#433 [SPECIAL PODCASTHON] La reconstruction de Guillaume Jeannin, un ancien champion du monde de triathlon devenu tétraplégique

🎙️ Dans cet épisode, on reçoit Guillaume Jeannin, un ancien champion du monde de triathlon au parcours de vie hors du commun. Devenu tétraplégique suite à un accident de VTT en 2018, il nous raconte comment il a su rebondir et se reconstruire.

💬 Guillaume nous partage son passé de triathlète professionnel et le récit poignant de son accident, qui a vu son quotidien chamboulé du jour au lendemain. Aujourd’hui entraineur de triathlon, il nous offre une formidable leçon de vie et de résilience.

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🏃🏼‍♀️ Notre invité :

💬 La transcription de l’épisode

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Ermanno : Salut les sportifs, c’est Ermanno et je suis très heureux de vous recevoir pour ce nouvel épisode spécial que l’on produit pendant la semaine du podcasthon. Et même si je suis tout seul derrière le micro aujourd’hui pour interviewer notre invité, j’ai effectivement bien un invité qui est Guillaume Jeannin. Salut Guillaume. Salut Ermanno. Bon, on la refait parce qu’effectivement tout à l’heure je m’étais trompé, j’avais oublié d’enregistrer la vidéo. Donc pour celles et ceux qui nous suivent sur la chaîne YouTube, c’est l’occasion de voir aussi le tout début de l’épisode. Guillaume, écoute, ce que je te propose, c’est la même question que je pose à tous mes invités, et bien c’est de te présenter à nos auditrices et nos auditeurs.

Guillaune JEANNIN : Ok, donc je m’appelle Jeannin Guillaume, j’ai 42 ans, je suis le repapa d’un petit garçon de 9 ans. Je vis avec lui et ma compagne en Alsace, à côté de Guêpes-Villers, entre Colmar et Melouse, dans le Haut-Rhin, pour ceux qui connaissent. Je suis actuellement… Je suis actuellement entraîneur coach sportif en triathlon, en trail et vélo. Voilà, j’ai une particularité, c’est que je suis entraîneur en fauteuil roulant, parce que j’ai l’habitude de dire ça, je vis ma deuxième vie. Depuis maintenant bientôt 7 ans, je suis en fauteuil roulant suite à un accident de VTT qui est survenu le 30 juillet 2019. 18, qui m’a rendu tétraplégique incomplet, niveau C5, C6. Voilà, et avant ça, j’ai été athlète professionnel en triathlon pendant 5 ans, et avant ça encore, j’ai été opticien pendant 10 ans. Voilà, on a fait le tour.

Ermanno : Mais en fait, tu vis ta douzième vie là, t’es plus qu’un chat.

Guillaune JEANNIN : Non, pas douze vies. C’est vrai que la vie m’a amené à rencontrer ou à saisir des opportunités, à changer de stratégie ou de corde d’arc. Enfin voilà, j’ai vécu une vie assez riche, ou je vis une vie assez riche, qui m’emmène un peu partout. Et j’aime bien dire que, je vais reprendre une expression de Mathias Dandois. J’aime bien dire que… J’aime bien être un yes man, donc c’est vrai que je dis oui à beaucoup de choses. Parfois, ça m’emmène dans des impasses, mais ça me permet aussi d’avoir des opportunités, et de vadrouiller un peu partout, et parfois de changer de vie.

Ermanno : Cool. Alors pour être totalement transparent, c’est vrai que je ne l’ai pas dit en intro, c’est Jules Ripstein qui m’a conseillé de venir vers toi. Donc oui, l’Alsace, on connaît, Mulhouse, Colmar, on connaît. Alors, pas sportif de haut niveau. Est-ce que tu connais Knack Envrac, ou Jean Boller ?

Guillaune JEANNIN : Ah non, non, non, j’ai pas cet honneur-là.

Ermanno : Un ami et une personne que Jules connaît, et qui est à côté de Colmar aussi. Donc voilà. D’accord. Bon, c’est vrai que l’Alsace est grand, t’es pas obligé de connaître tous les Alsaciens, mais Colmar n’est pas si gros que ça. Non, c’est vrai, oui. Voilà, l’idée c’était, comme je te l’ai dit en off, de donner la parole déjà pour parler triathlon, parce que t’as eu une carrière dans le triathlon. De parler aussi de… De ton handicap, appelons les choses comme elles sont, surtout que c’est pas un handicap de naissance, c’est un handicap qui t’est arrivé après un accident. Est-ce que ça te va si on passe déjà un petit peu en revue ta carrière dans le triathlon, en tant que valide ? Et puis après, on parlera un petit peu de ton accident, parce que malgré tout, l’objectif de ce podcast, c’est d’inciter les gens à faire du triathlon, de savoir un petit peu comment est-ce qu’ils peuvent progresser, voire performer, mais aussi, parfois, dans la pratique du triathlon, il nous arrive des galères, et peut-être, des fois, devoir surmonter ces galères, je pense que tu seras le meilleur témoin de tout ça. Donc, je parle beaucoup, mais je te propose peut-être de revenir sur ta carrière dans le triathlon, après ta carrière d’opticien. Donc, toi, t’as pas commencé le triathlon jeune, à 15-16 ans, pendant les études, quoi ?

Guillaune JEANNIN : Non, non, moi, pendant les études, je faisais beaucoup de VTT, de vélo de route, ensuite, mon parcours scolaire m’a amené à travailler en alternance, dans une grande enseigne de sport, là, j’ai rencontré mon meilleur ami, dans cette structure-là, qui faisait du vélo de route.

