déjà.

Géraldine : Alors, le départ à Londres, c’est encore différent parce que c’est, compte tenu des conditions météo, on y reviendra. C’est la partie la plus complexe de l’enduro pour moi.

Géraldine : Lanzarote, tu dois absolument, alors à Lanza ou pas à Lanza, d’ailleurs, effectuer six heures de natation en eau froide et officier par quelqu’un qui te le valide. Donc, soit l’enduro, soit des personnes avec lesquelles ils travaillent. Mais en tous les cas, tu dois avoir cette validation-là. À partir du moment où tu as ce carton-là, en gros, tu peux monter sur le bateau. Donc, c’est assez simple. Faut-il le faire ? Oui, ça, tu le ferais. Et que ça soit moins de… Enfin, maximum un an avant la date de prise du bateau effective. Et tout ça, tu l’as déjà parce que tu signes deux contrats. Un contrat avec l’enduroman et un contrat avec une personne qui va t’amener, en gros, des côtes de Douvres à Calais. Et ce ne sont pas des personnes qui sont rattachées à l’enduro. Ce sont des personnes qui travaillent pour l’enduro. Ça, au début, c’était compliqué à comprendre de l’extérieur.

Ermanno : C’est-à-dire, justement, faisons un petit arrêt là-dessus. Demain, je me réveille, j’ai envie d’aller faire l’enduroman. Qu’est-ce que je dois faire ? Absolument. Non, non, mais reste là.

Géraldine : l’inscription est un peu complexe parce qu’ils donnent peu de visibilité. En fait, ils choisissent les candidats, ce qui me paraît évident. Ils veulent comprendre pourquoi tu es là et pourquoi tu veux faire ça. Et c’est hyper important pour eux dans la manière dont ils ont construit cette épreuve-là. Et une fois que tu as le feu vert, en fait, ils te prémâchent tout. Tu as juste le bateau et gérer tout. C’est un peu comme le parc clair de l’enduroman. Mais c’est une entreprise extérieure qui est spécialiste dans English Crossing Channel, les personnes qui traversent la Manche. Et au final, c’est le pilote qui a raison. C’est encore un peu particulier, ça aussi. Mais en gros, Claire peut dire que tu pars et le pilote dit que tu pars pas, tu pars pas.

Géraldine : C’est sympa.

Ermanno : Ça me rappelle les chauffeurs de bus à Luxembourg. Les chauffeurs de bus qui montent et qui montent pas. Et même qui descend. Voilà. Ouais. Ouais. Donc du coup, ce stage, alors qu’il soit à Lanzarote ou pas, mais en tout cas qui doit valider que tu es apte à faire au moins six heures de nage en eau froide. D’ailleurs, six heures, c’est light parce que j’en connais pas beaucoup qui ont mis que six heures pour traverser la Manche. Donc ça, c’est le green flag. C’est le drapeau vert qui te dit OK, tu pourras monter sur le bateau. En revanche, l’enduroman, c’est pas que ça. On s’est pas arrêté justement dessus. Mais qu’est-ce que c’est que l’enduroman ?

Géraldine : Alors, l’enduroman, c’est une course qui rallie l’environnement. C’est un parcours à Paris en triathlon avec un mode un peu inversé puisque tu commences par la course à pied. Donc, tu cours de l’ombre aux côtes de Douvres. Ça fait 135 kilomètres sur un parcours. Et ça, on n’en parle pas suffisamment qui pourrit. Mais waouh ! J’en ai fait de la course à pied. Waouh ! Mais non, c’est vraiment complexe de par sa difficulté. C’est un parcours que tu fais pas forcément de nuit parce qu’à part ceux qui mettent moins de 14 heures, il y en a quasiment pas. Donc, je te déconseille de le faire de toute façon même si tu en as la capacité. Donc, tu as une traversée de nuit et c’est des routes qui sont extrêmement isolées, pas forcément avec de trottoirs sur lesquels tu dois avoir un point de vigilance qui a été particulier et sur lequel, par exemple, mes deux accompagnateurs, donc Elina, mon amie et mon conjoint, ont eu par moments peur pour ma sécurité parce qu’il fait tellement noir que tu te dis waouh ! Donc, ils faisaient comme tu disais des sauts de puces de 3 km en 3 km pour être sûr de le récupérer sur la route. Ensuite, une fois que tu arrives à Douvres, tu as le droit de te reposer un peu. Il y en a qui choisissent de pas forcément le faire, mais on te le conseille. Donc, ça s’appelle la T1. Et puis, tu pars de Douvres. Donc, il y a trois points de localisation sur lesquels les pilotes ont l’habitude d’officier. Donc, ils te déposent sur une plage ou en fonction des conditions météo sur un escalier. Et de là, tu pars, tu traverses la Manche. Donc, pour rappel, c’est le pilote qui ouvre ta trace. Tu n’as pas le droit de contester, tu n’as pas le droit de toucher le bateau, tu n’as pas le droit de remonter sur le bateau, sinon c’est distalifié. Tu arrives à Calais et à une fois arrivé à Calais, tu rentres à Paris en vélo.

Ermanno : Sympa.

Ermanno : La traversée de la Manche, en moyenne, et pour toi, ça représente quoi ? Parce que c’est quand même le plus gros de l’Enduroman. Toutes celles et tous ceux qu’on a reçus te disent bon, la partie course à pied, ok, c’est casse-pieds, ok, c’est usant, ok, ça te met un petit coup. Mais en fait, ce n’est pas là que tu sais si tu vas aller au bout de l’Enduroman, c’est une fois que tu as traversé la Manche.

Géraldine : C’est exactement ça. Donc, pour moi, c’est 13h51. Le record féminin est en 13h41. Donc, pareil, on a eu deux, trois discussions. J’étais un peu dégoûtée qu’il ne me l’ait pas dit sur le bateau. Et après, tu me dis ça vite, mais j’aurais su que j’étais à 10 minutes. Je serais allée chercher, quitte à me faire des tendinites dans les deux épaules. Mais ce n’est pas plus mal qu’il ne me l’ait pas dit, tu vois. Et par contre, j’ai nagé à une des distances les plus grandes, je crois, avec Steve, puisque j’ai nagé à 62,8 km.

Géraldine : Et c’est la trace que le pilote avait choisie. Parce que c’était des conditions météo qui n’étaient pas du tout favorables, qu’on avait eu déjà deux annihilations les jours précédents. Et qu’on m’avait dit en montant sur le bateau, alors on y va. Mais sache pas grande que ce n’est pas gagné du tout. Et donc, en gros, j’ai fait confiance au pilote et j’ai juste, comme tu l’as dit, déroulé pendant 13h51.

Ermanno : Après, j’imagine que quand tu montes sur le vélo, alors déjà, tu ne fais pas une transition comme sur un triathlon, même sur un Ironman. Tu prends un petit peu ton temps pour passer de la position allongée pendant 13h51. À la position semi-debout sur le vélo. Mais tu te sens comment quand tu sors de 13h, presque 14h dans l’eau salée ?

