#434 [INTERVIEW DE PRO] Triathlète pro : Une vie de passion, d’équilibre et de sacrifices avec Quentin Barreau

🎙️ Dans cet épisode, on reçoit Quentin Barreau, un triathlète professionnel multiple champion de France sur triathlon courte distance. Après 11 ans sur ce format, il est désormais en quête de performances sur triathlon longue distance, avec comme point de mire les mondiaux IRONMAN® 2025.

💬 Quentin nous partage son quotidien de triathlète professionnel, rythmé entre entrainements intensifs et compétitions. Il aborde aussi avec nous les thématiques de préparation mentale et de gestion de course, primordiales à un tel niveau de pratique.

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🏃🏼‍♀️ Notre invité :

💬 La transcription de l’épisode

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Ermanno : Salut les sportifs, c’est Ermanno et je suis très heureux de vous recevoir pour un nouvel épisode du podcast Devenir triathlète x OpenTri. Pour m’accompagner dans cette interview, il y a l’ami Charlie d’OpenTri. Salut Charlie !

Charly : Salut Ermanno, salut tout le monde !

Ermanno : Comment ça va Charlie ? Depuis le temps qu’on ne s’est pas parlé.

Charly : Ça va, je suis ravi de recevoir notre invité du jour, j’ai hâte d’en savoir plus. Tout va bien, on commence à reprendre l’entraînement tranquillement, il y a quelques rayons de soleil qui percent derrière la fenêtre, pas mal.

Ermanno : C’est ce que j’appelle des nuages de soleil, tu sais en fait tu as un ciel très nuageux et puis de temps en temps tu as un trou où tu vois un peu de soleil qui passe.

Charly : C’est à peu près ça, ouais.

Ermanno : En même temps, qu’est-ce que tu fais en Bretagne ?

Charly : On a la plus belle région du monde mais il ne faut pas le dire.

Ermanno : Je ne te dirais pas le temps qu’il y a à Toulouse parce que sinon je me tirerais une balle dans le pied parce qu’aujourd’hui c’est un temps breton. Bref, reprenons notre sérieux. Et évidemment, on est très heureux de recevoir notre invité du jour, j’ai nommé Quentin Barraud. Salut Quentin ! Salut, salut Ermanno, salut Charlie, salut tout le monde. Quentin. Quentin, on est super content de te recevoir. Ce que je te propose, c’est la toute première question puisque tu nous demandais comment ça allait se passer. Eh bien, je te laisse te présenter. Dis-nous tout, qui est Quentin Barraud ?

Quentin BARREAU : Quentin Barraud, j’ai 29 ans, je suis triathlète professionnel, je fais du triathlon du moins depuis mes 13 ans. J’ai rapidement intégré le Pôle France et puis une équipe de D1. Et puis, tout s’est enchaîné. Maintenant, je fais du triathlon vraiment professionnel où je ne fais que ça depuis le Covid-19. Je suis passé par le cours, puis maintenant sur le longue distance. Donc, voilà.

Ermanno : Pour revenir rapidement avec toi sur tes faits d’armes, sur ton palmarès, ton pédigré. Peux-tu nous donner un petit peu tes meilleurs souvenirs en triathlon et les places qui y sont associées ? Oula, je n’ai pas mon palmarès.

Quentin BARREAU : Non, non, c’est vrai que je prends les perfs les unes après les autres. Mais j’ai réalisé quelques coupes d’Europe. Étant jeune, derrière, j’ai fait 12 saisons de première division avec principalement des top 20 de manière générale. Et puis, depuis deux ans, je suis passé sur… Enfin, depuis un an même, ça va faire bientôt deux ans. Sur le long distance, ou là, l’année dernière, j’ai fait septième à Varsovie, septième à Mallorque, au Challenge Mallorque. J’ai gagné le Frenchman triathlon à Carcan. Et puis, c’est déjà pas mal.

Ermanno : C’est déjà pas mal. On comprend que… Que la vie… Enfin, tes journées soient bien chargées. L’objectif aujourd’hui, comme je te le disais en off, c’est que les gens qui ne te connaissent pas te découvrent. Et ceux qui te connaissent déjà, et j’espère que c’est le plus grand nombre, eh bien, en apprennent encore plus sur toi. Et puis aussi, peut-être de savoir, justement, comment est-ce qu’on s’entraîne ? Quelle différence ça fait pour toi entre passer du court au long ? Quelle similitude il peut y avoir entre les deux ? Enfin, voilà. Le micro est à toi. Peut-être, justement, sur tes premières années, donc en junior, avant… Dans les catégories jeunes, puis après en junior, puis après en senior, et puis en élite. Comment est-ce que t’as construit ta carrière ? Parce que c’est pas à 13 ans, quand tu commences le triathlon, que tu te dis, moi, je vais être athlète professionnel ?

Quentin BARREAU : Non, ça se passe pas comme ça, c’est vrai. J’ai commencé jeune, simplement, avec les copains. Au lycée, à Partenay. Moi, je suis originaire du 79. Au TC du 79, à l’époque, il y avait une section sportive triathlon. Et c’est vrai qu’avec les copains, moi, je courais beaucoup. Je gagnais tous les crosses. Et j’ai fait quelques triathlons UNSS. Mon principal adversaire jeune, disons qu’il gagnait tous les triathlons régionaux. Et puis, je le battais sur les crosses. Donc, un petit peu trop d’égo. J’ai dit, allez, je me mets au triathlon. Et puis, je vais aller le battre. Et donc, bon, la première année, je me suis fait chambouler. Et puis, bon, la deuxième, voilà, c’était… L’objectif, c’était de le battre. En fait, ça allait plus loin que prévu. C’est que, cette année-là, il y avait les championnats de France. Et en fait, je me suis retrouvé à faire mon premier podium au championnat de France de duathlon. Je fais troisième. Et puis, trois mois après, je fais troisième en triathlon. Puis, trois mois après, je fais troisième en aquathlon. Et puis, avec mon principal adversaire, finalement, il était dans le même club que moi. Et donc, Amoré Lafourcade, pour le citer.

Quentin BARREAU : Et puis, deux autres garçons. Je vais citer aussi Hugo Giraud et Victor Rossart. À quatre, on a vraiment formé un groupe. Un quatuor. Et on a été chercher tous les titres de champion de France, pareil. Donc, après, moi, j’ai évolué. En grandissant, je suis parti au Pôle France à Montpellier. Où là, j’ai vraiment décidé de passer un step et de dire, bon, ben voilà. Certes, l’école, c’est bien. Mais, bon, si je veux aller plus loin, plus haut, il faut avoir des vraies conditions d’entraînement. Et à Partenay, ils ne fournissaient pas ça. La section, c’était effectivement des aménagements. Mais ça restait peut-être de natation, de vélo et de course à pied. Donc, là, je suis arrivé à Montpellier. Je suis arrivé au Crêpes. Tu as quel âge, pardon, Quentin, quand tu es arrivé à Montpellier ? Quand je suis à Montpellier, je suis à 17 ans. 17 ans, je suis parti à Montpellier. Donc, l’année du bac.

Ermanno : Pour la petite histoire, l’année où toi, tu pars à Montpellier pour l’année du bac. Moi, en 97, je demandais à mes parents pour intégrer la section sportive de Partenay. Ah ouais ? D’accord, j’adore. Moi, ça n’a pas marché. C’est pour ça que je suis resté un sportif amateur, au sens noble du terme, évidemment. Mais ça me rappelle des bons souvenirs, Partenay.

Quentin BARREAU : D’accord. C’est vrai que c’était une grosse équipe de triathlons, notamment en D1 à l’époque. Et c’est vrai que tous les ans, il y avait un stage organisé de deux semaines avec tous les titulaires de l’équipe. Donc, à l’époque, il y avait quand même Emma Jackson, il y avait Nikki Samuels, Nancy Sunford. Voilà, que des gros noms, des championnes du monde. Et puis, les voir appartenait, ne serait-ce que deux semaines. C’était beau. C’était pour moi l’occasion de voir ce qu’était le haut niveau. Et ça donnait envie, tout simplement. Donc, voilà, j’ai pris ce parti pris d’aller à Montpellier. Bon, ben là, c’est complètement différent. C’est des cours que le matin. L’après-midi, on s’entraîne. Donc, j’ai pu tripler mon volume en natation. J’ai fait d’énormes progrès. Vélo, course à pied, c’est pas avec le recul des années. Voilà, sur le moment, c’est vrai que je bornais plus. Mais avec le recul, je pense que j’avais mieux à faire. Mais voilà, j’ai continué d’avancer, de me forger. Et je pense que, de toute façon, pour être fort en triathlon, il fallait que je sois fort en natation. Donc, c’était le premier step. Et puis, là, j’ai pu accéder à quelques Coupes d’Europe. Ça s’est bien passé. Je crois que ma meilleure place a dû être cinquième à la Coupe d’Europe de Malmo, qui a été gagnée par Van Riel à l’époque. Donc, une belle rêve. Et puis, voilà, en grandissant, j’ai accédé à la D1 appartenait. Donc, un peu le graal ultime pour moi. Parce que je me suis retrouvé avec des athlètes que j’idolâtrais et qui, finalement, moi, j’étais le petit poussin. Et je me suis fait accompagner par ces personnes-là. Donc, humainement, ça a été vraiment, je pense, la guideline. Et en fait, je pense que c’est un peu la ligne rouge que j’ai suivie toute ma carrière. C’est que j’ai commencé avec les copains. J’ai continué avec des gens que j’idolâtrais et qui sont devenus des copains, tout en gardant mes copains d’avant.