Ermanno : Tu peux dire les noms, tu sais, on n’est pas à la radio, donc…

Guillaune JEANNIN : Bon, alors, j’ai bossé à Décathlon, en alternance, j’ai rencontré mon meilleur pote, qui s’appelle Fred, qui faisait du vélo de route aussi, mais qui s’ennuyait un petit peu sur la route, et qui s’est inscrit à l’Ironman de Nice, et il m’en a parlé, je ne savais pas du tout ce que c’était, je ne savais pas ce que c’était le triathlon, et du coup, par curiosité, je suis allé l’accompagner, et puis, là, moi, j’étais un peu subjugué par ce qui se présentait devant moi, ce défi, cette aventure humaine et sportive, ces gens qui partaient au petit matin et qui arrivaient, pour certains, au milieu de la nuit, et puis, du coup, je me suis dit que moi aussi, je voulais en faire partie, et c’est comme ça qu’en 2006, j’ai passé la ligne d’arrivée de mon premier Ironman à Zurich, j’ai commencé le triathlon par ça, j’ai fait triathlon de Belfort, premier triathlon le long, et deuxième triathlon Ironman de Zurich, donc voilà comment je suis venu au triathlon en 2006, et puis après, j’ai chopé le virus, j’en ai fait de plus en plus, je suis repassé sur du cours, j’ai croisé Jules à cette période-là, parce qu’on courait sur les formats alsaciens, on était les deux valides à l’époque, comme quoi, parfois, la vie est drôle, et puis voilà, j’en ai fait pendant huit ans, parallèlement à ça, je suis devenu opticien, j’ai continué à m’entraîner sérieusement, et en 2014, je me suis qualifié au championnat du monde Ironman, à cette même Ironman de Nice, parce que j’ai passé la ligne d’arrivée en huitième position, au scratch, deuxième amateur, devant un Allemand qui était juste devant moi, donc voilà, j’ai chopé mon slot là, la même année, j’ai été qualifié pour les championnats du monde de XTERRA, parce que j’étais toujours amoureux de VTT, et en octobre 2014, je suis parti à l’autre bout de la planète, à Hawaï, avec mes deux vélos, la finale des championnats du monde d’Ironman ne s’est pas passée correctement, je suis passé à travers la course, j’ai fait une déshydratation sur le vélo, je suis arrivé un peu tard avant la course, les conditions météo sont celles qu’on connaît, un peu compliquées. Mais trois semaines après, après m’être un peu remplumé, avoir bien profité de l’île et tout ça, et puis m’être acclimaté très certainement, je suis devenu champion du monde de XTERRA amateur, j’ai dû passer la ligne d’arrivée en quinzième position, premier amateur overall, et puis à l’époque, ça devait être la fin de ma carrière et Canondale pour ne pas les nommer, lorsque je leur ai dit que je voulais m’arrêter. et ils m’ont dit si tu passes pro on peut peut-être t’aider de manière un peu plus conséquente et puis du coup j’en avais un peu marre de mon boulot je faisais beaucoup l’optique avait un peu changé on devenait un peu les épiciers des OVTA et on faisait beaucoup de papier et puis du coup j’ai pris la décision on a pris la décision avec Julie ma compagne de tenter l’aventure et voilà on a on s’est débrouillé pour vivre ça pendant 5 ans on a voyagé à travers le monde et puis voilà c’était un petit peu l’aventure c’était pas comme maintenant professionnel c’était un grand mot on achetait la licence auprès d’Ironman la licence pro il fallait qu’on monte pas de blanche en ayant un papier de la fédération qui attestait de notre niveau quand même minimum puis après tu faisais les démarches au sponsor à droite à gauche pour pouvoir joindre les deux bouts en fin de mois et puis voilà ça n’a pas beaucoup changé

Ermanno : c’est toujours pareil maintenant

Guillaune JEANNIN : ouais alors il y a certains athlètes qui s’en sortent un peu mieux mais oui ça n’a pas trop changé

Ermanno : le niveau c’est élevé évidemment enfin évidemment c’est pas forcément évidemment mais oui ça s’est élevé ça s’est densifié parce que le triathlon c’est beaucoup plus professionnalisé qu’il y a 10-15 ans surtout dans nos contrées mais sinon le process c’est toujours le même c’est à dire si t’es pas trop mauvais soit tu décides toi même de te renseigner pour prendre une licence pro soit c’est Ironman en général qui vient te voir il fait oh t’es gentil mais les groupes d’âge il faudra peut-être arrêter de les gagner il faudra peut-être passer en pro va jouer avec les grands mais voilà sinon après ça n’a pas trop changé au niveau du process

Guillaune JEANNIN : voilà c’est le même process et puis voilà pendant 5-6 ans j’ai fait ma première finale d’Ironman j’ai surtout alors j’ai surtout performé sur Embrun où j’ai fait 8ème et 1er français en 2015 ou 2016 je sais plus enfin voilà c’était j’ai été un petit gabarit donc moi ce qui m’allait bien c’est quand ça grimpait j’avais un peu plus de mal à m’exprimer sur les formats très très plats et puis voilà donc j’ai vécu ma meilleure vie pendant 5-6 ans voilà

Ermanno : et quand tu dis que Cannondale donc t’as fait t’as proposé si tu voulais que tu passais pro de t’accompagner c’était aussi bien sur le XTERRA que sur le triathlon de route classique ou c’était que pour la partie XTERRA ?

Guillaune JEANNIN : bah plutôt l’aide était sur les deux formats après clairement sur la partie sur la partie pour le coup à l’époque sur la partie sponsor privée il valait mieux dire qu’on faisait de l’Ironman parce que ça vendait du rêve à beaucoup de monde alors que le XTERRA était un microcosme dans le microcosme qu’était le triathlon aujourd’hui le circuit XTERRA c’est quand même beaucoup plus développé et beaucoup plus bankable et je pense que avec le recul et les années j’aurais été bien plus performant sur le circuit XTERRA que ce que je l’ai été sur le circuit Ironman donc si c’était à refaire aujourd’hui fondamentalement j’essaierais de me concentrer sur ce circuit là qui m’allait quand même beaucoup mieux qui correspondait plus à mes qualités physiques mais voilà à l’époque quand tu démarques chez des sponsors privés des banques des assurances ou d’autres privés parler de XTERRA ça a été un non-sens parce que t’arrivais déjà avec un projet qui parlait de triathlon où les gens commençaient à bien comprendre ce que c’était puis leur vendait l’Ironman qui était quand même le rêve ultime de beaucoup de gens donc là ça marchait mais c’est vrai que voilà donc du coup plutôt circuit Ironman

Ermanno : et maintenant avec le recul que t’as donc tu dis si c’était à refaire tu te concentrerais plus sur le XTERRA et tu te dis est-ce que malgré tout jouer sur les deux tableaux jouer sur les deux terrains maintenant avec ton recul notamment en tant qu’entraîneur tu te dis pas que ça t’a permis aussi un petit peu de croiser de changer un petit peu les sollicitations musculaires de changer aussi dans la tête parce que quand tu pars faire du trail je connais pas beaucoup de triathlètes qui préparent de l’Ironman qui vont s’entraîner aussi en trail ou alors en début de saison ou en hiver quand ils ont un objectif trail qui rentre dans la préparation de la saison donc