Géraldine : Je ne sais pas comment te le décrire. Je crois que c’est le souvenir que je garderai toute ma vie. C’est déjà la douleur. Et ce n’est pas la douleur de la répétition de l’effort. Parce que moi, je n’avais pas nagé avant de commencer le triathlon. C’est la grosse tragédie.

Géraldine : ‘est là où Joël a été particulièrement un entraîneur incroyable. Parce que quand il m’a vu nager, il m’a quand même dit oui. Et c’est là où j’admire le professeur d’ankylée. Je pense que je ne me serais pas auto-dit oui.

Géraldine : Les 25 km en plaquettes, à l’entraînement, tout ça, je le savais gérer. Mais le froid, c’est un truc de malade qui peut te faire briller un cerveau. On me l’avait dit, mais je ne m’attendais pas à ça. Et l’eau, quand on est parti à Douvres, elle faisait 12 degrés. Quand on est arrivé aux côtes françaises, elle en faisait à peu près 14. Et j’ai eu de la chance, entre guillemets. Donc, je te l’ai dit, la natation n’était pas facile. Et on m’avait dit que les 2-3 premières heures allaient être sportives. Je n’aurais pas eu ça. Je pense que je ne traversais pas. J’ai mis tellement d’énergie et d’influx à me dire, allez, tu passes ces 2-3 heures qui sont un peu compliquées, qui sont wavy. ‘avais chaud. À partir du moment où la mer s’est calmée, j’ai pris un pic de froid. Toutes les minutes, je me disais, je ne vais pas y arriver. Ce n’est pas possible. Ce n’est pas physiologique du tout. Ton corps ne va pas résister.

Géraldine : Donc, moi, vraiment, la partie de la Manche qui m’a le plus stressée et le plus impactée, c’est le froid.

Ermanno : Toi, tu as traversé de nuit la Manche ?

Géraldine : Non, le petit matin, on est parti. On avait rendez-vous à Douvres à 2 heures du matin.

Ermanno : Donc, quand même une partie de la nuit, parce qu’on n’est pas sur les faits.

Géraldine : Oui, mais ça va du bon côté, tu vois. C’est le soleil qui te lève et pas l’inverse.

Ermanno : Ok.

Ermanno : Est-ce que tu rencontres des choses, des bêtes, des méduses dans la Manche ou au contraire, c’est tellement froid qu’il n’y a pas grand-chose ?

Géraldine : 3-4 jours avant, on avait rencontré un phoque. On avait fait une natation avec tout mon staff parce qu’ils sont tous triathlètes. On avait fait une natation qui était un peu compliquée parce que les conditions n’étaient pas top. Et en fait, on s’est rendu compte en ressortant qu’il y avait un phoque qui était juste à côté de nous. Et que j’avais pris ce phoque-là pour un de mes personnes du staff. Ça nous a valu un gros fourrir. crois qu’ils s’en rappellent encore. Donc, voilà. Dans la Manche, j’ai une méduse qui m’a piqué à la tête. Moi, j’avais absolument tout couvert, dont les mains. Donc, on ne le savait pas, mais le matin même, j’avais des gants Néo. Et Claire m’a dit que c’était autorisé sur une natation à 12 degrés. Donc, elle m’a dit, tu peux faire le choix ou pas de les mettre. Attention à tes épaules parce que nager avec des gants… Alors, au début, on croyait qu’on partait pour Calais. Mais après 40 kilomètres, ça peut être contraignant. Mais à l’inverse, ça sera plus confortable pour toi. Parce qu’en plus, tu n’es pas forcément hyper bien acclimaté. Et voilà. Donc, la méduse m’a chopé le visage et j’ai eu une brûlure sur la joue. Et le reste, je n’ai rien vu. Par contre, ce que je ne savais pas, parce que j’avais refusé de faire des recherches sur Internet. J’ai un de mes très bons copains qui est au SEMNELOG à La Réunion, qui est passionné par les requins. Et qui m’a dit que dans la Manche, il y avait deux types d’émergumène qu’il ne fallait pas trop croiser. À savoir les requins macos. Voilà, voilà. Et des orques. Donc, j’ai eu la chance de ne pas les croiser. Mais globalement, dans la Manche, c’est sur les personnes qu’on ne trouve pas forcément. Voilà, il faut savoir qu’il y a des requins et des orques.

Ermanno : Comment ça se passe ? Alors, tu n’en as pas croisé. Mais si jamais il y en avait qui passaient, parce qu’il y a quand même le pilote qui guide le bateau devant, ils les arrêtent ? Ils font quoi ?

Géraldine : Là, ils te font sortir. Je pense que globalement… Déjà, je pense que le maco, on te dit que quand tu le vois, c’est trop tard.

Géraldine : Donc, globalement, ce n’est pas ce qui va passer. Oui.

Géraldine : Après, l’orque, j’avoue qu’on ne s’est même pas posé la question. Je suppose que dans ces cas-là, c’est qu’ils ont été firsts et ils te font remonter sur le bateau.

Ermanno : Oui. Je le savais. Alors, pour les requins, je le savais. Mais pour les orques, je ne savais pas qu’elles croisaient dans la Manche entre la France et l’Angleterre. Parce que finalement, même si ça fait 30 et quelques kilomètres, ce n’est quand même pas si grand que ça pour qu’il y ait d’aussi gros poissons. Et puis, surtout, il y a du trafic. Donc, une orque contre un cargo, ce n pas qui gagne.

Géraldine : Je ne sais pas. Après, les cargos sont gros quand même, les bateaux. C’est pas mal. a vu deux ou trois.

Ermanno : Parce que tu les croises finalement. Encore une fois, c’est le pilote qui ouvre la route. Donc, c’est lui qui décide. Mais tu les croises assez loin, suffisamment loin, mais près en même temps pour pouvoir les voir.

Géraldine : En fait, ils t’expliquent globalement pendant le stage qu’il ne faut pas passer à moins de 400 mètres parce que ça peut être problématique à cause des remous. Et du coup, tu peux te faire choper dans les… voilà. Donc, ça, c’est le pilote qui gère. Il ne faut pas se poser de questions sur ça. Après, il y a une fois où ils m’ont fait ralentir et j’ai compris que ça pouvait être problématique. Ils m’ont fait changer de positionnement à côté du bateau. J’ai tout le temps nagé avec le bateau à ma droite et avec dans ma ligne de vision Audrey qui était mon médecin parce que j’avais décidé de nager comme ça. Et à ce moment-là, en fait, quand ils voient la barre et je la vois, c’est la seule fois que je la vois, ils me disent de ralentir parce que je pense qu’on se rapproche trop vite et qu’il ne s’est pas dégagé. Et donc, du coup, ils gèrent très bien le flux.