Quentin BARREAU : Après, j’y reviendrai, tu vois. Et puis, voilà. Pour la petite histoire, la dernière année junior, on a refait champion de France par équipe d’aquaclons avec les mêmes copains du début. Donc, la boucle était bouclée. Et là, après, il y a la grande marche. C’est celle d’Espoir et Élite sur Coupe d’Europe. Voilà, face à des Léo Berger, Dorian Coninx, Raphaël Montoya, qui sont des grands noms du triathlon, qui sont tous allés chercher des podiums aux championnats du monde ou même des titres. Voilà, je n’avais pas. Je n’avais pas le même niveau qu’eux. Donc, je n’ai pas pu continuer sur l’international. Par contre, je me suis éclaté sur le Grand Prix. J’ai vraiment fait 12 ans. Avec Montpellier, on est allé chercher le premier podium du club. Deux ans après, finalement, j’ai continué. Je suis parti au sable Vendée. Et là, je me suis retrouvé avec Jawad Abdelmoulin. On a été chercher le premier titre en duathlon. Un podium en triathlon. Donc, voilà, tout s’est bien goupillé. Et puis… Et puis, la petite note sur ma carrière, c’est peut-être là aussi où j’ai appris énormément sur l’entraînement, c’est que j’ai fait une année blanche.

Quentin BARREAU : Malade, le corps qui ne suit pas. Et je pense que c’est l’année où j’ai le plus appris. C’est que c’était… Alors, c’est l’année où je suis parti à Issy-les-Moulineaux. Je dirais il y a trois ans, trois ans, quelque chose comme ça. Et là, j’ai pris cher. J’ai pris cher et j’ai appris que finalement, le triathlon, c’est top. Mais il y a d’autres choses. Et c’est difficile parce qu’il fallait trouver un moyen de relativiser. Quand on met ses tripes, on met toute son énergie, on met tout son argent, il faut le dire aussi, dans une passion. Et que finalement, ça ne paye pas, qu’on a beau tout essayer. J’avais des engagements aussi auprès du club que je n’ai pas tenus. Et que finalement, on voit que la santé, j’avais des palpitations pour rien, comme ça, à l’entraînement. Enfin… Donc là, j’ai compris que finalement, l’entraînement, c’est une chose, mais il y a aussi tout l’équilibre et la santé, le bien-être et prendre les choses avec un petit peu de recul. Donc là, j’ai vachement réfléchi, j’ai adapté. Valentin Deschamps, qui est mon coach, du coup, a été d’une grande aide sur ce moment-là parce que je suis passé par pas mal de coachs, des coachs très militaires, d’autres très humains. Et… Et Val, je pense que c’est aujourd’hui le meilleur équilibre que j’ai trouvé dans tout ça. Donc, j’ai beaucoup appris. On a pris du recul là-dessus. On a fait l’année comme on a pu la faire. Et puis finalement, bon, niveau santé, j’ai la chance que tout soit revenu dans l’ordre. Mais par contre, j’ai compris qu’il fallait construire autre chose, qu’il fallait se stabiliser. Et puis, la dernière année, donc ça a été ma dernière année D1 après, j’ai décidé en fait de passer dans un club où j’avais tous mes copains. Voilà. Tout simplement pour me dire, si au moins je fais une année pas ouf, je vais bien rigoler. Tout simplement. Et donc, finalement, en fait, ça s’est super bien passé. Je suis allé à Aix en Provence et j’ai refait de nouveau des top 20. Donc, voilà, c’était aussi une manière pour moi de me prouver que j’étais encore capable. Et puis, la fin d’année, j’ai dit, bon, écoute, Quentin, t’as fait le tour, t’as fait 12 ans de D1, donc tu passes à autre chose. Je suis passé sur le long distance. J’ai fait un petit test à Royan, comme ça, après une saison de D1, sans trop de préparation. Bon, là, je fais quatrième. Il y a du bien, il y a du mauvais, mais voilà. Donc, j’étais très content. J’en parle au coach. Il me dit, écoute, moi, je pense qu’il y a quelque chose à faire. Bon, bah, les feux, on y va. Et puis là, je suis passé sur un entraînement complètement différent. Là où avant, le cours de distance, c’est vrai que pour moi, c’était être très, très fort en natation, être très, très fort en course à pied. Et finalement, sur le vélo, faire en sorte d’être très fort sur des relances ou des pics à PMA. Là, on switch complet. J’ai délaissé un peu la natation. On va beaucoup moins haut sur des allures en course à pied. Et par contre, il a fallu apprendre à rouler, tout simplement. Donc là, l’entraînement était complètement déséquilibré par rapport à ce que j’avais l’habitude de faire. On est passé vraiment sur quelque chose où je suis allé faire des semaines à 17, 18, 19 heures de vélo pour essayer de contrecarrer tout ça. Donc voilà, aujourd’hui, je suis full longue distance. Je suis plus dans cette façon de faire. Bien que je fais un peu moins de vélo que j’ai pu faire la première année parce que j’ai progressé, on va dire ça. Donc maintenant, je peux rééquilibrer et on construit d’autres steps. Je pense, en fait, c’est ça aussi, l’énergie que m’insuffle Val, c’est que step by step et à chaque projet, à sa pyramide. Le cours de distance, on l’a fait. Je l’ai fait avec énormément, avec plusieurs entraîneurs, quatre au total. Et j’ai construit les plots, la natation d’abord, avec des bases solides. Et puis finalement, la course à pied, après, avec des bases solides. Puis un coach qui a réussi à faire les trois d’un coup. Et puis les dernières années, je suis passé avec Val. Et puis là, sur le long distance, Val, il a vraiment 100% la mainmise, en fait. Et il construit la pyramide du début à la fin. Donc c’est plutôt intéressant aussi.

Charly : Est-ce que ce passage sur longue distance, c’est un truc que tu avais tout de même en tête quand tu faisais de la courte distance, tu savais qu’un jour, t’allais passer sur ce format-là ? Ou est-ce que c’est plus, j’allais dire, la lassitude, peut-être telle que tu l’évoques, d’avoir fait le tour sur courte distance qui t’a amené par là ?

Quentin BARREAU : Alors jamais, vraiment jamais. Quand je faisais du Grand Prix, faire 20 kilomètres sans drafting, c’était le bout du monde. Mais vraiment, psychologiquement, j’avais le sentiment que j’étais un fou, quoi. Quand je faisais 20 kilomètres sans drafting, parce que j’avais tellement pas l’habitude de travailler cet effort-là. Moi, j’étais plus un roublard sur de courtes distances. C’est vraiment que, moi, dans ma tête, il fallait nager fort, courir fort, et puis à vélo, subir le moins possible, certes, mais je ne m’étais jamais le nez devant. Et en fait, c’est venu petit à petit, peut-être aussi le fait de s’entraîner aussi avec des gens qui font un peu plus de longue distance. Avec Valentin, ça a été le coach de Clément Mignon. C’est le coach de Casimir Moine, ils sont, eux, portés sur de longues distances. Et le fait d’être avec eux, forcément, j’ai peut-être appris aussi à m’entraîner à vélo, à aimer le vélo en tant que tel, à aimer le chrono, surtout. Je pense que c’est très spécifique, le vélo de chrono. Donc non, ce n’était vraiment pas un choix à la base. Pour moi, j’allais arrêter sur le court de distance et puis basta. Mais finalement, ça a été une super découverte et je pense que c’est vraiment ce qui me nourrit dans ce projet, c’est que j’apprends tous les jours. Et…

Quentin BARREAU : Finalement, on ne peut pas rêver mieux quand on fait un projet comme ça.

Charly : Et tu estimes que tu en es où aujourd’hui ?

Ermanno : Enfin, quand même, il y a deux choses sur lesquelles il faudra qu’on rebondisse. Un, c’est l’équilibre, parce que moi, c’est un truc qui m’anime énormément. Et je pense que c’est important parce que tu en as parlé plusieurs fois. Et deux, je le rappelle, avant de te lancer sur de longues distances, tu as fait 12 saisons de D1. La longévité, c’est quand même un truc de dingue chez toi. Excuse-moi, Charlie, je t’ai coupé, mais je voulais mettre en avant ces deux points sur lesquels il faudra qu’on revienne. Oui, c’est sûr. On en reparlera.

Charly : Ouais, je voulais juste, sur cette longue distance, te demander où est-ce que tu en es dans ton apprentissage. Là, ça fait un peu plus d’un an que tu es passé sur ce format-là. Tu estimes… Et d’ailleurs, tu as déjà des beaux résultats à ce niveau. Tu estimes que tu en es où dans ton apprentissage du longue distance ?

Quentin BARREAU : Ouais, je ne peux pas te donner un pourcentage. Je me considère encore comme un débutant. Déjà parce que je ne fais que du 70.3. Donc, on parle de… Pour moi, selon les parcours, entre 3h40 et 4h d’effort. Donc, déjà, je suis un petit rookie par rapport à des gars qui font vraiment du full. J’essaye aussi de régler encore plein de problèmes, l’alimentation, l’hydratation, vraiment une position efficiente en vélo avec aussi tout ce qui est aérodynamisme. Donc, je pense qu’en fait, j’ai cette chance d’arriver du court de distance. Donc, j’ai déjà énormément d’acquis, sur la natation et sur la course à pied. Mais j’ai énormément à apprendre sur toute la gestion de course en elle-même, sur mon niveau vélo qui n’est pas encore au niveau des meilleurs. Et voilà tout ce qui est en fait les petits points pour aller me perfectionner sur cette distance.