Guillaune JEANNIN : Pour le coup je trouve que le format XTERRA aujourd’hui se rapproche bien d’un 70.3 en termes de temps d’effort de filière énergétique je pense qu’on est assez proche de ça l’Ironman moi je trouve que c’est encore un autre sport par rapport au circuit 70.3 après oui je veux dire il y a le plaisir si tu aimes ça si tu aimes la nature le plaisir et la variété que t’amène cette pratique là lorsque tu dois faire 180 pitons à vélo ou 200 ou 240 et que derrière sur du plat qui pour moi était assez rébarbatif et que derrière tu peux te faire une sortie plutôt tempo en VTT c’est sûr que ça apporte et encore une fois sur l’entraînement croisé c’est clair surtout que sur la partie outdoor comme tu le disais l’hiver est bien propice dans nos courses contrées surtout en Alsace ou au lieu d’aller perdre l’énergie à te réchauffer sur la route vaut mieux aller rouler 2h 3h l’hiver en montagne en VTT ça sera bien plus intéressant donc oui tu peux jouer sur les deux circuits après on sait bien maintenant qu’arriver à un certain niveau d’expertise malheureusement ou heureusement je ne sais pas trop voilà il faut quand même bien se concentrer sur ce qu’on a à faire je pense qu’aujourd’hui

Guillaune JEANNIN : les athlètes du circuit etc sont devenus aussi bien plus experts que ce que l’on l’a été à l’époque et je pense qu’ils travaillent de manière très spécifique et ils ne vont pas aller se taper 240 bornes ou 200 bornes de vélo de route pour préparer le circuit

Ermanno : parce que c’est vrai que c’est un point qu’on aborde souvent mais la surdistance en vélo dans les entraînements surtout quand on prépare du long comme de l’Ironman c’est assez classique mais en vélo pas en course à pied en course à pied même si tu prépares un Ironman c’est rare que tu ailles courir 50 bornes pour te préparer pour un Ironman

Guillaune JEANNIN : exactement

Ermanno : j’aime bien le point c’est vrai qu’on n’y pense pas forcément mais pourquoi aller chercher à faire du plat pendant l’hiver que ce soit en route ou même en course à pied et donc à se réchauffer dans ces moments là alors que tu peux aller faire du VTT ou tu peux aller faire du trail où là ça va monter descendre déjà tu vas travailler un peu plus le cardio ça ne t’empêchera pas de travailler l’endurance mais surtout avec les variations de dénivelé ça te permet d’être réchauffé c’est un bon point c’est un très bon point

Guillaune JEANNIN : ouais alors ça puis après ça te permet de travailler le renforcement musculaire classique sans passer par la case sale qui peut être rébarbatif pour certains voilà on commence à travailler la case de fibre musculaire ce qui moi je pense sur Ironman est très important à partir du deuxième semi c’est que c’est un peu plus enfin voilà donc c’est vrai que moi les athlètes que j’ai dans la région par chez moi clairement lorsqu’ils préparent l’Iron sauf s’ils ne sont vraiment pas à l’aise en VTT ils passent par la case par la case VTT même vélo vélo électrique ça va peut-être pouvoir en choquer certains mais pour faire de l’assimilation ou des séances de récupération en vélocité voilà et puis ça permet aussi de de d’avoir des triathlètes qui sont un peu plus à l’aise sur le vélo parce qu’on sait bien aussi que ça c’est un point noir d’une grosse partie des pratiquants dans le triathlon c’est quand même d’être mal pas forcément super à l’aise et quand t’arrives sur les stages de printemps où tu dois rouler en groupe que la moitié de ton groupe voire un peu plus c’est en vélo de chrono et pas forcément à l’aise c’est voilà c’est un ensemble de choses je pense

Ermanno : ouais c’est vrai c’est vrai c’est bien pour ça et là je rigole un peu mais c’est bien pour ça que les triathlètes en général sur le vélo quand ils saluent les cyclistes les vrais cyclistes les durs ils répondent pas ils renvoient pas le coucou parce qu’on se mélange pas avec ces gens là les mecs qui savent pas rouler qui savent pas prendre les roues bref donc là tu nous as expliqué un petit peu ta carrière de triathlète dans le long notamment tu nous as dit que t’as vécu parmi tes plus belles années pendant ce moment là et puis tu nous as dit aussi en intro que t’as vu un accident qui t’a laissé semi-paraplégique

Ermanno : alors tétraplégique ouais pardon excuse-moi tétraplégique pas de soucis je vais expliquer ouais ouais ben justement mais est-ce que c’est cet accident qui a mis fin à ta carrière ou est-ce que t’avais décidé un peu avant de la mettre

Guillaune JEANNIN : non ben en fait j’ai décidé d’arrêter en 2018 en février ou mars je crois durant l’hiver j’avais plus la motive j’avais déjà 36 ans j’avais mon petit garçon qui avait 2 ans donc j’avais déjà donc j’ai décidé de m’arrêter à ce moment là pour on sait bien être triathlète pro ça fait rêver beaucoup de personnes mais c’est quand même une entreprise qui est très égoïste donc quand on est un peu entouré il y a un moment donné où voilà ça tire un peu on tire un peu sur la ficelle donc voilà l’idée c’était de d’offrir plus de temps à ma femme et et , mon fils et puis du coup au mois de juillet toujours en faisant du BTT je suis parti avec un pote au bike park du lac blanc donc pour ceux qui connaissent faire une session enduro parce que je me je me définis pas du tout comme un descendeur la preuve est que je me suis vautré lamentablement en descente bref on a passé une super journée il faisait grand beau et un classique dernier dernière descente fin de journée certainement un des derniers sauts je pense que voilà je pas très haut un petit mètre pas vraiment pas pas fou je le remets dans le contexte

Ermanno : un petit mètre pour un vététiste slash un pratiquant de XTERRA ok c’est pas très haut si tu veux pour un triathlète un petit mètre sur la route ouais c’est déjà un trottoir parfois c’est dur alors un mètre ouais