Ermanno : OK. Tu l’as dit, quand on traverse la Manche, c’est quand même la partie la plus importante de l’Enduroman, on n’a pas le droit à l’assistance. Bon, malgré tout, tu dois quand même boire et manger. Comment ça se passe avec une perche ? J’imagine que tout le monde a déjà vu une ou deux images. Mais comment tu arrives à bouffer comme ça pendant 14 heures ?

Géraldine : Alors, la perche, nous, ça ne fonctionnait pas. La perche, elle est homologuée par la Fédération Française de Natation en eau libre. Et globalement, ça ne marche pas avec un bateau parce que tu as trop de remous. Donc, ce qu’on avait fait, on avait pris des shakers de protéines et des gourdes mortaines qui ont un culot qui est resserré sur lequel on avait attaché des cordes de kite. Et du coup, ils me balançaient les bidons et les petits perroirs avec du solide à l’intérieur. Ce n’est pas la chose la plus facile à faire dans le sens où tu sais qu’il faut que ça rentre. Si la nourriture et le liquide et le solide ne rentrent pas, tu sais que tu ne termines pas. Donc, de toute façon, c’est devenu une obligation. Tu ne te poses pas de questions. Après, il y a une vidéo, on est quelques-unes, où tu me vois une énorme vague m’avaler et j’ai mon shaker à la main. Du coup, tu manges plus de sel. Après, ça fait partie du jeu. Ça ne dure pas si longtemps que ça au final. Et tu sais que ça peut arriver. Donc, tu te prépares à ça.

Ermanno : Oui, et puis j’imagine que tu ne comptes pas le nombre de shakers au shaker près dans le bateau. Donc, tu perds ton shaker en t’en renvoyant. Même si ce n’est pas non plus extensible à vie, tu dois quand même en avoir un.

Géraldine : Oui, mais ce n’est même pas ça. C’est qu’il est attaché. De toute façon, même si tu le lâches, il est ramené au centre du bateau avec la corde. Et on avait choisi des cordes fluo. Donc, en gros, tu ne pouvais pas les perdre.

Ermanno : Oui, mais je veux dire, quand tu es en train de boire et que ton shaker est avalé, il n’y a plus rien dedans. Ou alors, effectivement, c’est juste rempli d’eau de mer.

Ermanno : C’est impressionnant parce que je pense qu’on ne se rend pas bien compte, même si c’est effectivement un défi qui peut être super sexy, super attirant. On ne se rend pas compte de l’immensité que représente la mer, même si c’est tout petit finalement. C’est 30 bornes entre la France et l’Angleterre. Et tu te sens, j’imagine que tu te sens vraiment seul au monde. Tu as le bateau, mais à part le bateau, il n’y a rien d’autre.

Géraldine : Oui, tu es seul au monde et vraiment le niveau de tension que mettent les pilotes, tu sens que ce n’est pas anodin et ils sont stressés pour toi. C’est ce qui m’a le plus… Tu arrives à Douvres le matin à 2 heures. Donc, tu lèves. Tu les retrouves à peu près à 2 heures et demie. Ils te font un signe. Tu arrives sur la descente qu’ils mènent au bateau et Claire qui est une personne qui les connaît depuis des dizaines d’années, s’annule le pilote et le pilote ne s’allume même pas. La première question qu’il a, ce monsieur dans sa bouche, c’est comment s’est passée la course à pied ? Tu es là, waouh.

Géraldine : Enchantée. Moi, je suis Gégé. Salut. En fait, je suis là. Tu peux me parler aussi à moi. Je vais te traverser la manche. Coucou. Tu sens dans son visage qui est fermé, etc. que la première chose qu’il veut savoir, c’est que est-ce que je suis dans un état qui est correct physiquement ? La plupart des gens qui arrivent au bateau quand même en ayant couru 135 km boitillent un peu. Donc ça, j’ai envie de te dire, c’est une formalité.

Géraldine : tu comprends rapidement. Alors moi, j’ai sa femme en plus et sa fille qui est ici sur le bateau avec moi parce que c’est une histoire de famille, tout ça. La condition primordiale, c’est ils te font traverser sous réserve de garantir ta sécurité et rien ne compte. Donc s’ils doivent faire foirer l’épreuve, ils font foirer l’épreuve. Il n’y a pas de problème. Et après, tu vois que

Géraldine : quand je suis remontée sur le bateau et que je leur ai dit merci beaucoup, je suis tellement contente et tu vois, j’ai essayé de trouver mes mots parce que tu as quand même les muscles du visage qui sont légèrement paralysés. La première chose qu’il a fait, alors que tout le monde dit qu’il s’est levé, il m’a soulevé parce que c’est un énorme grosse bif, voilà. Il m’a pris dans ses bras. Il m’a dit je suis tellement, tellement, tellement content pour toi. Tu ne peux pas savoir. Enfin, j’ai dit wow, c’est dingue.

Ermanno : Oui, c’est là que la pression redescend et pas que là. C’est mieux pour toi. Puis, quand tu remontes sur le bateau, c’est-à-dire que tu ne vas pas jusqu’à toucher le sable des côtes françaises ?

Géraldine : Si, on y va et c’est un peu problématique. Alors, moi, ça m’a posé des problèmes parce que j’étais tellement dans le gaz à la fin que je ne voyais plus grand-chose qu’à la base, William et Joël devaient venir me seconder à deux kilomètres des côtes mais qu’il y avait trop de remous et que les pilotes, encore une fois, qui sont de sécurité, ne peuvent pas sécuriser trois nageurs. Puisqu’au dernier moment, ils leur ont dit non, vous ne descendez pas, non, vous ne descendez pas. Donc, moi, je commençais à me dire mais ce n’est pas possible. Qu’est-ce qu’ils foutent, quoi J’ai eu froid pendant 13h30. Est-ce que vous voulez bien venir vous mouiller, s’il vous plaît, les gars ? Comment ça se passe ? Finalement, à 500 mètres des côtes, ils les mettent à l’eau. Et en fait, si tu veux, je n’avais plus de force pour nager en regardant devant moi en water polo. Et donc, j’ai nagé tout droit et je suis arrivée dans un endroit où il y avait énormément de rochers et de galets, ce qui a rendu le truc quasiment inaccessible pour Damien et Lily qui venaient en face pour me retrouver parce qu’ils étaient juste trop contents d’être là et pour célébrer. Et qu’en fait, tu te lèves. Enfin, tu essaies de te lever parce que tu as encore de l’eau globalement jusqu’aux chutes. Tu es dans des rochers super glissants avec des algues de partout. Tu lèves les bras pour dire que c’est OK. Tu entends la sirene du bateau. Je me suis rassie une minute. Et après, il fallait rentrer. Donc, ils te font des énormes signes, voilà, parce que le bateau, s’il attend trop, il peut s’échouer contre le récif. Donc, voilà, c’est pareil. C’est un moment extrêmement particulier. Mais pour valider, vraiment, personne ne doit trouver et personne ne doit toucher. Tu dois toucher le sol, mettre les bras au-dessus de la tête. Voilà, la sirene retentit. Et c’est à partir de ce moment-là que tu peux dire que tu as validé la manche.