Ermanno : Ce qui est excellent parce que tu le dis, tu ne fais pour l’instant que du Alpha Ironman. Donc, en vélo, c’est 90 km et ça te semble une montagne.

Quentin BARREAU : J’ai appris. En fait, j’ai appris à le… à le désacraliser. L’année avant de passer sur longue distance, donc vraiment l’hiver entre ma dernière année courte distance et ma première saison longue, j’ai dit au coach, je lui dis écoute, quatre heures d’effort, ça me paraît mais dingue. Écoute, je te propose un truc. On va voir ce que ça donne.

Ermanno : J’aimerais bien aller faire la Sainte-Express. La Sainte-Express, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un trail qui fait partie de la Saint-Élion, sauf que la Sainte-Élion, c’est de Saint-Étienne jusqu’à Lyon. Et la Sainte-Express, elle est un petit peu plus courte.

Quentin BARREAU : C’est ça, on parle de Sainte-Catherine. Et du coup, il n’y a qu’entre guillemets 44 km. Mais ça se passe de nuit. Et cette course, elle est réputée pour à chaque fois avoir des conditions dantesques. Moi, au départ, déjà, ils ont retardé le départ où on était dans le sas de une heure. Il faisait moins six, donc avec de la neige. Et je lui dis écoute, moi, j’ai envie de désacraliser ce 20 km et ces quatre heures. Donc, ce que je te propose, c’est qu’on va faire ça. Et puis voilà, une fois que je l’aurai fait, en fait, quand tu as fait 45 bornes dans la nuit, faire 20 bornes à bloc, c’est facile. Ou faire quatre heures sur un triathlon, un truc que je maîtrise à 100 %.

Ermanno : Toi, tu es le genre de mec, quand toute ta saison d’entraînement, enfin tout ton foncier hivernal, tu cours avec des poids sur les chevilles pour te dire qu’à l’été, tu vas pouvoir t’envoler, c’est ça ?

Quentin BARREAU : Non, pas totalement. Mais en fait, j’avais besoin de me rassurer sur ce nouveau projet. Et puis, je pense que le fait d’être passé de 12 ans à faire la même chose, j’avais envie de découvrir un autre truc. Le trail, ça m’intéresse même d’une manière générale pour plus tard. Alors, je n’en ferai pas forcément du haut niveau, mais c’est un truc qui m’attirerait. Et je me suis dit pourquoi pas lier les deux ? Je pense que ça peut être complémentaire. L’intérêt de cet hiver-là, si je voulais passer sur longue distance, c’est avant tout gagner de la caisse et pouvoir passer des efforts comme ça aussi durs et aussi aller tester mon mental parce que mine de rien, c’est des efforts qui ne sont pas très, très drôles. Et en fait, j’ai passé vraiment, j’ai très stressé avant cette course. Et en fait, je redoutais une seule chose, c’était de mal le vivre. Et je ne pouvais pas passer une pire expérience que celle-ci. Dès le début, au bout de 1,5 km, j’avais le mollet qui me tirait. J’avais mal parce que je pense que c’était du haut froid. J’ai dû m’arrêter marcher 5 minutes. Derrière, je suis reparti. Je me suis retrouvé entre deux groupes. J’ai fait 30 bornes tout seul dans le noir. À une heure et demie du match, je suis là, mais qu’est-ce que tu fais là ? Mais qu’est-ce que tu fais là ? Je ne comprenais pas. Le corps et la tête ne répondait pas comme je le souhaitais. Et puis, c’est simple. En fait, à 5 km de l’arrivée, bon, là, il commence à y avoir de la vie. Ça touche à sa fin. Et en fait, nerveusement, je pleurais tout seul. Et donc, à la fois, ça me faisait rire, mais mes yeux pleuraient tout seul. Et bon, si ça intéresse les gens, ils peuvent aller voir sur mon Instagram. Il y a un petit réel. Et que ma copine a fait. Et on me voit à l’arrivée, mais décomposé au bout du rouleau. Vraiment au bout du rouleau. Et là, j’ai fait OK. Bon, il m’a fallu 2-3 jours pour me dire, allez, il faut digérer le truc. Comme on est tous un peu sadomaso, au bout de 2-3 jours, on se dit, je leur ferai bien l’an prochain.

Ermanno : T’es limite sadomaso. Parce qu’il y en a quand même, c’est jusqu’à la ligne d’arrivée, ils se demandent ce qu’ils foutent là. Et puis, ils passent un pied. Et avant de passer le deuxième, ils disent, allez, je re-signe pour l’année prochaine. Toi, il t’a fallu 2-3 jours quand même.

Quentin BARREAU : Oui, c’est ça. Je suis fou, mais des fois, il faut quand même que je réfléchisse un peu. Et puis, ça a été une sacrée expérience. Et en fait, je suis sorti de là et je me suis dit, attends, en fait, un half, ça ne doit pas être si dur. J’avais fait Royan juste avant, justement, en test. Ça avait été facile à côté. Donc, je me suis dit, en fait, vas-y, tente le coup, entraîne-toi. Si tu as l’entraînement adéquat, tu vas gérer. Donc, vas-y, fais-toi plaisir. Et puis, en fait, ça a été un déclic psychologique. Le premier half que j’ai fait à Valencia, après cette préparation hivernale, j’ai eu du mal à démarrer, un petit diesel. Mais par contre, quand j’ai posé le vélo, le 21 kilomètres, je suis parti tout chousse. Et puis, finalement, j’ai craqué au bout des deux derniers kilomètres, mais par manque d’expérience. Et je me suis dit, OK, bon, l’apprentissage, il rentre. Et maintenant, on va voir. Comment se gère une récupération ? Comment je vais pouvoir les enchaîner ? Et qu’est-ce qui manque pour la suite ?

Charly : Juste pour replacer temporairement les choses. Alors, quand tu fais le passage de courte à longue distance, dont a priori, tu n’étais pas sûr de t’y engager à fond. Là, tu es déjà pro à ce moment-là. Tu ne fais déjà que ça de tes journées. Il y a une petite dose de risque, non ? En se disant, peut-être que je vais tenter l’aventure sur long, mais je n’en suis pas absolument certain. Comment tu gères ce truc-là ? Parce qu’il y a la problématique financière dont on a déjà discuté avec des centaines d’invités ici,

Charly : des pros longue distance en France sur lesquels ce n’est pas toujours évident. Comment tu gères ce truc-là, ce risque-là, entre guillemets ?

Quentin BARREAU : Très sincèrement, on ne le gère pas.

Quentin BARREAU : Non, mais je vais partir un peu dans ma tête, là. Mais je parlais dans le cours de distance, donc l’année où j’ai fait blanc, avant de faire une dernière année pour me prouver à moi-même, que j’étais capable, cette année-là, faire une année blanche, j’ai perdu tous mes contrats. J’ai perdu mon fixe que j’avais avec ICD Moïno. Je me suis engagé dans un club à Aix, où j’avais zéro euro de côté, parce que je n’avais plus de revenus, tout simplement. Donc, j’ai tapé dans mes caisses et j’ai vidé mes caisses sur l’année. Heureusement, j’ai fait des primes qui m’ont permis d’avancer et de pouvoir continuer l’année. Mais je suis parti à blanc. Et, en fait, quand j’ai commencé à me lancer dans le long de distance, j’avais fait ce test à Royan, et j’ai eu la chance de trouver le club de Monaco, avec Denis Vatrin, qui m’a dit, « Écoute, nous, Quentin, on a vu tes résultats à Royan. On avait deux athlètes là-bas, il se trouve que tu les as battus.