Guillaune JEANNIN : mais bref voilà je suis arrivé un peu trop vite j’ai pas assez tiré sur le guidon je pense un ou un des deux et je passais au-dessus du guidon ma tête est venue heurter le sol au sommet du crâne en premier et malgré les protections casque intégral et dorsale en fait avec l’inertie du poids de corps c’est venu tasser les cervicales voilà elles se sont un petit peu certainement tordues comme on se tord une cheville pour imager la chose et j’ai la cervicale numéro 5 comme une maléole qui a explosé qui a cassé et donc I’ai du coup voilà je suis resté allongé conscient je me suis rapidement rendu compte de la situation parce que ben je voyais mes jambes à droite et en fait j’avais l’impression qu’elles étaient plutôt à gauche donc voilà on avec l’ami que j’avais c’est les voisines qui rentrent pas de soucis avec l’ami que j’avais alors ben on a décidé de rien toucher il était infirmier donc pareil on n’a pas du tout bougé on a appelé les secouristes ils sont venus ils m’ont coqué je me suis fait héliporter à l’hôpital colmar et là ils m’ont opéré durant six ou sept heures ils m’ont posé une arthrodèse donc c’est une plaque de métal qui vient entre C4 et C6 pour remplacer la cervicale numéro 5 ils ont enlevé les morceaux d’os de la cervicale 5 qui traînait et qui s’était notamment logé dans la moelle épinière c’est ce qu’ils ont fait c’est ce qui va c’est ce qui va s’avérer irréversible pour que je récupère mes fonctions complètes et puis voilà au réveil le couperet est tombé donc tétraplégie donc incomplète parce que la moelle épinière n’est pas complètement sectionnée niveau C5 C6 donc c’est la hauteur de l’atteinte donc la tétraplégie parce que ben je suis atteint des bras et des jambes contrairement à la paraplégie qui est une atteinte une perte uniquement des jambes à partir du moment où on est sur les thoraciques mes paraplégiques donc voilà et moi cervicale donc tétraplégie donc voilà au réveil les épaules qui bougent mais plus de triceps plus l’usage de mes mains et plus l’usage du bas du corps par contre étant donné que j’ai une j’ai pas une complète c’est à dire que ma moelle épinière n’est pas complètement sectionnée le la fibre sensitive est restée intacte et du coup j’ai le contact partout sur tout le corps c’est à dire si tu me touches les doigts pieds je le sens voilà donc voilà un petit peu ce que c’est une tétraplégie

Ermanno : ok donc tu sens mais par contre tu peux pas bouger non

Guillaune JEANNIN : non alors j’ai des des petits mouvements résiduels liés à cette tétra cette particularité d’incomplète j’arrive par exemple à légèrement marcher dans l’eau parce qu’avec l’eau ben ça me porte mon poids de corps j’arrive à difficilement marcher en mettant en balançant en faisant un mouvement de balancier droite gauche parce que j’ai quelques mouvements résiduels sur le quadriceps par exemple mais mais tu vois je suis incapable de pousser sur mes jambes le contre-pesanteur j’ai une petite extension que j’arrive à déclencher mais mais pas assez de force voilà donc voilà c’est

Ermanno : et les quand tu dis tous les membres même les bras les mains est-ce que tu arrives à fermer tes doigts

Guillaune JEANNIN : alors ben si tu veux donc voilà schématiquement tu vois je peux plus jouer au piano parce que les doigts ne bougent pas de manière indépendante j’arrive à les fermer à un peu près les ouvrir parce que ben dans mon process de rééducation je me suis fait faire je me suis fait opérer en en en suisse pour pouvoir de transferts tendineux pour pouvoir avoir cette fermeture et ouverture active donc droite gauche les épaules donc tous tous les muscles ne fonctionnent pas mais si tu veux je les bouge plus ou moins et si tu veux voilà le triceps très faible quoi j’arrive pas si tu veux j’ai quasiment plus de pecs voilà c’est c’est c’est pour ça qu’on parle de tétraplégie alors dans dans l’esprit des gens les tétraplégies souvent sont des gens qui bougent plus que la tête ce qui est vrai pour une tétraplégie c’est 3 par exemple donc parce que plus la teinte est haute et plus les plus les muscles ou les membres sont touchés moi c’est 4 c’est 5 c’est 6 c’est c’est ce résultat là et après t’as des tétraplégies qu’on dit de luxe c’est 6 c’est 7 ou si tu le croises dans la rue t’as l’impression qu’il est pas rap mais par contre il peut avoir ben voilà les doigts qui bougent plus ou tu vois moi j’arrive à soulever le poignet dans ce sens là mais j’arriverai pas tu vois si je le mets comme ça j’arrive pas à le remonter j’ai l’extension mais pas la flexion donc voilà

Ermanno : voilà et du coup comme on est en vidéo et qu’on a enregistré si vous voulez voir ce que on peut faire allez sur la chaîne YouTube super et du coup bon je te demanderai pas si ça t’handicap pour faire du triathlon évidemment même du paratriathlon ça me paraît compliqué ouais en revanche pour revenir pour rester un petit peu sur ton accident donc tu t’es rendu compte de l’ampleur au moment où enfin où tu te réveilles c’est même pas que tu te réveilles parce que t’étais conscient mais juste après ta chute est-ce que tu te rendrais compte véritablement de toute l’ampleur que de l’accident au moment où non en fait