Ermanno : OK. Et donc, à ce moment-là, tu remontes sur le bateau pour aller au point de rendez-vous parce que j’imagine que quand tu touches les côtes, tu ne touches pas forcément la côte pile poil à l’endroit où ton vélo est arrivé.

Géraldine : Pas du tout, en fait. Donc, tu es obligé de renager au bateau. Il a attendu à 400-500 mètres des côtes. Donc, tu as encore 500 mètres à faire. Là, on te remonte. Et globalement, ils te disent que tu as moins de trois minutes pour te changer parce que sinon, tu es pris sous le brosseau et de frissons qui sont incontrôlables. J’ai un ami, Paul, qui avait eu le record de l’environnement en 2024, qui traverse sans combi et il a mis six heures à arrêter de frissonner. Six heures ? Non, mais c’est une dinguerie. Il faut le vivre.

Ermanno : Il faut vraiment être taré

Géraldine : pour se faire des choses comme ça. Et donc, le bateau te prend et il te ramène au port à Calais pour être sûr que les passeports sont bien enregistrés, passer la douane, etc.

Ermanno : OK. Et en termes de décompte du temps, justement, tu disais, quand tu arrives à Douves, tu peux dormir un peu ou enclencher direct sur la traversée. Là, tu touches les côtes. Après, il faut que tu renages pour aller sur le bateau, te changer vite fait, te réchauffer et puis aller au port et après, enchaîner sur la suite. Le décompte du temps, il est de quel moment à quel moment ?

Géraldine : À partir du moment où tu es sous la Marble Arch et à partir du moment où tu arrives aux Champs-Élysées.

Ermanno : OK. C’est tout.

Géraldine : Tout compte.

Ermanno : OK. Donc, si tu veux faire une séance de… C’est pour l’intermédiaire. C’est compte dedans, quoi.

Géraldine : Ouais. Et nous, on avait choisi de faire deux grosses nuits en plus entre les deux à cause du faux départ.

Ermanno : OK. Faux départ. Il faut que tu reviennes là-dessus, franchement.

Géraldine : On m’a décommandé le… Donc, on avait une date et heure de rendez-vous sous la Marble et j’étais en train de me brosser les dents dans mon hôtel qui était à 400 mètres. On était prêts à partir à une demi-heure près et le téléphone sonne, il y en a un WhatsApp qui tombe et on nous dit « Enduroman,

Géraldine : annulez ». Non, ne rigole pas.

Ermanno : Non, c’est nerveux, c’est nerveux.

Géraldine : Ouais, c’est nerveux, ouais. Ouais, ouais. Voilà. Et pendant quatre jours, enfin, allez, trois jours entiers derrière, on n’a pas su si on partait ou on ne partait pas. C’est dans l’obligation de rester sur le sol anglais parce que sinon, tu perds ton slot, tout ce qui va avec. Et donc là, à temps interminable, pendant trois jours, parqué à Douvres pour savoir si tu pars ou si tu ne pars pas et dans quelles conditions tu pars.

Ermanno : OK. C’est comme quand tu… T’as l’occasion, tu es prête à montrer l’Everest, quoi. Tu es au dernier camp de base et là, tu attends juste que tu aies une fenêtre météo. Qu’est-ce qui a fait que ça a été annulé pour toi ? C’est la météo, justement ?

Géraldine : Ouais. La météo était catastrophique. On est arrivés, donc, le 30 juin à Calais et jusqu’à la fin, on a eu, allez, en moyenne, entre 4 et 12 degrés du vent, de la pluie, de la houle, enfin, un vrai bon mois de juillet, quoi. L’enfer. C’était… Voilà, ils n’avaient jamais vu ça.

Ermanno : Ça a peut-être dû bon au niveau de… Au niveau de la mer, non ? Est-ce que ça… Des températures basses, ça ne maintient pas un certain niveau de température de l’eau ? Ou au contraire, ça partait complètement en sucette ?

Géraldine : Je ne saurais même pas dire parce que moi, quand je nageais à Calais, je n’avais pas froid. Globalement, mon staff avait un peu froid, mais pas plus. Et par contre, quand on s’est mis à l’eau à Douvres, j’ai mon conjoint et Joël qui sont sortis de l’eau en me disant… Et tu voyais que c’était problématique pour eux. Ils n’ont plus 20 minutes et c’était… Donc, je ne suis pas sûre que ça soit aussi aidant que ça.

Ermanno : Justement, toi, tu l’as dit, tu es à La Réunion. Ça fait 10 ans que tu es installée. Comment tu as préparé ça et notamment la nage en eau froide ? Parce qu’à La Réunion, l’eau froide, je ne sais pas si tu en trouves à part dans une baignoire avec des glaçons, non ?

Géraldine : Ben voilà, baignoire avec une glaçon. C’est bien. Tu as très bien résumé. J’ai acheté un ice bath sur lequel on fait des épingles de glace très souvent avec les techniques Wim Hof. C’est la première chose. La deuxième, c’est mon patron de l’époque qui s’appelle Eric. Il nous a amené à faire un team building en Bretagne. Donc, j’ai pu nager au Glénans genre 10 jours avant, tous les jours pendant 3-4 jours, ce qui m’a bien aidée parce que quand tu nages à 14 en maillot, alors ce n’était pas des grands, grands bains, mais ça m’a aidée à acclimater mon corps. Et après, je savais globalement que je n’avais pas le choix. Donc, l’acclimatation mise à part ça, je n’ai rien fait.

Ermanno : J’aimerais bien venir aussi justement sur toute cette partie-là de l’entraînement. Tu l’as dit tout à l’heure, tu ne savais pas vraiment nager quand tu as commencé le triathlon. Donc, quelques années après, tu te lances sur ton projet Enduroman. Tu traverses la manche en 14 heures, donc 14 heures dans l’eau à tourner des bras et à battre un peu des jambes j’imagine.

Ermanno : Mais rapidement là-dessus, comment est-ce que tu apprends à nager ? Comment, enfin, quand je parle d’apprendre à nager vraiment d’un point de vue technique et comment tu en arrives à traverser la manche sur 14 heures ? Enfin, tu n’as pas nager combien par semaine ? Tu avais combien de séances ? C’était quoi ? Elles étaient construites comment tes séances ?

Géraldine : Pareil, il faudrait que tu poses la question à Joël parce que je n’en sais rien. Moi, il me disait nage, je nageais, tu vois. Et puis, j’essayais pas trop l’ouvrir parce que généralement quand tu parles, ce n’est pas bon signe.

Géraldine : Non, je crois que j’ai repris les bases. Les deux premières Ironman que je fais en 2019, donc je fais Port Elisabeth en Afrique du Sud et Vichy, les 3,8 km, je les fais en brasse pour te dire à quel niveau je pars de là. Une fois qu’on s’est dit ça, tout est possible. J’ai réappris à nager et en cours, je me suis inscrite dans un club là où Joël entraînait et je nageais le mardi, le jeudi et le samedi avec les copains, avec des bons nageurs qui savaient nager et au fur et à mesure, j’ai pris en expérience et je me suis fait violence. Il n’y a pas de recette miracle mis à part nager quoi.