Quentin BARREAU : On a envie de te faire confiance. Si tu te sens à même de faire le projet, on va t’aider. » Donc, ils m’ont aidé à la hauteur d’un débutant, mais ils m’ont quand même donné ma chance. Et donc là, financièrement, la problématique, c’est de se dire, « Eux, ils me donnent ma chance, mais il faut trouver autre chose. Il y a quand même un vélo de chrono à 10 000 balles à financer. Il y a le loyer à payer aussi. » Donc là, en fait, c’est un truc que je ne connaissais pas, parce que sur le court de distance, en fait, ça fonctionne comme les teams en vélo. On a les sponsors globalement du club, et puis on est tout fourni. Et puis voilà, maintenant, tu n’as plus qu’à aller t’entraîner. Donc, il a fallu se structurer et se dire, « Comment je vais chercher mon matos ? » J’ai cherché énormément de partenaires. Ça n’a pas forcément marché. Envoyer des mails, c’est très compliqué. Une fois sur deux, on se fait jeter. Au bout de 200 mails de refus. « Sur deux », ça veut dire que les mecs, ils lisent déjà ton mail. Moi, j’en rédige déjà. Ouais, ouais. Non, mais voilà. Je suis autre. Mais je suis un garçon optimiste, on va dire. Donc, en fait, après, derrière, j’ai essayé de faire marcher mon réseau. Juliette Duquesne, qui est ma copine, à l’époque, elle bossait pour Triathlon Store. Elle leur a dit, « Écoutez, bon, certes, c’est mon copain, mais je pense qu’il y a quelque chose à faire. Est-ce que vous seriez OK pour le rencontrer et potentiellement pour l’aider sur la partie matos ? » On s’est rencontrés, ça a matché. Ils m’ont dit, « Écoute, Quentin, nous, ce qu’on va faire, c’est que sur la partie matérielle, on va t’accompagner de A à Z. » Bon, déjà, sur la partie financière, ça fait une sacrée case de cocher. Donc, je pars avec ça en poche. J’ai l’AS Monaco qui m’aide aussi un peu. Et puis, c’est là que j’ai eu la bonne surprise. Tout à l’heure, je parlais de Amaury Lafourcade, qui était mon premier adversaire. Eh bien, il se trouve qu’aujourd’hui, c’est mon premier partenaire. C’est assez drôle, la vie, mais aujourd’hui, le groupe Lafourcade, ils m’ont proposé, ils m’ont dit, « Écoute, nous, Quentin, on va t’accompagner. » On t’a vu aussi, pour le coup, il m’avait vu à Royan. Il m’a dit, « Nous, l’objectif, c’est de te soutenir. On y croit. Donc, on va t’accompagner. » Bon, super, allez, un de plus dans l’équipe. Et en fait, je crois que c’est comme ça que ça s’est construit. Au fur et à mesure, c’est que dans mon équipe, il y a aujourd’hui, et je parle bien d’équipe, c’est qu’il n’y a que des gens qui ont envie d’avancer avec moi. Et c’est ça qui est top. C’est qu’on n’est pas là pour se dire, « Vas-y, tu fais un chèque et puis tu mets mon nom sur ton maillot. » J’ai vraiment des gens qui prennent de mes nouvelles toutes les semaines ou toutes les deux semaines, qui cherchent avant tout le fait que j’aille bien. Ils ne sont pas dans le « On attend que tu brilles. » Ils sont dans le « Est-ce que ton cadre de vie te plaît aujourd’hui ? Est-ce que tu as ce qu’il faut pour t’entraîner et pour ne pas galérer ? » Ça n’empêche que je ne roule pas sur l’or. Aujourd’hui, je paye tout juste mes factures. L’année dernière, j’ai failli arrêter en fin d’année parce que finir l’année à zéro, c’est très compliqué. Voire même l’année dernière, malgré toutes ces aides, j’avais une visu globalement à trois mois de loyer. Tous les trois mois, on se fait un point et on se dit comment on finit l’année. Heureusement, ça a marché. J’ai pu aller chercher des primes à droite et gauche. Cette année, on continue de construire. On a le groupe Activa, qui était déjà à la base un sponsor de Monaco, qui m’a dit, « Nous aussi, on voit ta progression et on a aussi envie de t’aider. » Donc eux aussi, on a fait l’annonce hier, donc c’est génial. C’est aussi pareil, des gens qui m’aident au quotidien, que je vais plusieurs fois voir sur Nice. Moi, j’habite Saint-Raphaël, donc finalement, c’est à côté. Donc, il y a quelque chose d’humain qui se construit autour de tout ce projet.

Ermanno : C’est excellent. Je pense que certains se disent, « Quentin, il a eu de la chance. » J’aimerais juste relativiser. Ce n’est pas que tu as eu de la chance, c’est que déjà, cette situation, tu as été la chercher. Tu l’as dit, tu as gagné. Enfin, tu n’as pas gagné, mais tu as fait un super résultat à Royan. Ce n’est pas venu de nulle part. Donc, tu as provoqué tout ça et finalement, tu en récoltes les fruits de ce que des petites graines que tu as déjà commencé à…

Quentin BARREAU : Quand tu parles de chance, tu parles de quoi ? Des résultats, des partenaires ?

Ermanno : Oui, je parle des partenaires, mais je voulais relativiser. Pour moi, ce n’est pas de la chance, c’est vraiment du travail que tu as mené ces dernières années et à commencer par cette première course à Royan où ça a bien marché pour toi parce que c’était le fruit de ce que tu avais déjà construit ces 15 dernières années. Oui.

Quentin BARREAU : Moi, je ne dirais pas que j’ai de la chance. Je n’ai pas trop envie de parler des autres, mais il y en a qui ont des contrats à l’armée un petit peu comme ça. Il y en a qui ont des parents qui sont déjà dans le business ou qui ont énormément d’argent et en fait, il n’y a pas de question à se poser. Tout est payé, tout est fait et puis voilà, on dort sur nos deux oreilles. Voilà. Moi, j’en parle très bien aujourd’hui, mais il y a des moments quand on a 500, 600 euros pour vivre sur le moins, on serre les fesses, on va à l’entraînement, on n’est pas serein. Peut-être que par contre, j’ai la chance d’avoir un entourage qui est très bienveillant et des amitiés avec des gens qui ont des valeurs qui me ressemblent. Mais oui, effectivement, tout ça, j’ai essayé de le construire et ça reste difficile aujourd’hui parce que quand je dis que je prends des refus, j’en prends encore tout le temps. Je ne suis pas une superstar à signer des chèques de 50, 100 000 euros. Ça reste des aides à taille humaine qui font qu’aujourd’hui, je m’estime toujours, j’ai toujours de la chance, je vis de ma passion, je ne vais pas me plaindre. Mais voilà, je compte toujours. Je ne suis plus à 500 euros, mais je paye mon loyer, je paye mes courses et il ne me reste rien derrière. Je ne pars pas en vacances.

Ermanno : Écoute, on parlait de résilience rapidement tout à l’heure. Moi, je te félicite parce que franchement, il faut en avoir et il faut le vouloir. Bravo. Merci. Justement, sur ce nouveau Quentin plutôt orienté longue distance, comment tu te prépares maintenant ? Parce que tu nous l’as dit, la première année, tu as beaucoup roulé. Est-ce que maintenant, tu trouves un équilibre entre la natation, le vélo et la course à pied ? Est-ce que tu mets toujours l’accent sur l’une ou l’autre des disciplines ? Comment tu travailles tout ça ? Tiens, question complémentaire, est-ce que tu travailles aussi les transitions ? Parce qu’autant c’est super important en courte distance, il faut changer vite, autant en moyenne longue distance, on rentre aussi dans un autre parcours. Dans un autre paradigme où il faut effectivement aller vite, mais il faut profiter aussi de ce temps pour récupérer et puis tu ne peux pas te changer sur du long comme tu te changes sur du court. Partir pieds nus sur du court, c’est faisable. Partir pieds nus sur du long, ça paraît plus difficile. Oui.

Quentin BARREAU : Alors, j’ai oublié ta première question. Je vais juste rebondir sur les transitions du coup. Ah si, sur l’entraînement, pardon. Juste sur les transitions, c’est quelque chose que je fais depuis que je suis tout jeune. Donc, jeune même, il y avait un champ de foire, un marché au baissier, qui appartenait. Je prenais mon balai pour nettoyer un petit peu le bitume et puis je m’entraînais tout seul le mercredi après-midi et je faisais mon truc. Aujourd’hui, ça fait 20 ans que je fais ça. Les transitions, mettre un casque, aller super vite, je connais. Maintenant, là où j’apprends, c’est sur des petits trucs. Par exemple, pour partir en course à pied, on part avec des gels, on part avec des lunettes, on part avec une montre. Et tout ça, on a deux solutions. C’est une technique d’Yvan Jarige. Donc, je la donne au public. C’est d’avoir, de tout mettre dans un petit sac de congélation. Et en fait, ce qui fait qu’on arrive à la transition, on met ses chaussettes, ses chaussures et en fait, après, on part avec son sac de congélation. Et déjà, le temps, sinon, sinon, on prend nos gels, on les met, on prend nos lunettes, on les met, on met la montre. Et en fait, déjà, on perd à 25 secondes. Donc, 25 secondes derrière, sur un semi, c’est une seconde 50. Bon, ça paraît rien comme ça, mais en fait, il faut aller la chercher, la seconde. Donc voilà, petite astuce pour gagner 25 secondes, c’est de faire ça. Voilà. Merci Yvan.

Ermanno : Ça permet aussi de partir peut-être sur un rythme pas trop élevé. Parce qu’il faut que tu ailles être concentré pour ouvrir ton sac, pour mettre tes gels, pour mettre tes lunettes, pour mettre tes trucs. Donc, tu pars pas tout de suite à 3-0 du kilo sur le premier kilomètre.