Guillaune JEANNIN : tu mets tu mets beaucoup de temps à te rendre compte des conséquences bah déjà enfin voilà tu sais que la moelle épinière est touchée la question est de savoir si ça va être définitive si c’est temporaire enfin voilà au moment de l’accident tu sais juste que entre guillemets c’est la merde parce que la moelle épinière tu sais que bah c’est c’est pas jojo mais dans un premier temps t’es en vie tu respires donc tu voilà tu te rends pas bien compte tu te réveilles euh pareil tu voilà tu te rends pas bien compte tu vois bien que tu bouges pas que tout est un peu compliqué mais tu te tu te rends pas te rends pas tout à fait compte de de ce qui va se passer tu on te dit t’es traplégie euh ouais tu tu vois que c’est la galère après voilà tu tu mets deux enfin en tout cas pour moi tu mets deux trois jours à te rendre compte après tu poses la question à tout le monde est-ce que ça va être définitif ou pas on te dit que bah on n’en sait rien que pour avoir une réponse va falloir patienter entre quatre et six mois euh donc là tu te dis bon bah voilà moi je me suis dit bon bah moi je suis Guillaume Janin j’ai fait des Ironman c’est clair que moi je suis sportif de haut niveau je vais me remettre je vais me remettre clairement tu il y a un moment donné où tu réfléchis comme ça et puis c’est aussi une façon de de de te protéger parce que tu dis putain je peux pas rester comme ça c’est pas possible quoi et puis après tu te rends compte aussi des autres troubles c’est à dire troubles de la fonction urinaire troubles de la fonction digestive euh donc donc tu vois c’est un schéma où tu mets énormément de temps puis après tu te tu te rends compte putain mais comment je vais aller aux toilettes comment je vais manger donc voilà c’est un schéma euh la prise de conscience elle est elle est longue et brutale à la fois donc euh voilà et euh et puis voilà et puis à un moment donné comme dit c’est c’est euh au moins trois mois de d’espoir parce que tu sais que en trois quatre mois tu récupères 90% de de ce que tu dois récupérer d’une manière globale euh donc tu t’accroches à ça au début donc tu essayes de bouger tout le temps la nuit le jour tu essayes de de de de tout bouger d’observer dès que t’as un truc qui revient euh ben voilà c’est euh c’est fantastique mais t’en veux toujours plus puis après ben doucement euh quand tu vois que ben ça revient pas ben le le principe de deuil le le deuil se fait enfin en tout cas pour ma part je pense que tu peux tu peux en parler à plein d’autres personnes

Guillaune JEANNIN : ont euh bon moi euh

Guillaune JEANNIN : donc ouais

Ermanno : en tout cas en tout cas la discipline qui est d’aller chercher des sponsors euh là quand euh quand il t’arrive une petite Kita tuiles comme ça, en plus tu viens de décider de mettre fin à ta carrière de sportif de haut niveau si tu veux en parler, financièrement comment tu te retournes, qu’est-ce qui se passe, est-ce que t’es accompagné par l’état, est-ce que t’es accompagné par la sécurité sociale, est-ce que t’es accompagné par tes partenaires, tes sponsors, que tu n’as plus si j’ai compris parce que t’avais justement pris la décision d’arrêter

Guillaune JEANNIN : parce qu’il n’y a pas que la galère de l’accident quoi. Ouais alors au niveau financier alors moi je fais partie entre guillemets des chanceux, même si je pense que la chance se construit je suis clair avec ça mais deux choses, la première c’est que

Guillaune JEANNIN : la sécurité sociale, la pension d’invalidité elle est calculée sur tes 10 meilleures années de salaire moi comme je l’ai dit en introduction j’ai fait 10 ans d’optique donc gros coup de bol parce que si j’avais été 10 ans que triathlète professionnel pas de cotisation sécu direct et pas de revenu. Après ça dépend du montage

Ermanno : que tu choisis parce que si tu montes une boîte avec tes salariés de ta boîte etc tu peux trouver bon bref mais c’est pas le sujet

Guillaune JEANNIN : moi à l’époque si tu veux lorsque j’étais pro on avait un statut où t’étais auto-entrepreneur et où ce que tu rentrais sortait direct c’était vraiment un peu anarchique et du bricolage. Moi j’ai eu entre guillemets de la chance ou pas ça dépend comment on se situe mais j’étais 10 ans opticien donc la pension d’invalidité que je touche tous les mois est calculée en fonction de ces 10 meilleures années en tant qu’opticien je gagnais relativement bien ma vie du coup ça me permet de m’en sortir ça c’est le premier truc le deuxième truc c’est que j’étais licencié et lorsque t’es licencié t’es couvert et donc on a fait la déclaration d’accident et du coup quand j’ai eu cet accident t’as une prime d’assurance qui est mise en place qui m’a permis de me retourner de avoir un apport pour pouvoir construire une maison qui est complètement adaptée à mon handicap et donc du coup c’est pour ça que je dis que je fais entre guillemets partie des chanceux en situation de handicap parce que j’ai ces deux leviers de ressources qui m’ont complètement qui m’ont permis de m’en sortir et qui m’ont permis d’occulter de ces problèmes financiers que 80% des gens en situation de handicap ont en plus du handicap donc que les choses soient claires après comme dit je pense que ça se construit pendant 15 ans j’ai payé une licence de vélo une licence de tri une licence de NAT sans savoir pourquoi je les payais et le jour où ça t’arrive tu sais pourquoi tu les payes et c’est pour ça maintenant je dis licenciez-vous c’est sûr que ça sert à rien tout le monde prend maintenant des passes compétition et tout ça n’empêche que si t’arrives ce qui m’arrive ça peut arriver sur la route et ben le fait d’avoir une licence ben ça te couvre

Ermanno : quand tu disais tout à l’heure au début t’étais licencié c’était vraiment t’avais une licence dans une fédération française de sport

Guillaune JEANNIN : c’est la fédération française de cyclisme qui m’a aidé parce que j’étais licencié encore FFC mais j’aurais pu solliciter la licence de la fédération française de triathlon aussi tu vois mais étant donné que là c’était en VTT il y avait beaucoup plus de cohérence et de couverture sur la partie cyclisme ce qui est complètement cohérent parce que ben ça n’avait pas trop à voir grand chose avec le triathlon en enduro et en bike park donc voilà mais si ça t’arrive dans un rond point quand t’as la tête dans le pronom classique hein une voiture en dos d’âne elle freine tu la vois pas parce que t’as la tronche dans le dans le prolongateur il peut t’arriver exactement la même chose que moi un coup pression de la moelle épinière au niveau des cervicales et voilà donc voilà

Ermanno : ouais c’est ce que j’allais dire pensez à la licence d’une fédération en l’occurrence française que ce soit du triathlon du cyclisme ou autre parce que même pendant votre pratique pour autant qu’elle soit en relation avec le sport que vous pratiquez vous êtes couvert tu l’as dit bon t’aurais pu être couvert aussi par la licence FF3 en pratiquant du VTT mais ça faisait plus de sens de mettre en avant ta licence FFC

Guillaune JEANNIN : exact exact

Ermanno : et pour ce que tu racontais c’est vrai que j’ai un copain à qui c’est arrivé alors lui il a eu entre guillemets la chance de pas avoir de séquelles mais un mec garé sur une une piste cyclable à Paris il sortait de virage il est arrivé boum il a pris la voiture il a traversé la voiture pour la petite anecdote il a même été embêté par l’assureur de la personne qui était garé sur la piste cyclable parce qu’il abîmait la voiture de la personne