Ermanno : C’est ça, il n’y a pas de recette miracle. Mais comme quoi, même quand on est complètement débutant, complètement amateur, même quand on est on peut arriver au bout de beaucoup de choses.

Géraldine : Et c’est ce que je dis à toutes mes copines qui partent et qui me disent ouais mais moi, je ne suis pas capable de courir 5 km. Bah ouais, moi non plus, je n’étais pas capable et regarde, en fait, ça va venir. Exactement. Et si ça se trouve, leur enduro à elle, c’est de faire 10 km sur la prochaine. Tu vois, chacun ses limites, chacun son niveau de départ et puis c’est juste l’intention optimée et la progression qu’il y a derrière.

Ermanno : Et chacun son défi, c’est ce que je disais

Ermanno : à pied pour se lancer des défis, peut-être déjà juste aller à un entraînement de natation, un entraînement de course à pied, un entraînement de vélo, c’est déjà un premier défi et puis un jour boucler un triathlon, même un XS, c’est un défi et puis qui dit peut-être que tu seras piqué par la petite bête et que tu boucleras un Enduroman ou des DK Ironman par exemple.

Ermanno : Il y a un aspect financier aussi à tout ça. Tu l’as préparé sur plusieurs années ton Enduroman. Tu avais tout un staff qui t’accompagnait. Tu as fait un point un peu sur le budget, sur ce que ça représente ?

Géraldine : Alors nous, on part de La Réunion, donc c’est un budget qui est décorrélé complètement parce qu’en plus du budget Enduroman, tu dois rajouter le budget Métropole-Réunion. Là où j’ai eu énormément de chance, c’est que ma société a accepté de prendre en charge l’Enduroman. Emma, on a créé une convention de partenariat pour qu’ils puissent le sponsoriser pendant deux ans et donc ils ont tout pris à leur charge à travers le budget d’avoir le dossard, le staff, la logistique et tout ce qui va avec. Voilà, donc merci La Vache qui rit Réunion parce que sans eux…

Ermanno : D’où La Vache qui rit sur le logo du podcast et je mettrai les liens dans la note de l’épisode pour que tout le monde aille l’écouter d’ailleurs. C’est gentil.

Géraldine : D’où La Petite Vache sur le podcast parce que c’est eux qui ont tout financé à 100 % et grâce à eux, on a pu partir à 5.

Ermanno : Excellent. Bon, du coup, tu ne nous discloses pas, tu ne nous diras pas à peu près combien ça représente comme budget ou tu ne sais même pas finalement ?

Géraldine : Si, si, je sais. On en parle assez librement avec toutes les personnes qu’on a contactées. C’est à peu près 10 000 euros.

Ermanno : Ok. Et ça, ça inclut aussi…

Géraldine : les allers-retours de La Réunion.

Ermanno : Oui, sans compter les allers-retours parce que mine de rien, il faut payer l’inscription, il faut payer les pilotes du bateau, il faut payer la bouffe, il faut payer tout ce qui va autour. Ce n’est pas si énorme que ça 10 000 finalement ?

Géraldine : Je ne suis pas d’accord. 10 000, tu en donnes les deux tiers à l’organisation et après, il faut être malin. C’est-à-dire que les billes d’hôtel, on en parlait souvent avec Séperine Fage qui m’a beaucoup aidée dans l’organisation de l’événement. Et en fait, tu te rends compte qu’il faut être malin dans… Je prends des annulations qui sont possibles jusqu’au dernier moment du last minute. Donc, tu vas boucler pour tes nuits à douvres X nuits que tu décommandes. Mon staff, ils ont dormi en chambres doubles, triples, quadruples par moment pour faire en sorte

Géraldine : que ça vous chiffre beaucoup plus que ça.

Ermanno : Oui. Tu vois, moi, effectivement, 10 000, c’est un chiffre. Mais je comparais avec le budget que j’ai dû mettre sur la préparation et sur la réalisation de mon défi de traverser la France en courant sur 29 jours et puis les trois ans de prépa qui vont autour entre les chaussures, le staff, la nutrition parce que mine de rien, tu ne manges pas deux gels par semaine. Quand tu prépares sur du longue distance, tu manges beaucoup.

Géraldine : Je te parle juste de l’événement en lui-même sur une durée donnée. La prépa, c’est beaucoup plus que ça et c’est une prépa qui est équivalente à un sportif de haut niveau quasiment parce que quand tu t’entoures, c’est des personnes que tu rémunères et forcément, ça commence à chiffrer vite.

Ermanno : Oui. Super. Tu l’as bouclé, cet Enduroman. Quel numéro d’Enduroman es-tu ? C’est le numéro 57. Un numéro que tu vas garder gravé, tu l’as tatoué quelque part chez toi ?

Géraldine : Non, je n’ai qu’un tatouage mais je n’ai pas le numéro 57. Par contre, j’ai les initiales de mon staff sur le bras gauche avec des petits cœurs.

Ermanno : C’est mignon.

Ermanno : Ça fait un sacré nombre d’initiales à mettre, non ?

Géraldine : Ça en fait sept. Oui, je me rappelle. Du coup, tu vois, ils m’ont fait souffrir post-Enduroman.

Ermanno : Justement, une fois que tu arrives à l’arc de triomphe, qu’est-ce qui se passe ?

Géraldine : C’est assez confidentiel comme le départ. C’est Audrey qui le dit très bien dans le podcast. Elle trouve ça décorrélé parce qu’elle a l’habitude en plus avec son mari qui a fait X Iron et ses enfants de grosses arrivées et de gros départs. Elle me dit mais tu pars. Moi, j’ai envie de crier. Non, mais c’est elle. Elle fait l’enduro. Vous ne vous rendez pas compte. Elle va rentrer à Paris. Mais c’est ma copine. C’est la mienne et tout. En fait, les gens s’en foutent. Tu pars au milieu des touristes à Londres qui sont complètement déconcertés de voir des gens habillés et de courir et puis la nuit s’engageant et tu arrives à Paris de la même manière. C’est-à-dire que l’entrée dans Paris, Thomas me l’avait décrite en étant dangereuse mais elle est très dangereuse. Moi, je suis rentrée un vendredi soir heure de pointe où les gens sortaient du bureau. Je crois que j’ai rarement vu mon conjoint et mon kiné autant stressés. Limite, ils me hurlaient dessus. Donc, moi, j’étais morte de rire parce que j’étais à 7 km de l’arrivée et que je savais que j’avais bouclé le truc. Ma copine Elina derrière, elle faisait la teuf avec tout le monde au téléphone. Voilà, il y avait Claire pareil dans la voiture