Quentin BARREAU : Ouais, c’est ça. En fait, il y a aussi cette notion de rester avec le groupe. Et en fait, si on perd trop de temps à la transition, ça a beau être du longue distance, la dynamique, elle fait toujours qu’on est plus ou moins à l’aise. Et en fait, si on prend trop de temps à la transition, il y a deux types de personnes. Il y a ceux qui vont la passer super vite. Et en fait, effectivement, ils peuvent se dire je pars un peu plus lentement, j’attends que les gars reviennent. Et puis, ça me fait un temps pour souffler quand même entre deux sports. Je réattaque tranquille, je mets pas mon corps en PLS dès le début. Ou comme moi, j’ai fait au début, c’est en fait prendre trop de temps à la transition, faire ces petites erreurs. Et puis finalement, en fait, on sort 15, 20 secondes derrière les autres. Et psychologiquement, en fait, on part à fond pour rentrer sur les autres. Sauf qu’en fait, moi, ça m’est arrivé les trois premiers. Globalement, je partais en 3,04, 3,05, le premier kilo. Mais ça va trop vite. Ça va trop vite. Et au bout de trois bandes, le corps, il te dit mon coco, tu as fait 90 bandes de vélo avant. Allez, une petite crampe par-ci, une petite crampe par-là. Et puis, en fait, on vit beaucoup moins bien la course. Et en plus, derrière, on a besoin au deuxième kilomètre d’avoir un temps pour souffler, refaire tomber le cardio, etc. Donc non, les transitions, je ne dirais pas qu’aujourd’hui, je les travaille tous les jours, mais je cherche à optimiser comment je peux mieux mettre ma combi dans la poche parce que c’est vraiment, il faut le dire, c’est une galère quand elle est dépliée qu’il faut mettre dedans. Voilà comment je peux partir en course à pied avec un peu d’avance sur les autres, etc. Sur la partie entraînement, c’est vrai que ce que je disais tout à l’heure, c’est que le premier hiver, on s’est dit en fait, ton gros problème déjà, Quentin, c’est d’avoir un foncier qui est stable, qui est ancré en toi. Et donc, on s’est dit, ben voilà, ce que tu fais, c’est qu’il va falloir faire des heures sur le vélo, apprendre à aimer ça. Et voilà, donc en fait, j’ai complètement délaissé la natation cette année-là. Par contre, je ne faisais que faire du vélo, faire du vélo et courir, mais beaucoup faire du vélo parce qu’on voulait un volume horaire qui était assez gros, une trentaine d’heures, avec des sorties où voilà, j’allais rouler régulièrement entre 4 et 7 heures parce que je suis monté à peut-être 20 heures de vélo dans la semaine. Bon, on ne peut pas être partout. Ce premier bloc, il est essentiel d’une manière générale parce que si on veut passer des courses de 4 à 8 heures, il faut pouvoir l’avoir fait un petit peu dans sa vie. Et moi, personnellement, je l’avais déjà fait auparavant, mais sur la partie course à pied, à faire des hivers avec 15, 16 semaines d’affilée à rentrer, entre 100 et 150 km par semaine pour pouvoir ancrer une force musculaire sur la partie course à pied qui fait que ça me permet d’avoir maintenant une foulée un peu plus économique et quelque chose d’un peu plus naturel. Cet hiver, c’est complètement différent. On a complètement rééquilibré. Le fait d’avoir négligé la natation, j’ai pris cher sur toutes les courses. S’il fait que je suis sorti au début du vélo, j’étais déjà en hypoxie dans le dur et finalement, quand ça part fort, je ne pouvais pas suivre. En fait, à vélo et en course à pied, on est parti sur un volume horaire qui n’est pas extraordinaire aujourd’hui. De manière générale, sur une semaine, je m’entraîne entre 20 et 24 heures. Certes, pour le commun des mortels, c’est beaucoup, mais pour des athlètes professionnels, globalement, c’est plus entre 25 et 35. Par contre, je prends cher quasiment tous les jours. On a fait un premier cycle qui s’est terminé fin janvier. Je passais entre 3 et 4 fois semaine sur le home trainer et globalement, sur home trainer, je poussais, je poussais des watts. Donc, c’est certainement ça qu’on a changé. C’est de se dire, maintenant que le bloc, il est ancré en toit, tu as une caisse. Maintenant, il faut apprendre à pousser des watts et à les maintenir un certain temps. Je pense qu’aujourd’hui, je n’ai pas les termes spécifiques, mais on cherche à élever le niveau sur mes allures Alpha et Runman d’une manière générale. En course à pied, c’est pareil. L’objectif serait de courir 3.20. Concrètement, l’année dernière, j’ai fait zéro séance à 3.20. Soit j’allais courir à 3.05, soit je courrais à 3.30. Aujourd’hui, c’est quelque chose qu’on travaille énormément. C’est de se dire, maintenant, il faut trouver la même foulée, la même décontraction quand je courrais à 3.27, 3.30 sur 3.20. Pour ça, il faut aller le chercher. On essaye de passer du temps à cette allure-là.

Ermanno : En course à pied, comme en vélo, l’année dernière, pas cette année, est-ce que tu fais de la surdistance ? Tu disais que tu préparais une saison de half et que tu faisais 6-7 heures de sortie vélo. Même si je ne suis pas très bon en maths, ça fait quand même un peu plus que 90 bornes. En course à pied, est-ce que tu fais pareil ? Tu fais de la surdistance ? Tu fais plus de 20 bornes quand tu sors ou tu restes dans des distances autour du semis ?

Quentin BARREAU : Ça dépend des semaines. Je vais avoir des semaines où finalement, je vais faire énormément de 15, 16, 17 kilomètres qui sont autour. Mais par contre, je vais le répéter plusieurs fois dans la semaine. Et puis, j’ai des semaines où finalement, l’année dernière par exemple, la semaine en elle-même, elle n’était pas très compliquée, beaucoup de petits footings. Par contre, le dimanche, j’avais un 30 bornes, un 30 bornes SV1. Donc globalement, 2 heures, c’était assez vallonné. Donc ça a dû faire 2 heures à un peu plus de 15 à l’heure. Vallonné, pour le coup. Ce qu’on voulait, c’est qu’il y ait des montées et des descentes pour pouvoir casser la fibre au maximum. Et aussi, bosser à ce qui est changement de rythme. Donc pouvoir se concentrer sur le souffle, pouvoir gérer sa respiration. Et ça, c’est aussi important de pouvoir, de savoir le faire parce que finalement, en course, il y a des moments où ce n’est pas nous qui menons le rythme et il faut réussir à calmer tout ça.

Ermanno : Excellent. Derrière Saint-Raph, ça va, il y a ce qu’il faut. Je me souviens que la dernière étape de mon défi, c’était Saint-Raph-Cannes en passant par l’Esterel. En termes de vallonné, il y a ce qu’il faut.

Quentin BARREAU : Oui, oui.

Quentin BARREAU : La dernière, et c’est peut-être le souci de mes dernières années, mais moi, à l’époque, je vivais à Poitiers jusqu’à fin 2023.

Quentin BARREAU : Je vivais sur Poitiers. J’ai fait beaucoup Montpellier. J’ai vécu neuf ans à Montpellier. Et puis, à un moment, un petit ras-le-bol, un besoin de retour aux sources. Et je suis allé m’installer un an et demi à Poitiers. J’ai construit une stabilité là-bas. J’avais mes copains, j’avais ma famille. Le coach n’était pas loin. Et là, j’ai rencontré ma copine. Et l’amour fait que j’ai déménagé à Poitiers. Donc, fin d’année 2023. Derrière, je suis parti, en fait, direct. Elle, elle travaillait donc là-bas. Et puis, je suis parti directement. J’ai eu un stage de deux semaines en décembre. Et je suis revenu en janvier. Je lui dis, écoute, moi, j’ai un problème. C’est que là, à Poitiers, il ne fait que pleuvoir. Donc,

Quentin BARREAU : j’ai fait deux mois à Montpellier et je vais m’entraîner deux mois à Montpellier pour faire mon bloc hivernal. Et comme j’avais, j’avais mes, j’avais mes repères. J’ai vécu neuf ans là-bas. J’avais mes copains aussi. Voilà, j’avais besoin de, besoin de me structurer là-bas. Et puis, au bout de deux mois, on est remonté et elle m’annonce qu’elle a posé sa démission. Bon, OK, OK, super. Elle veut monter sa boîte. C’est génial. Donc, du coup, on fait le, on fait le parti pris de descendre. Ses parents avaient un studio à Pérol en Provence. C’est où il y a le 73 de Hex, de Hex en Provence. Donc, on est allé se poser là-bas et globalement, bon, l’année, on a fait donc trois mois là-bas, un mois en Brun, deux mois là-bas. Entre temps, tu pars en cours en compétition globalement tous les quinze jours aux quatre coins de l’Europe. Pouah, le bordel. Fin d’année, j’ai été rincé et du coup, le, on s’est posé à la fin de, la fin d’année dernière avec le coach. Je me suis posé avec Jus. Bon, là, il y a un gros problème. C’est notre stabilité. C’est le bordel. On ne peut pas vivre dans les valises comme ça et c’est hyper anxiogène et avec question financière aussi. Donc, tout ça, c’était compliqué. Et puis, même nous, pour nous construire en tant que couple et chacun en tant qu’humain, c’est très compliqué. Donc, là, on a décidé,

Quentin BARREAU : il y a deux, mais qui permettaient aussi de s’entraîner et elle de lancer sa boîte. Donc, c’est pour ça qu’on est aujourd’hui à Saint-Raphaël où finalement, en fait, il y a tout ce qu’il faut pour s’entraîner. Moi, je voulais pas retourner à Montpellier. Donc, là, on a commencé à construire notre socle et finalement, en fait, c’est le meilleur choix qu’on ait fait parce que elle a son cercle d’amis. Moi, j’ai le mien.

Quentin BARREAU : Finalement, moi,

Quentin BARREAU : j’ai tout ce qu’il faut pour s’entraîner à la piscine de haies de Saint-Raphaël. C’est la seule piscine de France où on peut nager en public sans trop de problèmes. Il y a au maximum de personnes. C’est un bassin olympique. C’est génial. Et puis, la météo, le carreau de vie, c’est génial. Donc, en fait, je crois que ma grosse dive pour l’année prochaine, c’est la structure et la stabilité qu’on a réussi à construire tout cet hiver. C’est que je suis hyper bien

Quentin BARREAU : dans ma place. Humainement, c’est top. J’ai ma copine, j’ai mes copains, j’ai mes partenaires. C’est top. Sportivement, je peux construire, en fait. Ne pas être dans une valise, ça me permet de pouvoir… Voilà, j’ai posé mon entraîneur à cet endroit-là. C’est mon bureau. Et puis, voilà, il y a tout qui est calé, en fait. C’est une symphonie, tu vois. Je vais utiliser le terme de musique. C’est que c’est une partition où tout a sa place et en fait, c’est un endroit et ça se ressent dans l’hiver ou même, on en parlait ce week-end avec des partenaires et ma copine, c’est que elle, d’extérieur, elle me dit en fait, je te sens encore plus dedans parce que tout est limpide et même, je pense que le coach peut en parler. C’est que tout passe. Toutes les séances, elles passent. J’arrive à caler ma récup comme il faut.