Guillaune JEANNIN : bon bref

Ermanno : donc voilà c’est important pour moi comme tu m’as dit qu’il n’y avait pas de soucis d’en parler de revenir sur cet accident sur ce que ça a engendré pour toi et après comment on se reconstruit après ça au delà d’accepter de faire ta période de deuil de ton état de valide mais comment est-ce qu’on se reconstruit comment est-ce que tu t’es dit un jour voilà j’ai des compétences j’ai des connaissances je vais maintenant faire du coaching par exemple

Guillaune JEANNIN : alors ben si tu veux moi j’ai l’habitude un peu de rebondir là dessus ce qui est certain c’est que mon schéma de sportif ou de sportif de haut niveau en tout cas tout ce que j’ai mis en place pour être plus performant dans le triathlon je l’ai reproduit une fois que j’ai eu cet accident je prends souvent des exemples la recherche de de tous les éléments extérieurs à la performance qui vont te permettre d’être mieux performant c’est à dire savoir comment mieux t’entraîner le fameux entraînement invisible l’équipement pour être plus aéro la bonne paire de chaussures pour pas te blesser donc ça par exemple je l’ai réutilisé dans le handicap c’est à dire aujourd’hui pas pour améliorer mon niveau de performance mais pour améliorer mon niveau d’indépendance et d’autonomie donc aller chercher les voitures qui vont bien les adaptations l’assistance électrique sur le fauteuil savoir comment je me suis fait opérer en Suisse parce que j’ai cherché à savoir où est-ce qu’il y avait les ressources pour pouvoir espérer être plus mobile du haut du corps j’ai trouvé ça en Suisse ensuite j’ai monté des dossiers de sponsoring entre guillemets pour pouvoir me faire me faire payer ces opérations par la sécurité sociale française mais finalement c’est le même schéma que quand tu dois aller chercher des sponsors c’est à dire tu dois montrer pas de blanches pourquoi ils te les paieraient à toi pas à un autre et en fait ça la partie repousser ses limites je me suis investi certainement beaucoup plus qu’une personne classique dans la rééducation

Guillaune JEANNIN : faire face au regard des autres quand tu es un peu performant les gens t’observent beaucoup tu deviens un modèle il faut savoir le gérer les gens me regardent étant donné que j’ai eu cette expérience en tant que valide en tant que sportif ça m’a permis de mieux gérer quand j’interviens à droite à gauche et que je parle de mon histoire il y a vraiment une similitude assez troublante entre mon schéma de sportif de vie de carrière de sportif de haut niveau et mon schéma de reconstruction concernant le handicap et même sur la progression où finalement les 4-5 premiers mois comme dans un sport nouveau tu progresses énormément puis après tu vas galérer à gagner des minutes puis des secondes ma tétraplégie c’est exactement pareil elle a progressé énormément et très rapidement les 4-5 premiers mois là maintenant ça fait 7 ans plus je fais de choses et plus je gagne mais c’est 0,01% de compétence donc moi je mets vraiment ça en avant pour la partie reconstruction puis après de manière plus concrète quand je suis rentré à la maison et que parce que quand tu es en rééducation tu es dans ce schéma là de reconstruction puis à un moment donné tu arrives à la maison ton fils part à l’école ta femme part au travail puis tu es tout seul un peu comme un con à la maison qu’est-ce qu’on fait j’avais deux options soit complètement changer et me dire bon ben voilà ce coup du sort je fais autre chose et sinon continuer à savoir à faire ce que je savais faire j’entraînais déjà un petit peu avant en club de manière bénévole puis après sur la partie lorsque j’étais sportif de haut niveau pour joindre les deux bouts j’ai fait le DEGEPS le triathlon entraînement et perfectionnement sportif

Ermanno : donc DEGEPS c’est le diplôme d’état je ne sais plus les GEPS mais jeunesse et sport

Guillaune JEANNIN : voilà et du coup voilà

Guillaune JEANNIN : j’avais ces deux options là et puis j’ai rapidement eu des copains parce que je suis assez bien entouré qui m’ont demandé des coups de main pour les préparer de nouveau et puis voilà de fil en aiguille je me suis remis à faire ça et je me suis rapidement rendu compte que je stressais bientôt plus pour eux que pour moi lorsque j’étais athlète lorsqu’ils étaient sur les courses quand tu as des gars des athlètes qui sont vraiment investis dans leurs projets qui ont des vrais objectifs qui peuvent être très variés faire un ironman en moins de 13 heures ou se qualifier pour Hawaï ou courir un 10 km en moins d’une heure après deux grossesses voilà c’est vraiment très varié mais en fait à partir du moment où tu as des athlètes qui sont investis qui te font confiance qui remettent un petit peu entre tes mains à toi leur avenir entre guillemets sportif ben en fait si tu prends à coeur tu te rends compte que c’est hyper motivant et hyper gratifiant quand ça se passe bien de les accompagner et en fait tu vis un petit peu les émotions que je vivais à la pratique à travers eux donc du coup c’est une façon un petit peu de rebondir et de me réaliser mais à travers eux c’est pour ça que je me suis remis à faire ça et puis ben ça fonctionne plutôt bien t’arrives pas à être performant avec tout le monde parce que je pense que l’entrainement c’est comme un ostéopathe t’as des ostéos qui vont convenir à certains profils

Guillaune JEANNIN : et c’est pareil le feeling passe pas ou il y a parfois de l’incompréhension t’as pas compris l’athlète ou l’athlète comprend pas où tu veux aller et voilà donc du coup faut chercher mais d’une manière globale ça se passe plutôt bien et voilà j’ai un groupe d’une quinzaine d’athlètes on travaille avec un pote du coup on a une trentaine d’athlètes à deux voilà ça marche bien et on a un bon état d’esprit

Guillaune JEANNIN : de ce qu’ils font où tu utilises les compétences on en parlait tu parlais du XTERRA pour l’Ironman où tu te rends compte que j’ai fait quelques projets trial et tu te rends compte que tu utilises des séances de trial tu les ramènes dans le triathlon notamment cette fameuse case de fibres musculaires qui peut être très intéressante en hiver et puis inversement donc voilà des projets qui sont sympas

Ermanno : et d’un point de vue purement logistique organisation comment tu fais parce que tu nous as montré tout à l’heure comment tu pouvais ou pas fermer tes doigts donc est-ce que ça te permet de taper sur un clavier d’utiliser un ordinateur