Géraldine : et il faut quand même faire attention parce que tu as des bus, tu as des pistes cyclables, tu n’as pas mis en travaux, les gens sont complètement inconscients au volant, il faut se le dire aussi. Voilà. Et puis, tu as le critère de il faut que le vélo reste systématiquement à côté de la voiture parce que sinon, tu peux être disqualifié et tu n’as pas trop envie d’être disqualifié à 7 km de l’arrivée. Donc, voilà, là où Claire a été super sympa, c’est que globalement, les deux étaient parisiens au volant et en copilote et elle a vite compris, elle a dit, peu importe,

Géraldine : qu’en plus, on était pendant les JO, donc tout était verrouillé, fermé, tu avais quatre ponts à Paris qui étaient complètement bloqués à la circulation. Donc, elle nous a laissé libre choix de rentrer dans Paris comme on le voulait et en fait, tu arrives au bout des Champs-Élysées et tu arrives dans l’indifférence générale, il faut se le dire quoi. Tout le monde est là, ils sont en train de flâner, ils vont tous boire un verre mais ils ne s’attendent absolument pas à t’accueillir. J’avais deux collègues du bureau qui avaient fait une énorme banderole donc ça gênait tout le monde, ils étaient allés voir la gendarmerie, la police nationale en leur disant j’ai ma copine qui vient de Londres, elle vient de faire ça, est-ce qu’éventuellement je peux ? Donc, il y avait une banderole vache qui rit mais qui faisait 10 mètres sur l’Aix-de-Triomphe avec des gens qui hurlaient. Il y avait des touristes qui hurlaient mon prénom mais ils ne savaient pas qui j’étais. Franchement, l’arrivée magique, très drôle.

Ermanno : Et encore, tu as de la chance parce que tu avais tes potes, ton staff qui était là qui avait un petit peu préparé le terrain,

Ermanno : qui nous dit en fait, tu arrives comme tu pars, c’est-à-dire, il n’y a personne, il y avait ma femme, j’ai fait un câlin, on a fait une photo puis on est parti puis voilà, terminé.

Géraldine : C’est à peu près ça, il a bien résumé.

Ermanno : ‘est-ce qui te reste de tout ça ? Alors, je ne parle pas forcément sportivement parlant mais qu’est-ce que tu ressors de ce projet du voyage et pas de la destination ? Qu’est-ce que tu emmènes avec toi tous les jours dans ta tête après avoir bouclé un défi comme ça ?

Géraldine : Il y a une phrase qui est très importante à mes yeux, c’est que tout est possible et je pense que c’est vraiment ça et c’est pour ça que je te disais au début que j’étais vraiment amoureuse du process pas forcément de la destination parce que moi, je ne pars de rien, je ne suis personne et je ne suis toujours personne d’ailleurs parce que c’est très drôle après l’Enduroman, tu as beau avoir fait l’Enduro, tu travailles le lendemain matin, tu es toujours la même, tu es Géraldine, tu as 41 ans, tu as deux enfants et tu retournes ta fille le lundi matin, tu vois ce que je veux dire, il n’y a rien qui change au final mais je crois que je me suis bluffée sur cette capacité à me dire que je partais de cette dame-là qui venait d’accoucher qui ne savait pas courir 7 km et puis au final, je boucle l’Enduro, je suis la 13e femme, la 4e française et c’est beau, tu vois, de se dire qu’au final, tu n’as pas besoin d’avoir fait du sport depuis que tu as 4 ans pour être bon et performant dans un domaine et puis tu n’as pas besoin d’être forcément très performante pour faire de belles choses non plus,

Géraldine : tu vois, je nagerai jamais, tout le monde me dit mais je ne suis pas nageuse mais je ne serai jamais nageuse, en hermano, je ne serai jamais nageuse, c’est OK, par contre, j’ai traversé la manche,

Ermanno : tu vois. Tu vois, je pense que c’est presque et ça, c’est très égoïste si je dis ça parce que j’ai déjà vécu aussi un truc comme ça mais je pense que c’est presque plus facile quelque part de se confronter à soi-même et d’aller au bout d’un défi comme ça plus que de te retrouver avec 2 000 autres gars et filles sur un Ironman

Ermanno : pour le finir en fait parce que de toute façon, il y a 1 500 gars devant moi alors que là, tu fais ton enduro, oui, tu es à 57, oui, tu en as d’autres qui ont marqué des records, etc., mais tu ne vas pas pour le record, tu vas pour te battre contre toi-même et arriver au bout et je pense que ce que tu en ressors, ce que tu en retires, c’est autrement plus puissant que de passer la ligne d’arrivée d’un triathlon quoi.

Géraldine : Oui, après l’Iron, ça reste un exercice qui est accessible à beaucoup de monde

Géraldine : qui se lancent dans leur premier Ironman cette année et limite, je les envie un peu. Je ne sais pas si tu vois ce que je veux dire mais cette première ferveur de là où tu vas aller chercher cette ligne d’arrivée où tu te dis qu’au début c’est inaccessible et puis au final, tu as fait un Iron, une deuxième. Moi, on a fait à Hawaii avec Elina et on se dit, oui, mais ça ne sera plus jamais pareil. Tu vois ce que je veux dire, ce frémissement du début là, mais putain, ils vont te dire tout ça en jouant. Ah oui, première fois. ‘est aussi excitant je trouve.

Ermanno : Le podcast, ça peut être devenir triathlète. Je finis toujours comme ça en posant la question pour toi, comment est-ce qu’on peut devenir triathlète ? Toi qui as fait du triathlon et qui as bouclé l’Ironman.

Géraldine : Je ne sais pas si tu deviens triathlète un jour. C’est une très bonne question. Je pense que tout le monde peut être triathlète s’il en a envie. Il faut juste mettre l’intention et puis, j’ai envie de te dire, boucle ton premier dossard et tu es triathlète.

Ermanno : Écoute, je valide. Où est-ce qu’on te retrouve ? Où est-ce qu’on continue la discussion ? Parce que finalement, on aura fait un épisode d’une petite heure. Je ne veux pas non plus te prendre la journée même si j’aurais des millions de questions à te poser peut-être aussi parce que le projet du Roman, quelque part, il fait ding-ding chez moi. Mais où est-ce qu’on te contacte ? Où est-ce qu’on continue la discussion ?

Géraldine : Alors, vous pouvez me suivre sur mon Instagram qui s’appelle géraldine18 mais surtout sur la page Team Lavage Kiri Réunion où globalement, on communique avec énormément de sportifs. Depuis trois ans, j’essaie d’accompagner une dizaine de sportifs à l’année à réaliser leurs défis et donc, je les sponsorise via ma marque à La Réunion pour faire en sorte qu’eux aussi puissent atteindre leur Graal.

Ermanno : Excellent. Je ne t’ai pas posé une question que je voulais te poser avant de clôturer mais c’est quoi ton prochain projet du coup pour tomber en du Roman ?