Quentin BARREAU : Toutes mes séances,

Quentin BARREAU : elles passent de l’entraînement mais ça passe et je pense que c’est là où je progresse encore en fait. C’est qu’à un moment, quand tes séances, elles ne passent plus, soit ta planif’ elle n’est pas bonne, soit c’est toi qui ne sais pas te remettre en question sur ce que tu fais soit à côté sur le job, soit parce que tu as des problèmes émotionnels, voilà, tu perds quelqu’un de ta famille, tu t’engueules avec ta copine, tu as le travail, voilà, pour les gens normaux, c’est le travail, c’est la surfatigue liée à ça, c’est les trajets en voiture, il y a tout qui vient interférer en fait et en vieillissant, c’est surtout ce que je me dis, c’est qu’en fait, c’est beaucoup de parties que je ne prenais pas du tout en considération dans ma préparation. Oui,

Charly : et ce qui ressort de tout ça, c’est l’équilibre nécessaire pour pouvoir tout orchestrer autour de l’entraînement et de la recherche et de la performance et que ça ne tient pas juste à l’entraînement mais que ça tient aux choses de la vie aussi que tu vas mettre autour. Et j’imagine que pour tenir à long terme comme tu le fais depuis tes 13 ans sur une pratique régulière, c’est sûr qu’autour, les choses qui vont autour de l’entraînement doivent être calées, j’imagine. Et ça, là-dessus, par rapport à tout ça, ce que tu mets en œuvre, c’est quoi les objectifs que tu t’es fixé là pour l’année à venir ?

Charly : En termes de résultats, de performances mais aussi en termes d’équilibre, qu’est-ce qui va dicter la saison à venir 2025 ?

Quentin BARREAU : Bonne question. Mon objectif premier, c’est le 70.3 de Nice. Pour une bonne raison, c’est que déjà c’est à côté de la maison, il y a mes partenaires, il y aura ma famille. tu vois, en fait, je pense aussi et c’est aussi pour ça que je pense que j’apprécie le long distance et c’est quelque chose que tu as beaucoup moins sur court distance, c’est le partage sur court distance.

Quentin BARREAU : Quand tu as l’heure, tu es à bloc pendant 50 minutes, bon, globalement, le partage, il est réduit. Et puis, tu sais que tu n’as pas droit à l’erreur sur les 200 premiers mètres en nasation parce que sinon, ta course, elle est foutue. Donc, un quart d’heure avant ta course, tu n’es pas avec ta famille et tu es concentré et voilà. Et en fait, je pense que d’une manière générale, ce qui fait que j’apprécie ce projet et ça fait partie de mes objectifs l’année prochaine, c’est de partager encore plus.

Quentin BARREAU : On gagne ensemble, on perd ensemble, mais on vit des émotions. Et alors, je pourrais te dire moi, je veux gagner ça, ça, ça. Bien sûr que j’ai envie de gagner. Sinon, ça ne ferait pas 13 ans que je me lèverais tous les matins pour m’entraîner de trois à six heures par jour. Mais voilà, il y a le plus et mon objectif, c’est de partager encore plus avec les personnes qui m’accompagnent aujourd’hui et celles qui ont envie de nous rejoindre si elles le veulent ou ne serait-ce que de nous encourager sur le bord de la route. C’est que voilà, mes objectifs, c’est vraiment qu’on vive ces émotions-là, que ça nous fasse des souvenirs tout simplement. Tout ce que moi, j’ai fait avec mes copains jeunes en tant que quand on a fait champion de France, etc. On se revoit, je les ai encore revus le week-end dernier. On s’est tous rejoints à Paris. On en parle toujours. C’est un truc qui nous allie à jamais et c’est pour ça que j’adore ce sport. Et aujourd’hui, ce que je vis avec l’AS Monaco, avec les frères Giroud Triathlon Store, avec ma copine, avec Activa, n’importe. En fait, c’est des gens qui m’accompagnent et qui prennent part à ce projet. En fait, c’est qu’ils se sentent concernés et donc on vit des choses ensemble, des émotions. Et moi, ce que je veux, c’est de construire cette belle histoire et que dans 10, 15 ans, on soit toujours tous aussi proches et qu’on ait tous ça

Ermanno : à se rappeler. Tu parles de partage, tu parles d’expérience aussi. Cédric Fleurton, ça te parle ? Oui. Je ne sais pas si tu échanges avec lui, mais si ce n’est pas le cas, en relation, je trouve qu’il a un profil, une histoire assez proche de la tienne. Beaucoup de haut niveau étant jeunes et puis après, il a switché de haut niveau à courte distance. Après, il a switché sur le long et puis après, il a fait du trail et puis au passage, il a fait du swimrun et ça, c’est là où je voulais en venir. Le swimrun, si tu aimes partager, vas-y, lance-toi dedans. Alors, fais déjà ce que tu as à faire sur la longue distance en triathlon, mais fais-toi plaisir avec le swimrun,

Ermanno : c’est génial. Bon, j’ai fait ma petite pub pour le swimrun, on peut passer.

Quentin BARREAU : Non, non, mais après, moi, j’aime découvrir ce genre de sport. Ce qui est difficile en fait dans ce sport, le triathlon, avant même de passer au swimrun qui sont, voilà, c’est des disciplines cousines et c’est aller au bout de ce que je peux faire. C’est aussi un leitmotiv, c’est que voilà, le court distance, ouais, je n’ai pas fait champion du monde, mais par contre, je suis allé au bout de ce que je pouvais faire. Il y a l’envie et il y a le pouvoir. Peut-être que je n’ai pas tout fait correctement, mais voilà, Quentin Barraud en tant que tel, il est arrivé, enfin, je suis arrivé à un moment où je suis allé au bout du process et au bout de ce que je voulais mettre en place et des performances que je pouvais faire. Je pense qu’à un moment, même si le niveau, il augmentait constamment, moi, je continuais à faire du top 20. Concrètement, ouais, je progressais quand même parce que la densité augmente, mais je ne serais pas allé chercher plus loin et puis, voilà, les Coupes du monde et etc., tout ça, ça ne nous était plus ouvert. Aujourd’hui, c’est la même démarche dans le long distance. J’ai commencé pour moi à quelque chose qui est sa boîte du triathlon, mais c’est un autre sport et j’ai envie d’aller au maximum de ce que je peux et je me dis, voilà, d’année en année, je progresse. Quand je verrai que je ne progresserai plus, on arrête ou alors, on passe sur full ou alors,

Quentin BARREAU : on arrête de s’arrêter un jour aussi ou de construire quelque chose autour parce qu’aujourd’hui, concrètement, je n’ai pas le temps de construire, je veux dire, par exemple, une vie de famille ou autre. Ce n’est pas dans les dossiers si mon père écoute, mais non, voilà, c’est plus la notion d’aller au bout du projet. Alors, certes, c’est en équipe, mais bon, forcément, il y a un moment, c’est moi qui ai la décision et l’objectif, c’est ça, c’est vraiment le but.

Ermanno : Il me semblait que ton leitmotiv, c’était qu’aucun rêve n’était trop grand lorsqu’on avait le courage de le vivre. C’est la phrase que tu as mis sur ton site.

Quentin BARREAU : Exactement, mais je, c’est vrai qu’il faut mettre toujours un mot sur quelque chose, mais mon rêve, c’est plus de vivre ma passion et de le partager, quoi, concrètement, c’est ça. Franchement, j’ai idolâtré des gars, j’ai vraiment idolâtré des gars, par exemple, Fred Belobre, je m’entends super bien avec lui, dernièrement, je courais,

Quentin BARREAU : nous, nos échauffements ensemble et c’est quelqu’un, jeune, j’admirais, mais c’est marrant parce que j’ai plus admiré des gars comme ça que des Brandly, des Gomez, des Bloom, ou finalement, même si quand je les croisais sur Grand Prix, je n’avais pas grand intérêt pour eux et je pense qu’en fait, avec le recul et pour maintenant connaître bien Fred, c’est que c’est des gars humainement, waouh, quoi, juste, il n’y aura jamais un mot négatif, ils ont toujours le smile, s’ils peuvent te tendre la main,

Quentin BARREAU : ça va finalement dans ce que je, comment je me construis aujourd’hui et quel objectif j’ai.

Ermanno : Tout à l’heure, tu disais qu’il allait bien falloir s’arrêter un jour, là, on vient de parler de Fred, regarde le père de Fred, 82 ans maintenant, toujours champion de France de triathlon, donc lui, il ne s’arrête pas, pourquoi tu voudrais t’arrêter ?

Quentin BARREAU : Oui, après, voilà, je parle, quand je dis m’arrêter, forcément, je continuerai toujours le sport, mais bon, de haut niveau, faire que ça et être à cheval sur tout,

Quentin BARREAU : parce que la vie, tout le monde a ses problèmes, je n’en ai pas parlé tout à l’heure, mais moi, j’ai travaillé quand même, en parallèle, j’ai fait une école de commerce.