Guillaune JEANNIN : alors l’ordinateur j’utilise je tape un peu comme un policier

Guillaune JEANNIN : avec deux doigts avec deux doigts j’adore la police je leur fais un coucou voilà je tape comme ça beaucoup de diction avec aujourd’hui l’évolution technologique tu arrives à faire pas mal de choses avec la voix donc ça amène pas mal d’orthographe et de grammaire mais bon je pense que les gens me comprennent donc voilà après sur piste quand je vais sur le terrain j’ai une petite trottinette que je fixe sur mon fauteuil qui me permet d’aller à 25 à l’heure donc j’ai peu d’athlètes qui ont une VMA à 25 donc ça va bien donc j’arrive à faire ça surtout après deux grossesses

Ermanno : ouais voilà

Guillaune JEANNIN : voilà sifflet

Guillaune JEANNIN : maintenant je me suis aussi équipé d’une tablette pour les éducatifs avant je les montrais une des facultés dont je parle en triathlète en tant que sportif tu dois t’adapter surtout sur l’Iron baisse de régime conditions météo changeantes tu apprends à t’adapter à l’entraînement en course tout le temps et bien là moi dans ma situation l’adaptation c’est mon quotidien donc j’ai essayé de trouver des subterfuges je me suis équipé parce que je parle un peu moins fort aussi j’ai plus d’intercostaux donc c’est difficile de crier donc en bord de bassin c’est pas toujours évident donc du coup là je me suis équipé d’un amplificateur de voix j’ai vu ça à Paris là il y avait des bénévoles qui avaient ça donc du coup je me suis équipé d’un amplificateur de voix donc j’ai mon petit micro comme un mec qui fait son one man show et je fais ça pour que les gens puissent m’entendre en natation

Ermanno : après t’as plus qu’à t’équiper d’un c’est pas un sonar mais une espèce de micro que tu mets sous l’eau et comme ça même pendant qu’il s’entraîne tu peux corriger la technique

Guillaune JEANNIN : donc voilà on s’adapte je fais comme ça

Ermanno : le maître mot de toute façon déjà dans le sport mais en plus quand t’es victime d’un pépin comme ça c’est effectivement l’adaptation et je pense que t’as bien démontré que c’était quand même ton truc

Guillaune JEANNIN : ouais ouais après je me débrouille pas trop mal j’avoue tu m’aurais posé la question il y a 3 ans j’aurais peut-être pas répondu la même chose mais là c’est vrai qu’on se débrouille bien j’arrive à repartir en stage à partir en stage d’entraînement à Barcelone donc c’est pareil j’ai une aide soignante qui vient avec moi et puis en fait ça apporte un truc c’est que les triathlètes que j’ai en stage il n’y en a plus un qui ose se plaindre tu vois par exemple alors que quand j’étais entraîneur valide là maintenant il n’y a plus trop grand monde qui ose se plaindre quand ils me voient au bord du bassin à galérer avec mon fauteuil et à leur dire comment il faut faire

Ermanno : ouais j’imagine que là tes petits problèmes du quotidien tu les relativises quand le coach est à côté de toi voilà

Ermanno : petite question plus perso que sportive quoique comment est-ce que ton fils a vécu ça est-ce que tu as vu des changements chez lui ne serait-ce que d’acceptation de l’autre tu l’as dit tu sors de chez toi les gens te regardent parce que tu es en fauteuil parce que tu es tétraplégique mais dans les yeux de ton fils qu’est-ce que tu vois

Guillaune JEANNIN : je pense qu’il voit un papa différent mais il voit un papa comme n’importe quel fils voit son papa il est très fier de ce que je faisais avant même s’il ne s’en souvient pas les gens en parlent il a des photos des vidéos je pense qu’il est aussi très fier de ce que je suis maintenant parce que je vais aussi dans les écoles pour montrer aux enfants que ce n’est pas parce que tu es en fauteuil que tu ne fais plus rien et parce que j’étais ignorant du handicap pendant 36 ans et que du coup je pense que d’aller dans les écoles et d’avoir ce lien éducatif de montrer aux gamins que tout est possible c’est hyper important je suis allé dans son école et je pense que ça marche aussi je pense qu’il n’a pas trop de soucis avec ça parfois ça l’embête mais c’est sûr que les choses sont plus difficiles à faire plus lentes quand je dois sortir de ma voiture ça ne se fait pas en deux secondes il m’aide un peu plus qu’un enfant devrait aider un papa normal mais à côté de ça quand on va à Europapark il ne fait pas la queue au manège parce qu’il a mon passe droit il faut l’amener on l’a amené autour de ça si tu veux quand je suis rentré à la maison j’ai eu ma voiture à l’école maternelle on se garait devant et j’ai une rampe pour sortir de ma voiture il se mettait sur mes genoux et on sortait la rampe et ses copains se disaient c’est génial on essaye de le tourner à notre avantage je te parlais d’une trottinette quand je vais le chercher à l’école encore aujourd’hui en CE2 il se met sur le guidon et on est les premiers à rentrer parce qu’on dépasse tous les copains qui sont à pied donc on essaye de le tourner de manière positive il n’a que 9 ans pour le moment donc c’est très positif on verra si ça dure tout le temps on sait qu’il y a des âges un peu plus difficiles que d’autres pour la vie d’un enfant mais non aujourd’hui il le vit bien des changements il avait 2 ans il ne se rendait pas fondamentalement compte je pense que ce serait différent si ça arrivait aujourd’hui il a bégayé pendant 6 mois du jour au lendemain on a fait attention et finalement le bégayement s’est réduit de lui-même et a disparu donc non il le vit bien il faudrait que je lui pose la question on profite de cette quand j’interviens on essaye d’optimiser cette situation je passe beaucoup de temps avec lui le soir à 16h en général je vais le chercher à l’école je passe beaucoup de temps avec lui le soir on a eu la chance de vivre la parenthèse jeux olympiques à 1000% j’ai été porteur de la flamme il faut bien se le dire si je n’avais pas été en fauteuil il y aurait eu peu de chance j’essaye d’attirer son attention en lui disant que c’est la galère ça c’est un plus ça c’est un plus ça c’est un plus finalement en additionnant tous ces plus on ne s’en sort pas trop mal