Géraldine : Alors, je n’étais pas sûre de vouloir me relancer dans un projet post-enduro oblige parce que tu as quand même une période après l’enduro qui est un peu voilà, charnière. Tu te demandes ce que tu vas faire, il ne faut pas tomber dans l’autre côté. Je me suis inscrit sur un triple Ironman pour aller tout début juillet voilà, à Colmar en Alsace sur lequel on va essayer d’aller chercher quelque chose de sympa.

Ermanno : Tu dis on parce que là, tu t’engages toujours avec ton staff ou tu as réussi à emmener avec toi d’autres camarades ce triple Ironman ?

Géraldine : Alors, j’ai emmené d’autres camarades mais qui ne sont pas inscrits avec moi sur la ligne de départ, il ne faut pas abuser. J’ai changé de staff volontairement après l’enduro. La page se tourne et j’ai fait un… Le mot « reset » est mal choisi parce que ce n’est pas du tout ça mais j’ai choisi de m’entraîner un peu différemment et donc, apparemment, tu connais un petit peu mon nouveau coach qui s’appelle Christophe.

Ermanno : Je ne vois pas.

Géraldine : Et donc, c’est Christophe qui va m’amener jusqu’à la ligne de départ le 3 juillet prochain. Et voilà.

Ermanno : Christophe, justement, on a enregistré un épisode avec lui qui sera diffusé mardi prochain au moment où on enregistre mais où on est revenu justement sur la partie récupération. J’aurais pu te poser aussi la question de comment est-ce qu’on récupère, comment est-ce qu’on encaisse, comment est-ce qu’on récupère avant, pendant et après l’Enduroman. Mais bon, on se garde ça éventuellement pour un autre moment mais c’est vrai que lui, en termes multiples d’Ironman, il a de la bouteille.

Géraldine : Il a légèrement de la bouteille, oui. Il est impressionnant. Oui, c’est assez impressionnant.

Ermanno : Pourquoi tu as changé de staff ? Pour renouveler, pour faire autre chose parce que tu les as épuisés ?

Géraldine : Un peu de tout ça. Non, je pense que j’avais… La période post-enduro, c’est un peu ce que décrivent les Olympiens. Alors, pas du tout au même niveau parce que c’est leur métier et moi pas du tout mais tu as quand même une espèce de vide derrière où tu te réveilles le lendemain matin et voilà quoi, c’est fini. Qu’est-ce que je fais après ça ? On en avait parlé, on l’avait préparé et je ne m’attendais pas. J’ai pris une grosse, grosse claque dans la gueule post-enduro et donc l’idée, c’était de se remettre le pied à l’étrier et puis, j’ai commencé une prépa qui ne m’allait plus forcément. J’ai envie de changer d’air tout simplement et puis, quatre ans, on le dit souvent, c’est un cycle et c’est une jolie passe qui se tourne.

Ermanno : Bon, écoute, bon courage pour ce prochain défi. Je te rappellerai, on en reparlera pour savoir comment ça s’est passé et puis, ce que vous aurez été cherché. Merci beaucoup Géraldine. Merci beaucoup Hermano. À très vite.

Ermanno : Nickel. On est dedans avec les deux, trois petites coupes parce que des moments, j’ai du mal à parler. Ce sera bon. On sera à une heure.

Géraldine : Incroyable.

Ermanno : Nickel.

Géraldine : Je ne fais pas de bêtises à l’enregistrement. 1h03.

Ermanno : Ouais.

Géraldine : Tu l’envoies par…

Ermanno : Tu peux me l’envoyer par WhatsApp. Ouais. Je t’avais donné mon numéro.

Géraldine : Ouais. Normalement, je l’ai. Tu vas me dire si tu le reçois comme ça en ordre.

Ermanno : Yep. Yep,

Géraldine : yep,

Ermanno : il a de la bouteille lui en multiple d’Ironman.

Géraldine : Ouais. Et puis, c’est quelqu’un de… Je trouve que c’est une très jolie personne, Christophe.

Ermanno : Ouais.

Géraldine : Il est tellement bienveillant. Je ne l’ai jamais rencontré. J’organise un événement solidaire dans 15 jours à mon travail. Moi, je travaille donc à La Réunion, mais aussi sur Mayotte.

Ermanno : Ouais.

Géraldine : La Nouvelle-Calédonie, la Polynésie. Et Mayotte, il y a eu un énorme cyclone qui a été ravageur. Et du coup, on fait un 24 heures pour Mayotte.

Ermanno : Excellent.

Géraldine : Et donc, c’est lui qui va sécuriser l’épreuve et notamment mes 100 kilomètres à pied de nuit dans Paris.

Ermanno : Wow. Finalement, tu n’as pas que un défi d’un triple Ironman. J’ai bien reçu, je te remercie. Absolument. Tiens, j’ai une copine qui revient de La Réunion. Je ne sais pas si tu connais Amélie Garcia.

Ermanno : Ça me parle. Elle a monté Open Sky Moment. C’est une agence d’événementiel et notamment, elle fait des trucs qui sont très forts et là, elle a fait La Réunion juste après le passage du cyclone la semaine dernière. Elle a organisé une journée trail avec Sissy Cusseau. Oui, je vois très bien.

Géraldine : Je savais que c’était ça. OK. Je vois très bien.

Ermanno : Elle était à Mayotte justement. Elle avait prévu de passer trois mois à La Réunion et elle a prolongé en passant par Mayotte pour aller aider les sinistrés et du coup, elle a ramené le cyclone après La Réunion et puis là, elle a ramené tout. Merci. Mais c’est cool

Ermanno : d’avoir des séjours 100 % filles en trail et en triathlon. Justement, ce week-end, il y en avait un qu’elle organisait et j’y suis allé hier. C’était vraiment super sympa d’avoir 12 filles s’éclater, des amatrices comme des filles qui ont déjà fait du triathlon et c’est top.

Géraldine : Top, top, top.

Ermanno : Et comme elle revient de La Réunion, je me suis dit, tiens, peut-être que tu en as entendu parler, peut-être que tu connais. Alors,

Géraldine : Sissy s’est entraînée avec Joël. Donc moi, je l’ai croisée. On avait échangé, etc.

Géraldine : Elle a coupé les ponts. Oui. Joël a un mode de fonctionnement qui est un peu particulier et du coup, ça ne colle pas à 100 % des athlètes.

Ermanno : Oui, ça ne va pas avec tout le monde. Voilà. Christophe aussi, mais après, il est vraiment… Moi, je trouve qu’il est très humain, très empathique. Il est…

Géraldine : Ah, j’ai du mal à comprendre comment tu ne peux pas t’entendre avec Christophe par contre.

Ermanno : Ah non, non, je n’ai pas dit que je ne m’entendais pas. Il avait un mode de fonctionnement aussi assez… Oui,

Ermanno : oui,

Géraldine : Oui, mais dans ce cas-là, il ne faut pas prendre… Si tu n’es pas là pour écouter ce qu’on te dit, il ne faut pas prendre de coach. Tu vois, ça, c’est particulier.