Ermanno : Tu dis j’ai travaillé quand même, je voudrais enlever le quand même, parce que déjà, être sportif de haut niveau, c’est du boulot. Non, mais sérieusement.

Quentin BARREAU : Oui, mais tu vois, par exemple, des fois, les gens, ce sont des discussions que j’ai déjà eues, mais ils ne se rendent pas forcément compte que j’ai eu aussi une expérience professionnelle, je n’ai pas fait

Quentin BARREAU : un moment où je menais entre 25 et 30 heures d’entraînement semaine en bossant 40 heures. Voilà, j’ai fait une alternance où je bossais au siège chez Decathlon, c’est pour la marque Van Ryssel. Et en fait, j’ai vraiment vu la distinction entre, forcément, des fois, je m’entraînais un petit peu moins parce que c’est fatigant, mais quelqu’un qui va travailler, oui, certes, c’est difficile psychologiquement et tout, mais c’est des fatigues qui sont complètement, ce n’est pas comparable, enfin, ce n’est pas comparable, c’est juste que, en fait. Et là, aujourd’hui, la fatigue du triathlon, c’est certes physique, mais c’est aussi psychologique constamment. Et là où je dirais que quand moi, je travaillais, des fois, c’était juste uniquement psychologique, c’est très fatigant, je ne dis pas, mais quand les deux se mêlent, il faut tenir la cadence. Voilà, tout simplement, il faut trouver des stratagèmes pour mieux récupérer, mais c’est vrai que c’est difficile.

Ermanno : Et d’où, c’est vrai que c’est le sujet qu’on aborde, qu’on a déjà abordé sur le sujet sportif de haut niveau. C’est le sujet que moi, j’ai abordé pas mal dans mon podcast dans les vestiaires où justement, l’objectif, c’était de savoir comment est-ce qu’on construit et qu’on finance une carrière de sportif de haut niveau. Et c’est aussi pour ça qu’on essaye d’échanger sur le fait qu’être sportif de haut niveau, ça ne veut pas dire juste aller s’entraîner un petit peu de temps en temps puis après, mettre les pieds au bord de la piscine. Non, c’est un job et au-delà de l’entraînement, l’autre partie du boulot, c’est la récupération et la troisième partie, tu l’as bien dit tout à l’heure, c’est d’aller chercher des sponsors, des partenaires et de se prendre des portes avec des mecs, soit qui ne lisent pas les mails, soit qui ne sont juste pas intéressés ou ce n’est pas le bon moment. Pour mettre quand même l’église au milieu du village, être sportif de haut niveau, c’est un job et c’est un job à temps plein et qui demande aussi beaucoup de résilience et beaucoup de dépassement de soi et se sortir du cadre. Oui,

Quentin BARREAU : tu vois, typiquement, semaine dernière, j’ai eu le cas, j’appelle un copain et il me dit qu’est-ce que tu fais ? Il me dit moi, là, je vais travailler. Il me dit et toi ? Je lui dis moi, je vais nager. Tu vois, mais bon, certes, et en fait, je me reprends. En fait, moi aussi, je vais travailler et en fait, tu vois, je vais donner une comparaison aux gens. À un moment, quand ça fait 15 jours, trois semaines que tu n’es pas, tu n’as pas pris, il n’y a pas eu un jour où tu n’as pas fait de vélo. Franchement,

Quentin BARREAU : j’étais dessus et je ne peux plus le voir et je vis une heure et demie, deux heures d’enfer parce que j’ai mal aux jambes, je suis fatigué, j’ai envie d’aller me coucher, etc. Les gens, ils ne se rendent pas forcément compte. C’est comme, voilà, c’est comme si on aimait le burger, sauf que moi, j’adore, j’adore le burger, sauf que tu m’en fais manger matin, midi, soir, tous les jours. Bon, ben, voilà, je n’ai pas de week-end, je ne prends pas de vacances. Donc, tu vois, c’est des métiers

Quentin BARREAU : qui ne sont pas fixes concrètement. Donc, c’est tu marches ou tu ne marches pas aussi.

Ermanno : Et justement, les plans pour, enfin, tes plans à toi pour essayer de surmonter tout ça. Tu marches ou tu ne marches pas ? Si tu ne marches pas, tu n’as pas de prix. Mais donc, à la fin de la saison, si tes partenaires te lâchent, ça s’arrête. Comme ça, c’est passé quand tu étais dans le court de distance. C’est quoi tes plans justement pour surmonter tout ça et pour t’assurer un minimum de visibilité ou un avenir ?

Quentin BARREAU : Mes plans, mes plans, c’est ce que je disais déjà, la structure et ma stabilité, c’est choisir des partenaires qui ont envie d’avancer avec moi mais qu’on gagne ou qu’on perde en fait. Les clubs de la D1, bon, ils managent un effectif et puis les gars, ils veulent gagner et puis si tu ne vas pas bien, là, l’avantage d’avoir des partenaires privés aussi, c’est que, bon, bien, viens, on y va ensemble et puis, si on perd, on verra ensemble ce qu’on peut faire pour améliorer et si on gagne, tu as ta part mine de rien. Donc, c’est de structurer cette structure. Oui, j’ai des plans en tête, moi, pour essayer de stabiliser aussi tout ça pendant seulement du coaching en ligne auquel je réfléchis déjà énormément depuis un petit moment. C’est des perspectives qui font que, voilà, ça me permettrait d’avoir une stabilité financière et de voir un petit peu venir mais le but vraiment, le top dans tout ça, ça sera de pouvoir continuer à grandir cette équipe, de donner envie

Quentin BARREAU : et de construire ensemble pour améliorer. Je n’ai pas toutes les notions de, enfin, c’est difficile d’avoir une vision globale sur sa pratique de prendre le recul nécessaire pour se dire, en fait, Quentin, il te manque ça ou ça et pour aller mieux, maintenant, si demain, il y a quelqu’un qui peut m’aider là-dessus et comment avancer, comment aller grappiller quelques bonnes énergies pour performer, moi, je suis preneur.

Charly : Oui, plein d’autres questions, mais ce qui ressort de tout ça, c’est hyper intéressant. C’est un jeu de long terme sur lequel il faut être stable et plein d’autres choses à mettre en œuvre pour que ça marche. Peut-être, toi qui viens de faire la transition, Quentin, qu’est-ce que tu aurais à donner comme conseil prioritaire à un athlète, alors plutôt amateur, qui veut se lancer sur longue distance ? S’il y a deux, trois trucs clés à savoir, toi, avec le recul, tu leur dirais quoi à ces gens-là ?

Quentin BARREAU : Premier conseil, manger. C’est un truc, tu vois, il y a encore deux, trois ans, c’était faut pas manger, faut aller faire trois heures de vélo et puis tu manges une pomme et t’inquiète, ton corps, il va apprendre à aller chercher dans les graisses le sucre, etc. En fait, aujourd’hui, on se rend compte que c’est des bêtises tout ça. Manger, manger sur le vélo,

Quentin BARREAU : c’est un coût énorme, mais en fait, si vous buvez bien, vous mangez bien, déjà, il y a, je pense, 50 % du travail qui est fait. C’est que vous allez assimiler la séance, vous allez pas aller chercher trop dans les réserves, donc en fait, déjà, juste faites le test, faites deux heures de vélo, vous mangez pas et vous buvez très peu, vous verrez l’état de vos jambes et puis vous faites le test où vous mangez beaucoup, vous buvez bien et en fait, vous verrez déjà que l’après-midi, vous avez pas mal aux cannes, quoi.

Quentin BARREAU : Il y en a même, ils vont jusqu’à prendre, il y a des athlètes, plus en athé, qui prennent un gel à la fin de l’entraînement. Alors, on pourrait dire, ouais, ça sert à rien et tout. Non, en fait, ils redonnent du sucre au corps parce qu’ils ont tapé, ils ont tapé dans la machine. Donc, je pense que l’alimentation, manger bien et, et ne pas, ne, ne, ne pas négliger cet aspect où quand je m’entraîne, je consomme et non, je prends pas de poids, faut arrêter avec ça, c’est du sucre rapide très souvent, il l’utilise directement, il va pas se mettre à, voilà, si vous mangez 15 barres, moi, je dis pas que c’est utile, mais déjà, une barre par heure ou un gel, c’est le minimum,

Ermanno : je pense. Ouais, tu l’as dit, l’équilibre, l’équilibre, l’équilibre, mais dans tout, pas que dans la construction de sa vie sportive et professionnelle et personnelle, aussi dans la construction de son entraînement et dans l’alimentation. Enfin, tu l’as dit, c’est pas parce que vous allez manger trois, quatre barres sur une sortie de deux heures

Quentin BARREAU : que vous le faites à la fin ? Non, non. Mais tu vois, j’ai fait, enfin, je, ouais, certes, je suis professionnel, mais je connais un petit peu le monde amateur parce que, mon, mon, typiquement, mon père est pratiquant, ma belle-mère aussi et ils ont fait, par exemple, ils ont lancé le défi, donc mon père, c’était quelqu’un qui faisait du marathon, puis il a fait du 100 km, c’est un peu un vieil de la vieille, quoi, il mange, oui,

Quentin BARREAU : Et puis là, il y a deux ans, il a fait son premier full en triathlon. Et en fait, moi, justement, c’est le moment où j’ai commencé à contrecarrer. Et en fait, j’ai compris. Je lui ai dit, mais attends, on ne voit pas. En fait, tu ne manges que dalle. Si tu ne manges rien, ça ne marchera pas. Donc, tu vois, c’était le premier à essayer de convaincre. Et finalement, en fait, aujourd’hui, il a réussi son full très bien. Parce qu’il avait aussi une stratégie qu’il a testée en amont. Il n’allait pas manger des gels que pour le full. Donc, il s’est entraîné pendant six, huit mois à manger tout le temps, surtout les entraînements. Il a augmenté progressivement son volume. Et parfois, même en en faisant trop, je pense, il avait besoin de se rassurer. Mais par contre, il n’a pas négligé cet aspect. Et ça s’est super bien passé.