Ermanno : les enfants ont une capacité de réflexion et d’analyse surtout ils n’ont pas les biais ou les filtres que certains adultes peuvent avoir ça fait quelques mois que je ne peux plus conduire parce que j’ai des problèmes de vue mon petit de 4 ans et demi il a très vite intégré c’est maman qui conduit papa ne peut pas conduire papa ne peut pas me ramener à telle ou telle activité parce qu’il ne peut pas conduire c’est impressionnant la capacité qu’ils ont c’est pour ça que je te posais la question

Ermanno : a vu c’est des images qui sont connues mais ces gars qui emmènent leur père leur frère, leur cousin leur ami à Hawaii la personne est tétraplégique ou paraplégique on ne peut pas faire le triathlon

Ermanno : c’est un truc dont tu rêverais quand il sera grand s’il fait du triathlon qu’il t’emmène sur ton petit bateau pour nager qu’il te mette sur le vélo et qu’il t’entraîne qu’il te pousse sur une chaise je ne sais pas je fais peut-être les questions et les réponses mais est-ce que tu vois qu’il vit sa vie sans ça ?

Guillaune JEANNIN : non mais ce n’est pas une question il n’y a pas de tabou non moi je détesterais ça que les choses soient claires me faire promener à droite à gauche ce n’est pas ma qualité

Guillaune JEANNIN : pour les gens qui font ça et je pense qu’il y a des vraies réalisations il y a des gens qui se réalisent à travers ça et qui sont pleinement heureux moi clairement ce n’est pas mon truc moi j’ai besoin d’être acteur du truc je me suis débrouillé pour m’équiper d’un vélo à bras avec une assistance électrique j’ai un quad électrique je rêverais de faire la traversée des Vosges avec lui et lui en fait était à côté c’est mon but avant mes 5 ans de ballet c’est de faire le GR5 avec deux avec 4-5 étapes en ferme auberge et monter un projet trouver des fermes auberges qui m’accueillent et le faire avec lui qui m’aide parce que j’ai besoin d’aide je ne dis pas que je ne veux pas d’aide mais je veux être acteur du truc et non qui m’emmène ce ne serait pas ma camme

Ermanno : Guillaume pour finir est-ce que tu fais partie d’une association est-ce que tu t’investis aussi dans le fait de faire découvrir faire comprendre le handicap au-delà d’aller dans les écoles comme tu l’as dit tout à l’heure

Guillaune JEANNIN : alors oui lorsque j’ai eu Triathlètes Pro j’ai monté toujours avec mon meilleur ami la Fred et un autre pote Luc on a monté Jul c’est une association qui regroupait des amoureux de sport outdoor pour éviter d’avoir justement des triathlètes qui ne disent pas bonjour aux cyclistes et des cyclistes qui ne disent pas bonjour aux VTTistes ou des triathlètes qui ne disent pas bonjour aux nageurs voilà moi j’ai toujours détesté ça j’ai toujours été touche à tout du ski de fond, du VTT et en fait je pense que tout le monde peut apporter à tout le monde donc du coup on avait monté une asso

Guillaune JEANNIN : de sportifs amoureux des sports outdoor d’une manière générale à qui on proposait nos services de coaching donc qui s’appelle Jul et l’asso elle a été mise en veille suite à mon accident on l’a remise en place et c’est pour ça qu’on a nos athlètes qui font partie de cette asso en grande partie et fondamentalement avec notre histoire de vie on a développé une antenne en e-sport et en fait moi ce qui me manque dans ma vie au départ ça part d’une démarche très personnelle très égoïste c’est que moi ce qui me manque c’est d’être en montagne, d’être à la nature les sensations, les bruits plus que l’activité sportive parce que finalement là j’arrive à faire du vélo à bras dans mon état je vais à un espalier je fais de l’élastiband, je suis mort donc j’en fais trois fois une heure par semaine le goût de l’effort je l’ai encore et il suffit mais par contre je voulais vraiment essayer de retourner en nature et dans le Haut-Rhin et plus largement en Alsace c’est difficile mais là avec l’avènement de l’électrique un peu partout il y a des quads électriques qui commencent à se développer qui sont vraiment fun et qui permettent au lieu de prendre ta voiture pour aller en ferme auberge manger une bonne tarte aux myrtilles ou plus tu peux y aller en fauteuil tout terrain électrique c’est vraiment ça ou partager avec mes coachés une sortie trail avec mon fils donc l’idée c’est vraiment d’essayer de rendre accessible notre nature aux personnes à mobilité réduite et pour ça on fait des actions on fait des shorts on cherche des sponsors des mécènes pour pouvoir financer des fauteuils tout terrain électriques parce que ça vaut un bras et pour rebondir sur la question ça vaut plutôt deux jambes

Ermanno : là pour le coup

Guillaune JEANNIN : et du coup on sait que comme on l’a dit en début d’intervention 80% des personnes de situation de handicap ont des galères financières c’est de pouvoir les amener là-haut ou à minimale les mettre en location et d’organiser ça donc moi je prône ce retour à la nature pour des gens à mobilité réduite moi comme je dis je suis toujours presque le top du handicap en tout cas physique mais c’est vrai que quelqu’un qui fait un AVC qui n’a plus l’usage de son bras droit ou de sa jambe droite ne peut plus aller dans les Vosges ou faire du VTT comme il le faisait et donc c’est un moyen de retourner et de profiter de cette nature et de ces beaux paysages donc voilà Jul pour l’association qui a cette antenne en e-sport maintenant

Ermanno : Où est-ce qu’on la retrouve, qu’on la contacte qu’on la suit ?

Guillaune JEANNIN : www.julyourlife.com

Ermanno : Jul ça s’écrit ?

Guillaune JEANNIN : j-o-o-l-yourlife.com

Ermanno : Super, de toute façon je remettrai tout ça dans les notes de l’épisode mais c’était l’occasion de te mettre en avant aussi pour ceux qui nous écoutent en pratiquant notamment de la course à pied on le rappelle, pas d’écouteurs sur le vélo déjà que c’est dangereux si en plus vous vous fermez de la circulation c’est pas une bonne chose Merci beaucoup Guillaume

Guillaune JEANNIN : Merci à toi pour ton accueil et ce partage

Ermanno : Je t’en prie, c’était un plaisir et bonne continuation et puis un bisou à ton fils quand même

Guillaune JEANNIN : Merci beaucoup Ermanno, ça sera fait

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