Ermanno : Ça, c’est la question, effectivement. Mais c’est marrant ce que tu racontes sur le coach parce que moi aussi, à la fin de mon défi, déjà, moi, je me suis embrouillé avec mon coach pendant le défi et du coup, j’ai arrêté de bosser avec lui par la force des choses parce que lui ne pouvait plus m’encadrer.

Ermanno : J’avais vraiment envie, besoin de changer, de voir autre chose, de découvrir autrement.

Géraldine : Mais après, moi, il n’a pas forcément bien pris… Après, le faux départ a mis une claque énorme à tout le monde. Moi, je suis toujours restée positive. Moi, j’étais… Enfin, je ne sais pas si tu connais l’académie de haute performance avec la dépolarisation. Donc, c’est une manière de… Voilà, c’est une manière de penser, c’est une manière de faire, etc. Moi, je suis tout le temps restée ultra positive.

Géraldine : au fur et à mesure, ils se sont mis à picoler. Enfin, ce n’est pas méchant. Tu vois, ils avaient besoin de décompresser le pub, etc. Et moi, je n’avais qu’une seule envie, c’était de repartir. Et en fait, on avait échafaudé un plan annexe qui était de nager 12 heures à 12, d’ouvrir, etc. et de rentrer. Et on était en train de faire nos bagages pour mettre en place le plan B en se disant, on rentre à La Réunion quand même avec quelque chose et pas avec l’enduro. Le téléphone sonne et j’ai mon slot.

Géraldine : Mais c’était… Il n’y a que mon conjoint qui est resté de main en disant, mais pas de problème, etc. Mais Joël était trop mal. Il m’a dit à demi-mot, non, mais tu ne vas jamais y arriver, tu n’as pas dormi, tu n’as pas mangé, tu n’as pas machin, c’est mort, nerveusement, tu n’as plus rien. J’ai ma copine, ma meilleure pote qui s’est mise à chialer parce qu’elle m’a dit, on ne va jamais y arriver, ce n’est pas possible. Et tu te dis, bon. Donc oui, collectivement, dans un groupe, c’est compliqué. Et après, l’enduro, je pense que le post-enduro a été très compliqué pour Joël. Très, très compliqué. Et qu’il n’a pas forcément été aussi bien entouré que moi, je l’étais.

Ermanno : Oui. Oui, parce que finalement, c’est une affaire, enfin, c’est un truc qu’on vit tous ensemble.

Géraldine : Ah, c’est une affaire collective. Le lendemain, tout le monde était à cran et tout le monde pleurait tout ce qu’il pouvait. C’était assez particulier.

Ermanno : Moi, pour te dire, je l’ai appelé une semaine après parce que quand je suis arrivé à la fin de ma traversée de la France, il ne trouvait pas la place de Menton. Donc, la place de Menton est quand même bien visible. Il a appelé ma femme pour lui dire, bon, il est où ? Parce que moi, il faut que je remonte au Luxembourg. Donc, elle a été à sa rencontre. Il a pris les affaires, il les a foutues dans la voiture de ma femme et puis, il s’est barré. Et je ne l’ai pas revu après pendant, je ne l’ai pas revu depuis. Mais une semaine après, je l’ai appelé, il a dit, écoute, je ne sais pas, il faut qu’on discute, il faut qu’on crève la piscine, quel est le problème ? Et il m’a dit, non, ce n’était pas assez sportif ton truc, c’était trop facile pour toi. J’ai dit, mais attends, c’est toi le coach, c’est toi qui devrais t’enorgueillir d’avoir fait que c’était trop facile pour moi, tu vois.

Géraldine : C’est compliqué, oui. Oui, oui, oui.

Ermanno : C’est une épreuve pour tout le monde, même pour celui ou celle qui n’est pas sur la route, quoi.

Géraldine : Ah, mais ça, moi, je l’avais tout le temps défendu et tout le monde, mon staff rigolait parce que depuis le départ, je leur disais, c’est notre enduro.

Géraldine : Détends-toi, tu l’entends, elle le dit, elle le verbalise dans les épisodes qui préparent l’enduro. Je leur dis, non, tu vas voir, c’est notre enduro, ce n’est pas le mien. Et arrivée à d’ouvres là, elle me dit, mais tu sais quoi, j’ai réalisé que, ouais, en fait, elle appelle ses parents et c’est son papa qui a été entraîneur pendant très longtemps dans un sport com, qui l’a fait redescendre en lui disant, tu es là et tu es là pour faire exactement machin. Maintenant, tu te mobilises, tu crois qu’elle a besoin

Géraldine : de machin et c’est lui qui l’a remis dans le broche-main et elle était, je découvre des vocaux dans le podcast, notamment le matin où elle se réveille, elle joue le jeu, c’est génial parce que tu as vraiment les émotions et tout, notamment à deux heures du matin à d’ouvres et elle dit dans le micro, je suis défoncée et moi, je suis ultra athlète, mais que dalle, mais je suis nulle, je suis une merde, tu vois, et tu sens qu’ils ont tous pris cher.

Ermanno : Ouais, ouais. En tout cas, c’était un bon moment partagé avec toi. Merci beaucoup, également. Il organisera quelque chose si tu viens en France, il faut qu’on essaye de se voir. Moi, je suis à Toulouse, donc c’est quand même moins loin que la Réunion, donc on devrait y arriver.

Géraldine : Carrément, avec plaisir.

Ermanno : Ça marche. Écoute, merci beaucoup. Est ce que tu aurais une photo pour illustrer tout ça?

Géraldine : Oui, tu veux quoi?

Ermanno : Une photo où on te voit, toi, que ce soit en train de poser ou en plein dans les forts, ça me va aussi. Et puis, c’est pour mettre sur la cover du podcast.

Géraldine : OK, il sort quand?

Ermanno : Il sort. Attends, je vais te le dire. On a déjà tout notre planning.

Géraldine : Est ce qu’elle doit être individuelle, la photo, ou elle peut être avec mon staff? Ça te dérange?

Ermanno : Non, non, ça ne me gêne pas. Alors après, si tu as 10 personnes, ça va être tout. Si tu as les deux, envoie les deux. Puis moi, je t’enverrai ce que les gars ont fait. Tu me diras si ça te va.

Ermanno : Géraldine, ça sort la semaine du, la première semaine d’avril.

Géraldine : OK, normalement,

Ermanno : je te redirai parce que oui,

Ermanno : 11 mars, on a Christophe. Après, il y a la semaine du podcast ou là, c’est des paras que je reçois la semaine d’après le 8 avril parce que le premier, c’est Benjamin Mazet, le DTN de la FF3. Donc, le 8 avril.

Géraldine : OK, ça roule. Je t’envoie ça du coup, une collective et une indiv. Merci. Merci beaucoup.

Ermanno : Merci beaucoup. Et puis bon courage pour tes prochaines épreuves.

Géraldine : Merci. A plus toi aussi. Ciao. Ciao.

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