Ermanno : Et puis, moi, je suis un vieux de la vieille. Il faut le dire quand même, les gels ou les barres scotchées sur le cadre, ça claque, je trouve. Bon, ce n’est pas très aéro.

Quentin BARREAU : Mais c’est sympa pour les vieux comme moi. Oui, le problème aujourd’hui, la vraie barrière à ça, c’est qu’aujourd’hui, un gel, c’est super cher. Quand on paye une inscription à 100 balles le dossard et qu’en fait, on se rend compte qu’on va plier 50 balles de gel sur la course, c’est quand même, ça commence déjà à être un budget. C’est peut-être aussi déjà le problème du triathlon amateur. C’est que tout mis bout à bout, ce n’est pas une discipline qui est tant ouverte que ça financièrement, je trouve.

Ermanno : Oui, puis tu l’as dit, on plie 50 balles de gel ou de barres sur la course. Mais tu l’as dit aussi, on le répète tout le temps, on ne teste rien. Ton père, il a testé. Sur 6-8 mois, sa préparation, son entraînement, la nutrition pendant l’entraînement. Donc, ça représente aussi un budget de partir rouler 2 heures et de prendre 4 gels ou 4 barres à 3-4 euros en moyenne pièce. Ça fait cher l’entraînement finalement, mais ça fait partie du jeu du triathlon. C’est ça.

Quentin BARREAU : Puis pareil, après, il faut tester les marques parce qu’il y a des trucs, c’est hyper acide, ça fait aller remonter. C’est ça. Moi, j’invite les gens à manger et à tester. Perso, je vais faire de la pub, mais j’utilise profondément. Précision, je n’ai jamais eu de souci. Niveau, ils sont complets. Il y a des boissons, il y a des électrodites parce qu’il suffit que vous transpiriez beaucoup, c’est quand même intéressant. Niveau gel, vous avez ce qu’il faut. Par contre, le truc trop bon, c’est les choux. C’est l’espèce de gomme, un peu comme des loukoums. J’en mange même au goûter parce que c’est des trucs, c’est trop bon. Je pense qu’aujourd’hui, il y a quand même des trucs qui sont faits et qui sont très bons au-delà de la barre granipomme qu’on avait à l’époque. Voilà. Il y a des trucs qui sont plus poussés, les goûts changent. On n’est plus sur le truc isostar à l’époque où tu le manges. C’est un peu une corvée. Aujourd’hui, il y a des trucs super bons. Il faut y aller.

Charly : Les équipes de précision, si vous nous écoutez, l’épisode n’est pas sponsorisé.

Quentin BARREAU : J’ai fait la pub, désolé.

Charly : Quentin a joliment fait la pub. Non, mais tu as raison, c’est un retour d’expérience comme un autre.

Quentin BARREAU : J’en ai testé d’autres. Je ne vais pas dire de non, parce que je n’ai pas envie de faire de la mauvaise pub. Mais acide au possible. Tu le manges, tu le sens déjà dans la bouche que ça va être compliqué. Tu pars courir, tu as envie de vomir au bout de deux bornes. Sauf que pour le coup, heureusement, je l’avais testé à un entraînement. Mais déjà, tu mets un entraînement en l’air parce que toi qui n’étais pas bon.

Ermanno : D’ailleurs, j’en profite pour refaire une petite piqûre de rappel. Vous entraînez toute l’année avec une certaine marque, un certain type de produit et puis ne pas faire gaffe à ce qui aura Vito, sur la compète parce que c’est bon. De toute façon, je me suis entraîné. J’ai pris telle marque et puis sur la compète, parce que c’est partenaire Ironman, on va avoir un autre type de produit. Ce n’est pas non plus la bonne stratégie. On teste à l’entraînement la nutrition, l’alimentation, l’hydratation. Et puis, on prend tout ce matos-là avec soi pour la compétition. On ne se repose pas forcément sur ce qu’il y a au Ravito. Et voir même s’il y a au Ravito les marques qu’on a l’habitude de prendre. Si on n’est pas dans le top X, ça se trouve, il n’y a plus rien quand on arrive sur la table. Donc, partez avec votre matos, s’il vous plaît, les gars et les filles.

Charly : C’est un bon rappel. Arnaud, est-ce que tu avais d’autres questions pour Quentin ? Avec quel sujet tu veux finaliser ?

Ermanno : Écoute, moi, j’ai toujours plein de questions, mais on va peut-être finir avec la question du podcast. Le podcast s’appelant Devenir triathlète X Open Prix. Quentin, pour rejoindre un petit peu la question de Charlie tout à l’heure, mais selon toi, quel est le meilleur moyen de devenir triathlète ?

Quentin BARREAU : Là, tu me poses une colle. Pour devenir triathlète, il faut déjà prendre le départ à un triathlon, déjà. Moi, ce que je conseille, c’est de ne pas avoir les yeux plus grands que le ventre. Très souvent, on fait cette erreur en se disant « Ah, moi, je suis pas… Voilà, j’ai les gros bras. Je commence par le M et puis, dans six mois, je fais un full. »

Ermanno : En réalité, dans six mois, tu es en PLS et tu ne peux plus bouger

Quentin BARREAU : parce que tu vas avoir des tirs à ton corps. C’est ça, non, mais devenez triathlète dans le sens où c’est une super discipline. Quand vous en avez marre du vélo, faites de la course à pied. Quand vous en avez marre de la course à pied, vous faites de la natation. C’est un sport qui permet d’équilibrer un peu tout ça. C’est un sport hyper convivial. On parle souvent d’un sport qui est individualiste. C’est beaucoup des retours que j’ai eus, mais en fait, n’importe quoi. Le vélo, vous allez le faire avec les copains le samedi-dimanche. Le footing, vous êtes rarement seul. La natation, c’est toujours encadré par un club dont vous êtes avec du monde. C’est un vecteur social qui est génial. Vous allez partager des moments au top. Des week-ends, vous allez partir avec vos copains. Je ne vais pas faire de pub cette fois, mais vous prenez un événement. Il y a énormément d’événements qui sont très connus en France. Vous prenez le mobilhome et c’est un week-end qui est génial à partager avec sa famille, avec ses amis. Il y en a pour les petits et les grands. Les enfants peuvent en faire aussi. C’est une discipline qui est complète, qui n’est pas élitiste

Ermanno : et auquel on peut prendre énormément de plaisir. Merci pour ces paroles très sages. Je trouve que tout cet épisode a été rempli de paroles et de réflexions très sages. Pour terminer, Quentin, où est-ce qu’on te retrouve ? Où est-ce qu’on te suit ? Où est-ce qu’on t’encourage ?

Quentin BARREAU : Vous pouvez me retrouver à Saint-Raphaël tous les jours, globalement. Soit sur mon vélo, soit en train de courir. La piscine publique sans marcher ? Oui, la piscine publique. Sinon, sur les réseaux sociaux, Instagram, LinkedIn, Facebook. J’ai aussi un site internet. Vous tapez Quentin Barraud sur Google et c’est le premier qui vient. Après, en terme de compétition, normalement, je devrais commencer sur le Challenge Grande Canaria fin avril. Donc, à la fois, c’est dans deux mois et à la fois, ça va arriver très très vite. Il y a encore plein de choses à faire. Sinon, je suis très souvent sur des événements. Sur Triathlon Store, par exemple, il y a des runs, il y a des sorties vélo. Notamment à Nice, j’essaie d’y aller quand même une fois par mois. Donc, on peut aussi se croiser là-bas, partager. Partager quelques kilomètres, c’est toujours un plaisir.

Ermanno : Merci beaucoup, Quentin. On te souhaite une bonne journée, une bonne continuation, une bonne fin de prépa hivernale. Bon début aux Canaries dans quelques mois. Et puis, Charlie, on se retrouve la semaine prochaine pour un nouvel épisode ?

Charly : Exactement. Merci Quentin, merci Erwanno et on se voit la semaine prochaine.

Quentin BARREAU : Merci à vous pour l’invite.

Ermanno : C’était Devenir Triathlète X OpenTri. Merci d’avoir écouté cet épisode jusqu’au bout. Nous, on a pris beaucoup de plaisir à l’enregistrer. Si ça vous a plu, vous pouvez nous suivre sur nos réseaux sociaux Instagram, LinkedIn et Facebook. On se rejoint maintenant sur devenir-triathlète.com Vous allez retrouver l’ensemble des épisodes mais aussi des outils, des ressources et des conseils gratuits pour débuter, progresser ou performer en triathlon. On ajoute toutes les semaines de nouvelles ressources. Si vous avez une idée d’invité, n’hésitez pas à nous envoyer un petit message. Et si vous voulez être accompagné sur vos prochains objectifs sportifs, connectez-vous sur www.OpenTri.fr et on se fera un plaisir de vous aider. N’hésitez pas, on se retrouve tout de suite sur devenir-triathlète.com et www.OpenTri.fr. Salut les sportifs !

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